derviche [ dɛrviʃ ] n. m.
• 1653; derviz, derviss 1546; persan dervich « pauvre »
♦ Religieux musulman appartenant à une confrérie, en Perse, Turquie, Syrie. Derviche tourneur. « Des vieux derviches, avec leurs bonnets de mages, qui psalmodiaient en route » (Loti).
● derviche nom masculin (persan darwich, mendiant) Membre d'une confrérie religieuse musulmane.
derviche
n. m. Religieux musulman faisant partie d'une confrérie rattachée le plus souvent au soufisme. Derviche tourneur, qui effectue des danses rituelles tourbillonnantes.
⇒DERVICHE, subst. masc.
A.— Religieux musulman, faisant partie d'une confrérie et vivant généralement dans un monastère. Derviche mendiant; derviche indien, persan; chef, mosquée des derviches. Certains derviches, saints d'un autre bord, saints quand même, se promenaient en balayant la terre devant eux pour ne pas risquer de meurtrir ou d'écraser quelque insecte (DUHAMEL, Journ. Salav., 1927, p. 135).
♦ Derviche hurleur, derviche tourneur. Derviche qui pratique certains exercices permettant d'atteindre un état de transe ou d'extase. J'ai vu à Konia l'élite des derviches tourneurs danser auprès du tombeau du grand Djélal-Eddin-Roumi (BARRÈS, Cahiers, t. 12, 1919-20, p. 29) :
• 1. Le couvent des derviches hurleurs est situé à peu de distance de la mosquée; il est d'une architecture plus vieille que le teké des derviches de Péra, qui sont eux, des derviches tourneurs.
NERVAL, Voyage en Orient, t. 3, 1851, p. 93.
— P. métaph. ou p. compar. [P. anal. avec les exercices ou l'état de transe des derviches] Au large (...) s'élevait de la surface [de la mer], la gerbe que soulevait quelque projectile lâché par les derviches tourneurs du ciel (VIALAR, Bal sauv., 1946, p. 176). Toute la communauté entrait en file indienne et tournait le temps qu'il fallait pour réciter cent cinquante fois de suite :« Cor Jesu sacratissimum, fac ut magis ac magis ardeam » (...). L'ensemble faisait penser à une assemblée de derviches tourneurs (BILLY, Introïbo, 1939, p. 166).
— Spéc., HIST. Noirs musulmans qui conquirent le Soudan égyptien entre 1881 et 1885. Attaque des Derviches :
• 2. Le 10 juillet 1898, Marchand massacre ou chasse les Derviches qui occupaient Fachoda. Les Anglais l'apprennent, le 7 septembre, à Omdurman, par une canonnière derviche, venant du haut fleuve, qu'ils capturent.
BARRÈS, Scènes et doctrines du nationalisme, t. 2, 1902, p. 97.
Rem. L'ex. ci-dessus atteste en outre le mot employé en appos. avec valeur d'adjectif.
B.— P. anal., littér., péj. Personne au comportement exalté, prenant à l'occasion des allures de prophète. Protestants allemands, huguenots français, moraviens, disciples du Christ, congrégationaux, quakers et autres étranges derviches etc... Tous ces non-conformistes engendreront cette démocratie anglaise si peu connue de nous (MORAND, Londres, 1933, p. 37).
Rem. Notre docum., seule (et exclusivement Barrès), atteste dervichesse, subst. fém. Femme musulmane dont la vie tend à la sainteté. J'ai visité avec Clermont-Ganneau une dervichesse. Sa petite maison sur la montagne. Il disait qu'elle avait été galante et maintenant c'était une sainte (Cahiers, t. 6, 1907-08, p. 203).
Prononc. et Orth. :[], [], fém. [-]. Ds Ac. 1762 et 1798 sous les 2 formes dervis ou derviche; ds Ac. 1835-1932 également sous les 2 formes mais derviche étant cité en 1er lieu. Ac. ne donne pas le fém. Les 2 formes du masc. sont enregistrées, aussi, ds FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 1 1787, LAND. 1834, GATTEL 1841, NOD. 1844, LITTRÉ, DG. Les dict. plus mod. donnent derviche seul (cf. Lar. Lang. fr.) et ROB. indique dervis à titre hist. (XVIIe, XVIIIe s.). Ds notre docum. dervis n'apparaît que chez Florian. Étymol. et Hist. I. 1542 deruiz en Turquie (A. GEUFFROY, Estat de la court du Grant Turc, e III r° cité par Arveiller ds Z. rom. Philol., t. 88, p. 413), type encore en usage au mil. du XVIIe s., ibid., p. 414. II. 1622 deruich (Lettre du Pere Pacifique de Provin [...] sur l'estrange mort du grand Turc..., p. 14, ibid., p. 414); 1653 deruiche (LA BOULLAYE, Voyages et observations, p. 290, ibid.); 1908 dervichesse subst. fém. (BARRÈS, loc. cit.). Mot persan , adj. puis subst. « pauvre », passé en turc dervis [], et de là en fr., directement (II) et par l'intermédiaire de l'ital. dervis (début du XVIe s. Machiavel ds BATT.) (I) (Arveiller, op. cit., pp. 413-417). Subst. fém. formé à partir de II avec le suff. -esse. Fréq. abs. littér. :189. Bbg. ARVEILLER (R.). Addenda au FEW XIX/1 (abar-qubba). Z. rom. Philol. 1972, t. 88, pp. 413-417.
derviche [dɛʀviʃ] n. m.
ÉTYM. 1653, deruiche; deruich, 1622; deruiz, 1542; mot persan darwīš « pauvre ».
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♦ Religieux musulman appartenant à une confrérie. || Derviche persan, syrien. || Derviche tourneur; derviche hurleur. || En Afrique du Nord, le derviche est appelé fakir ou faqir.
1 Crois qu'un bonze modeste, un dervis (sic) charitable,
Trouvent plutôt grâce à ses yeux (de Dieu)
Qu'un janséniste impitoyable,
Ou qu'un pontife ambitieux.
Voltaire, Pour et contre.
1.1 Un derviche tourneur, les bras étendus, la tête penchée, et d'un style plus primitif encore que celui des bas-reliefs en pain d'épice, effleure des plis de sa jupe volante un lion chimérique.
Th. Gautier, Constantinople, p. 115.
2 (…) il était venu aussi des vieux derviches, avec leurs bonnets de mages, qui psalmodiaient en route, à voix haute et lugubre, comme ces cris de loups, les soirs d'hiver dans les bois.
Loti, les Désenchantées, VI, XLIX, p. 235.
3 Nous étant dressés contre le mur, nous avons pu voir, au centre de la foule, deux derviches hurleurs commençant leur extase. Ils tournaient lentement au son d'une musique que faisaient quatre hommes accroupis, mais qu'on n'entendait pas, à cause des cris de la foule; et périodiquement, à la fin d'un couplet des instruments de musique, ils poussaient un hurlement guttural suraigu, auquel la foule répondait par un trépignement enthousiaste.
Gide, le Voyage d'Urien, in Romans, Pl., p. 24.
4 (…) j'avoue que je ne fixerais pas mon regard sur une cuiller d'argent ni sur une mare d'encre, quand on me promettrait de me faire voir par ce moyen de grandes et importantes vérités. Je ne tournerais point non plus comme les derviches, quand quelque grand secret serait à ce prix. Je crois, en d'autre termes, que la raison passe avant la vérité.
Alain, Propos, « Raison », 15 oct. 1926.
♦ Spécialt (hist.). || Les Derviches : les Noirs musulmans qui conquirent le Soudan égyptien entre 1881 et 1885.
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DÉR. Dervicherie.
Encyclopédie Universelle. 2012.