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crisper

crisper [ krispe ] v. tr. <conjug. : 1>
• v. 1650; lat. crispare « friser, rider » crêper
1Contracter en ridant la surface. crispation; convulser, rider. Le froid crispe la peau. Le feu crispe le parchemin. Du papier crispé.
2Contracter les muscles de. Angoisse, douleur qui crispe le visage. Visage crispé. Pronom. Sa figure se crispe. Se refermer, s'agripper convulsivement (mains). « Sa main se crispa sur la mantille blanche dont elle avait voilé ses cheveux » (Martin du Gard). Poing crispé.
P. p. adj. Fig. Qui trahit un état de tension. Style crispé. Sourire crispé. coincé, constipé. Humour crispé.
3(1829) Fig. et fam. Causer une vive impatience à (qqn). agacer, fam. gonfler, horripiler, impatienter, irriter. Il a le don de me crisper. crispant.
⊗ CONTR. Décrisper, détendre; apaiser.

crisper verbe transitif (latin crispare, rider) Contracter vivement les muscles sous l'effet d'une sensation, d'un sentiment, d'une émotion : La douleur crispait son visage. Agacer, énerver vivement quelqu'un et lui faire prendre une attitude hostile et défensive : Sa lenteur me crispe. Pratiquer sur un matériau une contraction superficielle qui lui donne un aspect ridé. ● crisper (synonymes) verbe transitif (latin crispare, rider) Agacer, énerver vivement quelqu'un et lui faire prendre une attitude...
Synonymes :
- énerver
- exaspérer

crisper
v.
rI./r v. tr.
d1./d Provoquer la crispation musculaire (d'une partie du corps). Douleur, colère qui crispe le visage.
d2./d Fig. Causer de l'impatience, de la contrariété à (qqn). Son arrogance me crispe.
rII./r v. Pron. Se contracter. Se crisper au moindre bruit.

⇒CRISPER, verbe trans.
I.— Vx. Donner un aspect ridé par resserrement de la surface. Il fait un froid qui crispe la peau (Ac. 1839-1932). Ce petit lac (...) que j'ai vu (...) crisper son eau (BOURGET, Ét. et portr., 1888, p. 131).
Emploi pronom. avec valeur passive. Le parchemin se crispe quand on l'expose à une forte chaleur (Ac. 1932). Le craquement de l'écorce qui se crispe avant d'éclater (SAND, Indiana, 1832, p. 28).
Rem. La docum. atteste l'emploi du verbe, avec ell. de se. Des changements subits de température qui font gaufrer ou crisper les feuilles (CARRIÈRE, Encyclop. hortic., 1862, p. 112).
II.— Usuel
A.— [Le compl. d'obj. désigne le corps ou une partie du corps] Resserrer les muscles sur eux-mêmes, de façon souvent convulsive. Synon. partiel contracter.
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) Crisper les narines, les poings; crisper convulsivement les mains. En crispant tout son corps (COLETTE, Apprent., 1936, p. 147). Il [le muscle] se contracte d'une façon exagérée lorsque le chanteur crispe l'appareil vocal (ARGER, Init. art chant, 1924, p. 23) :
1. À la septième [corne] il [Barallasque] a flanché, il a crispé les mâchoires et plissé les sourcils et tire-bouchonné ses rides jusqu'aux oreilles.
A. ARNOUX, Calendrier de Flore, 1946, p. 119.
Emploi pronom. avec valeur passive
♦ [En parlant d'une partie du corps] Lèvres, traits qui se crispent. Le visage de Calvat se crispa dans un hideux sourire. (FEUILLET, Honn. d'artiste, 1890, p. 316). Son estomac se crispait de besoin (ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 795).
♦ [En parlant de la pers. tout entière] Il se crispe des pieds à la tête. On voit qu'il lutte contre un charme (COCTEAU, Machine infern., 1934, II, p. 82).
b) En partic. [En parlant des mains, des doigts, etc., avec un compl. prép. en sur, autour de] Serrer fortement et souvent convulsivement (sur ou autour de quelque chose). En crispant sa main autour de la mienne (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 267). [Le Christ] crispant ses ongles cassés sur la croix qui glisse (HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 271). Tout mon être s'est tendu et j'ai crispé ma main sur le revolver (CAMUS, Étranger, 1942, p. 1166).
P. métaph. Ne pas vouloir renoncer à. La France est devenue un immense Harpagon, crispant ses doigts sur ses rentes et ses terres (GONCOURT, Journal, 1857, p. 371).
Emploi pronom. [En parlant des mains, etc.] Mes bras se crispaient autour de la taille d'Edmée (SAND, Mauprat, 1837, p. 295). Des doigts avides qui se crispent sur une proie (FAURE, Esprit formes, 1927, p. 196).
2. [Le suj. désigne une sensation, un sentiment causant la réaction musculaire] Le dégoût lui souleva le cœur, et le lui crispa (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 289). Avec une avidité sensuelle qui crispait les ailes minces de son nez (CARCO, Inno., 1916, p. 90). Une inquiétude croissante crispait le visage de cette femme [Mme Clapain] d'ordinaire impassible (ESTAUNIÉ, Mme Clapain, 1932, p. 41).
♦ [Avec un compl. prép. désignant la réaction musculaire, infra 3] Le chagrin les [mes membres] crispait en convulsions (FLAUB., Corresp., 1852, p. 461). Une bouffée de colère crispait sa joue d'un battement nerveux (CHARDONNE, Chant Bienh., 1927, p. 84).
3. [Le suj. désigne une réaction musculaire] Une contraction, un rictus crispe la main, le visage de quelqu'un. Un léger frémissement qui crispait son cou et son nez (PROUST, 1913, p. 270) :
2. Wilfred redoutait que le malheureux garçon n'eût une crise de larmes, car d'étranges grimaces crispaient son petit visage blême.
GREEN, Chaque homme dans sa nuit, 1960, p. 245.
B.— Au fig. [En parlant de faits psychiques]
1. [Le suj. désigne une pers.] Crisper sa volonté. Faire de très gros efforts de volonté. Synon. bander, tendre sa volonté. Elle secoue la tête, crispant sa volonté pour ne pas fondre en larmes (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p. 495).
2. [Le suj. désigne la cause de l'attitude, le compl. d'obj. désigne l'être] Irriter, agacer, exaspérer. Ça me crispe (les nerfs)! Fanatisme hypocrite Qui m'échauffe la bile, et me crispe et m'irrite (POMMIER, Crân., 1842, p. 137). Cette ironie indifférente et supérieure le [Manuel] crispait (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 620).
3. Emploi pronom réfl.
a) Se raidir psychologiquement, être tendu. Durtal se crispait, se retenait à quatre pour ne pas la [sa bonne] renvoyer dans sa cuisine (HUYSMANS, Cathédr., 1898, p. 110) :
3. Pareils caractères excellent dans les négociations (...) Au lieu que le bilieux imaginatif, qui se crispe et angoisse, plein de scrupules et de tourments, se trouve en état d'infériorité...
L. DAUDET, Sylla et son destin, 1922, p. 105.
♦ [Avec un suj. méton.] Ce cœur sincère et jeune se crispe quand on lui raconte un tour de fripon (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 395).
b) En partic. S'obstiner, immobiliser son esprit. Synon. se figer. Les hérétiques qui se crispent sur une divergence (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 740). L'attitude de défi dans laquelle se crispent les Américaines prouve qu'elles sont hantées par le sentiment de leur féminité (BEAUVOIR, Deux. sexe, t. 1, 1949, p. 13).
Prononc. :[], (je) crispe []. Étymol. et Hist. 1. 1560 crispant « qui ondule » (ANEAU, Alector, f° 1980 ds GDF. Compl.); 2. av. 1650 crispé « ridé » (DESCARTES, Monde, 15 ds LITTRÉ); 3. 1798 « contracter (une partie du corps) » (Ac.); 4. 1819 « inquiéter, vexer, tourmenter » (BOISTE); 1853 « impatienter fortement » (FLAUB., Corresp., p. 282 : Donc ce que je déteste le plus dans les arts, ce qui me crispe, c'est...). Empr. au lat. crispare (dér. de crispus « frisé ») « rider » en parlant de l'eau, « onduler » en parlant de la chevelure. Fréq. abs. littér. : 384. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 129, b) 365; XXe s. : a) 855, b) 812.

crisper [kʀispe] v. tr.
ÉTYM. 1560, crispant « ondulant »; crispé, déb. XVIIe; crisper, 1798, Académie; du lat. crispare « friser, rider ».
1 Rare. (Concret). Contracter en ridant la surface. Crispation; convulser, rider. || Le froid crispe la peau. || Le feu crispe le parchemin. || La surface du lac est crispée par le vent.
2 Plus cour. Contracter les muscles. || Angoisse, douleur qui crispe le visage. || Le mécontentement crispait son visage, lui crispait le visage.
1 Ses poignets sont crispés d'avance du plaisir
D'atteindre le fuyard et de le ressaisir (…)
Hugo, la Légende des siècles, XV, Petit roi de Galice, VIII.
2 Un dernier combat d'idées crispa son visage (…)
Paul Bourget, Un divorce, I, p. 2.
3 À tout moment, Gilbert regardait sa montre. Cette attente angoissante lui crispait le cœur; il eût voulu entendre le signal, partir tout de suite, en finir.
R. Dorgelès, les Croix de bois, XI, p. 208.
Pron. || Sa figure se crispa. || Ses mains se crispèrent.
4 Sa main se crispa sur la mantille blanche dont elle avait voilé ses cheveux.
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 25.
3 (1853). Cour. (Compl. n. de personne). Causer une vive impatience à (qqn). Agacer, impatienter, irriter. || Il a le don de me crisper. Crispant. Pron. || Se crisper : manifester son impatience; devenir tendu. || Se crisper sur son travail.
tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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crispé, ée p. p. adj.
1 Rare. Ridé. || Peau crispée. || Eau crispée.
2 Contracté, serré. || Avoir les nerfs crispés d'impatience. || Poings crispés. || Mains crispées sur, à qqch. : mains contractées qui s'agrippent. || Lèvres crispées. || Le corps tout entier crispé, tendu.
5 Les habitations éparses, de toutes leurs fenêtres éblouissantes, renvoyaient vers l'ouest, en traits de foudre, les dernières flèches solaires, ensanglantées. C'était un très merveilleux spectacle. Et Juana, ses deux mains crispées au plat-bord, regardait avidement, avec des yeux ardents.
Claude Farrère, Thomas l'Agnelet, p. 204.
3 Cour. Tendu, angoissé, fiévreux. || Société crispée. || Style crispé. || Vers crispés.Bloqué. || Positions politiques, partis politiques crispés.Contraint, forcé. || Poignée de main crispée. || Sourire crispé. || Humour crispé.
4 (Personnes). Guindé. || Un maître d'hôtel crispé.
CONTR. Détendre, étendre. — Adoucir, apaiser, calmer. — Décrisper.
DÉR. et COMP. Crispant, crispation. Décrisper.

Encyclopédie Universelle. 2012.