casquer [ kaske ] v. intr. <conjug. : 1>
• 1844; « tomber dans un piège » 1836; it. cascare « tomber » → cascade
♦ Fam. Donner de l'argent, payer. ⇒ raquer. Faire casquer qqn.
● casquer verbe transitif (de casque) Littéraire. Coiffer comme avec un casque. ● casquer (homonymes) verbe transitif (de casque) casqué adjectif casque casque nom masculin casquent casque nom masculin casques casque nom masculin ● casquer verbe intransitif et verbe transitif (italien cascare, tomber, du latin populaire casicare) Populaire. Donner de l'argent, payer : Il casqua sans rien dire les deux cents balles. ● casquer (homonymes) verbe intransitif et verbe transitif (italien cascare, tomber, du latin populaire casicare) casqué adjectif casque casque nom masculin casquent casque nom masculin casques casque nom masculin
casquer
v. intr. Fam. Donner de l'argent, débourser.
I.
⇒CASQUER1, verbe trans.
[Le suj. désigne gén. une coiffe, une chevelure] Recouvrir d'un (ou à la manière d'un) casque. Ses lourds cheveux noirs casquaient son front étroit (J. RICHEPIN, Les Morts bizarres, 1883, p. 138). Un chapeau de feutre mou casquait ses cheveux (P. BOURGET, Le Tapin, Une fille-mère, 1928, p. 174) :
• Un tablier de mohair noir parait le devant de sa jupe, et ses bondissants cheveux, disciplinés, tordus en « huit », casquaient étroitement la forme charmante et nouvelle d'une tête ronde, impérieuse, qui n'avait plus d'enfantin que sa fraîcheur et son impudence, pas encore mesurée, de petite dévergondée villageoise.
COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, p. 139.
— Emploi pronom. Se casquer. Il va prendre un laryngoscope à réflecteur, s'en casque lentement (ROMAINS, Knock, 1923, II, 6, p. 14). Les grands panaches de plumes d'or dont vous vous êtes casqués (GIONO, Chroniques, Noé, 1947, p. 304).
Prononc. :[kaske], (je) casque [kask]. Étymol. et Hist. 1883 « coiffer comme d'un casque », supra [Ne semble pas attesté ds l'Almanach du Hanneton, 1867, comme l'indique DAUZAT 1973]. Dér. de casque, dés. -er, prob. sous l'infl. de casqué adj. pris pour un part. passé. Fréq. abs. littér. : 3. Bbg. RUPP. 1915, p. 52.
II.
⇒CASQUER2, verbe.
Argot
A.— Emploi intrans. Tomber, donner dans un piège, en particulier en payant (d'avance) :
• 1. Le fermier alléché par l'espoir du gain casque (donne dans le piège), et croit ne pouvoir payer assez cher, un morceau de strass monté sur cuivre.
Dict. de l'arg. ou la Lang. des voleurs dévoilée, 1847, p. 82.
Rem. Attesté ds Lar. 19e, Nouv. Lar. ill. et ds la plupart des dict. d'argot.
B.— P. ext. Payer.
1. Emploi intrans. Casquer de (une certaine somme). Être entraîné à payer une certaine somme. Maman, en deux mois, a fait casquer Fumeau de trois cent mille balles (MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, p. 240).
2. Emploi trans.
a) [Le compl. désigne une somme d'argent] Des snobs, prêts à casquer deux mille balles pour vous voir en chair et en os (S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 250).
— Emploi abs. :
• 2. [JULOT.] — ... Dans la journée, il commençait à s'émécher un peu partout chez tous les p'tis bistros du quartier, et c'était toujours sa malheureuse femme qui casquait.
J. LÉVY, Gosses de Paris, 1898, p. 18.
♦ Faire casquer qqn. Faire casquer le contribuable (COURTELINE, L'Article 330, 1900, p. 281).
b) [Le compl. désigne une pers.] ... s'il a pas d'quoi Pour casquer son propriétaire [P. Paillette] (A. BRUANT, Dict. fr.-arg., 1905, p. 256). [Le barman au garçon serveur :] On est pas casqués pour se mêler de leurs histoires [du patron et du gérant] (A. LE BRETON, Du Rififi chez les hommes, 1953, p. 136).
Prononc. :[kaske], (je) casque [kask]. Étymol. et Hist. 1. 1835 arg. « tomber dans un piège » ([RASPAIL], Réforme pénitentiaire, p. 2); d'où 2. 1844 arg. « payer » (F. VIDOCQ, Les Vrais mystères de Paris, t. 7, p. 14). Empr. à l'ital. du centre et du nord cascare attesté ds BATT. t. 2 au sens de « tomber » dep. le XIVe s. (Dante), plus récemment cascarci [avec le pronom ci correspondant à y accolé] « y tomber (dans le piège, le panneau) » dep. le XVIIIe s. (Goldoni); l'ital. est issu du lat. vulg. dér. du rad. de casus, part. passé de . Fréq. abs. littér. : 8. Bbg. GUIRAUD (P.). Mél. d'étymol. arg. et pop. Cah. Lexicol. 1970, t. 17, n° 2, p. 6. — HOPE 1971, p. 443. — RUPP. 1915 [Cr. SPITZER (L.). Literaturblatt für germanische und romanische Philologie. 1921, t. 42, pp. 308-309]. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 149, 293. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 192.
1. casquer [kaske] v. tr.
ÉTYM. 1883; de casque.
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1 Rare. Coiffer (qqn) d'un casque ou comme avec un casque. ⇒ Casqué. — Pron. || Se casquer.
0 Knock (…) va prendre un laryngoscope à réflecteur, s'en casque lentement, en projette soudain la lueur aveuglante sur le visage du gars (…) Quand l'autre est maté, il lui désigne la chaise longue.
J. Romains, Knock, II, 6, p. 123.
2 (Le sujet désigne la coiffure). Littér. || Le chapeau qui casquait ses cheveux. || Les cheveux épais qui semblaient le casquer.
♦ Au passif (plus cour.). || Être casqué de…, par, coiffé comme par un casque.
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HOM. Casqué, 2. casquer.
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2. casquer [kaske] v.
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♦ Familier.
1 V. intr. Donner de l'argent, payer. || Faire casquer qqn.
1 (…) elle s'est mise à jouer, au Casino (…) Je l'ai su le jour où elle m'a écrit pour me demander de l'argent (…) Comme cela me donnait barre sur elle, j'ai casqué, sans protester (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XXII, p. 65.
2 Lucie eut un petit rire : « Vous n'imaginez pas que je viendrais vous demander de l'argent ? Voilà trois ans que je casque, et j'étais prête à continuer. J'ai même offert le gros sac à Mercier pour lui racheter le dossier, mais il est malin, il voyait loin. »
S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 171.
2 V. tr. a Casquer une grosse somme d'argent, cent francs.
3 (…) j'organise une série de conférences avec des conférenciers bénévoles. Des snobs, prêts à casquer deux mille balles pour vous voir en chair et en os, il s'en ramènera à la pelle, je suis tranquille.
S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 250.
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DÉR. Casqueur.
HOM. Casqué, 1. casquer.
Encyclopédie Universelle. 2012.