dépiauter [ depjote ] v. tr. <conjug. : 1> ♦ Fam. Dépouiller (un animal) de sa peau. ⇒ écorcher. Dépiauter un lapin.
♢ Par ext. Débarrasser de ce qui recouvre comme une peau (papier, etc.). Dépiauter des bonbons. Dépiauter un fruit. ⇒ éplucher. — Fig. Éplucher (un texte).
● dépiauter verbe transitif (de piau, forme dialectale de peau) Familier Dépouiller un animal de sa peau ; écorcher : Dépiauter un lapin. Enlever ce qui recouvre quelque chose, défaire ce qui le maintient : Dépiauter un paquet. Éplucher un aliment ou le découper en petits bouts en enlevant certaines parties : Dépiauter un morceau de viande pour un enfant. Éplucher, analyser minutieusement un texte.
dépiauter
v. tr. Fam. Enlever la peau de (un animal). Dépiauter un lapin. Syn. écorcher.
— Par ext. Dépiauter une orange.
|| Fig. Dépiauter un texte, l'analyser minutieusement.
⇒DÉPIAUTER, verbe trans.
Pop. Dépouiller un animal de sa peau. Dépiauter un lapin. Un petit crocodile, que nous avons immédiatement tué et dépiauté (FLAUB., Corresp., 1850, p. 216).
— P. anal.
♦ [Le compl. désigne un être hum.]
Écorcher vif. Elles [les femmes] menacent de dépiauter les gardes nationaux, qu'on voit, en sentinelles, fermer la rue des Belles-Feuilles (GONCOURT, Journal, 1870, p. 700). Emploi pronom. réciproque. Se griffer, se battre. Il y en avait deux [des femmes] qui se dépiautaient, à la sortie du grand-balcon. (...). Ah! quelle roulée! (...). L'une avait le nez arraché; le sang giclait par terre (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 546).
Enlever les vêtements (de quelqu'un). Tout en la dépiautant [Sophie] de ses mains frémissantes, il la poussait vers la chambre et le lit, tantôt riante, tantôt glissante comme une couleuvre (L. DAUDET, Phryné, 1937, p. 188). Emploi pronom. réfl. Se déshabiller. Sa blouse le gênait encore, il s'est dépiauté d'un seul coup... Elle est tombée à côté de nous... (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 215)
♦ [Le compl. désigne un fruit] Dépouiller de son écorce. Je brise la coque, je dépiaute l'amande (ARNOUX, Contacts all., 1950, p. 26).
— Au fig. Éplucher, dépouiller un texte :
• 1. Il y a trois semaines, j'avais résolu de me saisir d'un discours qu'il [Guy Mollet] venait de prononcer à Gannat et de le dépiauter, de le découper phrase par phrase : je rêvais d'anatomiser le mensonge, en quelque sorte...
MAURIAC, Le Nouveau Bloc-notes, 1961, p. 289.
— Argot
♦ Dépouiller, dévaliser une personne. Elle commença la tournée par les officiers supérieurs, les dépiota comme des écrevisses jusqu'à leur dernier sou d'économies (BRUANT, 1901, p. 160).
♦ Fouiller à fond un endroit :
• 2. Tout le Marais on l'a battu, porte après porte, et encore les transversales, rue Quincampoix, rue Galante, rue aux Ours, la Vieille-du-Temple... Tout ce parage-là, on peut le dire, on l'a dépiauté par étages...
CÉLINE, Mort à crédit, 1936 p. 185.
Rem. On rencontre ds la docum. le part. passé adj. dépiauté, ée. [En parlant d'une chose] Qui est détérioré, abîmé. Du plancher jusqu'au deuxième... papelards fendus, bouquins crevassés, manuels pourris, manuscrits, mémoires, tout ça rendu en serpentins... nuée de confettis voltigeurs... tous les encartages dépiautés, en vrac, en mélasse... (CÉLINE, op. cit., p. 527).
Prononc. et Orth. :[depjote], (je) dépiaute []. [] ouvert à l'inf. ds DG et BARBEAU-RODHE 1930. Le verbe est admis ds Ac. 1932, s.v. dépiauter. La var. dépioter est admise ds Lar. 19e-20e et QUILLET 1965 qui soulignent, cependant, que la graph. avec -au- est plus correcte. On rencontre, également, la var. dépioter ds la docum. (cf. BOURGET, Monique, 1902, p. 28). Elle peut être écrite avec 2 t (cf. Intér. prisons, 1846, p. 242). Étymol. et Hist. 1834 pic. (HÉCART : Dépiauter; écorcher, enlever la peau par un frottement plus ou moins violent); 1846 arg. (Intér. prisons, p. 242 : Dépiotter. Ôter, enlever, priver quelqu'un de quelque chose); 1861 dépioter « enlever la peau » (LARCH., p. 111). Terme d'orig. dial., dér. de piau forme dial. de peau avec -t- épenthétique (v. DAUZAT Ling. fr., p. 30); préf. dé-; cf. 2e quart XIIIe s. despeler « enlever la peau » (R. DE MOLLIENS, Carité, éd. van Hamel, CCIV, 4). Fréq. abs. littér. :21. Bbg. DARM. 1877, p. 74. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 30, 296.
dépiauter [depjote] v. tr.
ÉTYM. 1834, en picard; dépiotter, 1846, en argot « dépouiller » (fig.); de 1. dé-, piau (forme dial. de peau), et suff. verbal -er avec -t- euphonique.
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1 Fam. Dépouiller (un animal) de sa peau. ⇒ Écorcher. || Dépiauter un lapin.
1 Je conseille fortement à ceux qui pêchent un oiseau de mer de ne pas le plumer, mais de le dépiauter car sa peau est extrêmement riche en graisse.
Alain Bombard, Naufragé volontaire, p. 166.
2 Géronimus garda auprès de lui Rose-Mary qui s'habituait fort bien à la frugalité des repas, à la somnolence, à son Tarzan bien-aimé, à la chasse; elle connaissait plein de trucs pour piéger les bêtes les plus rares, imiter leur cri ou leur grondement, les dépiauter avec adresse.
Jean Cayrol, Histoire d'un désert, p. 68.
2 Débarrasser de ce qui recouvre comme d'une peau (papier, etc.). || Dépiauter des bonbons. || Dépiauter un fruit. ⇒ Éplucher.
♦ Par ext. (abusivt). Ôter (ce qui enveloppe). ⇒ Défaire.
3 Rouge de plaisir, Simon prit la boîte, la tourna, la retourna et commença à dépiauter le papier.
Roger Ikor, les Fils d'Avrom, Les eaux mêlées, p. 379.
3 Fig. Éplucher (un texte).
4 Je tremble de les voir « dépiauter » une fois de plus le discours de Constantine, sans vouloir reconnaître qu'il n'est que le moment d'une politique et d'une pensée.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 111.
5 Il y a trois semaines, j'avais résolu de me saisir d'un discours qu'il venait de prononcer à Gannat (je crois) et de le dépiauter, de le découper phrase par phrase : je rêvais d'anatomiser le mensonge, en quelque sorte.
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 289.
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se dépiauter v. pron.
♦ (Passif). Pouvoir être dépiauté (aux sens 1 et 2). || Le lapin se dépiaute facilement. || Bonbons qui collent au papier, se dépiautent mal. — (Réfl.). Perdre sa peau (rare). — Par ext. || Se défaire, se désagréger en surface ou plus profondément. ⇒ Désagréger (se). Figuré :
6 (…) le paysage tout entier inhabité vide sous le ciel immobile, le monde arrêté figé s'effritant se dépiautant s'écroulant peu à peu par morceaux comme une bâtisse abandonnée (…)
Claude Simon, la Route des Flandres, p. 270.
7 Un lacis de rigoles emmêlées courait sur le sable blond du chemin le bord du talus s'effritait peu à peu se dépiautait glissait en de minuscules et successifs éboulements qui obstruaient un moment un des bras du réseau puis disparaissaient attaqués rongés emportés le monde entier s'en allait avec un murmure continu de source de gouttes.
Claude Simon, la Route des Flandres, p. 274.
♦ Se déshabiller.
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DÉR. Dépiautage ou dépiautement.
Encyclopédie Universelle. 2012.