distinction [ distɛ̃ksjɔ̃ ] n. f.
• v. 1170; lat. distinctio
1 ♦ Action de distinguer, de reconnaître pour différent. ⇒ démarcation, différenciation, discrimination, séparation. Faire la distinction entre deux choses. ⇒ 2. départ. La distinction du bien et du mal. « tous les Français étaient appelés, sans distinction de partis et d'origine, à collaborer à la grande œuvre de la réconciliation » (Madelin). — Action de séparer, dans une assertion que l'on discute, ce que l'on admet de ce que l'on n'admet pas. ⇒ distinguo. Faire une distinction subtile.
2 ♦ Le fait d'être distinct, séparé. ⇒ division, séparation. « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune » ( DÉCLARATION DES DROITS DE L'HOMME ).
3 ♦ Ce qui établit une différence. Créer des distinctions entre les personnes. ⇒ différence, préférence.
4 ♦ Vieilli Supériorité qui place qqn au-dessus du commun. La distinction de sa naissance. ⇒ éclat, grandeur, noblesse. Une personne de distinction, de la plus haute distinction, de haute naissance, de rang élevé. ⇒ mérite, talent, valeur; distingué.
5 ♦ (XVIIe) Marque d'estime, honneur qui récompense le mérite. ⇒ décoration, dignité, prérogative. Distinction honorifique. Il est promis aux plus hautes distinctions. Accorder, décerner, obtenir une distinction. « Content de son sort, il ne désirait ni fortune ni distinction » (Condorcet).
6 ♦ (répandu XIXe) Élégance, délicatesse et réserve dans la tenue et les manières. Avoir de la distinction. ⇒ classe, raffinement; distingué. Manquer de distinction. « pour elle, la distinction était quelque chose d'absolument indépendant du rang social » (Proust). « Les femmes ont du tact, de la distinction, une véritable élégance, dans beaucoup de familles paysannes » (Chardonne).
⊗ CONTR. Confusion. Identité. Vulgarité.
● distinction nom féminin (latin distinctio, -onis) Action de distinguer, de séparer des personnes ou des choses, de faire une différence entre elles : Faire une distinction entre l'orgueil et la vanité. Établissement d'une différence à partir de laquelle on fait des réserves, on formule des jugements ; distinguo : Se perdre dans de subtiles distinctions. Marque d'honneur qui désigne quelqu'un à l'attention respectueuse d'autrui ; décoration : Être promis aux plus hautes distinctions. Manières élégantes, dignes et raffinées, dans l'attitude ou le langage de quelqu'un (seulement singulier) : Parler avec distinction. Élégance, raffinement de quelque chose : Robe d'une grande distinction. Littéraire. Condition sociale élevée de quelqu'un : La distinction de la naissance. ● distinction (citations) nom féminin (latin distinctio, -onis) Jules Huot de Goncourt Paris 1830-Paris 1870 et Edmond Huot de Goncourt Nancy 1822-Champrosay, Essonne, 1896 Il n'y a que les domestiques qui savent reconnaître les gens distingués. Journal Fasquelle ● distinction (expressions) nom féminin (latin distinctio, -onis) Sans distinction, sans exception. ● distinction (synonymes) nom féminin (latin distinctio, -onis) Action de distinguer, de séparer des personnes ou des choses...
Synonymes :
- démarcation
- départ
- différence
- différenciation
- séparation
Contraires :
Établissement d'une différence à partir de laquelle on fait des...
Synonymes :
Marque d'honneur qui désigne quelqu'un à l'attention respectueuse d'autrui ; décoration
Synonymes :
- décoration
- honneur
- récompense
Manières élégantes, dignes et raffinées, dans l'attitude ou le langage...
Synonymes :
- élégance
- tenue
Contraires :
- grossièreté
- vulgarité
Élégance, raffinement de quelque chose
Synonymes :
- chic
- classe
- élégance
- goût
- tenue
Littéraire. Condition sociale élevée de quelqu'un
Synonymes :
- éclat
- lustre
- prestige
distinction
n. f.
d1./d Action de distinguer, de faire la différence entre des choses ou des personnes. Faire la distinction entre le vrai et le faux.
d2./d Division, séparation. Distinction des pouvoirs exécutif et législatif.
d3./d Marque d'honneur décernée à qqn en reconnaissance de ses mérites. Distinction officielle, honorifique. Recevoir une distinction.
|| (Belgique) Degré de réussite d'un examen universitaire, accordé à partir de quatorze sur vingt. à partir de seize sur vingt, on a la grande distinction (en argot des écoles, la grande dis); dix-huit sur vingt confère la plus grande distinction. (V. mention, sens 3.)
d4./d élégance du maintien, des manières, du langage. Sa distinction ajoute à sa beauté.
⇒DISTINCTION, subst. fém.
A.— [Correspond à distinguer A et à distinct] Action de distinguer, de déterminer, dans un être ou une chose, ce qui les rend différents (d'un autre être ou d'une autre chose).
1. Rare, domaine sensoriel :
• 1. ... nous comprendrions encore mieux combien est accessoire et accidentel, dans l'acte de la vision, le phénomène de la distinction des couleurs dont l'échelle serait renversée par un simple déplacement des points qui correspondent au « maximum » d'intensité de chacune des teintes élémentaires.
COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances, 1851, p. 153.
2. Usuel
a) Action de séparer nettement un être ou une chose, d'un autre être ou d'une autre chose; p. méton. résultat de cette opération, fait d'être distingué, classe distinguée. Distinction capitale, essentielle, fondamentale, radicale; établir, fonder une distinction.
— [Concerne des réalités abstr.] Distinction du droit et du fait, de l'essence et de l'existence, entre l'intelligence et l'instinct :
• 2. Un savant ecclésiastique du temps, le docteur Lowde, l'ayant accusé publiquement d'affaiblir par son système la distinction du bien et du mal, Locke au lieu de se fâcher : « le brave homme a raison, dit-il... »
COUSIN, Hist. de la philos. du XVIIIe s., t. 1, 1829, p. 78.
— [Concerne des réalités concr.] Bible imprimée sans distinction de versets :
• 3. ... cette passion qui, pendant ses séjours à Jutigny, s'était tout d'abord étendue à la fleur, sans distinction ni d'espèces ni de genres, avait fini par s'épurer, par se préciser sur une seule caste.
HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 116.
— [Concerne une pers. (un trait, un caractère ou un attribut de cette pers.) ou un groupe de pers.] Faire distinction de l'ami et de l'ennemi (Ac. 1798-1932). Il fit transporter les blessés sans distinction de Français ou d'ennemis (Ac. 1878-1932). Sans distinction de personnes.
♦ [Le compl. prép. désigne ce qui fonde ou marque une différence entre les pers.] Sans distinction d'âge ni de sexe, de grade. La distinction des rangs, (...) l'infériorité de la naissance (DURAS, Édouard, 1825, p. 173). Exaspérer chez les classes le sentiment de leur distinction (BENDA, Trah. clercs, 1927, p. 122) :
• 4. Il s'agit simplement d'obliger les juges français, civils ou militaires, à appliquer à tous les citoyens, sans distinction de croyances religieuses, les lois en vertu desquelles ils prononcent leurs arrêts.
CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, p. 7.
b) En partic., domaine intellectuel. Action de séparer nettement les divers sens qu'un mot ou une proposition peuvent recevoir. Il y a ici une distinction importante à faire; il se tira d'affaire par une distinction subtile (Ac. 1835-1932).
B.— [Correspond à distinguer B et à distingué]
1. Vieilli. Singularité ou supériorité qui place (quelqu'un ou quelque chose) à part ou au-dessus des autres. La distinction de la naissance. Synon. éclat, grandeur.
— Usuel. Marque d'estime, d'honneur qui distingue le mérite ou le rang d'une personne et la désigne à l'attention respectueuse d'autrui. Distinction honorifique. Synon. faveur, privilège, prérogative. La maréchale était la personne la plus infatuée de l'avantage d'une haute naissance, et des distinctions attachées à son rang (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1581). Il détestait les distinctions nobiliaires (STAËL, Considér. Révol., t. 1, 1817, p. 241).
2. Emploi gén. abs. Manières élégantes dans le langage, la tenue qui distinguent une personne des autres. Exquise, extrême, rare distinction; cachet de distinction; manquer de distinction. Synon. classe, élégance. Une femme aristocratique et son sourire fin, la distinction de ses manières et son respect d'elle-même m'enchantent (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 109). Une certaine distinction d'esprit et de manières (FRANCE, Orme, 1897, p. 220). Une gentille jeune fille, qui se piquait de distinction aristocratique (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 514).
— P. anal. [En parlant du style, de l'expression] Cette distinction native du style, ces nuances délicates et fines font plaisir à étudier (AMIEL, Journal, 1866, p. 74).
— Loc. adj. [En parlant d'une pers.] De distinction. Synon. distingué. Les étrangers de distinction ont rempli mes salons magnifiquement décorés (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 446). J'ai fréquenté plusieurs anglais de distinction (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 108). Célébrer sur le ton de la plus haute distinction une sorte de culte des morts (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 252).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1170 « état de ce qui est distingué, différencié » (Rois, éd. F. R. Curtius, 3e livre, V, 12, p. 121 : destinctiuns); b) 1585 « subtilités de l'esprit » (NOEL DU FAIL, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, p. 237 : subtilités, finesses, distinctions aigues); c) 1670 « supériorité qui place au-dessus du commun » (BOSSUET, Duch. d'Orl. ds LITTRÉ); d) 1687 « marque d'estime, d'honneur » (Mme DE LA FAYETTE, La Princesse de Clèves, éd. Cazes, 87); 2. 1831 « manières élégantes dans le langage ou la tenue » (BALZAC, loc. cit.). Empr. au lat. class. distinctio « action de distinguer, différence, séparation, honneur ». Fréq. abs. littér. :2 618. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 4 176, b) 3 977; XXe s. : a) 2 798, b) 3 756.
distinction [distɛ̃ksjɔ̃] n. f.
ÉTYM. V. 1170; lat. distinctio, du supin de distinguere. → Distinguer.
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1 Action de distinguer, de reconnaître pour autre, pour différent. ⇒ Démarcation, différenciation, discrimination, séparation. || Faire la distinction entre deux choses. ⇒ Départ. || La distinction entre le réel et l'imaginaire (→ Délire, cit. 3). || La distinction du bien (cit. 44) et du mal. — Recevoir tout le monde sans distinction. ⇒ Indistinctement. || Sans distinction de parti et de religion (→ Conteste, cit. 1), d'âge ni de sexe.
1 Eh quoi ? Vous ne ferez nulle distinction
Entre l'hypocrisie et la dévotion ?
Molière, Tartuffe, I, 5.
2 (…) sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents.
Déclaration des droits de l'homme, Constitution du 3 sept. 1791 (→ Capacité, cit. 8).
3 (…) tous les Français étaient appelés, sans distinction de partis et d'origine, à collaborer à la grande œuvre de la réconciliation, condition essentielle de la restauration nationale.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, De Brumaire à Marengo, XIII, p. 176.
♦ Action « de séparer, dans une assertion que l'on discute, ce que l'on admet de ce que l'on n'admet pas » (Lalande). ⇒ Distinguo. || Faire une distinction subtile. || Se perdre dans les distinctions. → Couper les cheveux en quatre; argutie, cit. 1.
4 Vous n'avez pu désavouer cela, mais vous y faites une distinction.
Pascal, Provinciales, XVIII.
5 (…) la fragilité des distinctions et des oppositions que l'on essaie de définir entre les perceptions, les tendances, les mouvements et les conséquences de mouvements, — entre le faire et le laisser faire, l'agir et le pâtir, — le vouloir et le pouvoir.
Valéry, Rhumbs, p. 82.
2 Le fait d'être distinct, séparé. ⇒ Division, séparation. || La distinction qui existe entre ces deux choses. || Il faut maintenir la distinction entre X et Y. — Distinctions entre les hommes, spécialt, différences hiérarchisantes établies par la société. || Signe de distinction. ⇒ Distinctif. || La distinction des pouvoirs. || Distinction des rangs, des classes sociales (⇒ Classe, cit. 3). — Ce qui établit une telle différence. || Créer des distinctions entre les personnes. ⇒ Différence, préférence.
6 Il y avait entre eux des distinctions extérieures qui empêchaient qu'on ne prit la femme du praticien pour celle du magistrat et le roturier ou le simple valet pour le gentilhomme.
La Bruyère, les Caractères, VII, 22.
7 Les distinctions politiques amènent nécessairement les distinctions civiles.
Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes, II.
8 Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
Déclaration des droits de l'homme, Constitution du 3 sept. 1791, art. 1er.
9 (…) le rétablissement d'une distinction, acheminant, disait-on, à la restauration « d'une noblesse ».
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Le Consulat, XI, p. 171.
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II (Contexte social).
1 (1670). Vieilli ou littér. Supériorité qui place une personne ou un groupe au-dessus des autres, dans le jugement social. || La distinction de sa naissance. ⇒ Éclat, grandeur, noblesse. || Une personne de distinction, de la plus haute distinction, de haute naissance, de rang élevé ou de valeur éminente. ⇒ Mérite, talent, valeur. — Distinction d'esprit, intellectuelle.
10 De quelque superbe distinction que se flattent les hommes, ils ont tous une même origine; et cette origine est petite.
Bossuet, Oraison funèbre de la duchesse d'Orléans.
11 (…) la garantie de valeur personnelle, de distinction d'esprit.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XVII, p. 122.
2 (1687). || Une, des distinctions. Marque d'estime, honneur. ⇒ Décoration, dignité, faveur, prérogative. || Distinction flatteuse. || Distinction honorifique. || Il est promis aux plus hautes distinctions. || Aimer les distinctions (⇒ Panache). || Accorder, décerner une distinction. || Obtenir (être promu à) une distinction (→ Croix, cit. 16). || Prix et accessits, distinctions accordées aux plus méritants. || Marque, titre de distinction. || Décerner une distinction.
12 Content de son sort, il ne désirait ni fortune ni distinctions; et il n'en avait point obtenu, parce qu'il est plus commode de les accorder à ceux qui les demandent qu'à ceux qui savent les mériter.
3 (Répandu XIXe, 1831). Cour. Élégance, délicatesse et réserve dans la tenue et les manières. || Avoir de la distinction. ⇒ Tenue. || Air de distinction. || Distinction dans les manières, le port (→ Afféterie, cit. 4). ⇒ Distingué. || Manquer de distinction (⇒ Classe).
13 C'est une charmante chose que la distinction; mais il ne faut pas qu'elle dégénère en prétentions et en manières.
14 (…) une distinction incontestable, qui s'impose même à nous, malgré la différence profonde des races et des notions acquises.
Loti, Mme Chrysanthème, XLV, p. 228.
15 Les femmes ont du tact, de la distinction, une véritable élégance dans beaucoup de familles paysannes.
J. Chardonne, l'Amour du prochain, p. 168.
♦ Par anal. || Style plein de distinction. || Avoir de la distinction dans le style.
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CONTR. Confusion, indistinction. — Identité. — Grossièreté, vulgarité.
DÉR. V. Distinct, distinguer.
Encyclopédie Universelle. 2012.