caramboler [ karɑ̃bɔle ] v. <conjug. : 1>
• 1792; caramboller 1790; de carambole « boule de billard » (1792), nom d'un fruit (1602); esp. et port. carambola, mot du sud de l'Inde
1 ♦ V. intr. Toucher deux billes avec la sienne, au billard.
2 ♦ V. tr. Fig. Bousculer, heurter. — Pronom. Plusieurs voitures se sont carambolées au carrefour.
● caramboler verbe transitif (de carambole) Familier. Heurter quelque chose qui, sous le choc, heurte à son tour quelque chose d'autre. ● caramboler verbe intransitif Au billard, toucher la bille rouge et la bille de l'adversaire avec sa propre bille.
caramboler
v.
d1./d v. intr. Au billard, toucher deux billes avec la sienne.
d2./d v. tr. Fig. Heurter, bousculer, renverser.
⇒CARAMBOLER, verbe.
A.— Emploi intrans., [au jeu de billard] Toucher du même coup deux billes avec la sienne. Faire un carambolage. La salle de billard dont on entendait, dès la porte, caramboler les boules d'ivoire (FLAUBERT, Madame Bovary, t. 1, 1857, p. 53).
♦ Au fig., fam., vieilli. Faire coup double.
— P. anal. Un arrosoir qui bascule, bondit, carambole jusqu'aux gros pavés (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 190).
B.— Emploi trans. Heurter quelqu'un ou quelque chose. Caramboler une voiture. Il carambole le piano, le gage d'une cliente... Il se connaît plus (CÉLINE, Mort à crédit, 1936 p. 73).
— Érotique, arg. Sacrifier à Vénus (cf. L. RIGAUD, Dict. de l'arg. mod., 1881, p. 77). C'était un peu la revanche après tout. Hubert avait assez carambolé les filles du pays (ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 92).
— Emploi pronom., p. métaph. Les mots se carambolaient dans sa tête avec un bruit joyeux : offensive stoppée, débâcle allemande, je vais pouvoir partir (S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 9).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. Ca 1790 fig. caramboller « heurter » (LEMAIRE, 137e lettre bougrement patriotique, p. 5 ds BRUNOT t. 9, p. 298 : Je défie au diable d'entrer par là pour nous « caramboller »); 1792 jeu de billard caramboler (Encyclop. méthod., Dict. des Jeux faisant suite au t. III des Mathématiques, p. 21); 1877 arg. se faire caramboler « sacrifier à Vénus [en parlant d'une femme] » (ZOLA, L'Assommoir, p. 728). Dér. de carambole « boule de billard »; dés. -er. Fréq. abs. littér. :27.
DÉR. Caramboleur, subst. masc., au jeu de billard. Celui qui est habile à faire des carambolages. P. métaph. Personnage inquiétant (cf. supra arg.). Sa dégaine de maniaque caramboleur (CENDRARS, La Main coupée, 1946, p. 277). — Seule transcr. ds LITTRÉ : ka-ran-bo-leur. — 1re attest. 1845 (BESCH.) de caramboler, suff. -eur2.
BBG. — ARNOULD (C.). Termes de jeu. Fr. mod. 1948, t. 16, pp. 211-212. — GRIMAUD (F.). Pt gloss. du jeu de boules. Vie Lang. 1968, p. 111.
caramboler [kaʀɑ̃bɔle] v.
ÉTYM. 1792; caramboller « heurter », v. 1790; donné comme dér. de carambole (2.), hypothèse rejetée par Guiraud, qui postule un comp. de bouler « heurter la boule », et quarre « de coin ».
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I V. intr.
1 Toucher deux billes avec la sienne, au billard. || Il a carambolé. — Se dit aussi au jeu de billes.
1 (…) une galerie donnant sur le jardin conduisait à la salle de billard, dont on entendait, dès la porte, caramboler les boules d'ivoire.
Flaubert, Mme Bovary, I, VIII, p. 35.
2 Vx (fin XIXe). Fig., fam. Faire coup double.
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II V. tr. Fig.
1 Bousculer, heurter. || Le camion fou a carambolé plusieurs véhicules avant de heurter le platane.
2 (1881). Fam., vulg. Posséder (une femme). ⇒ Tringler (vulg.). — (1877). || Se faire caramboler (en parlant d'une femme) : être possédée sexuellement.
2 (Gervaise) sentit très bien, malgré son avachissement, que la culbute de sa petite, en train de se faire caramboler, l'enfonçait davantage, seule maintenant, n'ayant plus d'enfant à respecter, pouvant se lâcher aussi bas qu'elle tomberait.
Émile Zola, l'Assommoir, 1877, Fasquelle Éd., t. II, p. 181.
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se caramboler v. pron.
♦ || Les billes se carambolent. || Plusieurs voitures se sont carambolées au carrefour. — Par métaphore. || Les idées se carambolent dans sa tête. ⇒ Bousculer (se).
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DÉR. Carambolage.
Encyclopédie Universelle. 2012.