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• 1190 « dépouille »; de dépouiller

1 ♦ (fin XVII^e « renoncement ») Action de priver qqn de ses biens; état d'une personne dépouillée, privée de tout. ⇒ privation. Dépouillement volontaire par ascèse. ⇒ détachement, renoncement. Vivre dans le dépouillement.

♢ Fait d'être débarrassé du superflu, des ornements. ⇒ simplicité, sobriété. Un style d'un grand dépouillement. ⇒ dépouillé.

2 ♦ (1723) Examen minutieux (de documents). Dépouillement d'un texte, d'une correspondance, d'un rapport. « le dépouillement des auteurs classiques » (Littré). — Dépouillement des votes : ensemble des opérations pour l'établissement des résultats du scrutin. Procéder au dépouillement du scrutin.

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n. m.

d1./d Action de dépouiller; état de ce qui est dépouillé.

d2./d Inventaire, examen, analyse minutieuse. Dépouillement d'un scrutin.

⇒DÉPOUILLEMENT, subst. masc.

I.— [L'idée dominante est celle d'un retranchement ou d'un abandon]

A.— [Ce qui est ôté est quelque chose qui couvre]

1. [À propos d'un animal]

a) Action, fait d'enlever la peau. Le dépouillement d'une anguille (DG). Le dépouillement des animaux de boucherie se fait ordinairement au couteau (Lar. 20^e, Lar. encyclop.).

— P. ext. et p. métaph. [Concerne la peau de l'homme] Les faits cliniques qui semblaient révéler, par une sorte de dépouillement du squelette de la conscience, un automatisme primitif (RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 268).

b) Action, fait de perdre sa peau. [En parlant d'un ver à soie] ,,Opération par laquelle un ver à soie se débarrasse de son enveloppe`` (LITTRÉ).,,Nous avons aidé ainsi au dépouillement complet de seize insectes, J. SANTY, Mém. d'Agriculture, etc. 1870-71, p. 261`` (LITTRÉ).

2. P. anal. Action d'enlever ou de perdre quelque chose.

a) [Concerne le feuillage des arbres, un aspect de la végétation]

— Fait de perdre (son feuillage, etc.). Partout c'était le dépouillement et l'ensevelissement de l'automne (GONCOURT, Man. Salomon, 1867, p. 294). Thérèse aimait ce dépouillement que l'hiver finissant impose à une terre déjà si nue (MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p. 275). « Laissons tout ça jaunir, et tomber. Vienne le taciturne état, le dépouillement, l'automne » (PONGE, Parti pris, 1942, p. 26).

— Action d'enlever son feuillage (à un arbre, etc.). Le dépouillement des branches se fit en un clin d'œil; chacun fit sa provision de feuilles de mûrier (CHAMPFL., Souffr. profess. Delteil, 1853, p. 38).

b) [Concerne des étoffes]

) [Vêtements ou éléments de vêtement humain] Dès que fut terminé le tassement des voyageurs, le choix des coins et le dépouillement des faux-cols (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 189).

— P. métaph. (cf. surtout infra B 3). Le Pape. (...). De quel droit mettez-vous une âme toute nue [par la mort] (...). Ce dépouillement brusque est interdit au juge (HUGO, Pape, 1878, p. 84). Dans cette auguste nudité, dans ce dépouillement on peut voir, comme un géologue voit, les différentes couches, les différentes assises de son poème (PÉGUY, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 757) :

• 1. Il [le carnaval] change les masques, et rit. Tout le monde rit. Il y a des siècles que la grande comédie trouve grâce partout; c'est qu'elle ose tout et dépose tout. Ce dépouillement veut être soudainement fait; sans quoi ce qu'on laisse de costume s'irrite. Les hommes ne sont heureux que dans la position de liberté et d'égalité; ...

ALAIN, Propos, 1931, p. 991.

) LITURG. CATH. Dépouillement des autels (cf. dépouiller I A 1 d). Le dépouillement de l'autel était autrefois quotidien : après le Repas sacré, les nappes étaient pliées, comme le sont celles des tables profanes (R. P. FEDER, Missel quotidien des fidèles, Mame, 1957, s.v. Jeudi Saint).

c) LITHOGRAPHIE. Disparition de tout ou partie de l'écriture sur la pierre incisée par suite d'un mauvais emploi de l'acide. Tant que le tirage se fait sans encombre, nous sommes d'avis de le continuer, en recommandant toutefois de veiller attentivement à maintenir la pierre entre le double écueil de l'empâtement et du dépouillement (VILLON, Dessin. et impr. lithogr., 1932, p. 385).

B.— P. ext. Ce qui est ôté est une chose qui appartient en propre à quelqu'un ou à quelque chose.

1. [Le dépouillement a pour motif la cupidité et/ou l'appropriation de biens] Action, fait d'enlever à autrui quelque chose.

a) [Concerne des biens matériels]

— [Avec violence] L'expropriation des particuliers, le pillage des habitations, le dépouillement des églises, des musées, tout cela est-il de bonne guerre? (PROUDHON, Guerre et Paix, 1861, p. 245). Toutes sortes d'achats allemands au marché noir, de réquisitions partielles, d'amendes locales, de vols qualifiés, ont complété le dépouillement de la France (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 234).

♦ P. méton. Résultat de cette action. Synon. dénuement. Dans le dépouillement absolu où nous étions (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 192).

♦ P. métaph. [Imposé par la fatalité] Le dépouillement final par la mort, qui accompagne la refonte, et prélude à l'incorporation finale « in Christo Jesu » (TEILHARD DE CH., Milieu divin, 1955, p. 112).

— [Sans violence] Dépouillement des morts.

b) [Concerne des valeurs non matérielles] C'est avec ce dépouillement de toute autre pensée qu'il faut entrer dans le saint sanctuaire (COTTIN, Mathilde, t. 1, 1805, p. 336).

2. [Le dépouillement a pour motif la perfection morale ou spirituelle] Désappropriation des biens personnels; fait pour quelqu'un de renoncer à certains biens, à certains avantages; état qui en résulte.

♦ [Concerne des biens matériels] Une personne réduite au dépouillement de tous ses biens (BESCH., s.v. dépouillement).

♦ [Concerne le corps ou l'être humain] Dépouillement intérieur, total, de soi. Pour parvenir à prier ainsi, obtenez un entier dépouillement de la chair, acquérez au feu des creusets la pureté du diamant (BALZAC, Séraphita, 1835, p. 324). Quel dépouillement, de soi, de son pouvoir (PÉGUY, Porche Myst., 1911, p. 254). C'était ce dépouillement d'attraits sensibles que Dieu voulait de moi (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 477).

♦ [Concerne des biens non matériels] :

• 2. [Petit cahier de Mireille :] (...) je devais retenir mon souffle, la circulation de mon sang, freiner tous mes sens pour paraître blême, inanimée, sentimentalement amorphe [dans l'Ève Future] tant que durait la mise au point de la femme artificielle, et sans ma maladie de cœur, sans ce détraquement intime qui me gagnait de plus en plus, je n'aurais jamais pu atteindre ce dépouillement complet de ma personnalité, cette neutralisation de tout mon être, cette inanimation latente, cette préfiguration d'une espèce de mort mystique que j'ai su réaliser à l'écran.

CENDRARS, Les Confessions de Dan Yack, 1929, p. 263.

— Emploi abs. Il nous semble que la mort est le dépouillement suprême (BLOY, Journal, 1894, p. 156). J'avais appelé cet exil dans un besoin soudain de dépouillement (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 36). La hutte de l'ermite est une gloire de la pauvreté. De dépouillement en dépouillement, elle nous donne accès à l'absolu du refuge (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 46).

3. [Le dépouillement a pour motif la perfection intellectuelle et/ou esthétique]

a) Rare. [Concerne une pers.] Elle [la connaissance de l'homme] demande une tension plus haute encore que le dépouillement du savant (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 46).

b) Rare. [Concerne un paysage] Le regard tombait seulement sur la mer grise, plombée, et ce mince liséré d'une côte tondue ras. Vraiment le squelette seulement, l'ossature, l'élémentaire, le dépouillement parfait (GRACQ, Beau ténébr., 1945, p. 69).

— [Concerne une œuvre] Dépouillement du récit (cf. biblique, ex. 3).

— Emploi abs. Cette condensation du récit, ce parti pris de dépouillement et de brièveté (MASSIS, Jugements, 1923, p. 126). Les façades des maisons bourgeoises créeront bientôt un style de dépouillement, de gravité dénudée (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 365).

— [Concerne la langue] Notre langage occidental qui a opté pour le dépouillement, pour le dessèchement des idées (ARTAUD, Théâtre et double, 1938, p. 129).

4. Perte d'éléments constitutifs, ayant une certaine finalité ou un certain résultat.

— [Ce résultat est un perfectionnement physique] Les Ragon se recommandaient par la conservation de vieux vins arrivés à un parfait dépouillement (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 292).

— [Ce résultat est un éclaircissement physique] Les boissons colorées ne passent pas dans les urines. Où se fait le dépouillement de la couleur? (C. BERNARD, Notes, 1860, p. 158).

II.— [L'idée dominante est celle d'extraction, de sélection]

A.— Rare. [L'extraction a pour objet un comptage et une prise de possession] Champbourcy. — ... j'ai proposé de laisser accumuler les fonds de la cagnotte pendant un an afin d'avoir une somme plus considérable à dépenser (...) à neuf heures et demie, nous procèderons au dépouillement (LABICHE, Cagnotte, 1864, I, 1, p. 9).

1. [L'extraction a pour objet une étude particulière, une connaissance plus ou moins approfondie]

a) CRIT. Lecture d'un dossier, d'un registre, etc., afin d'en extraire l'essentiel ou d'y faire le relevé d'un type de renseignements préalablement défini. Le dépouillement complet du Responsorial ratisbonnien nous amènerait à constater l'existence de quelques centaines de variantes (BÉNÉDICTINS, Paléogr. mus., t. 2, 1889, p. 162). Les dépouillements que j'ai faits de divers auteurs (CHATEAUBR., Martyrs, t. 1, 1810, p. 17).

— En partic. [Avec une visée de classement] ,,Ensemble des opérations ayant pour objet de compter, et de grouper, à partir d'un ou de plusieurs caractères qualitatifs ou quantitatifs, les informations recueillies dans une étude de marché, une enquête, un sondage, etc. Ces informations doivent être réparties dans des groupes ou des catégories homogènes désignés sans ambiguïté, en utilisant, au besoin certains codes, dont l'application n'est pas toujours facile`` (OLMI-JULY 1970).

b) P. ext. Prise de connaissance plus ou moins approfondie. Dépouillement de lettres. Une missive scellée de sept sceaux, dont l'ouverture et le dépouillement s'étaient accomplis avec toutes les formalités d'une respectueuse déférence (NODIER, Fée Miettes, 1831, p. 134). Dépouillement et classement d'un gros courrier (LARBAUD, Journal, 1935, p. 347). Un dépouillement systématique du Journal Officiel (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 550).

— P. méton. Dépouillement d'une affaire. Étude des dossiers concernant une affaire. J'ai promis de faire le dépouillement de toute cette noire intrigue (BEAUMARCHAIS, Mém., t. 1, 1789, p. 140).

c) [Avec sélection limitée] CIN. ,,Travail qui consiste pour le régisseur et l'assistant-réalisateur à établir, d'après le découpage technique, la liste des interprètes, des costumes et des accessoires nécessaires à la réalisation de chaque plan, et par conséquent pour chaque journée de tournage`` (COHEN-SÉAT, Vocab. filmologie, p. 199) :

• 3. On conçoit aisément que sur les plateaux d'un studio on ne pourra pas construire tous les décors du film à la fois et, de ce fait, il n'est pas possible de tourner dans l'ordre du découpage tous les plans qui s'y succèdent et qui devront y être numérotés. D'où nécessité de grouper par décor et par séquence tous les plans ou numéros qui s'y passent. C'est le dépouillement.

A. BERTHOMIEU, Essai de gramm. cin., 1946, pp. 59-60.

2. [L'extraction, totale, a pour objet un comptage]

a) DR. ÉLECTORAL. Décompte des suffrages exprimés par un vote. Dépouillement des votes, du scrutin; bureau de dépouillement. Le dépouillement des suffrages assurait aux travaillistes la majorité aux communes (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 203).

— Emploi abs. Huchon lui-même se chargea du dépouillement (ROMAINS, Copains, 1913, p. 161) :

• 4. À Sarlazaccio, où le concurrent de Jansoulet paraissait devoir l'emporter, l'urne est détruite pendant la nuit précédant le dépouillement.

A. DAUDET, Le Nabab, 1877, p. 163.

b) DÉMOGR. (recensement). Dépouillement de la population masculine (BALZAC, Physiol. mar., 1826, p. 77). Le gonflement des villes, attesté par les premiers dépouillements du recensement de 1962 (Amén. terr., 1964, p. 17).

c) STAT. ,,Inventaire des résultats d'un sondage, d'une enquête, avant de procéder à leur analyse`` (Media 1971).

Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin XII^e s. despoillement « action de se dépouiller » (de ses vêtements) (Sermons de St Bernard, éd. W. Foerster, p. 172, 39); 2. 1628 de la desappropriation et despouillement de toutes choses « abandon, renoncement » (ST FRANÇOIS DE SALES, Entretiens spirituels, 8 (titre) ds HUG., s.v. désappropriation); 3. 1723 « examen d'un inventaire » (J. SAVARY DES BRUSLONS, Dict. universel de comm., Paris). Dér. du rad. de dépouiller; suff. -ment¹. Fréq. abs. littér. :157. Bbg. UREN (O.). Le Vocab. du cin. fr. Fr. mod. 1952, t. 20, p. 207.

dépouillement [depujmɑ̃] n. m.

ÉTYM. Fin XII^e; despoillement, de dépouiller.

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1 Techn. (Vén., etc.). Action d'enlever la peau (d'un animal). ⇒ Écorchement. || Le dépouillement d'un cerf, d'un sanglier. — Fait de perdre sa peau (pour un animal). || Le dépouillement d'un ver à soie. ⇒ aussi Mue.