écuyer, ère [ ekɥije, ɛr ] n.
• escuier 1080; bas lat. scutarius, de scutum → 1. écu
1 ♦ N. m. Anciennt Gentilhomme au service d'un chevalier.
♢ Écuyer tranchant : officier qui découpait les viandes. — Écuyer de bouche, qui servait à la table du prince.
2 ♦ N. m. Hist. Titre porté par les jeunes nobles jusqu'à l'adoubement.
♢ Titre que portaient les gentilshommes des derniers rangs, les anoblis.
3 ♦ N. m. (1265) Anciennt Intendant des écuries d'un prince; membre du personnel de ces écuries.
4 ♦ (1636) Mod. Personne sachant bien monter à cheval. ⇒ amazone, cavalier. Bottes à l'écuyère : hautes bottes souples à revers.
♢ Professeur d'équitation, et spécialt Instructeur d'équitation militaire. Les écuyers du Cadre noir de Saumur.
♢ Personne qui fait des numéros d'équitation dans un cirque.
● écuyer nom masculin (bas latin scutarius, scutum, de écu) Gentilhomme qui accompagnait un chevalier et qui portait son écu. Jeune noble aspirant à la chevalerie. Titre que portaient les simples gentilshommes et les anoblis. Officier qui était chargé de s'occuper de l'écurie d'un roi, d'un prince, d'un grand seigneur. Nom donné au jeune cerf qui en accompagne un plus vieux. ● écuyer (expressions) nom masculin (bas latin scutarius, scutum, de écu) Écuyer de bouche, officier qui, lorsque le roi mangeait en grande cérémonie, apportait les plats et les présentait aux gentilshommes servants. Grand écuyer de France, officier de la maison du roi qui veillait à l'administration des écuries du roi. (Il était appelé Monsieur le grand. Sa charge fut érigée en grand office de la Couronne par Henri IV en 1607.) ● écuyer nom masculin (de écuyer) Perche de bois ou grosse corde fixée au mur d'un escalier comme main courante. ● écuyer nom masculin Instructeur d'équitation militaire, appartenant au Cadre noir. ● écuyer, écuyère nom (de écuyer, avec l'influence du latin equus, cheval) Personne qui monte bien à cheval. Personne qui dresse, présente la cavalerie et exécute des exercices équestres dans un cirque. Personne qui enseigne l'équitation dans un manège.
écuyer, ère
n.
rI./r n. m. HIST Jeune noble attaché au service d'un chevalier.
rII./r n.
d1./d Personne qui monte à cheval.
d2./d n. m. Professeur d'équitation.
d3./d Personne faisant des exercices équestres dans un cirque.
⇒ÉCUYER, subst. masc.
A.— HISTOIRE
1. a) [Moy. Âge] Jeune noble qui avait pour charge d'accompagner le chevalier à la guerre, de porter son écu, de l'aider à prendre les armes, à se désarmer en attendant que lui-même soit armé chevalier. Le comte se décida à le nommer écuyer. Bérenger n'avait que quinze ans (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 53) :
• 1. Au sortir de page, on devenoit écuyer (...). Le service de l'écuyer consistoit, en paix, à trancher à table, à servir lui-même les viandes, comme les guerriers d'Homère, à donner à laver aux convives. Les plus grands seigneurs ne rougissoient point de remplir ces offices (...). L'écuyer suivoit le chevalier à la guerre, portoit sa lance, et son heaume élevé sur le pommeau de la selle, et conduisoit ses chevaux, en les tenant par la droite (...). Son devoir dans les duels et les batailles, étoit de fournir des armes à son chevalier, de le relever quand il étoit abattu, de lui donner un cheval frais, de parer les coups qu'on lui portoit, mais sans pouvoir combattre lui-même.
CHATEAUBRIAND, Génie du christianisme, t. 2, 1803, p. 487.
b) [Anc. Régime] Personnage remplissant de hautes charges, à qui cette appellation est conférée à titre honorifique :
• 2. Comme celle des Arnauld encore, la famille Pascal était de condition et d'état recommandable plutôt que de qualité, et faisait partie du haut Tiers-État dans les charges. Étienne Pascal, maître des Requêtes, avait mérité pour ses services d'être anobli par Louis XI, notre Pascal, dans on épitaphe, est dit écuyer.
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 454.
c) [De nos jours, en Angleterre] Tout gentleman dont le nom est suivi de cette appellation. Mon bon ami Sir John Bickerstaff, écuyer (COURIER, Pamphlets pol., Pamphlet des pamphlets, 1824, p. 213).
2. P. ext. Officiers du roi, d'un prince, d'un grand, correspondant à différentes fonctions.
a) [Fonctions spécifiquement cavalières]
— Celui qui avait la charge de l'écurie du roi, d'un prince, d'un grand.
♦ Grand écuyer de France, Grand écuyer ou p. abrév. Monsieur le Grand. Celui qui commandait la grande écurie du roi et tous les officiers qui en dépendaient, ce qui constituait la première charge de la couronne. M. d'Armagnac, grand-écuyer de France (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 189:
• 3. L'exercice aujourd'hui me sera salutaire;
L'alesan que Richard m'envoya d'Angleterre,
Je me sens ce matin de force à l'essayer.
Cours l'annoncer sur l'heure à mon grand-écuyer.
DELAVIGNE, Louis XI, 1832, V, 7, p. 210.
♦ Premier écuyer ou premier écuyer de la grande écurie. Celui qui commandait en l'absence du grand écuyer.
♦ Premier écuyer du roi ou p. abrév. Monsieur le Premier. Celui qui commandait la petite écurie du roi, chevauchait près de ce dernier du côté du montoir, lui donnait la main pour monter en carrosse ou en chaise et lui servait d'aide de camp à la guerre. La tombe de son fils, Pierre Moreau, premier écuyer du roi sous Louis XIV, se voyait dans la chapelle Saint-Nicolas (FLAUB., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 54).
— Celui qui appartenait à l'écurie. Écuyer d'écurie (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 242).
♦ Celui qui appartenait à l'écurie du roi. Écuyer cavalcadour :
• 4. ... et puis le parlement Maupeou, les chasses de Fontainebleau, le coup du roi par-dessus sa tête, le manège de Versailles avec la prestance des écuyers cavalcadours, les voltes, les demi-voltes et la bonne selle française...
VIGNY, Mémoires inédits, 1863, p. 162.
♦ Celui qui appartenait à l'écurie d'un prince, d'un grand. La maison fut vendue à un écuyer de Mme de Montpensier (JOUY, Hermite, t. 3, 1813, p. 275).
b) [Fonctions autres que spécifiquement cavalières]
♦ Écuyer tranchant. Celui qui tranchait les viandes. Grand (écuyer) tranchant. Celui de la maison du roi qui avait en outre la garde de l'étendard royal. Premier tranchant. Celui de la maison de la reine. Le Rheinberg, château des comtes du Rhingau, écuyers tranchants héréditaires du Saint-Empire, éteints au dix-septième siècle (HUGO, Rhin, 1842, p. 278) :
• 5. Les potages servis, l'écuyer-tranchant découpa sur une crédence les viandes que lui portait de la table un officier de bouche, et que les valets y reportaient disséquées.
GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 440.
♦ Écuyer (de) bouche. Celui qui rangeait les plats à l'office avant de les faire servir. Écuyer de cuisine. Celui qui avait une fonction importante à la cuisine.
P. anal. [De nos jours] Écuyer de bouche, de cuisine. Maître d'hôtel dans une grande maison.
♦ Écuyer de main. Celui qui donnait la main au roi par opposition à écuyer cavalcadour.
— Celui qui donnait la main à la reine, à une princesse, à une grande dame pour la mener, la conduire. Quatre reines portaient le manteau de l'impératrice, dont un de nous pourtant était le chevalier d'honneur et un autre l'écuyer (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 400) :
• 6. Après quelques instants d'attente, la signora de Campireali parut; elle marchait avec beaucoup de peine, donnant le bras à son écuyer, qui était en grand costume et l'épée au côté...
STENDHAL, L'Abbesse de Castro, 1839, p. 234.
B.— Domaine techn. [P. anal. de fonction]
1. TECHNOL. Perche de bois, grosse corde tenant lieu de rampe ou d'appui le long du mur d'un escalier. Ils grimpèrent un petit escalier de pierre, en vis, à l'aide d'une corde servant d'écuyer et luisante par le frottement (BOREL, Champavert, 1833, p. 133).
2. VÉN. Jeune cerf qui accompagne un vieux cerf.
3. VITIC. Faux bourgeon croissant au pied d'un cep de vigne. L'écuyer seul a donné cette année (LITTRÉ, DG).
C.— ÉQUIT. MOD., usuel
1. Celui qui est bon cavalier, qui sait dresser un cheval. Lorsque Thalcave fut en selle, son cheval bondit sous lui. Le Patagon, écuyer consommé, était magnifique à voir (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 137). Lorsque Bucéphale, cheval illustre, fut présenté au jeune Alexandre, aucun écuyer ne pouvait se maintenir sur cet animal redoutable (ALAIN, Propos, 1922, p. 452) :
• 7. Au retour de la promenade, l'empereur s'est fait amener un cheval qu'on venait d'acheter; il était fort beau et d'une jolie tournure; il l'a fait essayer, l'a trouvé fort bien, et me l'a donné à l'instant même, avec une bonté toute particulière. Je n'ai pu en faire usage, il s'est trouvé vicieux, et a passé alors au général Gourgaud, meilleur écuyer que moi.
LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 367.
2. Celui qui enseigne l'équitation :
• 8. ... on m'offre d'entrer comme écuyer au manège Pellerin (...). Forestier s'arrêta net :
— Ne fais pas ça, c'est stupide (...). Dans ton bureau, au moins tu es caché, personne ne te connaît, tu peux en sortir si tu es fort, et faire ton chemin. Mais, une fois écuyer, c'est fini (...). Quand tu auras donné des leçons d'équitation aux hommes du monde ou à leurs fils, ils ne pourront plus s'accoutumer à te considérer comme leur égal.
MAUPASSANT, Bel-Ami, 1885, p. 9.
— Spéc. Instructeur d'équitation du Cadre Noir de Saumur :
• 9. ... cet écuyer de Saumur, agonisant, qui ramenait vers sa poitrine la main d'un ami debout à son chevet, et murmurait, avant de rendre l'âme : « Jamais ainsi! » suprême recommandation de ne jamais tirer sur les rênes en ramenant les mains...
VERCEL, Capitaine Conan, 1934, p. 185.
3. Celui qui accomplit des exercices d'équitation difficiles, voire périlleux, dans un cirque. Ce sera quelque écuyer de la troupe de Franconi (STENDHAL, L. Leuwen, t. 1, 1835, p. 94).
Prononc. et Orth. :[]. Mais [ekyje] ds FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 2 1787 et, à titre de var., ds PASSY 1914. L'anc. fr. escu-ier a été influencé pour le sens et pour la prononc. par equus, équestre, equitation (cf. BUBEN 1935 § 79 et MART. Comment prononce 1913, p. 190). Le mot est admis ds Ac. 1694 et 1718, s.v. escuyer. Ds Ac. 1740-1932 sous la forme mod. Ac. 1932 insiste sur la prononc. [] ce qui traduirait encore une certaine hésitation entre [y] et []. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 escuier « valet » (Roland, éd. J. Bédier, 2437); 2. 1174-76 « serviteur choisi » (G. DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, éd. E. Walberg, 2019); 3. 1er quart XIIIe s. « titre d'un jeune noble qui n'a pas encore été armé chevalier » (Lancelot du lac, éd. H. O. Sommer, t. 2, p. 181 : si vous pri pour Dieu que vous me fachiés chevalier, car je ne voldroie en nulle fin morir escuiers). B. 1549 grand escuyer (EST.). C. 1636 ecuier « personne qui sait bien monter à cheval, qui enseigne cet art » (MONET). Du b. lat. scutarius « soldat de la garde impériale qui portait un bouclier » et « écuyer » 1080 ds NIERM., dér. de scutum (écu); les sens B et C ont peut-être subi l'influence du lat. equus « cheval » (cf. au XIVe s. le lat. equarius glosé « garde de chevaulz » ds le glossaire aalma, B.N. lat. 13032 ds ROQUES t. 2). Fréq. abs. littér. :466. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 534, b) 619; XXe s. : a) 204, b) 216.
écuyer, yère [ekɥije, jɛʀ] n.
ÉTYM. 1549, escuyer; escuier, v. 1100; lat. scutarius « celui qui porte l'écu, le bouclier », de scutum (→ Écu); les sens I, 3 et I, 4 manifestent l'infl. probable de equus « cheval »; l'idée de « cheval » semble dominante aujourd'hui.
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1 N. m. Anciennt. Au moyen âge, Gentilhomme qui accompagnait un chevalier, pour lui porter son écu et le servir. ⇒ Ordonnance, page.
1 Au sortir de page on devenait écuyer (…) Le service de l'écuyer consistait en paix, à trancher à table, à servir lui-même les viandes, comme les guerriers d'Homère, à donner à laver aux convives (…) L'écuyer suivait le chevalier à la guerre, portait sa lance et son heaume élevé sur le pommeau de la selle, et conduisait ses chevaux en les tenant par la droite (…) Son devoir, dans les duels et les batailles, était de fournir des armes à son chevalier, de le relever quand il était abattu, de lui donner un cheval frais, de parer les coups qu'on lui portait, mais sans pouvoir combattre lui-même.
Chateaubriand, le Génie du christianisme, IV, V, IV.
♦ Par ext. (du fait des offices divers remplis par l'écuyer). || Écuyer tranchant : officier qui découpait les viandes. — Écuyer de bouche, qui servait à la table du prince. — Écuyer de cuisine : premier officier de la cuisine du prince.
♦ Titre que portaient les gentilshommes des derniers rangs, les anoblis… (au-dessous du chevalier). || « On a fait la recherche des Nobles et on a fait des taxes sur ceux qui avaient usurpé la qualité d'écuyer » (Trévoux).
2 (…) on vous contesterait après cela le titre d'écuyer.
Molière, Monsieur de Pourceaugnac, III, 2.
3 N. m. (1265). Anciennt. Intendant des écuries d'un prince. || Le grand écuyer de France, qui commandait l'écurie du roi. — Écuyer cavalcadour.
♦ Par ext. Membre du personnel de cet intendant (→ Condition, cit. 18.1). || Écuyer de main, qui aide un prince, une grande dame à monter à cheval, en voiture.
4 N. (1636). Mod. Personne qui sait monter à cheval. ⇒ Amazone, cavalier. || Une bonne écuyère. || Un écuyer remarquable. — Bottes à l'écuyère : hautes bottes souples à revers.
♦ (1636). Spécialt. Professeur d'équitation, et, spécialt, instructeur d'équitation militaire. || Les écuyers du Cadre noir de Saumur.
♦ (1842, Balzac, au fém.). Personne qui fait des exercices d'équitation dans un cirque.
3 « tout ce qui règne ou régna sur les planches ne me semble pas digne de délier les cothurnes de Malaga qui sait descendre et remonter sur un cheval au grandissime galop, qui se glisse dessous à gauche pour remonter à droite, qui voltige comme un feu follet blanc autour de l'animal le plus fougueux, qui peut se tenir sur la pointe d'un seul pied et tomber assise les pieds pendants sur le dos de ce cheval toujours au galop, et qui, enfin, debout sur le coursier sans bride, tricote des bas, casse des œufs ou fricasse une omelette, à la profonde admiration du peuple, du vrai peuple, les paysans et les soldats !… » Dans son récit, il n'y avait de vrai que le moment d'attention obtenu par l'illustre Malaga, l'écuyère de la famille Bouthor, à Saint-Cloud, et dont le nom venait de frapper ses yeux le matin dans l'affiche du cirque.
Balzac, la Fausse Maîtresse, Pl., t. II, p. 38.
4 L'écuyer Urbain fit alors son apparition, en veste bleue, culotte de peau et bottes à revers, conduisant un magnifique cheval noir plein de sang et de vigueur (…)
Urbain fit quelques pas sur la scène et plaça de face le splendide coursier, qu'il présenta sous le nom de Romulus, appelé en argot de cirque le cheval à platine.
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 95.
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1 Vén. Jeune cerf qui en suit un plus vieux.
2 Agric. Faux bourgeon qui croît au pied d'un cep de vigne.
3 Techn. Main courante soutenue par des supports le long du mur d'un escalier (⇒ Rampe) et qui sert d'appui. || « Une corde servant d'écuyer et luisante par le frottement » (P. Borel, 1833, in T. L. F.).
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DÉR. Écurie.
Encyclopédie Universelle. 2012.