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discontinuer

discontinuer [ diskɔ̃tinɥe ] v. <conjug. : 1>
• 1398; descontinuer 1314; lat. médiév. discontinuare
1 V. tr. Littér. Ne pas continuer (une chose commencée). cesser, interrompre, suspendre. « Mme Dupin trouvait mes visites trop fréquentes et me priait de les discontinuer » (Rousseau).
2 V. intr. (Choses) Cesser pour un temps. Cour. SANS DISCONTINUER : sans arrêt. Il pleut sans discontinuer depuis hier. Il a parlé deux heures sans discontinuer.
⊗ CONTR. Continuer.

discontinuer verbe intransitif (latin médiéval discontinuare, interrompre) Sans discontinuer, sans interruption, sans arrêt : La pluie tombe sans discontinuer.discontinuer (expressions) verbe intransitif (latin médiéval discontinuare, interrompre) Sans discontinuer, sans interruption, sans arrêt : La pluie tombe sans discontinuer.

discontinuer
v. intr.
d1./d (Dans des phrases à valeur négative.) La pluie n'a pas discontinué, n'a pas cessé.
Sans discontinuer: sans s'arrêter. Travailler sans discontinuer.
d2./d (Québec) Interrompre, suspendre.
Pp. adj. Service de vaisselle discontinué, qui n'est plus fabriqué.

⇒DISCONTINUER, verbe.
I.— Emploi trans.
A.— [Le suj. désigne un animé considéré comme agent de l'action; l'objet désigne toujours un entier décomposable en phases successives] Interrompre la suite d'une opération unique et de soi continue, ou d'une série continue d'opérations distinctes.
1. [Le compl. d'obj. est un subst. ou un de ses équivalents]
a) [Le compl. d'obj. désigne une chose dont le traitement se développe dans le temps] Discontinuer un bâtiment (Ac.) :
1. Un murmure involontaire échappé à l'assemblée qu'il [le chanteur] tenait comme attachée à ses lèvres, acheva de le troubler; il s'assit, et discontinua son air.
BALZAC, Sarrasine, 1831, p. 428.
P. ext. [Le compl. d'obj. désigne une chose finie que le suj. a déjà précédemment faite] Ne plus faire, ne plus répéter. Depuis plusieurs jours le temps a été très mauvais. L'Empereur a discontinué ses promenades du matin (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 500). Un danseur (...) ayant discontinué ses battements quotidiens, fait des entrechats gauches (TAINE, Notes Paris, 1867, p. 309).
b) [Le compl. d'obj. est un subst. d'action qui désigne une opération se développant dans le temps] :
2. Au lieu de s'arrêter après chaque pas pour relever sous une autre forme derrière lui ce qu'il avait abattu, il [Bonaparte] ne discontinuait pas son mouvement de progression parmi des ruines...
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 642.
2. [Le compl. d'obj. est un verbe à l'inf. précédé de la prép. de] Mme Strauss, que je ne puis discontinuer d'appeler Mme Bizet (GONCOURT, Journal, 1887, p. 659) :
3. Quoi qu'il en soit des prétentions des souverains et des nations, l'Église, elle, n'a pas discontinué de proclamer son droit imprescriptible d'intervenir dans les choses temporelles « ratione peccati ».
MARITAIN, Primauté du spirituel, 1927, p. 39.
3. Emploi abs. Voilà trois mois et demi que j'écris sans discontinuer du matin au soir (FLAUB. Corresp., 1847, p. 48) :
4. Autrefois, je savais mon jour de nom par une cousine qui me donnait (...) quelque petit cadeau. En revanche, je lui souhaitais la Sainte-Eulalie. Nous avons discontinué par accord mutuel...
MÉRIMÉE, Lettres à une autre inconnue, 1870, p. 18.
B.— [Le suj. désigne un inanimé susceptible d'action ou de développement, en vertu de sa nature propre ou de sa finalité]
1. [Le compl. d'obj. est un subst. ou un de ses équivalents] Interrompre la suite d'une opération unique et continue ou d'une série continue d'opérations distinctes. Pendant onze siècles, de Thalès à Justinien, leur philosophie [des Grecs] n'a jamais discontinué sa pousse (TAINE, Philos. de l'art, t. 2, 1865, p. 101) :
5. La barque suivait le bord des îles. (...) à l'arrière la bauche qui traînait ne discontinuait pas son petit clapotement doux dans l'eau.
FLAUBERT, Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 104.
2. [Le compl. d'obj. est un verbe à l'inf. précédé de la pré. de] Ne plus accomplir ou éprouver la suite d'une opération unique et de soi continue ou d'une série continue d'opérations :
6. Ce n'est pas que mon cœur ait discontinué d'être le plus paisible des cœurs; mais il y a là [dans ma position] quelque chose de ridicule.
O. FEUILLET, Scènes et proverbes, 1851, pp. 335-336.
II.— Emploi intr. [Le suj. désigne un inanimé] Ne plus avoir de suite.
A.— [Le suj. désigne un inanimé ayant un développement spatial] :
7. ... la double ligne de maisons ne discontinua plus; et, sur la nudité de leurs façades, se détachait, de loin en loin, un gigantesque cigare de fer-blanc, pour indiquer un débit de tabac.
FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, t. 1, 1869, p. 131.
B.— [Le suj. désigne un inanimé ayant un développement temporel] Subitement, une grande clarté se fit, la pluie discontinua, les nuées se désagrégèrent, le vent venait de sauter (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 355). Ici, à Croisset, il pleut sans discontinuer; on est dans l'eau (FLAUB., Corresp., 1876, p. 360) :
8. ... le Palais de Justice sauta (...) Le lendemain la Banque sauta (...) Les explosions ne discontinuaient pas.
FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, p. 416.
Rem. Le verbe est employé le plus souvent avec une négation, en partic. sous la forme sans discontinuer.
Prononc. et Orth. :[], (je) discontinue []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1314 descontinuer méd. « diviser, inciser » (H. DE MONDEVILLE, Chirurgie, 2144 et 2145 ds T.-L.); 2. ca 1393 discontinuer « cesser, ne pas continuer de » (Ménagier de Paris, I, 176, ibid.). Empr. au lat. médiév. discontinuare « interrompre » (1267 ds LATHAM). Fréq. abs. littér. :108.

discontinuer [diskɔ̃tinɥe] v.
ÉTYM. V. 1393; descontinuer, 1314; lat. médiéval discontinuare, de dis-, et continuare. → Continuer.
1 V. tr. Littér. Ne pas continuer (une chose commencée). Cesser, finir, interrompre, suspendre. || Fait de discontinuer. Discontinuation.
1 (…) il me fit entendre que Mme Dupin trouvait mes visites trop fréquentes et me priait de les discontinuer.
Rousseau, les Confessions, VII.
2 Dans toutes ces tourmentes, et depuis longtemps déjà, il avait discontinué son travail, et rien n'est plus dangereux que le travail discontinué; c'est une habitude qui s'en va. Habitude facile à quitter, difficile à reprendre.
Hugo, les Misérables, IV, II, I.
Trans. ind. || Discontinuer de (et inf.). || « L'Église n'a pas discontinué de proclamer (…) » (J. Maritain, in T. L. F.).
(Le sujet désigne la chose qui s'interrompt). || Le courant, la source ne discontinue pas (de couler).
2 V. intr. (Choses). Cesser pour un temps (inus. en emploi positif). || Fièvre qui ne discontinue pas.Cour.Sans discontinuer : sans arrêt. || Il pleut sans discontinuer depuis hier. || Il a parlé deux heures sans discontinuer.
3 Notre canon tirait sans discontinuer.
Racine, Lettres, VII, 16.
4 Je pleure aussi, sans discontinuer. C'est un flot ininterrompu, de mots et de larmes.
S. Beckett, Textes pour rien, p. 167.
tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
CONTR. Continuer.

Encyclopédie Universelle. 2012.