Akademik

CENDRILLON
CENDRILLON

CENDRILL

De la cendre au trône: tel est le parcours de l’héroïne méprisée puis triomphante d’un des contes les plus appréciés du répertoire oral, essentiellement connu à notre époque par trois célèbres versions imprimées: La Gatta Cenerentola , dans le Pentamerone (1634) de Giambattista Basile, Cendrillon du recueil Histoires ou Contes du temps passé (1697) attribué à Charles Perrault, et Aschenputtel dans Kinder- und Hausmärchen (1812) des frères Grimm.

La référence aux cendres a fait de Cendrillon la «tête de pont» des interprétations mythologiques ou ritualistes: elle incarnerait l’année nouvelle; d’abord «fiancée des cendres», humiliée par sa marâtre (l’année écoulée), elle trouverait «chaussure à son pied» — c’est-à-dire un charmant Valentin — grâce à une aide magique (animal protecteur ou marraine), à des cadeaux saisonniers et à une épreuve décisive.

Il s’agit moins d’un conte que d’un cycle de contes qui sont à tel point enchevêtrés qu’il est difficile de les analyser séparément. Aussi bien les meilleures recherches récentes, celle de Marion Roalfe Cox (Cinderella , Londres, 1893) et Anne Birgitta Rooth (The Cinderella Cycle , Londres, 1951) étudient ces divers contes comme un type unique, affecté du numéro 510 dans la classification internationale Aarne-Thompson, mais qui admettrait deux sous-types, le 510 A, Cendrillon , le 510 B, Peau d’Âne , et un type annexe, le 511, Un œil , Double Œil , Triple Œil , sans oublier l’interférence fréquente avec le CT 923, Aimé comme le sel .

La version des Contes de ma mère l’Oye alterne le registre de l’émotion indignée — pour décrire l’injustice de la marâtre et les souffrances de la fillette exploitée — et le registre du burlesque qui s’acharne contre la féerie: transformation comique d’une citrouille en carrosse, de lézards en laquais, et surtout, pantoufle de verre. Balzac et Littré ont trouvé ce verre peu vraisemblable et l’ont transformé en vair , fourrure qui, elle, ne se brise pas en tombant. Mais les éditions parues du vivant des adaptateurs portent toutes le mot verre . Si la pantoufle ne se casse pas quand elle tombe, c’est que le conte tout entier repose sur une suite d’impossibilités logiques: il s’agit d’une menterie .

Les adaptateurs ont orné le récit de broderies pittoresques et de détails passionnants pour l’histoire des mentalités: précisions sur les bijoux, les coiffures, les modes féminines, l’engouement pour les oranges et les citrons qui, à l’époque, sont des fruits rares et chers. Enfin, le conte a inspiré de nombreuses comédies musicales, opérettes, opéras-comiques et ballets. Parmi les meilleurs titres, on peut citer La Cenerentola de Rossini (1816) qu’appréciait Stendhal, et qui fut souvent reprise, par exemple à Paris en 1986, un ballet de Marcel Delannoy, La Pantoufle de vair (sic ) en 1931 et Cendrillon , ballet de Prokofiev (1945).

cendrillon [ sɑ̃drijɔ̃ ] n. f.
• 1697 n. de l'héroïne d'un conte de Perrault qui était obligée de rester près de l'âtre pour faire la cuisine; de cendre
Vieilli Jeune fille qui doit assurer les travaux pénibles du foyer. « Ma sœur était le souffre-douleur, la cendrillon » (Hugo).

cendrillon nom féminin (de Cendrillon, nom propre) Littéraire. Jeune fille à qui l'on réserve toutes les besognes rebutantes dans une maison.

⇒CENDRILLON, subst. fém.
[P. réf. au conte de Perrault] Celle qui reste près du feu, qui est chargée des travaux pénibles de la maison. Péj. Servante pauvre, humiliée; souillon :
1. Il [de Pierrepont] ne revit Béatrice qu'au moment où elle s'installa chez madame de Montauron, en qualité de cousine pauvre, de demoiselle de compagnie et de cendrillon.
O. FEUILLET, Honneur d'artiste, 1890, p. 26.
2. Elle [Henriette] passait les nuits, elle ne bougeait pas de cette chambre, où sa douceur active de cendrillon, ses soins légers et silencieux mettaient comme une caresse continue.
ZOLA, La Débâcle, 1892, p. 631.
Emploi d'adj. rare, avec valeur de qualificatif :
3. Je ne t'aime plus du tout; au contraire, je te déteste. Tu es une vilaine, bien gauche, bien bête, bien cendrillon. Tu ne m'écris pas du tout, tu n'aimes pas ton mari; ...
NAPOLÉON Ier, Lettres à Joséphine, 1796, p. 60.
Rem. Pour le synon. cendreuse, cf. cendreux.
Prononc. et Orth. :[], cendreuse []. Cendrillon ds Ac. 1932; cendreuse non attesté ds Ac. Étymol. et Hist. 1796 empl. adj. supra ex. 3; 1808 subst. (HAUTEL t. 1, p. 163). Emploi par synecdoque du nom du personnage principal du conte de Ch. PERRAULT, Cendrillon ou la petite pantoufle de verre (1697, Recueil de Pièces curieuses et nouvelles, t. 5, 4e part., La Haye, Adrian Moetjens ds Contes de Perrault, éd. G. Rouger, Paris, Garnier, 1967); dér. de cendre; suff. -illon (-ille; -on). Fréq. abs. littér. :15.

cendrillon [sɑ̃dʀijɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1697; nom d'une héroïne d'un conte de Perrault qui était obligée de rester près de l'âtre pour faire la cuisine; de cendre.
Vieilli. Servante maltraitée; souillon. || C'est la cendrillon de la maison, en parlant d'une jeune fille, d'une femme qui doit assurer les travaux pénibles d'une maison. || Elle est habillée comme une cendrillon.

Encyclopédie Universelle. 2012.