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empire

empire [ ɑ̃pir ] n. m.
XIIe; empirie 1080; lat. imperium
1Autorité, domination absolue. commandement, maîtrise, souveraineté. L'homme qui « donne aujourd'hui l'empire du monde à la France » (Chateaubriand).
Pouvoir, forte influence. « La religion prit de plus en plus d'empire dans cette âme » (Sainte-Beuve). 2. ascendant, emprise. User de son empire. L'empire des sens. « se dégager de l'empire des mots » (Caillois). « Sous l'empire du poison » (Baudelaire). 1. action. Avoir de l'empire sur soi-même. contrôle, maîtrise.
2Didact. Autorité souveraine d'un chef d'État qui porte le titre d'empereur. « Dioclétien abdiqua solennellement l'empire » (Voltaire).
3Cour. L'État ou l'ensemble des États soumis à cette autorité. L'Empire romain, byzantin. Le Saint Empire romain germanique. L'empire du Milieu, le Céleste Empire : la Chine impériale. « Un Empire français enfermé dans des limites assez larges, mais fort de son unité » (Madelin).
Par ext. Période où la France fut gouvernée par un empereur. Le Premier, le Second Empire. Appos. Style, meuble Empire, du Premier Empire.
4Ensemble d'États, de territoires relevant d'un gouvernement central ( colonie). L'ancien Empire colonial français. L'Empire britannique.
Tout État puissant et son territoire. Le partage de l'empire d'Alexandre. L'Empire ottoman. Loc. (apr. une propos. négative) Pour un empire : en aucune façon, pour rien au monde (cf. Pour tout l'or du monde). Je ne céderais pas ma place pour un empire.
5Groupe très puissant et très étendu. Un empire industriel, financier.

Empire nom masculin (de empire) Périodes pendant lesquelles la France fut gouvernée par un empereur. (premier Empire, second Empire) Le Saint Empire romain germanique. ● Empire (citations) nom masculin (de empire) Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Cambronne à Waterloo a enterré le premier empire dans un mot où est né le second. Fragments Anonyme Veillons au salut de l'empire ! Commentaire Chanson patriotique extraite de Renaud d'Ast, opéra de Dalayrac. En 1791, Boy composa les couplets. C'est une des premières chansons de la Révolution française. Le mot empire signifie ici « État ». Voici le début : « Veillons au salut de l'empire, Veillons au maintien de nos droits ! Si le despotisme conspire, Conspirons la perte des rois. » Alphonse Aulard Montbron, Charente, 1849-Paris 1928 Ah ! que la République était belle sous l'Empire. Commentaire Ce mot de l'auteur de l'Histoire politique de la Révolution française a servi de légende à un dessin fameux de Forain. ● Empire (difficultés) nom masculin (de empire) Orthographe Avec ou sans majuscule, selon le sens. 1. Empire suivi d'un adjectif avec lequel il forme un nom propre : l'Empire romain, l'Empire byzantin ; l'éphémère Empire centrafricain. Empire s'écrit avec une majuscule, l'adjectif avec une minuscule. 2. Empire suivi d'un complément introduit par de : l'empire du Milieu, l'empire du Soleil-Levant, l'empire d'Autriche. Empire s'écrit avec une minuscule, le complément avec une majuscule. 3. Empire dans certains noms propres : le Saint Empire romain germanique, le Bas-Empire (romain), le Nouvel Empire (égyptien), le premier Empire, le second Empire (en France). Remarque Ces graphies sont consacrées par la tradition. 4. Empire = empire colonial. Avec une minuscule lorsqu'il s'agit d'un empire colonial déterminé : l'empire français ; l'empire que l'Angleterre victorienne soumit par la force des armes. - Mais on trouve parfois en emploi absolu la graphie avec une majuscule : les indépendances des anciennes colonies françaises, proclamées au début des années 1960, marquèrent la fin de l'Empire. 5. Le style Empire = le style de mobilier, de décoration et d'architecture caractéristique du règne de Napoléon Ier. Avec une majuscule. Elliptiquement : une cheminée Empire, des bureaux Empire (= de style Empire). ● Empire (homonymes) nom masculin (de empire) empire forme conjuguée du verbe empirer empirent forme conjuguée du verbe empirer empires forme conjuguée du verbe empirer

Empire
n. m.
d1./d Domination souveraine. Conquérir l'empire des mers.
|| Fig. Domination morale, ascendant. Avoir de l'empire sur qqn, sur soi-même.
d2./d Régime où l'autorité politique est détenue par un empereur. à Rome, l'empire succéda à la république.
|| Règne d'un empereur.
|| BX-A Style Empire, celui des oeuvres d'art, du mobilier du Premier Empire.
d3./d état gouverné par un empereur; son territoire. L'empire d'Orient. L'Empire byzantin. Les frontières de l'Empire romain.
|| Loc. Pour un empire: d'aucune manière, pour rien au monde. Je ne le ferais pas pour un empire!
d4./d HIST Ensemble de territoires placés sous l'autorité d'un gouvernement central. L'Empire britannique.
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Empire
(Premier) régime politique de la France de 1804 à 1814, après le Consulat. Le 18 mai 1804, le Sénat proclama l'empire par un sénatus-consulte qu'un plébiscite ratifia. Le 2 déc., le pape Pie VII couronna empereur (Napoléon Ier) l'anc. Premier consul. Le 6 avr. 1814, l'Empire s'acheva par l'abdication de Napoléon. Pendant les Cent-Jours (20 mars-22 juin 1815), Napoléon revint sur le trône, mais cette monarchie restait constitutionnelle.
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Empire
(Second) régime politique de la France entre 1852 et 1870. Par le coup d'état du 2 décembre 1851, le prés. Louis Napoléon Bonaparte mettait fin à la IIe République. Le 7 nov. 1852, un sénatus-consulte le proclama empereur; un plébiscite ratifia cette loi; le 2 déc. 1852, le Second Empire fut proclamé. Le 4 sept. 1870, après la défaite de Sedan, Gambetta proclama la république.

⇒EMPIRE, subst. masc.
I.— Suprématie, domination de quelqu'un ou de quelque chose.
A.— Autorité exercée par une personne sur les êtres et sur les choses. L'empire du monde. Mme Faujas eut bientôt un empire absolu dans la cuisine (ZOLA, Conquête Plassans, 1874, p. 1084). L'homme avait reçu l'empire sur tous les êtres visibles (BARRÈS, Cahiers, t. 12, 1919-20, p. 21).
Vieilli. [En parlant d'un ton, d'une attitude] Traiter quelqu'un avec empire (Ac. 1798-1878). L'archidiacre parlait avec empire (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 448).
B.— P. anal. Suprématie d'une chose, domination exercée par une chose. L'empire de la beauté, de la mode. [Je crois voir] la domination des rois faisant place à l'empire des lois (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 474). Le rose s'éteint, se confond avec le gris. Le bleu étend son empire (RENARD, Journal, 1901, p. 680).
C.— En partic. Ascendant, influence morale de quelqu'un, de quelque chose sur une personne, une de ses facultés. Sous l'empire de la colère, de la passion. J'ai perdu tout empire sur moi-même (STAËL, Lettr. L. de Narbonne, 1794, p. 246). Cet homme exerçait un empire absolu sur mon imagination (CHÊNEDOLLÉ, Journal, 1815, p. 74). Sous l'empire du haschisch, je ne peux pas me retenir de voler (GIDE, Faux-monn., 1925, 1227).
SYNT. L'empire de l'habitude, de la raison, de la volonté; avoir, prendre de l'empire sur; céder, être soumis à l'empire de.
II.— Spécialement
A.— Autorité politique souveraine exercée par une personne, parfois par une collectivité ou une personne morale, sur une partie du monde; qualité, charge d'empereur. Aspirer, parvenir à l'empire (Ac. 1932). Une union (...) qui (...) eût assuré l'empire des mers à l'Angleterre (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 577). Dioclétien (...) après avoir renoncé à l'empire (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 242) :
1. [Carr (à Cromwell)] Si méchant que tu sois, j'aime mieux ton empire Qu'un Stuart, un Hérode, un royal débauché ...
HUGO, Cromwell, 1827, p. 135.
B.— Régime, forme de gouvernement caractérisé par la présence, à sa tête, d'un empereur qui possède généralement tous les pouvoirs; date, période, durée de ce régime. Fonder, renverser un empire. Habitué aux chutes des républiques et des empires (MICHELET, Insecte, 1857, p. XXII). À la fin de l'ancien empire memphite ou du moyen empire thébain (FAURE, Espr. formes, 1927, p. 216).
C.— État, ensemble d'États.
1. État d'une certaine importance ayant ou n'ayant pas d'empereur à sa tête. Grand empire; empire allemand, ottoman. En 1910, la Russie m'était apparue comme un empire aux dimensions gigantesques (FOCH, Mém., t. 1, 1929, p. XXVI).
SYNT. Capitale, chef, unité d'un empire; limites, provinces d'un empire; se disputer un empire.
En partic.
L'Empire du Milieu ou le Céleste(-)Empire. La Chine jusqu'au début du XXe siècle. L'américanisation de l'Empire du Milieu (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 316). Cf. aussi céleste B 2.
L'Empire du Soleil-Levant. Le Japon (cf. VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 30).
2. P. anal.
a) [P. réf. à la notion d'État, de territoire, de domaine] Newton (...) l'un des hommes les plus marquans dans l'empire des sciences (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t. 1, 1821, p. 392).
b) En partic.
MYTH. et POÉT.
L'empire céleste. Le ciel, le paradis. Les premiers, Diophore et l'informe Encelade, De l'Empire céleste ont tenté l'escalade! (LECONTE DE LISLE, Poèmes ant., 1852, p. 276).
L'empire de Neptune, des eaux; le maritime empire. La mer. Comme deux flottes puissantes, se disputant l'empire de Neptune (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 276).
L'empire de Pluton, des morts; le sombre, le ténébreux empire. Les enfers. La région ténébreuse de l'empire des morts (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 501).
HIST., DR. (Haut et souverain) empire de Galilée (cf. basoche A ex. 1 et synt.).
3. Ensemble de pays dépendant d'une même autorité et plus particulièrement d'une métropole. Empire britannique. Ils caressent le rêve d'une France (...) appuyée sur un vaste empire colonial (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 136).
D.— Rare, p. méton. Ensemble des habitants d'un empire; ensemble de personnes appartenant au gouvernement d'un empire. L'empire se souleva (Ac. 1798-1878). L'empire voisin protestait contre l'occupation de la Nigritie (FRANCE, Île ping., 1908, p. 388).
E.— HISTOIRE
1. HIST. ROMAINE et du MOY. ÂGE
a) Empire (romain). État formé de nombreux territoires ayant Rome pour capitale, fondé par Auguste en 27 avant Jésus-Christ et qui dura jusqu'en 395 après Jésus-Christ; institution, période correspondante. La chute de l'Empire romain :
2. ... un chef germain du IIe siècle était plus capable d'envahir l'empire qu'un patricien de Rome n'était capable de le défendre; ...
BOURGET, Essais de psychologie contemp., 1883, p. 17.
b) Haut(-)Empire (romain). Période de l'histoire romaine correspondant aux premiers siècles de l'Empire (27 avant Jésus-Christ — 192 après Jésus-Christ). La longévité — deux siècles — du Haut Empire romain (P. ROUSSEAU, Hist. transp., 1961, p. 63).
c) Bas(-)Empire. Période de l'histoire romaine allant de 192 après Jésus-Christ à la fin de l'Empire d'Occident (476), correspondant à une époque de décadence. L'histoire du bas empire (MAINE DE BIRAN, Journal, 1821, p. 312).
Rem. Certains dict. gén. et certains aut. donnent cette appellation à l'Empire d'Orient (cf. infra).
d) Empire d'Occident. Partie occidentale de l'Empire romain, résultant de la division de celui-ci, gardant Rome pour capitale et qui dura de 395 à 476 après Jésus-Christ; institution correspondante (cf. agonisant ex. 13).
e) Empire d'Orient ou Empire byzantin. Partie orientale de l'Empire romain, résultant de la division de celui-ci, ayant Byzance pour capitale et qui dura de 395 à 1453; institution correspondante. Dresser l'empire byzantin contre les Francs (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 222).
f) Empire latin (d'Orient). État fondé par les Croisés au Moyen-Orient de 1204 à 1261. Défendre le nouvel empire latin d'Orient (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. XXXIX).
2. HIST. DU MOY. ÂGE, MOD. et CONTEMP.
a) à l'étranger
(Saint) Empire (romain) (germanique). État fondé par Othon Ier en 962, qui dura jusqu'en 1806, dont les limites varièrent au cours des siècles recouvrant en particulier l'Allemagne actuelle; institution correspondante. Princes de l'Empire. Terre d'Empire (Ac. 1798-1878). L'empereur Henri le Lion, dépossédé, mis au ban de l'Empire (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 15). Cf. aussi césarisme ex. 3.
Lutte, querelle du Sacerdoce et de l'Empire. Conflit qui opposa l'autorité ecclésiastique à l'autorité impériale pendant un siècle (1154-1250) (cf. GUIZOT, Hist. civilisation, 1828, leçon 5, p. 34).
Empires centraux (cf. central I A 2 Hist.).
b) en France
(Premier) Empire. Régime institué par Napoléon Bonaparte qui devint empereur sous le titre de Napoléon Ier; durée de ce régime (1804-1814); territoire correspondant. Maréchal d'Empire; histoire, guerres de l'Empire :
3. Sous le Consulat, le bonhomme Grandet devint maire, administra sagement, vendangea mieux encore; sous l'Empire, il fut Monsieur Grandet.
BALZAC, Eugénie Grandet, 1834, p. 11.
En appos. Dans le style, selon la mode de cette époque. Style Empire. Les ors étincelants d'une pendule Empire (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, 5e tabl., p. 186). L'éclat merveilleux de sa robe Empire (PROUST, Le Temps retr., 1922, p. 1024).
(Second) Empire. Régime institué par Napoléon III; durée, période correspondante (1852-1870). Le maire (...), légitimiste rallié à l'Empire depuis peu (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Coup d'État, 1882, p. 176).
En appos. Dans le style de cette époque. Salon Second Empire (SARTRE, Huis clos, 1944, 5, p. 130).
Empire libéral. Deuxième période du Second Empire au cours de laquelle Napoléon III renonça au gouvernement autoritaire et inaugura, par diverses réformes, un régime plus démocratique. Une nouvelle ère, l'empire libéral, s'ouvrait (ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 353).
Rem. En ce qui concerne le régime politique, l'emploi abs. est utilisé dans les deux cas, mais plus fréquemment pour le Premier Empire que pour le Second. En ce qui concerne le style, l'emploi abs. est exclusivement réservé au Premier Empire.
F.— Loc. fig. Pas pour un empire. Pour rien au monde. Il ne céderait pas pour un empire (Ac. 1835, 1878). Quand je bêche dans mon jardin, je ne donnerais pas ma place pour un empire (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 22).
Prononc. et Orth. :[]. Enq. : //. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 empirie « État soumis à l'autorité d'un empereur » (Alexis, éd. Chr. Storey, 561); ca 1135 empire (Couronnement Louis, éd. E. Langlois, 2651); 2. 1re moitié XIIe s. emperie « pouvoir, autorité » (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, Cantique de Ste Anne, 16, p. 236); 3. ca 1593 « tout État ou groupe d'États, relevant d'un gouvernement central » (DU VAIR, Exhortation à la paix, éd. R. Radouant, p. 70, 238). Empr. tardif au lat. class. imperium « pouvoir suprême, empire ». Fréq. abs. littér. :7 241. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 16 853, b) 7 136; XXe s. : a) 6 672, b) 8 576. Bbg. MAT. Louis-Philippe. 1951, p. 54, 235. — THOMAS (A.). Nouv. Essais 1904, pp. 139-140.

empire [ɑ̃piʀ] n. m.
ÉTYM. 1080; empirie, v. 1050; du lat. imperium « pouvoir suprême », de imperare. → Empereur.
1 Littér. Autorité, domination absolue (de qqn sur qqch.). Commandement, gouvernement, souveraineté. || Détenir l'empire des mers. Contrôle, maîtrise. || L'empire du monde (→ Abhorrer, cit. 3; acheminer, cit. 3).
1 Cet empire absolu sur la terre et sur l'onde (…)
Corneille, Cinna, II, 1.
2 (Aux mains) À qui Rome a commis l'empire des humains.
Racine, Britannicus, II, 3.
L'homme a établi son empire sur la nature. Pouvoir, puissance (→ Découverte, cit. 11).
(Abstrait). || Exercer sur les siens un empire despotique. Autorité, tyrannie. || Elle a pris beaucoup d'empire sur lui. Ascendant (cit. 7 et 8), emprise, influence. || Exercer sur qqn empire absolu. Assujettir, subjuguer. || User de son empire. Autorité, crédit, prestige. || Avoir de l'empire sur soi, sur ses passions, rester maître de soi. Contrôle, maîtrise, sang-froid.
3 Hé bien ! je me suis tu, malgré ce que je voi(s),
Et j'ai laissé parler tout le monde avant moi :
Ai-je pris sur moi-même un assez long empire,
Et puis-je maintenant (…)
Molière, le Misanthrope, V, 4.
4 Henriette me tient sous son aimable empire (…)
Molière, les Femmes savantes, I, 4.
5 Depuis cette explosion (du règne de Louis XIV), la France a continué de donner un théâtre, des habits, du goût, des manières, une langue, un nouvel art de vivre et des jouissances inconnues aux États qui l'entourent : sorte d'empire qu'aucun peuple n'a jamais exercé.
Rivarol, Littérature, De l'universalité de la langue franç., in Œ., p. 20.
2 Fig. Influence, domination exercée (par une chose). || L'empire de la mode, de la beauté.Pouvoir, forte influence morale (de qqch.) sur une personne. || L'empire des sens. || L'empire du cœur (→ Délire, cit. 5), de la raison (→ Âge, cit. 28; délectation, cit. 3), des passions, de l'amour (→ Assujettir, cit. 26; cuisant, cit. 4). || Cette doctrine exerce, a pris un grand empire sur la jeunesse. || Agir sous l'empire des circonstances ( Pression), de la nécessité, de la terreur. || Il était sous l'empire de la boisson quand il a commis ce crime.
6 Comme l'esprit a grand empire sur le corps (…)
Molière, l'Amour médecin, III, 6.
7 Une grande façon qui tenait à sa naissance, une observation rigoureuse des bienséances, un air froid et dédaigneux contribuaient à nourrir l'illusion autour du prince de Bénévent. Ses manières exerçaient de l'empire sur les petites gens et sur les hommes de la société nouvelle, lesquels ignoraient la société du vieux temps.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 301.
8 La religion prit de plus en plus d'empire dans cette âme toute faite pour l'accueillir et si naturellement ordonnée.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 1er déc. 1851, t. V, p. 188.
9 Expliquerai-je comment, sous l'empire du poison, mon homme se fait bientôt centre de l'univers ?
Baudelaire, les Paradis artificiels, « Le poème du haschisch », IV.
3 (1668). Vx. ou littér. Lieu, domaine où s'exerce une domination, un empire (1.). || L'empire des morts : les enfers. || L'empire de Neptune : la mer.
10 Celui de qui la tête au ciel était voisine,
Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts.
La Fontaine, Fables, I, 22.
11 L'empire des femmes est beaucoup trop grand en France, l'empire de la femme beaucoup trop restreint.
Stendhal, De l'amour, p. 288.
4 Mod. Autorité souveraine (d'un chef d'État qui porte le titre d'empereur). || Appeler (cit. 16), associer (cit. 1 et 2) qqn à l'empire (→ Association, cit. 2). || Dioclétien abdiqua… (cit. 2) l'empire.
12 J'ai souhaité l'empire et j'y suis parvenu.
Corneille, Cinna, II, 1.
13 Là, consul jeune et fier, amaigri par des veilles
Que des rêves d'empire emplissaient de merveilles,
Pâle sous ses longs cheveux noirs.
Hugo, les Orientales, XL, I.
14 L'Empire ! Le mot avait toujours couronné une hégémonie. Il s'était forgé à Rome à l'heure où, par la conquête des Gaules, après celle de toute la Méditerranée, la grande République avait complété son système de domination universelle (…)
Les grands princes de France, d'un Philippe le Bel à un François 1er, avaient, eux aussi, ambitionné, aux heures de grandeur, ce titre prestigieux. Il était allé tout naturellement à un Charles-Quint, maître de la moitié de l'Europe. L'aigle s'était ainsi promenée de Rome à Aix-la-Chapelle, de Madrid à Francfort et à Vienne; elle venait, en ce printemps de 1804, se poser sur les tours de Notre-Dame parce que, pour la France, les temps étaient révolus.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, L'avènement de l'Empire, VIII, p. 106-107.
5 L'État ou l'ensemble des États soumis à cette autorité. || Capitale, frontières d'un empire. || L'Empire romain (→ Auguste, cit. 1; désunir, cit. 3). || L'Empire byzantin. || L'Empire romain d'Occident et le Saint-Empire romain germanique, ou, absolt, l'Empire (→ Corps, cit. 37). || Mettre qqn au ban de l'Empire ( 1. Ban, 4.).L'empire du Milieu, le Céleste Empire, noms donnés anciennement à la Chine. || L'Empire du Soleil-Levant : le Japon. || L'Empire chérifien : le Maroc.Le Premier Empire (absolt l'Empire) : le régime fondé en France par Napoléon Ier. || Les guerres de l'Empire (absolt), de l'Empire de Napoléon Ier. || Le Second Empire, de Napoléon III.
15 Comme Cyrus dans Babylone,
Il voulait, sous sa large main,
Ne faire du monde qu'un trône
Et qu'un peuple du genre humain (…)
Et bâtir, malgré les huées,
Un tel empire sous son nom,
Que Jéhovah dans les nuées
Fût jaloux de Napoléon !
Hugo, les Châtiments, V, XIII, 5.
16 Aussi bien la conception même du Grand Empire était-elle (…) bien scabreuse (…) disons dès maintenant qu'en renonçant, en 1806, au simple système d'un Empire français enfermé dans des limites assez larges, mais fort de son unité (…) l'Empereur, — si surhumain que fût son génie, — s'exposait non point à se fortifier, mais, en se surmenant, à affaiblir son action.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Vers l'Empire d'Occident, X, p. 137.
Par métonymie. La période du Premier Empire, en France. || Histoire du Consulat et de l'Empire, de Thiers, de Madelin.Appos. || Avoir un salon Empire, des meubles Empire.Le Second Empire : le règne de Napoléon III.Appos. || Des mobiliers Second Empire.
17 (…) J'étais au lit;
Mon pied nu dépassait, et sur le bois poli
Posé comme ces pieds que cisèle Thomire,
Du meuble Médicis faisait un meuble Empire.
Edmond Rostand, l'Aiglon, IV, 7.
6 Ensemble d'États, de territoires relevant d'un gouvernement central. || Empire colonial. || L'Empire français, l'Empire britannique ( Colonie; commonwealth). || L'empire universel rêvé par les dictateurs.
17.1 Déjà, d'ailleurs, la puissance ne se rassemblait plus à l'échelle des nations mais des empires. Vastes et soudés comme des continents, les U. S. A. et la Russie étaient spontanément des empires.
Raymond Abellio, Ma dernière mémoire, t. II, p. 8.
7 État puissant et dominateur; son territoire. || Le partage de l'empire d'Alexandre. || Celui de qui relèvent tous les empires (→ Appartenir, cit. 20). || Fonder un empire (→ Arme, cit. 20). || Apogée, décadence, chute des empires (→ Couler, cit. 23). || Veillons au Salut de l'Empire, chant de guerre composé sous la première République. — ☑ Loc. Pour un empire (après une proposition négative comprenant un verbe d'action ou d'intention au conditionnel ou au subjonctif, au sens de « en aucune façon »). || Je ne céderais pas ma place pour un empire, pour rien au monde.
18 Je n'en eusse quitté ma part pour un empire.
La Fontaine, Fables, XII, 12.
19 Si vous croyez que je vais dire
Qui j'ose aimer,
Je ne saurais, pour un empire,
Vous la nommer.
A. de Musset, le Chandelier, I, 4.
DÉR. V. Empereur, impératrice, impérial, impérialisme.
HOM. Formes du v. Empirer.

Encyclopédie Universelle. 2012.