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déplacé

déplacé, ée [ deplase ] adj.
• 1701; de déplacer
1Qui n'est pas à sa place, qui est dérangé. Meuble, livre déplacé.
2Fig. Qui n'est pas dans le lieu, dans la situation qui convient. inopportun, malvenu. Sa présence à la cérémonie était déplacée. Un enthousiasme assez déplacé. « Tu compromets ta carrière pour un scrupule honorable, mais déplacé » (Chardonne).
(1752) Qui manque aux convenances, qui est de mauvais goût. choquant, incongru, inconvenant, incorrect, insolent, malséant, scabreux. Tenir des propos déplacés. Sa remarque est tout à fait déplacée. Démarche, intervention, question déplacée.
3(v. 1945; angl. displaced person) PERSONNE DÉPLACÉE, qui a dû quitter son pays lors d'une guerre, d'un changement de régime politique. ⇒ apatride, réfugié.
4Fin. Hors place. Effet déplacé, présenté hors de son lieu d'encaissement.
⊗ CONTR. (du 2o) Adéquat, bienvenu, opportun.

déplacé, ée
adj.
d1./d Qui a été changé de place.
d2./d Fig. Qui n'est pas à sa place étant donné la situation, les circonstances. Des propos déplacés. Syn. malséant, incongru, inopportun.
d3./d Personne déplacée, qui a été contrainte de quitter son pays.

⇒DÉPLACÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de déplacer.
II.— Adjectif
A.— Qui n'est plus à sa place.
1. [En parlant d'une chose] Il reclasse avec humeur les papiers déplacés (MARTIN DU G., Taciturne, 1932, I, 3, p. 1249).
2. [En parlant d'une pers.] À qui l'on a retiré sa place (c'est-à-dire sa situation ou son emploi). Cf. muté. Fonctionnaire déplacé. L'aiguilleur, déplacé, était venu lui faire ses adieux (ZOLA, Bête hum., 1890, p. 217).
Personne déplacée. Personne contrainte à vivre en dehors de son territoire à cause de la guerre ou d'une oppression politique. Camp de personnes déplacées (Lar. encyclop.). J. C. Flujel rend compte (...) des névroses particulières aux personnes déplacées et à beaucoup d'émigrés (CHOISY, Psychanal. 1950, p. 125). Par ces temps (...) de personnes déplacées, d'apatrides (...) la méfiance, le soupçon constant règnent (ARNOUX, Solde, 1958, p. 163).
B.— Au fig. Qui ne se trouve pas à la place qu'il devrait occuper. Dans « la ville où on ne joue pas », elle [la coquette de la troupe] apparaît déplacée, saugrenue, avec son profil bourbonien (COLETTE, Music-hall, 1913, p. 5) :
1. Dans ce monde, il y a de ces hommes puissants et déplacés, qui, n'étant pas sous le vrai jour qui leur convient, choquent par le fait de leur puissance même...
BARBEY D'AUREVILLY, Mémorandum 1, 1836, p. 96.
Emploi subst. :
2. D'abord, elle s'y [dans Paris] trouvait presque à l'étroit, ayant dans les veines ce sang des coureurs de mer. Et puis, elle s'y sentait une étrangère, une déplacée : (...) elle se trouvait mal à l'aise dans les rues de Paris, ne se rendant pas compte que, si on se retournait tant pour la voir, c'est qu'elle était très charmante à regarder.
LOTI, Pêcheur d'Islande, 1886, p. 35.
P. ext. Qui ne convient pas, qui n'est pas conforme
1. à l'usage (cf. inopportun, intempestif) :
3. ... les plantes crucifères (...) sont plutôt des assaisonnemens et des remèdes que des alimens, et (...) leur abus, ou leur usage déplacé peut quelquefois porter un principe de dissolution dans les humeurs...
CABANIS, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 1, 1808, p. 213.
2. aux bonnes mœurs (cf. inconvenant, malséant, incorrect, hors de propos). Propos déplacés; cela est déplacé; il est déplacé de (+ verbe inf.). Je crains qu'on ne trouve déplacé que vous dansiez avec moi (DURAS, Édouard, 1825, p. 153). Quel homme exquis! quel malheur qu'il ait fait un mariage tout à fait déplacé! (PROUST, Swann, 1913, p. 149).
Fréq. abs. littér. :566. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 732, b) 603; XXe s. : a) 918, b) 906.

Encyclopédie Universelle. 2012.