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croisade

croisade [ krwazad ] n. f.
XVe; réfect. de croisée (XIVe) et croisement (XIIe), employés dans ce sens, d'apr. l'a. provenç. crozata, esp. cruzada
1Hist. Expédition entreprise au Moyen Âge par les chrétiens coalisés pour délivrer les Lieux saints qu'occupaient les musulmans (cf. Guerre sainte). Partir pour la croisade, en croisade.
2Tentative pour créer un mouvement d'opinion dans une lutte. campagne. Croisade contre le tabagisme, en faveur de l'alphabétisation. Elle « qui avait tant prêché aux autres la croisade féministe » (Loti).

croisade nom féminin (ancien français croisement, avec l'influence du provençal crozata) Nom donné aux expéditions militaires entreprises du XIe au XIIIe s. par les chrétiens d'Occident à l'instigation de la papauté qui leur fixa pour but la délivrance des Lieux saints occupés par les musulmans. Expédition militaire faite dans un dessein religieux. Vive campagne menée pour créer un mouvement d'opinion : Croisade contre le cancer.

croisade
n. f.
d1./d HIST Nom donné aux expéditions parties d'Occident du XIe au XIIIe s. pour délivrer les Lieux saints de Palestine de la domination musulmane, puis pour assurer leur défense.
d2./d Mod. Campagne, lutte menée en vue d'un objectif précis. Croisade pour la paix.
Encycl. On compte huit croisades princ. mais ce nombre ne rend pas compte de la complexité du mouvement, car le va-et-vient des croisés fut continu entre l'Occident et l'Orient. - La 1re croisade (1095-1099), décidée par le pape Urbain II, comporta une croisade populaire (prêchée par Pierre l'Ermite et rapidement massacrée par les Turcs en Anatolie) et la croisade des barons, commandée par Godefroi de Bouillon; celle-ci aboutit à la prise de Jérusalem (juil. 1099), puis à la création du roy. de Jérusalem, dont Baudouin, frère de Godefroi, fut le prem. souverain (1100). - La 2e croisade (1147-1149), prêchée par saint Bernard de Clairvaux à Vézelay et commandée par le roi de France Louis VII et l'empereur Conrad III, échoua devant Damas. - La 3e croisade (1189-1192), prêchée par Guillaume, archevêque de Tyr, fut commandée par le roi de France Philippe Auguste et le roi d'Angleterre Richard Coeur de Lion, d'une part, l'empereur Frédéric Barberousse, d'autre part; les croisés ne purent reprendre Jérusalem, que Saladin avait enlevée en 1187. - La 4e croisade (1202-1204), organisée par le pape Innocent III, prêchée par son légat Pierre Capuano, commandée par Baudouin IX, comte de Flandre, et Boniface de Montferrat, fut détournée de son but (l'égypte) par les Vénitiens, qui l'amenèrent à se tourner contre Byzance; cela aboutit au pillage de Constantinople (1204), ainsi qu'à la constitution des états latins de Grèce: Empire latin, principauté de Morée, empire maritime de Venise. - La 5e croisade (1217-1221), décidée par Innocent III, commandée par Jean de Brienne, roi nominal de Jérusalem, et André II de Hongrie, et dirigée contre l'égypte, remporta quelques succès (prise de Damiette en 1219), puis échoua. - La 6e croisade (1228-1229) fut commandée, après de multiples tergiversations, par l'empereur Frédéric II, alors excommunié, qui, par un traité avec le sultan d'égypte Al-Kamil, obtint la cession de Jérusalem. - La 7e croisade (1248-1254), commandée par Saint Louis et dirigée contre l'égypte, qui avait repris Jérusalem (1244), échoua: défaite de Mansourah et capture du roi (1250). - La 8e croisade (1270) fut également commandée par Saint Louis, qui mourut de la peste devant Tunis.

⇒CROISADE, subst. fém.
A.— HIST. (cf. croiser II B 1).
1. Expédition dont les participants portaient une croix d'étoffe cousue sur leur habit, entreprise au Moyen Âge par les chrétiens d'Europe pour délivrer la Terre Sainte de l'occupation musulmane. Époque, histoire, temps des croisades; prêcher la croisade :
1. Le cri de « Dieu le veut! » répondit de toutes parts à sa proclamation, repris par Urbain lui-même qui en fit le cri de ralliement général et demanda aux futurs soldats du Christ de se marquer du signe de la croix. La « croisade » était née, idée en marche qui allait lancer princes et foules jusqu'au fond de l'Orient.
GROUSSET, L'Épopée des croisades, 1939, p. 6.
Fam. Descendre des croisades. Être de vieille noblesse :
2. ... [Gisette] parle à l'oreille des gens, d'une voix de polichinelle, de soupers toute la semaine jusqu'à cinq heures avec des gens qui descendent des croisades : « Il vient des preux. » Et sous la blague, on la sent touchée, comme un peuple, par un titre.
GONCOURT, Journal, 1861, p. 993.
P. anal. Expédition contre des hérétiques. Croisade contre les Albigeois, les Hussites :
3. Vous savez l'histoire de la croisade contre les Albigeois, commandée par Simon de Montfort. Ce fut la lutte de la féodalité du nord contre la tentative d'organisation démocratique du midi. Malgré les efforts du patriotisme méridional, le nord l'emporta; l'unité politique manquait au midi, et la civilisation n'y était pas assez avancée pour que les hommes sussent y suppléer par le concert. La tentative d'organisation républicaine fut vaincue, et la croisade rétablit dans le midi de la France le régime féodal.
GUIZOT, Hist. gén. de la civilisation en Europe, Leçon 10, 1828, p. 26.
P. ext. Lutte armée sous-tendue par un conflit idéologique. L'élan de croisade qu'inspirait au peuple américain son idéalisme instinctif (DE GAULLE, Mém. de guerre, 1954, p. 192) :
4. « ... une guerre contre l'impérialisme prussien, pour en finir, une bonne fois, avec les pangermanistes [songeait Jacques], serait une guerre juste, une guerre sainte, une croisade pour la défense des libertés démocratiques! ... »
MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, p. 463.
P. plaisant :
5. ... une campagne non dépourvue d'audace. Il s'agissait d'abattre au jeune dieu son geste ingénûment viril, (...) la marraine de Jacquette et Mademoiselle de Quinconas partirent dans leur croisade, munies d'un marteau, arme offensive, et d'un filet à papillons pouvant servir à donner le change sur leurs intentions, si elles étaient rencontrées, destiné en réalité à recueillir les « pièces » à l'instant de leur chute, ...
BOYLESVE, La Leçon d'amour dans un parc, 1902, p. 94.
2. Emploi fig. Campagne visant à soulever l'opinion en vue d'un résultat d'intérêt commun :
6. ... nous n'envisageons nullement de considérer l'industrie des jus de fruits comme l'instrument d'une croisade contre les boissons alcooliques ou les boissons fermentées. Ce sont leurs qualités intrinsèques qui doivent les faire aimer pour eux-mêmes et qui doivent leur assurer un débouché important.
BRUNERIE, Les Industr. alim., 1949, p. 72.
B.— Région. (cf. croiser I B). Carrefour, croisée de chemins. Que de lièvres pincés aux croisades des tranchées, aux carrefours des chemins de terre (PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 18).
Prononc. et Orth. :[]. [] post. à la 1re syll. ds PASSY 1914, et comme 1re var. ds WARN. 1968. Cf. croix. Admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Av. 1475 « guerre sainte contre les Infidèles » (CHASTELLAIN, Chroniques, éd. Kervyn de Lettenhove, III, p. 69); av. 1778 « tentative pour diriger l'opinion en faveur ou contre quelque chose » (VOLTAIRE, Lettres à Catherine II, 119 ds LITTRÉ). Issu, par substitution du suff. -ade, des termes a. fr. de même sens croisement (av. 1195, Amboise ds T.-L.) croiserie (av. 1272 Långfors, Jeux-partis, XLIX, 6) croisière, croisée (1390 ds DU CANGE, s.v. crosata) sous l'infl. de l'a. prov. crozata (début XIIIe s. Crois. alb. ds LÉVY) et accessoirement de l'a. esp. cruzada (1378 ds AL.). La substitution de suff. a été favorisée par la polysémie des termes a. français. Fréq. abs. littér. :717. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 320, b) 381; XXe s. : a) 784, b) 1 246. Bbg. KIDMAN (J.). Les Empr. lexicol. du fr. à l'esp. des orig. jusqu'à la fin du 1e s. Paris, 1969, pp. 84-86. — RUPP. 1915, p. 55.

croisade [kʀwazad] n. f.
ÉTYM. XVe; réfection de croisée (1390), croisement (fin XIIe), croiserie (mil. XIIIe), dér. de croiser employés au sens de « croisade », d'après l'anc. provençal crozata et l'esp. cruzada, de croz, cruz. → Croix.
1 Expédition entreprise par les chrétiens coalisés pour délivrer les Lieux saints qu'occupaient les Musulmans. Guerre (sainte). || Prêcher la croisade. || Partir pour la croisade, en croisade. || L'ordre Teutonique, fondé au temps des croisades. || Huit croisades eurent lieu du XIe au XIIIe siècle. || Les deux dernières croisades furent dirigées par Saint Louis.
1 Quel jugement porter sur les croisades et quel aura été leur rôle mondial ? On a tendance à ne voir en elles qu'un magnifique mouvement d'idéalisme ne répondant à aucune nécessité historique. C'est qu'on néglige de les replacer dans l'histoire de la question d'Orient (…)
R. Grousset, Bilan de l'histoire, IV, p. 234.
Hist. Expédition militaire effectuée par des croyants (chrétiens) contre des hérétiques. || La croisade contre les Albigeois.
Par anal. (souvent iron.). Expédition armée motivée par des desseins idéologiques, religieux. || « Croisade contre le bolchevisme » (dans les slogans inspirés par l'occupant nazi, pendant la Seconde Guerre mondiale). || Un esprit de croisade. || Partir en croisade contre…
2 (XVIIIe). Cour. Tentative pour diriger l'opinion dans une lutte. Campagne. || Croisade contre l'alcoolisme, le tabagisme, la drogue. || Croisade en faveur de…
2 (…) ce serait trop humiliant pour elle, l'insoumise, qui s'était tant vantée de ne se laisser marier qu'à son gré, qui avait tant prêché aux autres la croisade féministe (…)
Loti, les Désenchantées, I, III, p. 42.
3 Régional. Carrefour. || Croisade de chemins. Croisée, 1.

Encyclopédie Universelle. 2012.