enrouer [ ɑ̃rwe ] v. tr. <conjug. : 1> ♦ Rendre rauque (la voix). ⇒ érailler. Colère qui enroue la voix. « Une voix hystérique et comme enrouée par l'eau-de-vie » (Baudelaire). — P. p. adj. Voix enrouée. ⇒ 1. voilé. — ÊTRE ENROUÉ, ÉE : être atteint d'enrouement. Je suis enroué depuis hier. Pronom. Il s'est enroué à force de crier. ⊗ CONTR. Éclaircir.
● enrouer verbe transitif (ancien français ro, rauque, du latin raucus) Rendre la voix sourde ou rauque et voilée : La fumée l'a enrouée.
enrouer
v. tr. Rendre rauque, sourde (la voix).
— Pp. adj. Une voix enrouée.
|| v. Pron. S'enrouer à force de crier.
⇒ENROUER, verbe trans.
A.— [Le compl. d'obj. ou le suj. désignent les productions vocales] Rendre rauque et voilé. La colère a enroué sa voix. Anton. désenrouer, éclaircir. Elle cria d'une voix que l'indignation enrouait : — Cosette! (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 491).
— Emploi pronom. Chant, rire qui s'enroue. En répétant d'une voix qui s'enrouait : ... (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 1071). J'ai faim mes cris s'enrouent (APOLL., Alcools, 1913, p. 100).
— P. ext. [Le compl. d'obj. désigne l'appareil vocal] Altérer par une inflammation. L'atmosphère glaciale du salon pénétrait les os, enrouait les gorges (MAUPASS., Une Vie, 1883, p. 98) :
• Le vent froid de la nuit pourrait enrouer vos précieux organes, et quelque modeste que soit ma demeure, vous y serez toujours mieux qu'en plein air.
GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, p. 167.
B.— [Le compl. d'obj. ou le suj. désignent une pers.] Rendre rauque la voix de (quelqu'un). Cette dispute m'a enroué. À manger, criait-il, la piquette m'enroue! (BOUILHET, Melaenis, 1857, p. 142).
— Emploi pronom., plus cour. L'arrivée de nouveaux camions renouvelait la vente. Les crieurs s'enrouaient (HAMP, Marée, 1908, p. 62). Ceci ne va pas sans des accidents vocaux inévitables : dès la fin du premier acte il s'enroue (GRACQ, Beau tén., 1945, p. 106).
♦ P. anal. Produire un son rauque. Dans cette grande plaine où l'autan froid se joue, Où par de longues nuits la girouette s'enroue (BAUDEL., Fl. Mal, 1857, p. 175).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Av. 1150 « devenir rauque » (Lapidaire de Marbode, 132 ds T.-L.). Dér. de l'a. fr. ro (1re moitié XIIe s. ds T.-L.) du lat. class. raucus « rauque »; préf. en-; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 33.
enrouer [ɑ̃ʀwe] v. tr.
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♦ Altérer (la voix), rendre moins nette, moins libre (la voix) qu'à l'ordinaire. ⇒ Enrouement; érailler, voiler. || Enrouer la voix de qqn. — (Compl. n. de personne). Rendre rauque la voix de… || Le brouillard l'a enroué. — Passif, plus cour. || Il est tellement enroué par sa bronchite qu'on l'entend à peine. ⇒ Aphone; et ci-dessous enroué.
1 (…) j'entendis une voix rauque et charmante, une voix hystérique et comme enrouée par l'eau-de-vie (…)
Baudelaire, le Spleen de Paris, « La soupe et les nuages ».
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s'enrouer v. pron.
ÉTYM. (1549).
♦ || S'enrouer à force de crier. || L'avocat parlait depuis deux heures, sa voix commençait à s'enrouer.
2 Vous qui vous êtes enroué tant de fois à le louer.
Racine, Lettres, t. VI, p. 599.
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enroué, ée p. p. adj.
ÉTYM. (XIIe).
♦ || Un chanteur enroué, atteint d'enrouement. || Voix enrouée. ⇒ Éraillé, rauque, sourd, terne, voilé; chat (avoir un chat dans la gorge), rogomme (voix de rogomme).
2.1 — Vous êtes enroué, aussi.
— Enroué ?
— Un peu enroué, oui. C'est pour cela que je ne reconnais pas votre voix.
Ionesco, Rhinocéros, p. 143.
♦ Par anal. || Les sons enroués d'un vieux phono.
♦ Par métonymie. || Instrument de musique enroué.
3 (La discorde) d'un cor enroué fait sonner en ces lieux
La fureur des Français et le courroux des cieux.
Corneille, Poésies diverses, 211.
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CONTR. Désenrouer, éclaircir.
DÉR. Enrouement.
Encyclopédie Universelle. 2012.