dinguer [ dɛ̃ge ] v. intr. <conjug. : 1>
• 1833; d'un rad. onomat. din-, ding-, exprimant le balancement (des cloches, etc.)
♦ Fam. (surtout inf., apr. un verbe) Tomber, être projeté. ⇒ valdinguer, valser. « J'eus un éblouissement et m'en allai dinguer au pied d'un marronnier » (A. Gide).
♢ Envoyer dinguer : repousser violemment, et fig. éconduire sans ménagement. ⇒ rabrouer. « Si c'était moi qui avais voulu les lui présenter, ce qu'il m'aurait envoyé dinguer » (Proust). ⇒ bouler, paître.
● dinguer verbe intransitif (onomatopée ding-, exprimant le balancement) Populaire Tomber brutalement, être projeté avec violence : Les livres dinguaient dans la pièce. ● dinguer (expressions) verbe intransitif (onomatopée ding-, exprimant le balancement) Populaire Envoyer dinguer, éconduire brutalement quelqu'un, se débarrasser de quelqu'un, de quelque chose sans ménagement ; envoyer promener.
⇒DINGUER, verbe intrans.
Fam. Tomber, s'effondrer brutalement.
A.— [Princ. à l'inf., après le verbe faillir ou un verbe de mouvement intrans. (aller, venir)] Il a failli dinguer. J'eus un éblouissement et m'en allai dinguer au pied d'un marronnier (GIDE, Si le grain, 1924, p. 408). Le type alla dinguer contre le mur (SARTRE, Mur, 1939, p. 207).
— Rare [Le suj. désigne un inanimé concr.] Les livres dinguaient (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 90).
B.— Emploi factitif. [À l'inf., après le verbe faire ou un verbe de mouvement trans.] Il fit dinguer sa chemise.
— Envoyer dinguer qqn ou qqc. J'attrape Toucheur par le col et je te l'envoie dinguer vers la porte (AYMÉ, Jument, 1933, p. 58) :
• 1. ... j'étais bien mort ou tout au moins en train de crever pour de bon, lentement, sûrement, et je tournais de l'œil quand une douleur fulgurante m'a fait revenir à moi. C'était ce bondieu d'obus qui m'a emporté la jambe qui m'avait déterré et envoyé dinguer à 100 mètres.
CENDRARS, La Main coupée, 1946, p. 96.
♦ Au fig. Repousser vivement, se débarrasser de quelque chose ou de quelqu'un sans ménagement. Synon. envoyer promener, envoyer paître. Un mauvais sujet qui quitte ses parents, qui envoie « dinguer » sa mère (GONCOURT, Journal, 1863, p. 1301). J'ai eu ce matin ton télégramme, vieux. J'ai tout envoyé dinguer pour te recevoir (L. DAUDET, Mésentente, 1911, p. 9) :
• 2. ... Joliot gisait, la mâchoire inférieure fracassée (...) on se répétait (...)
— Où diable! Joliot s'est-il fait arranger comme ça?
— Les Prussiens, peut-être (...) insinua un conscrit. On l'envoya dinguer.
L. HENNIQUE, Les Soirées de Médan, L'Affaire du Grand 7, 1880, p. 234.
Prononc. :[]. Étymol. et Hist. 1540 « vaguer (?) » (Vie de S. Hermantaire ds R. Lang. rom., 3e série, t. 15, 172), attest. isolée; 1833 fam. envoyer dinguer qqn (VIDAL, DELMART, Caserne, p. 90 ds MAT. Louis-Philippe, p. 94); cf. 1863, juill. (GONCOURT, loc. cit.). Dér. du rad. onomat. ding-, prob. issu par dissimilation de dind- var. de dand- exprimant le balancement d'une cloche, v. dandiner. Fréq. abs. littér. :12. Bbg. MAT. Louis-Philippe. 1951, p. 94. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 44; Lang. par. 1920, p. 113, 303, 387.
dinguer [dɛ̃ge] v. intr.
ÉTYM. 1833; d'un rad. onomat. din-, ding-, exprimant le balancement (des cloches, etc.).
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1 Fam. || Envoyer dinguer qqn, repousser violemment.
0.1 Le justicier retint par le collet celui qu'il supposait être le chef et lui cogna plusieurs fois la tête contre un tronc d'arbre, pour lui apprendre. Puis il l'envoya dinguer; le gosse s'écorcha les genoux sur l'asphalte, ensuite détala.
R. Queneau, Pierrot mon ami, p. 85.
♦ Abstrait. Éconduire sans ménagement.
0.2 Alors il (Gautier) esquisse un Jésus, fils d'une parfumeuse et d'un charpentier, un mauvais sujet qui quitte ses parents et envoie dinguer sa mère (…)
Ed. et J. de Goncourt, Journal, t. II, p. 106.
1 Si c'était moi qui avais voulu les lui présenter, ce qu'il m'aurait envoyé dinguer.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. IX, p. 127.
2 Fam. (Surtout inf., après des v. comme aller, venir, faillir). Tomber.
2 J'eus un éblouissement et m'en allai dinguer au pied d'un marronnier, dans cet espace creux réservé pour l'arrosement des arbres (…)
Gide, Si le grain ne meurt, I, III, p. 92.
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COMP. Valdinguer.
Encyclopédie Universelle. 2012.