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dorien

dorien, ienne [ dɔrjɛ̃, jɛn ] adj. et n.
• 1550; du gr. Dôris
De Doride, canton du sud-ouest de l'Asie Mineure, dans l'Antiquité. N. Les Doriens. Mus. Le mode dorien : le mode le plus grave du plain-chant. — Ling. Le dialecte dorien : dialecte du grec ancien. N. m. « La querelle du dorien et de l'ionique » (Chateaubriand).

dorien nom masculin Groupe de dialectes du grec ancien. ● dorien, dorienne adjectif et nom Qui appartient aux Doriens ou à la Doride. ● dorien, dorienne adjectif Se dit, chez les Grecs, de l'échelle (harmonie) de ce nom, ou de l'un des tons de transposition. Dès le IXe s., se dit du premier mode ecclésiastique de .

⇒DORIEN, IENNE, adj. et subst.
A.— HIST. GR. (Qui est) originaire ou habitant de la Doride, région de la côte sud-ouest de l'Asie Mineure. Peuple dorien; race dorienne. Les Doriens. Peuple grec, venu du Nord, qui envahit la Grèce au cours du XIIe siècle avant J.-C. La main herculéenne des Doriens se retrouve dans les ruines des cités de la grande Grèce et de Sicile, dans les restes d'Agrigente, dans les colonnes de Pestum (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 166) :
1. ... à partir du XIIe siècle arrivèrent par flots successifs tous ces peuples du Nord-Ouest dont une partie sera connue un jour sous le nom de Doriens. Ce fut un bouleversement général. Les vieilles monarchies croulèrent; la splendeur de Mycènes s'évanouit à jamais.
G. GLOTZ, La Cité gr., Paris, Albin Michel, 1968 [1928], p. 21.
B.— Qui est relatif à la Doride, aux Doriens. Architecture dorienne. Synon. dorique. Amusante conversation sur l'opposition de l'art dorien et de l'art ionique, qui, pour Gide, symbolisent les deux courants éternels de l'art (MARTIN DU G., Notes Gide, 1951, p. 1402).
1. LING. Le dialecte dorien, le dorien. Langue parlée par les Doriens (supra A), l'une des quatre principales familles de dialectes de la langue grecque ancienne.
Tout le groupe du dorien et des parlers dits occidentaux représente de façon certaine les dialectes des derniers envahisseurs survenus en Hellade (...) : cette invasion est communément désignée dans les traditions légendaires sous le nom de Retour des Héraclides (P. CHANTRAINE, Morphol. hist. du gr., Paris, Klincksieck, 1961 [1945], p. 20) :
2. Les parlers doriens se ressemblent par leur aspect général; ils ont beaucoup de traits communs; mais presque pas un de ces traits ne leur est tout à fait propre; presque aucun n'est une innovation commune à tout le dorien et qui ne se retrouve par ailleurs. Si l'on n'avait des témoignages historiques précis qui établissent l'unité du dorisme, on serait très embarrassé pour en fournir la preuve linguistique.
A. MEILLET, Aperçu d'une hist. de la lang. gr., Paris, Hachette, 1913, p. 104.
Rem. Dans ce sens, on emploie également, mais rarement, la forme dorique.
2. MUS. Mode dorien. Mode principal de la musique grecque ancienne (considéré comme le seul digne de citoyens libres et honnêtes et utilisé pour les hymnes religieux et les chants lents et nobles). Deux lyres, dont l'une laisse échapper les tons graves du mode dorien, et l'autre les accords voluptueux de la molle Ionie (CHATEAUBR., Martyrs, t. 3, 1810, p. 91) :
3. Au centre du système musical grec, s'inscrit le mode dorien, constitué par les huit sons compris entre les deux mi; au-dessous de lui se trouve le mode phrygien, compris entre deux ; le mode lydien entre deux ut; le mode mixolydien entre deux si. Au-dessus du dorien, il y a le mode hypolydien construit sur l'échelle de fa, le mode hypophrygien sur l'échelle de sol, le mode hypodorien sur l'échelle de la.
O. Tiby ds Hist. de la mus., t. 1, 1974 [1960], p. 379 (encyclop. de la Pléiade).
P. ext. Relatif au plus grave des modes du plain-chant, commençant son octave au ré d'en bas et la finissant au ré d'en haut, la dominante étant à la quinte la. La Toccata dorienne [en ré mineur, de Bach] n'a pas d'introduction (DUPRÉ, Improvis. orgue, 1925, p. 70).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Qq. emplois subst. p. ell., dans ce sens. Le dorien ecclésiastique. Le dorien liturgique (MARNOLD, Mus. autrefois et auj., 1902-10, p. 297). b) Un emploi fig., connotant la discipline, la rudesse, la sévérité. En face de cet asiatisme [celui de Loti], combien je me sens dorien (GIDE, Journal, 1932, p. 1134).
Prononc. et Orth. :[], fém. [-]. Ds Ac. 1762-1878. Étymol. et Hist. Av. 1658 luth dorien [ ] (RACINE, Remarques sur Pindare, Ode I, éd. Hachette, t. III, 1864, p. 390). Empr., avec changement de suff., au gr. « dorien » (-ien). Fréq. abs. littér. :64.

dorien, ienne [dɔʀjɛ̃, jɛn] adj. et n.
ÉTYM. 1598, d'Aubigné; du grec Dôris, n. propre « Doride ». → Dorique.
De Doride, canton du sud-ouest de l'Asie Mineure. || La race dorienne. N. || Les Doriens.Ling. || Le dialecte dorien, et, n. m., Le dorien (on dit aussi le dorique) : l'un des quatre grands groupes dialectaux du grec ancien.
1 Les Polonais trouvent le dialecte bohême efféminé; c'est la querelle du dorien et de l'ionique.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 83.
2 (…) la convention s'était établie à Athènes d'employer pour les parties chorales de la tragédie une langue fixée, teintée de dorismes, mais ne représentant au fond aucun dialecte dorien particulier.
J. Vendryes, le Langage, p. 322.
tableau Classification des langues.
Mus. || Mode dorien, et, n. m., Le dorien. a Mode principal de la musique grecque antique (huit sons entre deux mi; s'oppose au phrygien [ré], au lydien [ut], etc.).
b Dans le plain-chant, mode le plus grave (ré-la [dominante]-ré). Adj. || La toccata dorienne, de Bach (en ré mineur).

Encyclopédie Universelle. 2012.