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enflammé

enflammé, ée [ ɑ̃flame ] adj.
XIIe; de enflammer
1Qui est en flamme. Torche, allumette enflammée. Littér. Brûlant, empourpré (cf. En feu). Joues, pommettes enflammées. « Je marchais à grands pas, le visage enflammé » (Chateaubriand).
2Qui est dans un état inflammatoire. irrité. « Il mouilla dans le broc son mouchoir et l'appliqua sur la zone enflammée » (A. Gide).
3Rempli d'ardeur, de passion. ardent, brûlant, passionné. « Une nature enflammée, violente, aimant les cris » (A. Daudet). Discours enflammé d'un fanatique, d'un militant. Spécialt Il lui avait envoyé une déclaration enflammée. Regards enflammés.
⊗ CONTR. Éteint, blême, 1. froid, tranquille.

⇒ENFLAMMÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de enflammer.
II.— Adjectif
A.— [En parlant d'une matière combustible] Qui est en flammes. Charbon, torche enflammé(e). La lumière d'une triste chandelle (...) l'éclat éblouissant du gaz enflammé ou d'une lampe de « Carcel » (DELÉCLUZE, Journal, 1824, p. 75). La veille de la Saint-Jean, le soir où l'on promène des torches de paille enflammée et des mâts de sapin allumés (LAMART., Tailleur pierre, 1851, p. 545).
P. anal. [En parlant d'une chose quelconque] Qui a les tons chauds et éclatants de la flamme. Nuages enflammés. La fête enflammée de ce plafond où s'enlevait, dans les couleurs de gloire (...) l'apothéose des élus (GONCOURT, Mme Gervaisais, 1869, p. 162). Ce ciel enflammé, où floconnaient de gros nuages rouges, tragiquement beaux (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 69) :
1. Tout autour, une ceinture de bois, que l'automne mûrissait : hêtres de cuivre rouge, châtaigniers blonds, sorbiers aux grappes de corail, flammes des cerisiers aux petites langues de feu, broussailles de myrtils aux feuilles orange, cédrat, brun, amadou brûlé. Tel, un buisson ardent. Et du centre de cette coupe enflammée, une alouette, ivre de grain et de soleil, montait.
ROLLAND, Jean-Christophe, Le Buisson ardent, 1911, p. 1428.
B.— P. ext. Qui est fortement échauffé, brûlant. Climat indigent, rude et enflammé (FROMENTIN, Été Sahara, 1857, p. 158). Ce bout de terre brûlante, cette couche enflammée où les amants s'allongeaient, bouillait étrangement au milieu de ce grand froid muet (ZOLA, Curée, 1872, p. 485).
Spéc., MÉD. [En parlant d'une partie du corps] Qui est affecté d'une inflammation, irrité, tuméfié. Une inflammation locale, comme un furoncle, ou toute autre tumeur enflammée (LAMARCK, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 34). Chaude et douloureuse au début, la tuméfaction transforme toute la région en une masse régulièrement cylindrique (...). Au sein du tissu enflammé apparaissent, soit un foyer étendu de suppuration, soit des abcès multiples (NOCARD, LECLAINCHE, Mal. microb. animaux, 1896, p. 632).
C.— Au fig.
1. [En parlant d'un aspect du comportement] Qui exprime, par son vif éclat, un tempérament ardent ou une impression très forte. Face, joue(s), œil, paupières enflammé(e)(s). Ses regards sont enflammés, son visage rayonnant, une sorte de divine joie étincelle dans toute sa personne, son œil a vu la béatitude infinie (COTTIN, Mathilde, t. 2, 1805, p. 353). Ses paroles (...) si vives, si poignantes, si enflammées, si propres à remuer jusqu'au fond des cœurs (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. 271). L'appel que nous avions rédigé dès les premiers jours du désert, un morceau lyrique, enflammé (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 146) :
2. Le vieillard ne s'interrompait pas de jouer. On eût dit que son violon l'entraînait (...) : était-ce bien là ce petit homme toujours si timide? Était-ce lui, avec ce visage enflammé, ce front que la passion mouillait de sueur, ces effluves de vie ardente et d'âpre enthousiasme?
CHÂTEAUBRIANT, M. des Lourdines, 1911, p. 281.
En partic. Qui exprime un vif amour. Baisers enflammés. Il ne se coucha que vers deux heures du matin, après avoir écrit cinq pages enflammées à la dame de son cœur. Les amants ont la rage d'écrire (FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 67). Elle est pure, sereine, aimable, épanouie; Et j'en ai la prunelle à jamais éblouie; Comme Faune la suit d'un regard enflammé! (HUGO, Légende, t. 4, 1877, p. 824).
2. [En parlant d'une pers., d'un aspect moral de la pers.] Rempli d'ardeur, d'enthousiasme; très vif, intense. Elle était brune de peau, les yeux noirs; hardie et animée, enflammée de langage (VIGNY, Journal poète, 1832, p. 954). À peine libre de sa polémique (...), excité et enflammé comme tout grand esprit le lendemain d'une victoire, au plus fort de son énergie déployée (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 246). Le vertige de la vanité comblée, des hauts et enflammés délires d'orgueil (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 966).
3. [En parlant d'une pers., d'un aspect de son affectivité, de sa sensibilité] Qui est animé d'une vive affection, tendresse, passion. La retraite et la poursuite de deux amants, l'un enflammé, l'autre dédaigneux (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 912). Elle venait chez lui, chaque soir plus enflammée toujours. Elle s'élançait dans ses bras, l'étreignait, défaillait en des baisers exaltés (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Passion, 1882, p. 826) :
3. ... des cœurs plus enflammés et moins étiolés par les mille petits soins de la vanité y trouvent [en Italie] des plaisirs délicieux, même dans les espèces subalternes d'amour. J'y ai vu l'amour-caprice, par exemple, causer des transports et des moments d'ivresse, que la passion la plus éperdue n'a jamais amenés sous le méridien de Paris.
STENDHAL, De l'Amour, 1822, p. 169.
[Avec une valeur symbolique] Des tatouages, cœurs enflammés, poignards croisés (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 278). Le cœur enflammé était alors [au XVIIe s.] dans les œuvres d'art le symbole de l'amour divin (MÂLE, Art relig., 1932, p. 58).
Fréq. abs. littér. :955. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 714, b) 1 540; XXe s. : a) 1 576, b) 825.

Encyclopédie Universelle. 2012.