érailler [ eraje ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1690; esraailler « rouler les yeux » v. 1190 jusqu'au XVIIe, avec infl. de rayer; de l'a. fr. roellier, lat. pop. °roticulare, de rota « roue »
1 ♦ Déchirer superficiellement. ⇒ écorcher, érafler, rayer. Érailler du bois, du cuir, une étoffe. Pronom. Cette étoffe commence à s'érailler.
2 ♦ (1856) Rendre rauque (la voix). Le tabac lui éraille la voix. S'érailler la voix à crier. Pronom. « Sa voix à des chansons de carrefour s'éraille » (Hugo).
● érailler verbe transitif (ancien français esröeillier, du latin populaire roticulare, rouler des yeux) Relâcher, écarter les fils d'un tissu : Un veston éraillé. Écorcher, déchirer superficiellement : Érailler sa carrosserie. Rendre la voix rauque. ● érailler (difficultés) verbe transitif (ancien français esröeillier, du latin populaire roticulare, rouler des yeux) Conjugaison Attention au groupe -illi- aux première et deuxième personnes du pluriel, à l'indicatif imparfait et au subjonctif présent : (que) nous éraillions, (que) vous érailliez.
érailler
v. tr.
d1./d érafler, entamer la surface de.
— Pp. adj. Une peinture éraillée.
|| v. Pron. Le fauteuil de cuir commence à s'érailler.
d2./d Rendre rauque (la voix).
— Pp. adj. Voix éraillée.
I.
⇒ÉRAILLER1 (S'), verbe pronom.
Vx, rare. [Le suj. désigne les yeux] Se retourner. Au moindre mouvement (...) ses yeux bordés d'un cercle rouge, s'éraillent (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 63).
Prononc. et Orth. :[], (j')éraille []. DUB. transcrit [a] seul, cf. -ailler. Ds Ac. 1694 et 1718, s.v. esrailler. Ds Ac. 1740-1932 sous la graph. moderne. Étymol. et Hist. Cf. érailler2. Fréq. abs. littér. :1.
II.
⇒ÉRAILLER2, verbe trans.
A.— 1. Emploi trans. Tirer les fils (d'un tissu) en les rompant ou en les distendant. Érailler de la soie, du satin (Ac. 1932).
— P. ext. Entamer superficiellement la surface de (quelque chose). Synon. rayer, érafler. La cange glisse lentement, en éraillant avec bruit ses parois contre la tête des récifs (DU CAMP, Nil, 1854, p. 123). Pencroff n'avait pas appuyé assez vivement, craignant d'érailler le phosphore (VERNE, Île myst., 1874, p. 42).
2. Emploi pronom. à sens passif. [Le suj. désigne une étoffe, un tissu, un obj. fait de tissu] S'effiler, se déchirer superficiellement. Il s'était engagé sur l'arbre à califourchon (...) aux dépens de sa culotte dont le fond s'éraillait aux rugosités de l'écorce (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 410). Mme Astier l'avait soigneusement visité (...) cet habit de cérémonie. La soie des palmes s'éraillait, la doublure ne tenait plus (A. DAUDET, Immortel, 1888, p. 37).
— P. ext. [Le suj. désigne une chose considérée du point de vue de sa surface] S'écailler, se couvrir de rayures. Les invités se montraient du coude les fenêtres poussiéreuses, les taches sur les lambris, la peinture s'éraillant (FLAUB., Bouvard, t. 2, 1880, p. 75).
♦ Spéc. Se rider, se crevasser. Le roi du Magne a vu, le long de sa muraille, Ces têtes, dont la peau se dessèche et s'éraille, Blanchir, chacune au clou qui s'enfonce au travers (LECONTE DE LISLE, Poèmes trag., 1886, p. 65).
B.— P. anal. et au fig., usuel
1. Emploi trans. Rendre (la voix) rauque ou voilée. Elle répond d'une voix qu'éraille l'alcool (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 123) :
• 1. ... à plus de soixante-dix ans d'âge, elle pouvait encore chanter « Faust », mais elle prenait des précautions... elle se gavait de boules de gomme pour pas s'érailler la voix...
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 128.
— [Le compl. désigne l'organe vocal] Il parlait, parlait parlait, ne s'interrompant guère que lorsque le râclement d'un râle éraillait sa gorge (MARAN, Batouala, 1921, p. 180).
— [Le compl. désigne une production sonore] Éraillant les sons, déhanchant le rythme, avec des staccati canailles (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 211). Les trompettes (...) éraillent (...) le Glaubensthema (WILLY, Mouche des croches, 1894, p. 135).
2. Emploi pronom. à sens passif. [En parlant de la voix] Devenir rauque ou voilée :
• 2. « J'ai entendu Gambetta avec sa voix pleine, sonore, aux accents cuivrés, très belle sauf quand il la forçait. Alors elle s'éraillait. Il était très inégal, mais faisait un effet quasi mécanique sur l'assemblée. »
BARRÈS, Cahiers, t. 10, 1913, p. 235,
Rem. On rencontre ds la docum. une attest. de l'adj. érailleur. euse. [En parlant d'un cor de chasse] Sa trompe érailleuse (CÉLINE, op. cit., p. 672).
Prononc. et Orth. Cf. érailler1. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1220 esraaillier les ielz « rouler les yeux en signe de colère » (Perlesvaus, éd. W. A. Nitze et T. A. Jenkins, 9103); ca 1223 esraaillié « furieux » (G. DE COINCI, éd. V. F. Kœnig, I Mir. 44, 134); b) 1493 spéc. méd. « dont le bord est retourné (d'un œil) » (Kalend. des berg., p. 143 ds GDF. Compl.); 2. 1690 « relâcher les fils d'un tissu » (FUR.); 3. 1690 « écorcher superficiellement » (ibid.); 4. a) 1833 voix éraillées (BOREL, Champavert, p. 66); b) 1846 s'érailler (en parlant de la voix) (FLAUB., Corresp., p. 21). Altération de esröeillier (soi) « rouler les yeux (en signe de colère) » (1er tiers du XIIIe s. ds T.-L.), dér. de roeillier « id. » (ca 1130, ibid.) cf. roeillier les ueilz « id. » (ibid.) prob. sous l'infl. de raillier « aboyer, parler en fanfaron » (ca 1200, v. railler) cf. raillier les ex « rouler les yeux » (ca 1260, Beaudous, 2034 ds T.-L.) et ieus raillans « yeux éraillés » (début XIIIe s., P. DE BEAUVAIS, Bestiaire ds GDF., s.v. röeillier), Röeillier représente en lat. vulg. roticulare, dér. de rotare « rouler ». Fréq. abs. littér. :23. Bbg. MEIER (H.). Lateinisch rotundus und seine Familie in Vierfacher romanischer Gestalt. In : Vermischte Beiträge. 1. Heidelberg, 1968, p. 75. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 193, 194.
érailler [eʀɑje] v. tr.
ÉTYM. V. 1190, de l'anc. v. esraailler « rouler les yeux », jusqu'au XVIIe, avec infl. de rayer; de l'anc. franç. roellier, du lat. pop. roticulare, de rota « roue ».
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1 Vx. Rouler (les yeux).
2 (1690). Relâcher, écarter, défaire les fils de (un tissu). ⇒ Effiler. || Érailler de la soie. — Pron. || Le satin commence à s'érailler.
1 Il (le croissant) éraillerait la serge de ma robe (…)
Baudelaire, Trad. E. Poe, Nouvelles histoires extraordinaires, « Le puits et le pendule ».
3 (1690; infl. de rayer). Déchirer superficiellement. ⇒ Écorcher, érafler. || Érailler du bois, du cuir. — Pronominalt :
1.1 Je veux dire que le glaçon s'use rapidement au frottement des eaux accru par sa vitesse. Il s'éraille, il se casse, et, depuis que nous avons mis à la voile, il a diminué d'un tiers.
J. Verne, le Pays des fourrures, t. II, p. 319.
4 (1856). Rendre rauque (la voix). || Le tabac lui éraille la voix. — Pron. || S'érailler la voix à crier.
2 Sa voix à des chansons de carrefour s'éraille.
Hugo, les Contemplations, V, III, II.
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éraillé, ée p. p. adj.
1 (1493). Vx. || Des yeux éraillés, dont la paupière est renversée.
3 Ectropion : œil éraillé, quand la paupière inférieure par cicatrice, ou autre occasion, se renverse et ne peut couvrir son blanc (…)
♦ Mod. Injecté de sang (ce sens marque l'infl. du sens 2. ci-dessous; sens 3. du verbe).
4 (…) ce chien noir, il est tout aussi beau que l'enfant; il est vivant; il a les yeux éraillés de la vieillesse (…)
Diderot, Salon de 1769, La petite fille en camisole.
2 (XIXe). Qui présente des rayures, des déchirures superficielles. || Tissu éraillé par usure. Mar. || Cordage éraillé, qui commence à s'user par frottement. || Meuble, mur éraillé.
5 (…) au delà s'enfonçait la rue sombre, muette, déserte, avec ses façades noires éraillées de projectiles, et montrant les cicatrices toutes fraîches du combat (…)
Th. Gautier, Souvenirs de théâtre, p. 235.
♦ Couvert d'éraflures. || Un ongle éraillé.
6 (…) une voix éraillée, nasillarde, qui, par instants, grimpait au fausset pour lancer un trait de satire, unmot à l'emporte-pièce.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 130.
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DÉR. Éraillant, éraillement, éraillure.
Encyclopédie Universelle. 2012.