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dénouer

dénouer [ denwe ] v. tr. <conjug. : 1>
XIIe; de dé- et nouer
1Défaire (un nœud, une chose nouée). délier, 1. détacher. Dénouer une ficelle, un ruban. « il dénoua la longe qui pendait à l'arçon » (Barrès). Dénouer des lacets de chaussures. défaire. Dénouer les fils d'un écheveau. P. p. adj. Porter les cheveux dénoués, défaits, libres.
Pronom. (pass.) Se défaire. Ces lacets se dénouent sans cesse. « Les beaux cheveux se sont dénoués » (Romains).
2Fig. et vx Délier. Dénouer la langue (à qqn) :faire parler.
3(1549) Démêler, éclaircir (une difficulté, une intrigue). démêler, éclaircir, résoudre. « le drame qui dénoua cette double existence » (Balzac). « il était temps que la mort vint dénouer une situation tendue à l'excès » (Renan) . Pronom. « La passion, comme le drame, vit de combat et se dénoue par la mort » (Suarès).
⊗ CONTR. Nouer, renouer; attacher, lier.

dénouer verbe transitif Défaire ce qui était noué ou attaché, étroitement serré : Dénouer sa cravate. Éclaircir, résoudre une affaire compliquée, la mener à sa fin, à sa conclusion, démêler : Dénouer une intrigue policière.dénouer (expressions) verbe transitif Dénouer la langue de quelqu'un, le faire parler. ● dénouer (synonymes) verbe transitif Défaire ce qui était noué ou attaché, étroitement serré
Synonymes :
- délacer
- délier
- détacher
Contraires :
- attacher
- lacer
- lier
- nouer
- renouer
Éclaircir, résoudre une affaire compliquée, la mener à sa fin...
Synonymes :
- débrouiller
- démêler
- éclaircir
- résoudre
Contraires :
- embrouiller
- obscurcir

dénouer
v. tr.
d1./d Défaire (un noeud); détacher (ce qui était noué). Dénouer sa ceinture. Syn. (oc. Indien) démailler.
v. Pron. Ses nattes se sont dénouées.
d2./d Démêler, trouver la solution de, mettre fin à (une affaire embrouillée, compliquée). Chercher le moyen de dénouer une crise.
|| v. Pron. Fig. Se terminer. L'intrigue de cette pièce se dénoue fort plaisamment.

⇒DÉNOUER, verbe trans.
I.— Lang. cour.
A.— [Le compl. désigne qqc. de flexible ou de souple]
1. Défaire un nœud, défaire l'entrelacement de deux ou plusieurs choses. Dénouer sa ceinture, sa cravate. Alexandre qui coupe le nœud gordien qu'on lui propose de dénouer (DESTUTT DE TR., Idéol., 1, 1801, p. 121). ... sur ton col frais, et plus blanc Que le lait, roule étincelant L'or fluide que tu dénoues (LECONTE DE LISLE, Poèmes ant., 1852, p. 165) :
1. ... je noue et dénoue et renoue, retenant les moindres nœuds qu'il me faudra te dénouer ensuite sous peine de mort; et je serre, je desserre, (...) enchevêtre, désenchevêtre, délace, entrelace, (...) je garrotte, je sangle, j'entrave, (...) jusqu'à ce que tu te sentes, (...) vêtu de toutes les boucles d'un seul reptile dont la moindre respiration coupe la tienne...
COCTEAU, La Machine infernale, 1934, II, p. 83.
Par brachylogie. Dénouer qqc. Dénouer les liens de quelque chose. Dénouer ses chaussures. Je mis beaucoup de temps à dénouer ma bourse de cuir (JOUY, Hermite, t. 3, 1813, p. 33).
2. P. anal. [L'obj. désigne des pers. ou des parties du corps enlacées] Leur embrassement, dénoué, se renoua, s'interrompit et se reforma pour se briser et se produire cent fois encore (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 276). Le mouvement saccadé de ses mains qu'elle croisait, dénouait et recroisait (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 128).
Emploi pronom. Les mains qui s'étaient unies se dénouèrent. Et ce fut un adieu qu'un seul des deux comprit (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 216).
P. métaph. [À propos de choses qui donnent une impression d'enchevêtrement] Les belles ondes de musique s'envolaient; elles se dénouaient en écharpes sonores (R. BAZIN, Blé, 1907 p. 175). La lumière se mit à serpenter lentement, à se lover, à se nouer, se dénouer très lentement, écaille par écaille (GIONO, Eau vive, 1943, p. 243) :
2. C'est plein de petites rues étroites et sombres qui grouillent (...) se réunissent, se nouent, se dénouent, se désunissent sur de petites placettes (...) s'étirent entre de hautes maisons paysannes, (...) se faufilent dans des agglomérations compactes de maisons bourgeoises (...), tordent la rue d'avancements, de montoirs, de marches d'escaliers...
GIONO, Chroniques, Noé, 1947, p. 110.
B.— P. anal. [Sans doute aussi p. réf. aux nœuds du bois et à leur rigidité; l'obj. désigne certaines parties du corps] Assouplir, détendre, développer. Dénouer la langue de qqn. Parlez sans arrêt, ça vous dénoue les nerfs (GIONO, Hussard, 1951, p. 152). Jamais sa langue n'a été plus dénouée, jamais plus forte. (...) Il raconte sa vie, sa légende (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p. 121).
Emploi pronom. Les grands appétits sont muets comme les grandes passions! Mais, les premières furies apaisées, les langues se dénouèrent (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 31). Leurs membres raidis se dénouaient dans la bonne chaleur (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 48).
P. métaph. La vraie chaleur qui venait, chaleur de printemps dénouant les bourgeons (ESTAUNIÉ, Bonne-Dame, 1891, p. 108).
II.— Au fig.
A.— [L'obj. désigne un lien entre deux ou plusieurs pers.] Rompre ce qui unit moralement, affectivement. La mort ou l'absence ont dénoué la plupart de ces relations, sans refroidir mes souvenirs et mes sympathies (SAND, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 460).
Emploi pronom. réfl. ou passif. Ce souvenir-là est un lien commun qui ne se dénouera pas, au contraire (FLAUB., Corresp., 1873, p. 89).
B.— [L'obj. désigne une intrigue, une situation particulièrement délicate] Résoudre, mettre fin à quelque chose. Ce douloureux drame conjugal était dénoué par cette mort (BOURGET, Sens mort, 1915, p. 295). Toute difficulté est un « nœud » à dénouer pratiquement (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 196).
Emploi pronom. réfl. ou passif. Le drame commencé depuis neuf ans se dénouait (BALZAC, E. Grandet, 1834, p. 249).
P. ext. [L'obj. désigne les rapports psychologiques entre plusieurs pers.] Détendre l'atmosphère, faire disparaître la gêne. Une très petite fille (...), leur tira la langue (...). Cette riposte les enchanta et dénoua définitivement l'atmosphère (COCTEAU, Enf. terr., 1929, p. 74).
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. dénoueur. Personne qui dénoue. Saint Yves (...) le patron des dénoueurs de procès (RICHEPIN, Braves gens, 1886, p. 349). Attesté aussi ds Lar. 19e-Lar. encyclop., GUÉRIN 1892.
Prononc. et Orth. :[denwe], (je) dénoue [denu]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 desnoer « défaire ce qui était noué » (BENOIT DE SAINTE-MAURE, Chronique des ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 8561); 2. 1549 « résoudre une affaire compliquée » (EST.); 3. 1559 dénouer [la jambe] (AMYOT, Aratus, 33 ds HUG.). Dér. de nouer; préf. dé-. Fréq. abs. littér. : 593. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 562, b) 968; XXe s. : a) 875, b) 994. Bbg. GOTTSCH. Redens. 1930, p. 210.

dénouer [denwe] v. tr.
ÉTYM. V. 1170, desnoer; de 1. dé-, et nouer.
1 (V. 1170). Défaire (un nœud, une chose nouée). Délier, détacher (→ Déboutonner, cit. 1). || Dénouer une corde, une ficelle, un ruban (→ Cordelière, cit.). || Dénouer les fils d'un écheveau. Débrouiller, démêler. || Dénouer sa ceinture. Desserrer. || Dénouer les lacets d'une chaussure. Ellipt. || Dénouer qqch. || Dénouer ses chaussures. Délacer.
1 Jean dit devant tout le monde : Pour moi, je vous baptise dans l'eau; mais il en vient un autre qui est plus puissant que moi, et à qui je ne suis pas digne de dénouer les cordons des souliers. C'est celui-là qui vous baptisera dans le Saint-Esprit et dans le feu.
Bible (Sacy), Évangile selon saint Luc, III, 16.
2 (…) il dénoua la longe qui pendait à l'arçon pour attacher François par les menottes à son cheval. Puis il se mit en selle.
M. Barrès, la Colline inspirée, XIII, p. 208.
Dénouer ses cheveux. Défaire.
3 (…) elle dénouait le beau torrent de ses cheveux, au soir, dans sa chambre solitaire.
M. Barrès, Leurs figures, p. 333.
2 Fig. et vx. Délier.Loc. Dénouer la langue (de qqn) : faire parler (qqn qui désirait se taire). Délier. || Dénouer sa langue. Parler.
4 Enfin il dénoua sa langue
Et fit cette belle harangue (…)
Scarron, Virgile travesti, VI.
5 Non, pour louer un roi que tout l'univers loue,
Ma langue n'attend pas que l'argent la dénoue (…)
Boileau, Satires, IX.
Fig. Rendre plus souple, développer les parties du corps par un exercice approprié. Assouplir, dégager, désengourdir, développer. || La culture physique, l'exercice, la marche dénouent le corps. || Dénouer ses membres.
6 (…) cela (l'exercice) lui dénoue le corps (…)
Mme de Sévigné, Lettres, 647, 4 sept. 1677.
Fig. et vieilli. || Dénouer le style.
7 Il (Ronsard) n'avait pas tort, ce me semble, de tenter quelque nouvelle route pour enrichir notre langue, pour enhardir notre poésie, et pour dénouer notre versification naissante.
Fénelon, Lettre à l'Académie, 1716, V, Projet de poétique.
Dénouer l'atmosphère : détendre l'atmosphère.
Dénouer sa pensée, la développer, la laisser se dérouler spontanément.
3 (1549). Démêler, éclaircir (une difficulté, une intrigue). Démêler, éclaircir, résoudre. || Dénouer la trame d'une situation compliquée. Spécialt. Démêler en mettant fin à un récit. || Dénouer une intrigue. || Dénouer une action dramatique.
8 Une intrigue nette et facile à nouer et à dénouer; des caractères simples; des incidents qui naissent d'eux-mêmes; des tableaux variés (…)
Marmontel, Éléments de littérature, Œ. compl., t. IX, p. 50, in Pougens.
Mettre fin à (une suite d'événements).
9 (…) mais elle joue un si grand rôle dans le drame qui dénoua cette double existence, qu'il convient de réserver son portrait au moment de son entrée dans cette Scène.
Balzac, le Cousin Pons, Pl., t. VI, p. 540.
10 Le ton qu'il avait pris ne pouvait être soutenu plus de quelques mois; il était temps que la mort vînt dénouer une situation tendue à l'excès, l'enlever aux impossibilités d'une voie sans issue (…)
Renan, Vie de Jésus, XIX, p. 285.
11 J'admirais l'impuissance de l'esprit, du raisonnement et du cœur à opérer la moindre conversion, à résoudre une seule de ces difficultés, qu'ensuite la vie, sans qu'on sache seulement comment elle s'y est prise, dénoue si aisément.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. III, p. 103.
——————
se dénouer v. pron.
1 Être dénoué. || Lacet qui se dénoue.Cheveux qui se dénouent.
12 Les beaux cheveux se sont dénoués. Un ruban d'épaule de la chemise a glissé.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XII, p. 136.
2 Fig. || Devant cet argument irrésistible, sa langue se dénoua.
13 (…) ses gens ont des mains;
Et bien que sur ce point elle les désavoue,
Avec un tel secret leur langue se dénoue (…)
Corneille, le Menteur, IV, 1.
Corps qui se dénoue, qui se développe. || Enfant qui se dénoue. Grandir, transformer (se).
14 Que leur corps se dénoue, et se désengourdisse (…)
Mathurin Régnier, Satires, I.
15 Il ne ressemblait pas aux autres enfants de campagne, qui sont trapus et comme tassés à cet âge-là et qui ne font mine de se dénouer et de devenir quelque chose que deux ou trois ans plus tard.
G. Sand, François le Champi, VII, p. 70.
3 Séparer (se). || Les couples se dénouent à la fin de la danse.
16 Les danses s'interrompirent, les couples se dénouaient (…)
Edmond Jaloux, le Jeune Homme au masque, I, p. 1.
4 S'éclaircir, se démêler. || Le nœud de l'intrigue se dénoue au cinquième acte. Aboutir, finir. || Les complications se dénouent.
17 Il faut que ses acteurs (de la comédie) badinent noblement;
Que son nœud bien formé se dénoue aisément (…)
Boileau, l'Art poétique, III.
18 J'ai eu lieu d'admirer plus d'une fois comment se noue et se dénoue la trame de nos destinées, et de combien de fils déliés et fragiles le tissu en est composé (…)
Marmontel, Mémoires, II, in Littré.
19 La passion, comme le drame, vit de combat et se dénoue par la mort.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », IV, p. 239.
CONTR. Nouer, renouer; attacher, lier. — Replier (se). — Enlacer (s').
DÉR. Dénouable, dénouement.

Encyclopédie Universelle. 2012.