épanchement [ epɑ̃ʃmɑ̃ ] n. m.
• 1605; de épancher
1 ♦ Vx ou poét. Déversement, écoulement. « Féconds épanchements de pluie et de rosée » (P. Corneille).
2 ♦ Mod. Déversement d'un liquide organique ou accumulation de liquide pathologique dans les tissus ou dans une cavité. ⇒ ascite, empyème, hématome, hémorragie, infiltration, œdème; -rragie. Épanchement pleural. ⇒ pleurésie. Épanchement synovial (cour. de synovie). ⇒ hydarthrose.
3 ♦ Fig. Action de s'épancher; communication libre et confiante de sentiments, de pensées intimes. ⇒ abandon, confidence, effusion, expansion. Doux, tendres épanchements. ⇒ aveu. Avoir besoin d'épanchement. « Une de ces heures d'épanchement total, où deux âmes de jeunes hommes, préparées par l'amitié, s'étreignent spontanément et se pénètrent » (Martin du Gard).
⊗ CONTR. Réserve.
● épanchement nom masculin Présence de liquide ou de gaz dans une cavité naturelle (péritoine, plèvre, péricarde, articulation, bourse) qui, normalement, n'en contient pas. Fait de s'épancher, communication des pensées, effusion des sentiments : Les épanchements du cœur entre amis. ● épanchement (expressions) nom masculin Épanchement volcanique, étalement des laves d'un volcan. ● épanchement (synonymes) nom masculin Fait de s'épancher, communication des pensées, effusion des sentiments
Synonymes :
- abandon
- effusion
Contraires :
- réserve
- retenue
- silence
épanchement
n. m.
d1./d MED Présence anormale de gaz ou de liquide dans une région du corps. épanchement de synovie.
d2./d Fig. Effusion de sentiments. Les tendres épanchements de l'amitié.
⇒ÉPANCHEMENT, subst. masc.
A.— Vieilli. Action d'épancher (un liquide); fait de s'épancher, de couler. Synon. déversement. Les arroseurs, (...) délayaient le crottin dans de vastes épanchements d'eau (ROMAINS, Copains, 1913, p. 77). Une rive ainsi appelle, pour se rafraîchir, l'épanchement des vagues de la mer (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 515).
— P. métaph. Ici a commencé pour moi ce que j'appellerai l'épanchement du songe dans la vie réelle (NERVAL, Aurélia, 1855, p. 254).
— Emplois spéc.
♦ MÉD. Collection liquide ou gazeuse dans un endroit inhabituel du corps. Épanchement abondant, pleural; épanchement au cerveau, au cœur. L'épanchement humoral est abondant (MARTIN DU G., Gonfle, 1928, I, 5, 1928, p. 1185). Mon genou est douloureux, je crains d'avoir un épanchement de synovie (MONTHERL., Lépreuses, 1939, p. 1389). V. connexion ex. 3 :
• 1. En un mot, voici ce que j'ai : fêlure du péroné et entorse considérable. L'inflammation de l'articulation n'est plus à craindre. Mais les premiers jours j'ai eu un épanchement de sang considérable. Dans quinze jours je pourrai me lever.
FLAUBERT, Corresp., 1879, p. 194.
♦ VULCANOLOGIE. Émission de matières volcaniques; résultat de cette émission. Synon. éruption. Les épanchements de matières volcaniques ne sont pas toujours désastreux (VERNE, Île myst., 1874, p. 550). Le basalte est une roche d'épanchement, qui a coulé en grandes nappes régulières (LAPPARENT, Abr. géol., 1886, p. 122).
— P. ext. Fait de se répandre largement. Dans l'ombre qui est fraîche, on contemplerait les merveilleux épanchements du soleil (TAINE, Voy. Ital., t. 2, 1866, p. 299).
B.— Au fig. Fait de donner libre cours à ses sentiments les plus intimes, de se confier en toute liberté et sincérité. Épanchements de l'amitié; doux, longs, tendres épanchements; se livrer à des épanchements. (Quasi-)synon. effusion. Où est notre confiance, notre mutuel épanchement, notre liberté d'allée et de venue, notre causerie intarissable sans arrière-pensée? (HUGO, Corresp., 1831, p. 494). De l'abandon, poussé quelquefois jusqu'aux épanchements intimes (VOGÜÉ, Morts, 1899, p. 384) :
• 2. ... la différence — que mon analyse aura à préciser — entre les deux mots : effusion et épanchement : effusion (...) étant comme une aspiration lumineuse, une montée de rayons vers l'au-delà; épanchement étant ce surplus, ce luxe qui choit du cœur à la façon d'une larme comblée.
DU BOS, Journal, 1924, p. 226.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1605 [éd.] « action de répandre un liquide » espanchement de vin (LE LOYER, Hist. des spectres, V, 7 ds HUG.); en partic. 1671 pathol. « extravasion d'un liquide dans une cavité du corps qui n'est pas destinée à le contenir » (NICOLE, Ess. de mor., 1er traité, ch. 4 ds LITTRÉ); 2. 1606 « action de confier à quelqu'un ses sentiments, ses pensées » (Fr. de Sales ds DELB. Rec. ds DG). Dér. du rad. de épancher; suff. -(e)ment1. Fréq. abs. littér. :341. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 762, b) 833; XXe s. : a) 190, b) 238.
épanchement [epɑ̃ʃmɑ̃] n. m.
ÉTYM. 1605; de épancher.
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1 Vx ou poét. Action d'épancher (un liquide); fait de s'épancher, de couler. ⇒ Déversement, écoulement, effusion (1.). || L'épanchement du vin dans les libations. || L'épanchement d'une source (→ Cataracte, cit. 4).
1 Féconds épanchements de pluie et de rosée,
Bénissez le seigneur.
Corneille, l'Office de la Vierge, XVII.
2 Mais où sont ces vives ardeurs ?
Où cette amoureuse tendresse ?
Où cet épanchement de pleurs ?
Corneille, l'Imitation de J.-C., IV.
♦ Par ext. Action de répandre, de se répandre largement.
3 Tel est l'épanchement de tes nouveaux bienfaits.
Corneille, Poésies diverses, XI.
4 (…) le prodigieux épanchement de ses rayons (du soleil).
Bossuet, Traité de la connaissance de Dieu, IV, 9.
2 Mod. Déversement (d'un liquide organique) ou accumulation (de liquide pathologique) dans les tissus ou dans une cavité. ⇒ Ascite, empyème, hématome, infiltration, œdème; suff. -rragie. || Épanchement de sang. ⇒ Hémorragie. || Épanchement synovial (cour. : de synovie). ⇒ Hydarthrose. — Méd. || Épanchement pleural. ⇒ Pleurésie. || Épanchement chyleux, lactescent, tuberculeux.
3 (1606). Fig. et cour. Action de s'épancher; communication libre et confiante de sentiments, de pensées intimes. ⇒ Abandon, confidence, effusion, expansion. || Doux, tendres épanchements. ⇒ Aveu. || Épanchements de l'amitié. || Avoir besoin d'épanchement. → Avoir le cœur (cit. 135) sur les lèvres. || Arrêter ses épanchements (→ Compassé, cit. 3). || La solitude l'a déshabitué (cit. 2) des épanchements. — Épanchements de cœur, du cœur.
5 Quand on sent vraiment que le cœur parle, le nôtre s'ouvre pour recevoir ses épanchements; et jamais toute la morale d'un pédagogue ne vaudra le bavardage affectueux et tendre d'une femme sensée pour qui l'on a de l'attachement.
Rousseau, les Confessions, V.
6 Nous nous tenions un peu à l'écart pour ne pas gêner l'épanchement de cœur de nos hôtes.
Lamartine, Graziella, I, XIII.
7 (…) vous ne vous refusez ni à l'aveu de vos souffrances, ni à l'épanchement, ni aux conseils bons ou inutiles qu'on tâche de vous donner comme remèdes.
Sainte-Beuve, Correspondance, t. I, p. 361.
8 (…) une de ces heures d'épanchement total, où deux âmes de jeunes hommes, préparées par l'amitié, s'étreignent spontanément et se pénètrent.
Martin du Gard, Jean Barois, I.
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CONTR. Réserve, repli (sur soi-même), silence.
Encyclopédie Universelle. 2012.