connoter [ kɔ(n)nɔte ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1530, repris XIXe à l'angl.; du lat. cum et notare
1 ♦ Philos. Renvoyer par une connotation. « Tout nom dénote des sujets et connote les qualités appartenant à ces sujets » (Goblot).
2 ♦ Ling. Signifier par connotation. — Cour. Se dit d'un mot qui évoque (qqch.) en plus du sens qu'il a. « Tigre » connote la puissance. ⇒ évoquer (cf. Faire penser à).
● connoter verbe transitif (latin scolastique connotare) En parlant d'un mot, exprimer, en même temps que son sens premier, une connotation qui s'y rattache.
connoter
v. tr.
d1./d LOG (En parlant d'un concept.) Rassembler (des caractères).
d2./d LING Signifier par connotation.
⇒CONNOTER, verbe trans.
A.— Indiquer, en même temps que l'idée principale, une idée secondaire qui s'y rattache. Synon. impliquer. Des changements bien plus profonds que ce que connote d'ordinaire le mot révolution (MARITAIN, Humanisme intégral, 1936, p. 227).
B.— Spécialement
1. LOG., PHILOS. Renvoyer aux caractères essentiels d'un ensemble d'êtres désignés par un terme. Anton. dénoter. Le mot « blanc » dénote toutes les choses blanches (...) et il connote l'attribut « blancheur » (LAL. t. 1 1932). Cf. connotation A.
2. LING. Évoquer en plus d'un sens stable (une signification dépendant du contexte situationnel). Cf. connotation B :
• Les grossièretés dont Hébert parsemait ses articles du « Père Duchêne » n'avaient pas comme seule signification ce qu'elles disaient explicitement, le fait même de les prononcer était le signe d'une autre fonction (...) les « foutre » et les « bougre » connotent la « révolutionnarité ».
MOLINO, La Connotation ds Ling. 1972, p. 25.
Rem. On rencontre ds la docum. un emploi adj. du part. prés. connotant, ante (cf. MARITAIN, Petite logique, Paris, éd. Tequi, 1966, p. 46).
Prononc. :[(n)], (je) connote [(n)]. Transcrit uniquement ds Lar. Lang. fr. (avec [n] simple), ds Pt ROB. (avec [n] ou [nn] double) et ds LITTRÉ (avec [nn] double). Étymol. et Hist. Ca 1530 terme de logique scolastique (employé ici p. plaisant.) (Monologue fort joyeux sur les femmes, Anciennes poésies fr., éd. A. de Montaiglon et J. de Rothschild, t. 11, p. 191), attest. isolée; 1877 « indiquer une idée seconde » (LIARD, Rev. philos. mars, p. 280 ds LITTRÉ). Empr. au lat. scolastique connotare attesté dans le domaine angl. dep. le XIIe s. (LATHAM; cf. aux XIIIe et XIVe s. Duns Scott et Guillaume d'Occam ds NED, s.v. (to) connote, qui ont contribué à répandre le terme) et composé de cum et de notare; le mot a été repris aux XIXe et XXe s. sans doute d'après les emplois récents de connotation sous l'influence de l'angl. (to connote attesté comme terme de logique par James et J. Stuart Mill ds NED et comme terme de ling. v. L. BLOOMFIELD, Language, Holt, Rinehard et Winston, 1933, éd. de 1961, p. 155). Fréq. abs. littér. :5.
DÉR. Connotateur, subst. masc., ling. (chez Hjelmslev et ses disciples, cf. connotation B 2). Signe appartenant à un système dénoté et fonctionnant comme signifiant du système connoté correspondant; élément d'un signe ou ensemble de signes fonctionnant comme signifiant de connotation (leur remplacement peut s'opérer sans modification de la dénotation et se traduit par un changement de « style » [au sens de Hjelmslev]). Plusieurs signes dénotés peuvent se réunir pour former un seul connotateur — s'il est pourvu d'un seul signifié de connotation (R. BARTHES, Éléments de sémiologie ds Communications, Paris, éd. du Seuil, 1964, n° 4, p. 131). — 1re attest. 1964 id.; de connoter, suff. -(at)eur2.
connoter [kɔnɔte] v. tr.
ÉTYM. V. 1530; de con-, lat. cum, et notare; repris XIXe à l'angl. to connote, de même origine.
❖
1 Philos., log. Renvoyer par une connotation (1.), par la relation de compréhension. || « Tout nom dénote des sujets et connote les qualités appartenant à ces sujets » (Goblot).
2 Ling. (en parlant d'un signe). Renvoyer, outre son acception stable et rationnelle, à un contenu dépendant du contexte situationnel.
0 Qu'il s'agisse de poisons véritables ou de substances magiques, les Nambikwara les désignent tous du même terme : nandé. Ce mot dépasse donc la signification étroite que nous attachons à celui de poison. Il connote toute espèce d'actions menaçantes ainsi que les produits ou objets susceptibles de servir à de telles actions.
Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques, p. 257.
❖
DÉR. Connotation. V. Connotatif.
Encyclopédie Universelle. 2012.