domino [ dɔmino ] n. m.
• 1401; abrév. d'une expr. lat., p.-ê. benedicamus domino « bénissons le Seigneur »
I ♦
1 ♦ Anciennt Camail noir à capuchon que les prêtres portaient en hiver.
2 ♦ (1665) Costume de bal masqué consistant en une robe flottante à capuchon. « des femmes du monde protégées, si elles y tenaient, par des dominos et des loups » (Nerval).
II ♦
1 ♦ (1771; à cause du fond de bois noir, comparé au domino,I, 1o) Mod. Petite plaque noire en dessous, dont le dessus blanc est divisé en deux parties portant chacune de zéro à six points noirs. Les dominos : jeu formé de vingt-huit de ces plaques que les joueurs assemblent selon des règles. Jouer aux dominos. « Cela finissait toujours par une partie de dominos, — jeu spécialement silencieux et méditatif » (Nerval). Piocher un domino.
2 ♦ Électrotechn. Dispositif de raccordement électrique pour fils de petite section.
● domino nom masculin (peut-être latin Benedicamus Domino, bénissons le Seigneur) Vêtement flottant, avec capuchon, porté dans les bals masqués. Personne qui porte un domino. ● domino nom masculin (de domino) Chacune des pièces du jeu de domino, constituée par un rectangle plat dont le dessous est noir et dont le dessus blanc est divisé en deux parties marquées de points (de 0 à 6). Le jeu lui-même. Bloc de jonction ou de dérivation électrique ayant l'aspect d'un domino. ● domino (expressions) nom masculin (de domino) Couple domino, couple constitué d'un individu noir et d'un individu blanc. Effet (de) domino, réaction en chaîne entraînant une suite de catastrophes (pays passant dans le camp ennemi, faillites bancaires, etc.). [L'expression est due à une théorie géopolitique américaine des années 1950.] Faire domino, gagner la partie en se débarrassant de son dernier domino.
domino
n. m.
rI./r Déguisement de bal masqué, consistant en une longue robe munie d'un capuchon.
rII./r
d1./d JEU (Plur.) Jeu de société composé de vingt-huit petites plaques marquées chacune deux fois d'un certain nombre de points combinés. Une partie de dominos.
— (Sing.) Chacune de ces plaques.
|| (Afr. subsah.) Fam. Couple domino: couple mixte.
d2./d ELECTR Pièce cubique ou parallélépipédique servant à raccorder des conducteurs.
I.
⇒DOMINO1, subst. masc.
A.— Vx. ,,Camail noir que les ecclésiastiques portent aux offices pendant l'hiver. On dit plus ordinairement camail`` (Ac. 1835, 1878).
B.— Costume de bal masqué consistant en une robe flottante à capuchon. Un domino noir, rose; porter un domino, être masqué et en domino. Le masque en domino noir paraît au haut de la rampe. Hernani s'arrête pétrifié (HUGO, Hernani, 1830, 5, 4, p. 140). Il portait un domino zinzolin et sur le visage un loup noir à barbe de dentelle (COCTEAU, Potomak, 1919, p. 218) :
• Suzanne ramena sur sa tête le capuchon du domino, fit un pas et déclama soudain, d'une voix pénétrée de tristesse : « Ne soyez point surpris, Don Juan, de me voir à cette heure et dans cet équipage... »
DUHAMEL, Suzanne et les jeunes hommes, 1941, p. 144.
— P. métaph. Ce qui cache la réalité. On m'a beaucoup reproché, (...), de m'être attardé au Front National, ce domino dont se couvrait le parti communiste quand il se promenait en province (MAURIAC, Journal, 1950, p. 217).
C.— P. méton. Personne revêtue d'un domino. De galants dominos. Trois grands drôles, costumés en plumets de cavalerie, priaient, — avec les mains, — un domino masqué de se démasquer (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 69).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1401 « camail noir à capuchon porté par les prêtres » (Inventaire de Pierre Cachevent, grand vicaire de St-Pierre de Beauvais ds B. archéol. du Comité des travaux hist. et sc., 1911, p. 61); 1665 p. ext. « vêtement flottant à capuchon porté dans les bals » (F. COLLETET, Le Tracas de Paris, in Paris ridicule et burlesque, pp. 258-259 ds QUEM. Fichier); 2. 1514 « papier imprimé de figures coloriées » (Recueil d'actes notariés, t. 1, p. 4 ds IGLF); 3. 1771 terme de jeu (Trév.). 1 représente peut-être le lat. domino, extrait d'une formule de prière (peut-être prononcée en revêtant ce camail) telle que benedicamus domino « bénissons le seigneur »; le sens 2 s'explique mal; 3 s'explique peut-être à partir de 1, à cause de l'envers noir des dominos (v. BL.-W.5).
II.
⇒DOMINO2, subst. masc.
A.— JEUX
1. Parallélépipède long et plat, dont une face (généralement en bois) est noire et l'autre (généralement en os ou en ivoire) blanche et divisée en deux parties égales portant en creux les différentes combinaisons de points depuis le double blanc (deux cases blanches) jusqu'au double six (six points dans chaque case). Piocher, un domino; tirer un domino de la réserve; placer un domino, secouer les dominos. Domino-culotte. Domino qu'un joueur n'a pu placer avant la fin de la partie :
• 1. Quand la réunion se trouvait au complet (...), Camille vidait la boîte de dominos sur la toile cirée (...). On n'entendait plus que le cliquetis des dominos. Après chaque partie, les joueurs se querellaient pendant deux ou trois minutes, puis le silence retombait, morne, coupé de bruits secs.
ZOLA, Thérèse Raquin, 1867, p. 22.
— P. métaph. Les temples khmers sont construits sans ciment ni fondations. Des châteaux de dominos (MALRAUX, Voie royale, 1930, p. 49).
2. P. méton. Les dominos. Jeu consistant à apparier les combinaisons de points figurées sur les dominos suivant certaines règles départageant les adversaires. Faire une partie de dominos; être partenaire aux dominos. Au-dessous de notre appartement, face au paisible dôme où M. Dardelle jouait aux dominos, venait de s'ouvrir un café bruyant, la Rotonde (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 66) :
• 2. Le jeu de dominos étant l'image et l'école de la politique de second degré, de la politique de café et de journal, A. Marrast, dès ses débuts (...) devint grand journaliste à la fois et grand joueur de dominos.
MÉRIMÉE, Portraits hist. et littér., 1870, p. 206.
— Plus rarement, au sing. Même sens. Pousser le domino; jouer au domino. Au diable le journal; s'écria Lucien gaiement, et jouons au domino le punch de ce soir (STENDHAL, L. Leuwen, t. 1, 1835, p. 32). Elle faisait avec moi des parties de domino, de bataille, de jonchets (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958 p. 13).
B.— P. anal. (avec A 1)
1. ÉLECTR. ,,Dispositif de raccordement pour conducteurs de faible section`` (SIZ. 1968). Exécuter les raccordements avec beaucoup de soin, qu'on utilise l'épissure (enroulement des fils dénudés les uns sur les autres) ou le domino (petite boîte de jonction en porcelaine ou en caoutchouc) (BONNEL-TASSAN 1966, p. 46).
2. Arg., vx. Dent. Jouer des dominos. Manger. Mon domino a été extrait de ma boîte hier (FLAUB., Corresp., 1879, p. 199).
C.— P. anal. (avec les règles du jeu de dominos, A 2)
1. Domaine pol. Nation, zone faisant partie d'un ensemble politique et menacée de suivre le sort des zones proches par suite de l'évolution générale (d'apr. Clé Mots). Le Pakistan oriental, plus révolutionnaire, « domino » important de l'Asie du Sud-Est dans la perspective de la fin du conflit vietnamien (Nouvel Observateur, 21 avr. 1969, p. 38, col. 2).
2. PSYCHOL. Test des dominos. ,,Test (...) consistant en des combinaisons de dominos constituant des séries à compléter, de difficulté progressive`` (PIÉRON 1973).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. Cf. domino1.
III.
⇒DOMINO3, subst. masc.
PAPET., vx. ,,Sorte de papier peint et imprimé de diverses couleurs, dont on se sert pour différents jeux, tels que jeu de dame, jeu de l'oie, jeu de loto`` (BOUILLET 1859).
Prononc. :[]. Étymol. et Hist. Cf. domino1.
STAT. — Domino1, 2 et 3. Fréq. abs. littér. :325. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 468, b) 1 032; XXe s. : a) 402, b) 187.
BBG. — DARM. 1877, p. 73; Vie 1932, p. 110. — GOHIN 1903, p. 375. — RÉTIF (A.). Affiquets et falbalas. Vie Lang. 1971, p. 456. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 100, 300.
domino [dɔmino] n. m.
ÉTYM. 1401; abrév. d'une expr. lat., p.-ê. benedicamus Domino « bénissons le Seigneur ».
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1 Anciennt. Camail noir avec capuchon que les prêtres portaient en hiver.
2 (1665). Costume de bal masqué consistant en une robe flottante à capuchon. || Un domino noir, rose. || Loup qui accompagne le domino.
1 (…) les Esther modernes veulent des Assuérus qui puissent, tout déguisés qu'ils sont, se débarrasser la nuit de leur domino : on ne dépose pas le masque des années.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 78.
2 Ils n'étaient reçus qu'à condition d'amener des femmes du monde, protégées, si elles y tenaient, par des dominos et des loups.
Nerval, Petits Châteaux de Bohême, I, III, Pl., t. I, p. 90.
♦ Par métonymie. Personne revêtue d'un domino. || Être intrigué par un domino.
2.1 Je me promenais dans le foyer depuis cinq minutes, lorsqu'un domino me prend le bras. « Bonjour, Carbonnel ! »
E. Labiche, J'invite le colonel, 3.
3 Techn. (vx). || Papier de domino, domino. ⇒ Dominotier (étym.). || Figures de domino, les figures de ce papier.
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II
1 (1771, Trévoux; à cause du fond de bois noir, comparé au domino, 1.). a Petite plaque, noire en dessous, dont le dessus est divisé en deux parties portant de zéro à six points noirs, du double blanc (⇒ fam. Albinos, 3.) jusqu'au double six. || Un domino en os, en ivoire, en plastique. || Domino marqué d'un seul point (⇒ As), de deux six (⇒ Double-six). || Pêcher, piocher un domino. || Les vingt-huit dominos d'un jeu.
2.2 Avec une foule de dominos pris à brassées dans le second panier, le clown voulut construire ensuite, à l'extrémité droite de la scène, une sorte de mur en équilibre.
Les rectangles uniformes, placés sur une seule épaisseur, se superposaient symétriquement, présentant maints revers noirs mélangés de faces blanches plus ou moins mouchetées.
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 98.
♦ Châteaux, édifices, piles de dominos. — Compar. || Maisons-dortoirs (cit. 2) alignées comme des dominos. || Faire tomber une série de dominos.
♦ (1967; d'après l'angl.). Polit. Zone géographique (pays, région) menacée de subir, par contagion, la situation politique des zones environnantes (comme un domino entraîné par la chute des autres dominos avec lesquels il est rangé verticalement). Surtout dans les loc. || Théorie des dominos; politique des dominos.
b Les dominos : jeu consistant à mettre en rapport les combinaisons de points de vingt-huit dominos, selon des règles. || Jouer aux dominos. || Un joueur acharné de dominos. || Aimer les dominos et les dames. || Passer son tour, aux dominos. ⇒ Bouder. || Le mah-jong chinois ressemble aux dominos.
3 Cela finissait toujours par une partie de dominos, — jeu spécialement silencieux et méditatif.
Nerval, Nuits d'octobre, VI, Pl., t. I, p. 106.
♦ Au sing. (vieilli). || « Jouons au domino » (Stendhal, in T. L. F.). ☑ Loc. Pousser le domino : jouer aux dominos. — ☑ Faire domino : gagner la partie.
4 Tu sais si j'aimais le domino, Mangé : eh bien ! ici c'est trop commun, on n'y joue qu'au cabaret.
Henri Monnier, Scènes populaires, « Les bourgeois campagnards », 8, t. I, p. 347.
2 (Par anal. de forme). Techn. Dispositif de raccordement électrique pour fils de petite section.
3 Argot anc. Dent. ☑ Jouer des dominos : manger.
5 Il continua sans s'émouvoir : un signe comme qui dirait une mouche; c'est pas tout : t'as tous tes dominos (dents), faudra t'arracher les deux de devant !
Louise Michel, la Misère, t. II, p. 61.
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DÉR. Dominotier.
Encyclopédie Universelle. 2012.