embosser [ ɑ̃bɔse ] v. tr. <conjug. : 1> I ♦ (de bosse II) Mar. Amarrer (un navire) de façon à le maintenir dans une direction déterminée. Navire embossé cap à l'est. — Pronom. « L'escadre s'approche avec précaution, en sondant, mouille le plus près possible, et s'embosse » (Loti). Fam. (mar.) S'installer dans une position défensive. II ♦ (v. 1985; de bosse I) Imprimer en relief (sur une carte de paiement) les caractères servant à l'identification du titulaire. « Si une facturette suffit pour “embosser” ensuite les numéros apparents d'une carte » (Le Point, 1990).
● embosser verbe transitif (de bosse) Fixer un bâtiment dans une position déterminée, au moyen de câbles et d'ancres mouillées à l'avant et à l'arrière. Introduire de la préparation de viande dans le boyau, lors de la fabrication des saucisses et saucissons. Réaliser l'embossage d'une carte de paiement.
embosser
v. tr. MAR Amarrer (un navire) en maintenant son axe longitudinal dans une direction fixe.
|| v. Pron. S'embosser dans un estuaire.
⇒EMBOSSER, verbe trans.
A.— Emploi trans., MAR. [Le compl. désigne un navire, une constr. mar.] Maintenir suivant une position donnée à l'aide de deux amarres placées l'une à l'avant, l'autre à l'arrière, de manière à supprimer l'action du vent, du courant et à faire présenter le travers lors d'une opération d'attaque ou de défense. Ils [les ports artificiels] comprenaient, au large, un brise-lames flottant embossé (LE MASSON, Mar., 1951, p. 60; voir aussi affourcher ex. 3 et 5).
B.— Emploi pronom.
1. MAR. [Le suj. désigne un navire] S'amarrer de manière à présenter le travers :
• ... si la vitesse des navires britanniques, notablement inférieure, ne pouvait leur permettre d'intercepter ceux de Vichy, leur puissance, qui était double, leur assurerait l'avantage sur les autres, dès que ceux-ci devraient s'embosser dans n'importe quelle rade équatoriale qu'aucune batterie ne défendait.
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1954, p. 102.
— P. méton. Il [Bob Harvey] voulait s'embosser devant les cheminées et, de là, répondre par des obus et des boulets aux balles qui avaient jusqu'alors décimé son équipage (VERNE, Île myst., 1874, p. 447).
2. P. anal. [le suj. désigne une pers.]
a) Dans le lang. fam. des marins. S'installer dans une position défensive, parfois menaçante. S'embosser contre le pied du grand mât (Lar. 19e). Le quartier-maître s'adossa à la muraille, et ainsi embossé se prépara à tenir tête aux ennemis (Sue ds Lar. 19e). [Le vieux marin :] Embossez-vous là derrière [ce rocher], qu'on ne vous voie pas, et espérez (RICHEPIN, Glu, 1881, p. 31).
b) P. ext. S'installer dans une position solide. Marie Duvalle, embossée ce matin-là (...) derrière la fenêtre de la salle à manger (H. BAZIN, Bur. mariages, 1951, p. 147).
3. Au fig. S'abriter, s'envelopper. Il rabattit son chapeau sur ses yeux, s'embossa à l'espagnole dans un manteau de couleur sombre, et sortit de l'hôtel à pas de loup (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 239).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1688 mar. s'embosser (Du Casse in ROUSSIER, L'Et., 24 ds Fr. mod. t. 26, p. 50). Dér. de bosse2 « cordage »; préf. em-(en-); dés. -er. Fréq. abs. littér. :26.
DÉR. 1. Embossage, subst. masc. Action d'embosser, de s'embosser; situation d'un navire embossé. Écubier d'embossage. On avait réalisé un grand embossage de vaisseaux ronds, qui formait comme un paravent (LA VARENDE, Heur. humbles, Phoebé, 1942, p. 156). Ligne d'embossage. Alignement formé par plusieurs navires (de guerre) embossés. — []. Ds Ac. dep. 1835. — 1re attest. 1792 (ROMME, Dict. de mar. ds DG); de embosser, suff. -age. 2. Embossure, subst. fém. Nœud fait sur une amarre; amarre servant à embosser un navire ou à le maintenir embossé. Il [Gilliatt] dévida assez de câble sur les deux ancres pour qu'elle [la panse] pût monter avec la marée. Opération analogue à ce que les anciens marins appellaient « mouiller avec des embossures » (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 309). — []. Ds Ac. 1932. — 1re attest. 1687 « cordage » (DESROCHES, Dict. de mar. d'apr. DG); de embosser, suff. -ure. — Fréq. abs. littér. : 1.
embosser [ɑ̃bɔse] v. tr.
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♦ Mar. Amarrer (un navire) de façon à le maintenir dans une direction déterminée malgré le vent et le courant. — Au p. p. || Navire embossé cap à l'est.
1 — Arrive Paul, on n'a pas encore attaqué la dinde !
Henry lui envoie un lance-amarres et Paul embosse son petit Vénus sur l'arrière de Pheb.
Bernard Moitessier, Cap Horn à la voile, p. 101.
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s'embosser v. pron.
1 Mar. S'amarrer de manière à présenter le travers. || L'escadre s'embossa en rade.
2 La route suivie précédemment par les embarcations lui avait permis de reconnaître le chenal, et il s'y était effrontément engagé. Son projet n'était que trop compréhensible : il voulait s'embosser devant les Cheminées et, de là, répondre par des obus et des boulets aux balles qui avaient jusqu'alors décimé son équipage.
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. II, p. 638.
3 L'escadre s'approche avec précaution, en sondant, mouille le plus près possible, et s'embosse, en hissant les pavillons français, pour commencer le bombardement.
Loti, Figures et choses…, Trois journées de guerre, p. 207.
2 Mar. Fam. S'installer dans une position défensive. || Les marins s'embossèrent contre le pied du grand mât. — Par ext. Se fixer dans une position stable, solide.
4 Comme toujours, il y avait un fourgon d'agents embossé au carrefour et une voiture pie toute vibrante d'antennes, poisson pilote de cette baleine échouée.
A. Blondin, Monsieur Jadis…, p. 13.
♦ Passif et p. p. :
5 (…) la plupart des rideaux bougent aux fenêtres. Quelques vieilles sont carrément embossées derrières ces portillons bipartis, dont le haut ne se ferme que le soir et qui laissent dépasser leurs têtes comme celles des chevaux dans un box.
Hervé Bazin, Cri de la chouette, 1972, p. 165.
6 Il rabattit son chapeau sur les yeux, s'embossa à l'espagnole dans un manteau de couleur sombre.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, p. 239.
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DÉR. Embossage, embossure.
Encyclopédie Universelle. 2012.