diseur, euse [ dizɶr, øz ] n.
• 1233; de dire
1 ♦ (Dans quelques loc.) DISEUR DE : personne qui dit habituellement (des choses d'un genre particulier). — Diseur, diseuse de bonne aventure : personne qui prédit l'avenir. ⇒ chiromancien, devin, voyant. « Les diseurs d'horoscopes [...] profitent de l'ambition des crédules esprits » (Molière). — Péj. Diseur de bons mots : personne qui dit des bons mots en toute occasion. « Diseurs de bons mots, mauvais caractère » (Pascal) : la personne qui préfère nuire à autrui plutôt que de renoncer à un trait d'esprit est mauvaise.
2 ♦ Absolt et vx Un beau diseur, un diseur : homme qui affecte de bien parler.
3 ♦ Personne qui récite, déclame. C'est un fin, un excellent diseur.
● diseur, diseuse nom Personne qui dit habituellement des choses d'un genre particulier : Diseuse de bons mots. ● diseur, diseuse (expressions) nom Diseur(euse) de bonne aventure, personne qui fait profession d'annoncer ce qui doit arriver. Un beau diseur, un homme qui se pique de bien dire, même s'il ne sait pas grand-chose. Un fin diseur, personne qui parle bien, déclame avec art.
diseur, euse
n.
d1./d Personne qui dit habituellement (telle ou telle chose).
— Diseuse de bonne aventure: femme qui fait profession de prédire l'avenir.
d2./d Un fin diseur, une fine diseuse: une personne qui récite, qui raconte avec art.
⇒DISEUR, EUSE, subst.
Celui, celle qui dit, qui prend plaisir à dire.
A.— Employé absol., sans constr. prépositionnelle. Une vieille femme, assez belle diseuse, vint à Chateaubrun me faire une scène de reproches (SAND, Péché de M. Antoine, 1847, p. 3).
— Diseur, euse, p. ell. de diseur à voix. Celui, celle qui récite, déclame. Quant à Cora Vaucaire, il paraît que c'est un choix de roi, la plus fine « diseuse » qui soit (Monde, 19 janv. 1952, p. 8, col. 3) :
• 1. Un caf' conc' du boulevard de Sébastopol avec ses gommeuses, ses chanteuses de genre, ses diseuses à voix, me comptait tous les soirs parmi les habitués.
CARCO, Nostalgie de Paris, 1941, p. 78.
— Fam. Beau diseur. Ce Prudhomme érotique que nous avons entendu faire le galantin et le beau diseur avec la marchande de modes d'ici (GONCOURT, Journal, 1860, p. 763). La phrase ne venait pas. Et il aurait voulu paraître beau diseur (REIDER, Mlle Vallantin, 1862, p. 197).
— Proverbe vieilli. L'entente est au diseur. ,,C'est celui qui a parlé qui sait le mieux le sens de ce qu'il a dit`` (LITTRÉ).
Rem. Attesté ds Ac. 1798, 1835.
B.— Diseur de + subst. déterminé. Je me montre même plus prévenante, diseuse de banalités et de lieux communs (COLETTE, Cl. Paris, 1901, p. 227). En vérité, si l'administration connaît les curés comme distributeurs d'aumônes, elle peut les connaître comme diseurs de messes (BARRÈS, Cahiers, t. 6, 1908, p. 108) :
• 2. Christ les aimait, lui. Il prenait une verge et il époussetait le temple. Son fouet plein d'éclairs était un rude diseur de vérités.
HUGO, Les Misérables, t. 1, 1862, p. 54.
• 3. ... c'est le type parfait du gentleman britannique : grand diseur d'histoires de chasse à courre, de pêche et de guerre.
MAUROIS, Les Silences du colonel Bramble, 1918, p. 15.
— Locutions
♦ Diseur de bons mots, de gros mots. Le mauvais élève, indiscipliné, diseur de gros mots et qui lit en cachette des choses qui lui plaisent (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1906, p. 141). Et ce ne sera pas ces diseurs de bons mots Qui nous remplaceront une illustre parole (PÉGUY, Ève, 1913, p. 908).
♦ Diseur, diseuse de bonne aventure. Qui fait comme profession de prédire l'avenir. Un ton de diseuse de bonne aventure (FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 521) :
• 4. Dès qu'un diseur de bonne aventure vous explique minutieusement les faits connus de vous seul, dans votre vie antérieure, il peut vous dire les événements que produiront les causes existantes.
BALZAC, Le Cousin Pons, 1848, p. 122.
♦ Diseur de contes et nouvelles, diseur de nouvelles. Il [Rabelais] y joignit la manière non moins franche et plus légère d'un causeur facétieux, d'un diseur de contes et nouvelles (SAINTE-BEUVE, Table poés. fr., 1828, p. 266). Il est le diseur de nouvelles du canton, et l'habitude de les raconter en a fait l'orateur des veillées, le conteur en titre (BALZAC, Méd. camp., 1833, p. 90).
♦ Diseur de riens. Le voluptueux, le diseur de riens, l'inoccupé Rastignac (BALZAC, Mais. Nucingen, 1838, p. 597). Toujours en colère contre Chateaubriand, qu'il appelle « l'empereur des diseurs de rien » (GONCOURT, Journal, 1855, p. 220).
Rem. On rencontre ds la docum. le synon. diseux à valeur péj. Cet homme des basses classes, timide, débile, d'épaules étroites, assez peureux, petit diseux de bonne aventure, mystique et magicien (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 122). Attesté ds Canada 1930.
Prononc. et Orth. :[], fém. [-ø:z]. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. Ca 1200 maldisseor (R. DE BEAUJEU, Bel inconnu, éd. G.-P. Williams, 4853). Dér. du rad. du part. prés. de dire1; suff. -eur2. Fréq. abs. littér. :74. Bbg. HOTIER (H.). Le Vocab. du cirque et du music-hall en France. 1973, p. 103.
diseur, euse [dizœʀ, øz] n.
ÉTYM. 1233; maldisseor, v. 1200; de dire, sur le radical dis-.
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1 Diseur de : personne qui dit habituellement (des choses d'un genre particulier). — Il ne s'emploie que dans quelques locutions :
♦ ☑ Diseur, diseuse de bonne aventure (cit. 3 à 5) : personne qui prédit l'avenir (⇒ Chiromancien, devin; voyante). || Diseur d'horoscopes (→ Crédule, cit. 2).
0.1 À la tête des baladins, des gratte-ciel et des diseuses de bonne aventure, elle va conduire la marche funèbre de l'esthétisme européen.
Malraux, l'Homme précaire et la Littérature, p. 253.
♦ ☑ Péj. Diseur de bons mots : celui qui affecte de dire des bons mots, en toute occasion.
1 Dieu ne créa que pour les sots
Les méchants diseurs de bons mots.
La Fontaine, Fables, VIII, 8.
2 Diseurs de bons mots, mauvais caractère.
Pascal, Pensées, I, 46.
3 Diseurs de bons mots, mauvais caractère : « Je le dirais, s'il n'avait été dit. Ceux qui nuisent à la réputation ou à la fortune des pauvres, plutôt que de perdre un bon mot, méritent une peine infamante : cela n'a pas été dit, et je l'ose dire. »
La Bruyère, les Caractères, VIII, 80.
♦ ☑ Littér. Diseur, diseuse de riens. ☑ Vx. Diseur de phébus (→ Alambiquer, cit. 7).
4 Pour la non pareille Bouvillon, elle était la plus grande diseuse de riens qui ait jamais été et non seulement elle parlait seule, mais aussi elle se répondait.
Scarron, le Roman comique, II, X, p. 205.
4.1 « Diseur de rien ! » soupirait quelquefois ma mère quand j'étais un enfant bavard.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 243.
♦ Spécialt (métaphore littéraire) :
4.2 De la mort, Rilke affirme qu'elle est « der eigentliche Jasager », l'authentique diseuse de Oui, elle dit seulement Oui. Mais cela n'arrive que dans l'être qui a pouvoir de dire, de même que dire n'est dire et parole essentielle que dans ce Oui absolu où la parole donne voix à l'intimité de la mort.
M. Blanchot, l'Espace littéraire, p. 194.
2 Absolt et vx. || Un beau diseur, un diseur : celui qui affecte de bien parler. || Un grand diseur : un homme qui parle beaucoup.
5 Tu fais toujours le beau diseur et le grand esprit; apprends que j'en sais plus que toi (…)
♦ ☑ Prov. Les grands diseurs ne sont pas les grands faiseurs : ceux qui parlent, se vantent, promettent le plus, font généralement le moins.
3 Littér. Personne qui récite, déclame. || C'est un fin (→ Café-concert, cit. 2), un excellent diseur, une personne qui déclame avec art et esprit.
6 (…) montrant (…) que rien ne lui échappait, qu'il avait tout compris, que tout, de la finesse du librettiste aux richesses de l'instrumentiste et à l'esprit de la diseuse, était aussi bien de son ressort.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 566.
7 Ce que je voyais c'était un homme chauve en costume marron, un diseur. Il racontait une histoire drôle, à propos d'un fiasco.
S. Beckett, Nouvelles, p. 43.
Encyclopédie Universelle. 2012.