croc [ kro ] n. m.
• fin XIIe; frq. °krok
1 ♦ Vx Instrument muni d'un ou de plusieurs crochets et qui sert à pendre qqch. ⇒ crochet, grappin. Croc de boucherie.
2 ♦ Techn. Longue perche ou instrument terminé par un crochet. Croc de batelier. ⇒ 1. gaffe. Croc à fumier, à pommes de terre (⇒ fourche) . Croc de palan, de remorque.
3 ♦ (v. 1650) Dent pointue de certains animaux (⇒ canine). Les crocs d'un chien. Donner un coup de croc (⇒ mordre) . Découvrir, montrer ses crocs. « un rictus découvrit ses crocs, éclatants sous les babines noirâtres » (Genevoix). — Par ext. Loc. fam. Avoir les crocs : avoir très faim (cf. Avoir la dent). Moustaches en croc : moustaches recourbées vers le haut. « L'autre superbement retrousse Le bout de sa moustache en croc » (Gautier).
● croc nom masculin (francique krok, crochet) Crochet servant à suspendre quelque chose : Un croc de boucher. Perche armée d'une pointe et d'un crochet servant à manœuvrer les bateaux. Canine pointue de certains mammifères, dépassant largement les dents voisines. Familier. Dent de l'homme. Crochet double, en usage jusqu'au XVIe s., qui servait à tendre l'arbalète. Hameçon emmanché pour pêcher dans les rochers. ● croc (difficultés) nom masculin (francique krok, crochet) Prononciation [&ph95;ʀ&ph99;], sans faire entendre le c final (comme dans accroc, broc, escroc, raccroc).Remarque Dans croc-en-jambe, le c se prononce (v. ce mot). ● croc (expressions) nom masculin (francique krok, crochet) Familier. Avoir les crocs, avoir très faim. En croc, recourbé en forme de crochet : Moustache en crocs. Montrer les crocs, se montrer menaçant.
croc
n. m.
d1./d Instrument à pointes recourbées servant à suspendre.
d2./d Longue perche munie d'un crochet.
d3./d Croc à fumier: instrument à dents pour ramasser, étaler le fumier.
d4./d Chacune des quatre canines de certains carnivores. Les crocs d'un lion.
⇒CROC, subst. masc.
A.— Instrument recourbé.
1. Tige de métal ou de bois, à une ou plusieurs extrémités recourbées et souvent pointues, et qui sert à suspendre quelque chose. Croc de boucher. Il remit l'appareil [le téléphone] au croc (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 242). Des chaînes de saucisses rouges suspendues à tous les crocs de la boutique (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 251) :
• 1. Quand l'un des malheureux enfants était amené dans sa chambre, Bricqueville, Prélati, Sillé, le pendaient à un croc fiché au mur; et, au moment où l'enfant suffoquait, Gilles ordonnait de le descendre et de dénouer la corde.
HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 16.
♦ P. métaph. On l'avait vue [Véronique] se détailler à la main sur tous les comptoirs de stupre, pendre à tous les crocs de la grande triperie du libertinage (BLOY, Désesp., 1886, p. 68).
— Loc. fig., vieilli. Mettre, pendre au croc (qqc.). Renoncer à quelque chose. Si Dieu ne change mes résolutions, je mettrai bientôt mon armure au croc (COURIER, Lettres Fr. et It., 1808, p. 782). Être au croc. Être en suspens. Le conseil de famille pour Louise est encore au croc (AMIEL, Journal, 1866, p. 406).
— Spécialement
a) MAR. Tige métallique recourbée, de forme variée, servant à fixer, accrocher. Croc de candelette, du palan d'étai; croc à chaîne, à ciseaux, à échappement, à émerillon, à cosse; croc moucheté, croc double; croc à ourdir (utilisé dans les corderies). Ils coupèrent les amarres d'un radeau, l'attachèrent au croc du mât de charge, et cinq ou six hommes pesant sur le palan, le soulevèrent à un mètre du sol (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p. 247).
b) Vieux
♦ Tige recourbée, utilisée par les voleurs pour ouvrir une serrure. Jouer du croc. Crocheter les serrures. Maître François Villon, Parisien, célèbre dans l'art poétique autant que dans l'art de la pince et du croc (NERVAL, Nouv. et fantais. 1855, p. 186).
♦ Instrument de torture. Crocs rougis au feu; crocs à traîner. La guillotine, affreuse et de meurtres rougie, Est un pas sur le croc, le pal et le bûcher (HUGO, Année terr., 1872, p. 190).
2. P. ext. Instrument composé d'un manche auquel est fixée une pièce métallique faite d'une pointe recourbée ou de deux pointes, l'une droite et l'autre courbe, ou de deux ou plusieurs pointes courbes, et qui sert généralement à décrocher, à tirer à soi. Croc de chiffonnier. Croc de batelier. Perche servant à conduire et arrêter les bateaux. Comme un corps d'astre (...) que quelque marinier céleste ramène d'un coup de croc (ZOLA, Nouv. Contes Ninon, 1874, p. 129). Cf. agonie ex. 30.
♦ [Désignant des armes de la guerre du siège] Intentions dont témoignent honnêtement ces crocs et ces grappins et ces échelles et ces pieux (CLAUDEL, Visages radieux, 1947, p. 767).
— Spécialement
♦ AGRIC. Croc à fumier; croc à foin; croc à pommes de terre (destiné à l'arrachage des pommes de terre). L'ouvrier [arracheur de tubercules] armé d'un croc à deux branches analogue à une houe à bras enfonce celui-ci à proximité de la touffe, de façon que le fer arrive en dessous des tubercules (PASSELÈGUE, Mach. agric., 1930, p. 247).
♦ ARM. Arquebuse à croc. Cf. arquebuse A.
B.— [P. anal. de forme (cf. A 1)]
1. Dent de l'animal ou de l'homme.
a) Canine des carnassiers, principalement. Crocs féroces, pointus, puissants; crocs de chien, de sanglier, de cheval; donner un coup de croc; planter ses crocs dans un mollet :
• 2. Le guépard assistait à mon réveil (...); sa gueule carmin sombre, où luisaient les beaux crocs blancs, s'ouvrait et se fermait paresseusement.
BENOIT, L'Atlantide, 1919, p. 235.
♦ Rare. Crochet d'un serpent. Quand on ne peut enlever ses crocs à un serpent venimeux (AMIEL, Journal, 1866, p. 239).
♦ P. métaph. Dehors il faisait un froid vif, une belle gelée, qui, tout de suite, lui planta ses crocs aux oreilles (COURTELINE, Boubouroche, 1893, p. 28).
— Expr. Montrer les (des, ses) crocs (en signe de menace). Miraut déjà montrait des crocs aigus et, pour répondre à cette provocation, Goupil (...) découvrait lui aussi (...) des gencives décolorées d'où jaillissaient des canines pointues (PERTAUD, De Goupil, 1910, p. 30). P. métaph. En 1886, l'opportunisme courtois n'était plus qu'un mot vide de sens, la république montrait ses crocs (BERNANOS, Gde peur, 1931, p. 188).
b) Pop. ou fam. Dent de l'homme. J'ai les crocs qui m'asticotent : mal d'amour (GENEVOIX, Nuits de guerre, 1917, p. 236). L'édredon a glissé par-dessous et elle y a enfoncé ses crocs, en sorte que sa bouche est pleine de duvet (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 210). Ils avaient plus de crocs pour bouffer, tellement qu'ils étaient vermoulus (CÉLINE, Mort à crédit 1936, p. 358).
♦ Loc. Avoir les crocs. Avoir faim. Synon. avoir la dent (cf. dent C 1) :
• 3. — Ça fait rien, dit-il, en attaquant la choucroute.
— Tu as l'air d'avoir les crocs, remarqua Paradis.
— Pas tellement. C'est seulement pour le plaisir.
QUENEAU, Pierrot mon ami, 1942, p. 124.
2. [En parlant des moustaches recourbées] D'abord, je n'ai pas, tant s'en faut, La moustache aussi provocante; Avec ces crocs à la prévôt, J'ai l'air d'en défier cinquante (PONCHON, Muse cabaret, 1920, p. 214). Ses moustaches en crocs (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 221).
3. P. compar. ou p. métaph. [En parlant de rochers] Les crocs noirs et pointus des rochers de la côte (RICHEPIN, Caresses, 1877, p. 264). Des festons, des stalagmites, des crocs d'obsidienne pendaient au-dessus de nos têtes, nos chevaux butaient sur des arêtes (CENDRARS, Moravagine, 1926, p. 245). Des blocs de pierre en crocs (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 634).
Prononc. et Orth. :[kro]; c final est muet (cf. lettre C supra t. 4, A 2) sauf quand le mot entre dans l'expr. croc-en-jambe []. Noter que ds certains dict. anc. c final se prononce : cf. FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 1 1787, GATTEL 1841 (qui ajoute néanmoins : ,,plus communément le c final ne se prononce point``) et NOD. 1844. Le mot est attesté ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1120 « fer recourbé pourvu d'un long manche » (St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 1474); 2. ca 1150 « grappin servant à accrocher quelque chose » (Charroi de Nîmes, éd. J.-L. Perrier, 777); 3. av. 1673 « dent de certains animaux » (MOLIÈRE, Princesse d'Élide, I, 2). De l'a. b. frq. krok (correspondant à l'a. nord. krókr, DE VRIES Anord.) passé en fr. à une époque relativement tardive, ce qui explique le maintien du -c, cf. lat. médiév. croccus « crochet », XIe s., CGL t. 5, p. 624, 42. V. aussi encrouer. Fréq. abs. littér. :273. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 189, b) 539; XXe s. : a) 523, b) 395. Bbg. BRÜCH 1913, p. 9. — DE GOROG 1958, p. 214. — GIRAUD (J.). Vie Lang. 1973, p. 4. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 255. — ROG. 1965, p. 89. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 89. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 516. — SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 192, 196; t. 3 1972 [1930], p. 175. — THURNEYSEN 1884, pp. 96-97.
1. croc [kʀɔk] interj.
ÉTYM. 1694; onomatopée.
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♦ Onomatopée imitant le bruit que font certaines choses dures quand on les brise avec les dents. ⇒ Croquer; crac, cric. || Cela fait croc sous la dent.
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HOM. Formes du v. croquer.
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2. croc [kʀo] n. m.
ÉTYM. V. 1120; du francique krok (cf. anc. scandinave krôkr).
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1 (Vx sauf dans quelques syntagmes). Instrument de fer, de bois… muni d'un ou de plusieurs crochets et qui sert à pendre qqch. ⇒ Crochet, grappin. || Croc de boucherie. || Pendre de la viande au croc. || Croc de cuisine. || Le croc d'une crémaillère.
1 Apprends-moi ton métier, camarade, de grâce;
Rends-moi le premier de ma race
Qui fournisse son croc de quelque mouton gras (…)
La Fontaine, Fables, XII, 9.
➪ tableau Noms d'instruments.
♦ ☑ Loc. fig. Vx. Mettre ou pendre (qqch.) au croc, y renoncer. || Mettre les armes (ou son épée) au croc. || Mettre un procès au croc, l'abandonner. — ☑ Être au croc : être interrompu (procès, affaire). — ☑ Mettre ou avoir qqch. à son croc, à sa disposition.
2 Techn. Longue perche (instrument ou outil) terminée par un crochet et servant à tirer à soi, à accrocher (fixer) ou à décrocher. || Croc de batelier. ⇒ Gaffe, harpon.
♦ Agric. Pioche à deux dents. || Croc à fumier, à pommes de terre (⇒ Crochet, fourche).
♦ Mar. || Croc d'amure, servant à amarrer l'amure d'une voile. — Croc à cosse, servant à fixer un cordage. — Croc de palan : crochet de la poulie d'un palan. — Croc de remorque, servant à accrocher la remorque d'un bateau. — Croc de traversière. || Croc à émerillon. ⇒ Poulie.
♦ Anciennt. || Arquebuse à croc. || La fourchette d'une arquebuse à croc.
♦ Vx. Crochet servant à ouvrir les serrures. || La pince et le croc des voleurs.
3 (V. 1650). Cour. dans quelques expr.; rare au sing. Dent pointue de certains animaux (⇒ Canine). || Les crocs d'un chien (cit. 13). || Donner un coup de croc. || Découvrir, montrer ses crocs. ⇒ Menacer. || Rentrer ses crocs. || Crocs d'un jeune chien. ⇒ Crochet. — Croc blanc (nom d'un chien de traîneau, dans la trad. française d'un roman de Jack London).
2 Miraut déjà montrait des crocs aigus, et, pour répondre à cette provocation, Goupil, à travers les mailles de la muselière, découvrait lui aussi, sous un froissement de mufle, des gencives décolorées d'où jaillissaient des canines pointues.
Louis Pergaud, De Goupil à Margot, Trag. avent. de Goupil, IV, p. 28.
3 Lorsqu'elle vit l'homme, elle rasa les oreilles, trop épuisée pour faire front; un hérissement courut dans les poils de son cou, un rictus découvrit ses crocs, éclatants sous les babines noirâtres.
M. Genevoix, Raboliot, IV, II, p. 236.
3.1 On croirait qu'il (l'animal) va terminer le mouvement interrompu : ramener la patte restée tendue en arrière, dresser les deux oreilles de façon égale, ouvrir davantage les mâchoires pour dégager largement les crocs, dans une attitude menaçante, comme si quelque spectacle l'inquiétait, du côté de la rue, ou mettait en danger sa maîtresse.
A. Robbe-Grillet, la Maison de rendez-vous, p. 14.
♦ Par ext. (Au plur.). Dents (de l'homme). — ☑ Loc. Littér. Montrer les crocs : menacer. ☑ Tomber sous les crocs de qqn. — ☑ Fam. Avoir les crocs : avoir très faim.
3.2 Ça fait rien, dit-il, en attaquant la choucroute.
— Tu as l'air d'avoir les crocs, remarqua Paradis.
— Pas tellement. C'est seulement pour le plaisir.
R. Queneau, Pierrot mon ami, éd. L. de Poche, p. 104.
3.3 On va bouffer ? J'ai les crocs, moi ! Je boufferai quelque chose de bon !… On y va ?
Louis Calaferte, Partage des vivants, p. 62.
4 ☑ Loc. Moustaches en croc, et, ellipt. (vx), croc : moustaches recourbées de chaque côté de la bouche en forme de croc. || Relever ses moustaches en croc. || Moustaches « cirées aux pointes et tournées en croc » (Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, III).
4 L'un étale sa barbe rousse
Comme Frédéric dans son roc;
L'autre superbement retrousse
Le bout de sa moustache en croc.
Th. Gautier, Émaux et Camées, « Le château du souvenir ».
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DÉR. Croche, crocher, crochet, crochu.
COMP. Accroc, accrocher, raccrocher, recroqueviller. — Croc-en-jambe.
Encyclopédie Universelle. 2012.