écru, ue [ ekry ] adj.
• 1260; de cru
1 ♦ Vx Qui est à l'état naturel, brut.
2 ♦ Mod. Qui n'est pas blanchi ni teint, conserve une teinte naturelle. Toile, soie, laine écrue.
♢ De la couleur beige du textile non blanchi. Des chemises écrues. « Sa robe de foulard écru » (Flaubert).
3 ♦ Techn. Fer écru, mal corroyé. Cuir écru, non préparé à l'eau.
● écru nom masculin Couleur écrue. ● écru, écrue adjectif (de cru) Se dit de matières textiles, de fils ou d'étoffes n'ayant subi ni lavage, ni blanchiment, ni teinture. Qui est de la couleur blanche tirant sur le beige de ces matières textiles. Se dit de la soie non décreusée. Se dit du fer brûlé, mal corroyé et rempli de crasse. Se dit de la pâte à papier obtenue par cuisson du bois ou de végétaux, mais non blanchie. ● écru, écrue (synonymes) adjectif (de cru) Se dit de matières textiles, de fils ou d'étoffes n'ayant...
Synonymes :
- brut
- naturel
Se dit de la soie non décreusée.
Synonymes :
- cru
écru, ue
adj. TECH Qui n'a pas encore été blanchi. Toile écrue.
— Par ext. De la couleur beige jaunâtre de la toile non blanchie. Une robe écrue.
⇒ÉCRU, E, adj. et subst.
A.— Vx. Qui est à l'état naturel. On roule, (...) le foin écru autour de ces perches (CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 460).
B.— Spéc., TECHNOL., usuel. [En parlant de matières entrant dans la composition de certains produits]
1. Qui n'a pas subi de préparation ni de transformation.
♦ Cuir écru. Qui n'a pas été préparé à l'eau. Souliers de cuir écru (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 1).
♦ Pâte (à papier) écrue. Qui est obtenue par cuisson de bois ou de végétaux mais qui n'a pas été blanchie (cf. Civilis. écr., 1939, p. 606 et COSTON, A.B.C. journ., 1952, p. 182).
♦ Soie écrue ou crue. Qui n'a pas été mise à l'eau bouillante et n'a pas subi de teinture. Anton. décreusé. Robe de chambre de grosse soie écrue doublée de martre (GYP, Province, 1890, p. 152).
♦ Toile écrue. Qui n'a pas subi l'opération du blanchiment. Blouse de toile écrue (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 737). En veste de chasse et pantalon de la même grosse toile écrue que sa chemise (POURRAT, Gaspard, 1925, p. 234).
2. P. ext. Fer écru. Qui a été mal corroyé et contient encore des impuretés.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe siècle.
3. [P. anal. avec la couleur de la soie ou du fil écru] (Qui est de) teinte jaunâtre. Le plafond fut, à son tour, tapissé de blanc écru, pouvant simuler le plâtre, sans en avoir cependant les éclats criards (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 88) :
• 1. Nous aurons ainsi (mêlant des teintes connues à quelques autres tout à fait neuves) les vert paon, bleu grenat, lie de vin, suresne, régina, loutre, gris de fer, gris ardoise, gris mode, écru et d'autres désignant les mêmes tons sous de vaines appellations.
MALLARMÉ, La Dernière mode, 1874, p. 781.
C.— P. métaph. Cf. asexué ex. 3 :
• 2. Il est certain que la prière, que la communion, que les abstinences, que les vœux, épurent le corps et l'âme et l'odeur vocale qui s'en dégage. Leurs effluves donnent à la voix des religieuses, si écrue, si mal équarrie qu'elle puisse être, ses chastes inflexions, ses naïves caresses d'amour pur; ils la ramènent aux sons ingénus de l'enfance.
HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 102.
Rem. Les dict. gén. du XIXe et du XXe s. enregistrent le subst. fém. le plus souvent au plur., écrues. Qui désigne des broussailles ou de jeunes arbres ayant récemment crû sur des terres labourables.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1740-1932. Étymol. et Hist. [1245 [ms.] subst. II estrus « vêtement de toile écrue » (Hist. Joseph, éd. W. Steuer, Appendice, 1905)]; 1260 adj. « qui est à l'état naturel, qui n'a subi aucune préparation » fil escru, toile escrue (E. BOILEAU, Métiers, 89 et 342 ds T.-L.). Dér. de cru; préf. é- (es-) intensif (< ex latin). Fréq. abs. littér. :82.
écru, ue [ekʀy] adj.
ÉTYM. 1260, escru; de é- (es-) intensif, et cru.
❖
2 Mod. || Toile écrue, qui n'a pas été blanchie. ⇒ Blanchiment. || Coton écru. || Soie écrue, qui n'a pas été décruée. || Fil écru.
1 Sa robe de foulard écru collait à ses épaules un peu tombantes (…)
Flaubert, l'Éducation sentimentale, III, I.
♦ N. m. Étoffe écrue. || Des écrus.
♦ Par anal. Qui a une teinte jaunâtre analogue à celle d'une toile ou de la soie écrue. — N. m. Cette teinte.
2 (…) le monde était devenu lentement une drôle de symphonie de flanelles, les unes grises, les autres rouges, ou brunes, ou bleuâtres, qui s'irritaient et se grattaient mutuellement. La laine des murs contre l'écru de l'air; la broderie orange, toute seule, un point rond, de l'ampoule électrique (…)
J.-M. G. Le Clézio, la Fièvre, p. 76.
➪ tableau Désignations de couleurs.
3 (1762, in D. D. L.). Techn. || Fer écru, qui a été mal corroyé. — Cuir écru, qui n'a pas été corroyé à l'eau. — Pâte (à papier) écrue : pâte obtenue par cuisson de bois, de végétaux et qui n'a pas été blanchie.
❖
CONTR. Blanchi, préparé, décrué ou décreusé. — Corroyé.
HOM. Écrues.
Encyclopédie Universelle. 2012.