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désespéré

désespéré, ée [ dezɛspere ] adj.
• v. 1170 n.; de désespérer
1Qui est réduit au désespoir. « Il faut te dire que j'étais désespéré oui, dégoûté de tout » (Duhamel).
Subst. « Ceux qui viennent au monde pauvres et nus sont toujours des désespérés » (Vigny). « Le Désespéré », roman de Léon Bloy. Spécialt Suicidé. On repêcha le corps du désespéré.
2Par exagér. Désolé, fâché, navré. Je suis désespéré de vous avoir fait attendre si longtemps.
3(1572) Qui exprime le désespoir. triste . Regard, appel désespéré. « Les plus désespérés sont les chants les plus beaux » (Musset).
4Par ext. Extrême; dicté par le danger. Tentative désespérée. « Chaque État épouvanté se tenait [...] constamment prêt à des mesures désespérées » (Vigny).
5Qui ne laisse aucune espérance. La situation est grave mais pas désespérée. Le malade est dans un état désespéré, il va mourir. « J'ai forcé la dose, sciemment. Le cas était désespéré » (Martin du Gard).
⊗ CONTR. Confiant, consolé, heureux.

désespéré, désespérée nom Personne qui s'abandonne au désespoir, qui se suicide : Un désespéré s'est jeté dans la Seine.

désespéré, ée
adj. et n.
d1./d Abandonné au désespoir. Un amoureux désespéré.
|| Subst. Le geste fou d'un désespéré.
d2./d Inspiré par le désespoir. Prendre un parti désespéré.
d3./d Qui ne laisse plus aucun espoir. être dans une situation désespérée.
d4./d Par ext. Extrême. Tentative désespérée.

⇒DÉSESPÉRÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de désespérer.
II.— Adjectif
A.— Qui a perdu toute espérance.
1. Qui est dans une très grande affliction. Un amant, un amour désespéré. La certitude désespérée que tout serait détruit (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 29). Cette religion de tendresse, d'espérance et de joie, tombait en rosée bienfaisante sur le cœur désespéré du ghetto (THARAUD, Pte hist. Juifs, 1928, p. 187).
Emploi subst. Personne qui n'accorde plus crédit ni foi en l'avenir. Un désespéré de la vie. On fait les troupes les plus braves avec les désespérés, ceux qui osent tout, ayant tout à gagner (ZOLA, Argent, 1891, p. 26).
2. Qui se fait désespérément avec la plus grande, la dernière énergie. Une résistance, une violence désespérée; faire un effort, prendre un parti désespéré. En ce moment, on entendit (...) le bruit horrible d'un galop désespéré (BALZAC, Tén. affaire, 1841, p. 129).
Emploi subst. Travailler en désespéré. Pour échapper à tout cela, je me plonge en désespéré dans Saint Antoine (FLAUB., Corresp., 1871, p. 225).
B.— Qui exprime le désespoir. Un appel, un cri désespéré. Une littérature désespérée est une contradiction dans les termes (CAMUS, Été, 1954, p. 135) :
... l'accent inimitable, désespéré, joyeux, de la chanson hongroise, où le rêve et les pleurs se mêlent au bord de l'ivresse.
THARAUD, Quand Israël est roi, 1921, p. 109.
SYNT. Une lettre, une philosophie, un regard désespéré; d'un air, d'un ton, d'une voix désespérée; commettre un acte désespéré.
C.— Dont on désespère. Un cas, une maladie désespérée; être dans un état désespéré. Saint Jude, le patron des causes désespérées (CLAUDEL, Soulier, 1929, 4e journée, 1, p. 852).
Fréq. abs. littér. :2 867. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 551, b) 4 493; XXe s. : a) 6 163, b) 3 901.

Encyclopédie Universelle. 2012.