épauler [ epole ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1599; « rompre l'épaule » 1228; de épaule
1 ♦ Aider (qqn) dans sa réussite. ⇒ aider, assister, soutenir. Je vous épaulerai auprès du ministre. ⇒ appuyer, recommander. — S'ÉPAULER v. pron. (récipr.). Sans renoncer « à notre indépendance, nous pourrions nous épauler, à un moment décisif » (Romains ). ⇒ s'entraider.
2 ♦ (1822) Appuyer contre l'épaule. Épauler un fusil, une carabine, pour viser et tirer (cf. Coucher, mettre en joue). Épauler le poids, avant de le lancer.
♢ Absolt Épauler sans tirer. « “j'épaule comme un pied”, pensa Rabe. Il ajusta de nouveau le capitaine et tira sans le toucher » (Mac Orlan).
3 ♦ Techn. Amortir la poussée de (qqch.) par une maçonnerie pleine. Mur de soutènement qui épaule un remblai.
4 ♦ Mettre des épaulettes (3o) à (un vêtement). — P. p. adj. Cette veste est trop épaulée.
5 ♦ Intrans. Chorégr. Faire un épaulement.
● épauler verbe transitif Aider quelqu'un dans une entreprise difficile ; soutenir, assister : Il a besoin de se sentir épaulé. Appuyer une arme à feu contre son épaule pour tirer ; mettre en joue. Amortir une poussée par la construction d'un massif de maçonnerie qui augmente la base de sustentation d'un ouvrage. Établir l'épaulement d'un tenon. Garantir une bouche à feu par un épaulement. ● épauler (expressions) verbe transitif Épauler la lame, l'aborder obliquement par l'avant. ● épauler (synonymes) verbe transitif Aider quelqu'un dans une entreprise difficile ; soutenir, assister
Synonymes :
- appuyer
- assister
- pistonner (familier)
- secourir
● épauler
verbe intransitif
En chorégraphie, effacer une épaule en arrière en avançant l'autre vers le public.
épauler
v. tr.
d1./d Aider, soutenir. Il a été épaulé efficacement par ses relations.
|| v. Pron. Entre amis, ils se sont épaulés.
d2./d Appuyer (une arme) contre son épaule pour viser, tirer. épauler un fusil.
|| Absol. épauler et tirer.
d3./d CONSTR Soutenir par un épaulement.
⇒ÉPAULER, verbe trans.
I.— Vx. Rompre, démettre l'épaule d'un quadrupède et surtout d'un cheval, ou le blesser à l'épaule. Je lui avais prêté mon cheval, il l'a épaulé (Ac.).
— Emploi pronom. réfl. Ce cheval s'est épaulé (Ac.).
II.— [Le procès met en jeu le concept d'épaule dans une de ses acceptions]
A.— ARM. Appliquer le talon de la crosse d'un fusil, d'une carabine au creux de l'épaule pour tirer. Le prince fit le geste d'épauler son fusil (BOURGET, Tapin, Deux épis., 1928, p. 256).
— Absol. Il [le soldat] épaula, fit feu, jeta son fusil à terre avec désespoir et se mit à pleurer (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 368).
— Fam., rare. Mettre en joue. Comme ils s'estimaient sauvés, (...) ils allèrent cogner contre un garde-chasse qui commençait sa tournée, et qui les épaula aussitôt (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 245).
♦ Épauler (un objet). Appliquer au creux de l'épaule à la manière d'un fusil. Tombant en arrêt d'un double coup de talon qui fit fumer les planches, Tartarin, épaulant son piolet en arbalète, se campa (A. DAUDET, Tartarin Alpes, 1885, p. 78).
B.— CHORÉGR., emploi intrans. Effacer une épaule vers l'arrière en avançant l'autre vers le public. Épauler à droite. Effacer l'épaule droite. Cet exercice [contretemps sauté, en raccourci] peut se terminer soit de face, épaulé à droite ou épaulé à gauche (MEUNIER, Danse class., 1931, p. 178).
C.— HALTÉROPHILIE. Épauler une barre. L'amener d'un seul temps à hauteur des épaules. Le développé consiste à épauler une barre et à la porter à bras tendus au-dessus de sa tête, sans aucun temps de jambes ou de reins (Œuvre, 27 févr. 1941).
D.— MAR. [Le suj. désigne un bateau] Épauler la lame ou la mer. ,,Prendre la mer un peu par le travers, par l'épaule et non nettement par l'avant`` (LE CLÈRE 1960). Cf. VERCEL, Remorques, p. 87 ds ROB. Suppl. 1970.
III.— [Avec l'idée de soutenir, à la manière de l'épaule]
A.— [Le suj. et le compl. désignent gén. des choses] Soutenir pour empêcher de tomber ou de s'écrouler. L'armoire, plaquée contre la porte (...) je la leste de tout ce qui me tombe sous la main. La table, le lit, les chaises viennent l'épauler (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 194). Une digue en terre sera (...) constituée d'un noyau en limon argileux épaulé par deux remblais de sable (THALLER, Houille blanche, 1952, p. 46).
♦ Emploi pronom. réciproque et réfl. [Des maisons] (...) qui ont l'air de s'épauler les unes les autres pour se tenir debout (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p. 3). Une vraie colline prisonnière qui s'épaulait à l'est sur un pesant débris de l'enceinte construite par Philippe-Auguste (DUHAMEL, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 8).
— Spécialement
♦ ARCHIT. ,,Amortir une poussée dans la construction par une maçonnerie massive`` (VOGÜÉ-NEUFVILLE 1971) :
• 1. ... la fenêtre du rez-de-chaussée, (...) doit être solidement close (...). Les piédroits sont en pierre formant deux saillies (...) extérieures qui épaulent les gaines en tôle...
VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872, p. 316.
Emploi pronom. réciproque :
• 2. ... grâce à la manière dont les constructions du bâtiment principal se contrebutent et s'épaulent, ...
VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872 p. 289.
♦ ART MILIT. Épauler des troupes. ,,Les mettre à couvert du canon par un épaulement`` (Ac.). Emploi pronom. Les troupes s'épaulèrent à l'aide de sacs de terre (DG).
♦ CHARPENT. ,,Diminuer la largeur d'un tenon, pour qu'elle soit égale à celle de la mortaise`` (CHESN. 1857).
B.— [Le compl. désigne une pers.]
1. Soutenir quelqu'un physiquement pour l'empêcher de tomber. Pour la première fois, Kate reposait contre un corps robuste qui l'épaulait, la gardait du vide, veillait sur elle (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 165).
— Emploi pronom. réfl. Elle [Désirée] s'épaula contre Auguste (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 142). Il aperçut s'épaulant contre un réverbère un homme qu'il crut reconnaître (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 212).
2. Soutenir, aider quelqu'un moralement et matériellement dans une tâche à accomplir. C'est vers vous tous que je me tourne, camarades : (...) vers ceux qui m'épaulèrent dans ma tâche et ma vocation (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 10). Les forces américaines, celles de la Grande-Bretagne et du Canada épauleraient l'armée européenne dans le cadre de la sécurité commune (Monde, 19 janv. 1952, p. 3, col. 1).
— Emploi pronom. réciproque. Ils s'aimeront de s'épauler l'un l'autre et de bâtir ensemble (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p. 563).
C.— Au fig. Soutenir, renforcer une théorie, un fait. Un élément capital venait épauler les traditions populaires et leur donnait une cohésion, une solidité, qui manquaient tout à fait pour l'âge patriarcal (RENAN, Hist. peuple Isr., t. 2, 1889, p. 223). Haudouin, conscient d'épauler les bonnes mœurs, dénonçait le péché avec une certaine verve, en appelant les choses par leurs noms (AYMÉ, Jument, 1933, p. 26).
— Emploi pronom. réfl. et réciproque. L'école de Mithridate (...) s'épaulait sur cette unique idée que la bataille est une confusion, où il s'agit, au point essentiel et au moment convenable, de disposer de la supériorité brute et quantitative (L. DAUDET, Sylla, 1922, p. 26). Tout s'épaule, s'équilibre dans leurs œuvres [de Villon, de Baudelaire, de Verlaine] (CARCO, Nost. Paris, 1941, p. 144).
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. épauleur. Homme qui épaule un fusil. P. métaph. Il arrive ce phénomène que l'art fourmille d'épauleurs excentriques. (...) Il leur arrive de tirer juste, mais avant tout, ils épaulent. C'est alors, puisque nous visitions un labyrinthe, une sorte de romantisme classique (COCTEAU, Poés. crit. I, 1959, p. 20).
Prononc. et Orth. :[epole], (j')épaule [epo:l]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 « briser, démettre l'épaule (surtout d'un animal) » (Chevalier cygne, 166 ds T.-L.); 2. 1404 techn. « soutenir, appuyer » (A. S.-et-M., H 98 ds GDF. Compl.). Dénominatif de épaule; dés. -er. Fréq. abs. littér. :86. Bbg. Archit. 1972, p. 86. — ROG. 1965, p. 25.
épauler [epole] v. tr.
ÉTYM. V. 1200, espauler; de épaule.
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A V. tr.
1 Vx. Rompre, démettre l'épaule de; blesser à l'épaule (un animal). || Épauler un sanglier. — Pron. || Ce cheval s'est épaulé.
2 (1822). Appuyer (qqch.) contre l'épaule. || Épauler un fusil, une carabine, pour viser et tirer. ⇒ Joue (coucher, mettre en joue). → Découvert, cit. 1. — Absolt. Mettre en joue (avec un fusil). || Épauler le poids, avant de le lancer.
1 Il se retourna, épaula son fusil et appuya sur la gâchette. La crosse lui heurta la mâchoire. « J'épaule comme un pied », pensa Rabe. Il ajusta de nouveau le capitaine et tira sans le toucher.
P. Mac Orlan, Quai des Brumes, p. 180.
3 (1599). Aider (qqn) dans sa réussite. ⇒ Assister, soutenir. || Épauler qqn de tout son crédit. || Je vous épaulerai auprès du ministre. ⇒ Appuyer, recommander. || Il est fortement épaulé par son entourage. — Pron. || Ils sont toujours prêts à s'épauler les uns les autres (→ Besoin, cit. 74; communauté, cit. 2).
2 C'est bien la moindre chose que nous devions faire, que d'épauler de nos louanges le vengeur de nos intérêts.
Molière, l'Impromptu de Versailles, 5.
3 Il me semble que, sans renoncer ni les uns ni les autres à notre indépendance, nous pourrions nous épauler, à un moment décisif.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XXII, p. 295.
♦ Par analogie :
4 (…) les livres de Balzac peuvent sans doute se lire séparément, mais ils s'épaulent, s'opposent et se complètent l'un l'autre pour constituer finalement un ensemble unique, dont l'achèvement et les correspondances font une création d'une extraordinaire originalité.
Émile Henriot, les Romantiques, p. 327.
♦ (1671). Spécialt (milit.). Soutenir l'action de (une troupe) par des renforts ou des protections.
4 (1690). Garantir par un épaulement. || Épauler des troupes, les mettre à l'abri du feu de l'ennemi. || Épauler une tranchée, en élevant un parapet.
5 (1838). Techn. Diminuer la largeur de (un tenon) pour qu'elle soit égale à la largeur de la mortaise. — Amortir la poussée de (qqch.) par une maçonnerie pleine. || Mur de soutènement qui épaule un remblai.
♦ Par analogie (sujet n. chose) :
5 Les talus qui épaulaient ces rochers et d'où ils sortaient presque nus étaient recouverts de forêts (…)
J. Giono, le Hussard sur le toit, p. 14.
6 Cout. Mettre des épaulettes de rembourrage à. || Épauler une veste, une robe.
7 (1948). Mar. || Épauler la lame, l'aborder obliquement par l'avant.
6 Il avait pris la cape, dérivait obliquement, en crabe, puis, arrivé au bout de son parcours, il remontait sa dérive à petite allure, épaulait la lame à trois quarts du vent et son avant robuste lui frayait une route (…)
Roger Vercel, Remorques, p. 87.
B Intrans.
1 (1903). Sport. Exécuter le mouvement de l'épaulé, aux haltères.
2 Danse. Avancer une épaule dans la direction du public, en effaçant l'autre.
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épaulé, ée p. p. adj.
1 Vx. Dont l'épaule a été démise (animal); blessé à l'épaule. — ☑ Loc. fig. (vx). Bête épaulée : fille qui n'est plus vierge; personne niaise.
2 Arme épaulée, bien, mal épaulée. → Mise en joue.
3 Gens bien épaulés, aidés, soutenus.
4 Techn. || Maçonnerie épaulée. — Qui s'appuie de l'épaule. || Épaulé au mur.
5 Cout. || Veste bien, trop épaulée.
6 N. m. || Un épaulé. ⇒ Épaulé, n. m.
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DÉR. Épaulé, épaulé-jeté, épaulement.
HOM. Épaulé, épaulée.
Encyclopédie Universelle. 2012.