désarmé, ée [ dezarme ] adj.
• 1080; de désarmer
I ♦
1 ♦ À qui on a enlevé les armes. Des soldats désarmés.
2 ♦ Dont les effectifs militaires, les armements ont été supprimés. ⇒ démilitarisé. Pays désarmé.
3 ♦ Mar. Flotte désarmée, mise en réserve dans un port.
II ♦ Sans défense. « il se sentait faible et désarmé devant elle » (A. Daudet).
⇒DÉSARMÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de désarmer.
II.— Adjectif
A.— [Correspond à désarmer I A]
1. [En parlant d'une pers. ou d'une collectivité] Qui a été privé de ses armes. Ennemi désarmé. Un vaincu désarmé qui tend les bras (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 1, 1834, p. 58).
2. [En parlant d'un inanimé concr.] Démuni de ce qui est nécessaire à son bon fonctionnement ou à sa protection. Un petit port (...) dans lequel trois ou quatre bâtiments désarmés peuvent passer l'hiver (Voy. Pérouse, t. 3, 1797, p. 151). Je posais mon fusil désarmé à côté de moi (DUMAS fils, Dame Camélias, 1848, p. 242). La vieille forteresse devenue inoffensive et désarmée (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 113). Sur les quais, de grandes grues désarmées (CAMUS, Peste, 1947, p. 1280).
— HÉRALD. [En parlant d'une aigle ou d'un lion] Dépourvu d'ongles ou de griffes. Anton. armé (cf. armé II C).
Rem. Attesté ds BESCH. 1845, LITTRÉ, GUÉRIN 1892, Lar. 19e-Lar. encyclop.
3. DIPLOM. [En parlant d'un pays militairement organisé] Qui n'a plus de potentiel militaire :
• 1. Il dit qu'une nation désarmée ne pourrait pas vivre, parce qu'elle ne serait pas assez clairvoyante pour distinguer, chez les nations voisines, la sincérité de la fausseté. À chaque instant on entendrait : « l'Allemagne ne ferait pas ça si nous étions armés. »
RENARD, Journal, 1907, p. 1105.
B.— [Correspond à désarmer I B; en parlant d'une pers. ou d'un animal]
1. Qui est décontenancé, désemparé. M. Thomas, tout retourné et désarmé (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 229). Personne n'est plus désarmé devant l'imbécile que le sage de ce monde (BERNANOS, Enf. humil., 1948, p. 175).
2. Qui est faible et sans défense. Qu'y a-t-il de plus foible que le passereau, et de plus désarmé que l'hirondelle? (LAMENNAIS, Paroles croyant, 1834, p. 110). Ô mon enfant, quoi de plus faible et de plus désarmé que Dieu, quand il ne peut rien sans nous? (CLAUDEL, Otage, 1911, II, 2, p. 265).
— Emploi subst. :
• 2. Un petit impôt à solder et dont, après des mois de révoltes contenues, on finissait par prendre son parti, avec le haussement d'épaule résigné, le sourire aigre et ironique des désarmés qui n'en peuvent mais.
COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, 1re part., II, p. 21.
Encyclopédie Universelle. 2012.