appuyer [ apɥije ] v. <conjug. : 8> I ♦ V. tr.
1 ♦ Soutenir ou faire soutenir, supporter. Appuyer une chose par une autre. ⇒ maintenir, soutenir, tenir. Appuyer un mur par des arcs-boutants, des contreforts. ⇒ arc-bouter, 2. buter, contrebuter, épauler, étayer .
♢ Appuyer (une chose) contre, à, la placer contre une autre qui lui serve d'appui. ⇒ appliquer. Appuyer une échelle contre un mur, son dos contre une porte, à la balustrade. ⇒ adosser.
♢ Appuyer (qqch.) sur... ⇒ mettre, poser. Appuyer ses coudes sur la table. ⇒ s'accouder. Appuyer sa tête sur un fauteuil. ⇒ accoter; appuie-tête. « Atala appuyait une de ses mains sur mon épaule » (Chateaubriand).
2 ♦ (Abstrait) Soutenir, rendre plus ferme, plus sûr. Appuyer de (vieilli), sur... ⇒ baser , fonder (cf. Faire reposer). Appuyer ses dires sur des raisons, des preuves valables. ⇒ confirmer, corroborer, fortifier, renforcer. Nestor « lui donnait des instructions qu'il appuyait de divers exemples » (Fénelon).
3 ♦ Fournir un moyen d'action, une protection, un soutien à (qqn, qqch.). Appuyer qqn. ⇒ aider, encourager, 1. patronner, protéger, recommander. Appuyer un candidat à une élection. ⇒ soutenir. — Appuyer la demande, la proposition, la candidature de qqn. ⇒ pistonner.
♢ Milit. Appuyer une attaque par un tir d'artillerie, par l'aviation. ⇒ soutenir.
4 ♦ Appliquer, presser (une chose sur, contre une autre). Appuyer le pied sur la pédale. Terrasser son adversaire et lui appuyer le genou sur la poitrine. « Son cœur battait si fort qu'elle y avait appuyé sa main et n'osait plus la retirer » (Martin du Gard).
II ♦ V. intr.
1 ♦ Être soutenu; être posé sur. La voûte appuie sur les arcs-boutants. ⇒ 1. porter, 1. reposer, retomber.
2 ♦ Peser plus ou moins fortement sur. ⇒ peser, presser. Appuyer sur un levier. Médecin qui appuie sur l'endroit sensible. Appuyer sur l'accélérateur, le champignon. Appuyez sur le bouton. Absolt Appuyez fort. Appuyer sur la détente. — Équit. Ce cheval appuie sur le mors (absolt il appuie),il porte la tête basse et pèse sur le mors.
3 ♦ Émettre avec force, mettre l'accent sur (un élément par rapport à l'entourage). Mus. Appuyer sur une note. — Appuyer sur un mot en parlant. « La façon dont il appuyait sur certaines voyelles, sur les diphtongues » (Martin du Gard). ⇒ accentuer.
4 ♦ Fig. Insister avec force. ⇒ s'appesantir, souligner. Il a appuyé sur l'aspect, le caractère primordial de cette question. Il vaut mieux ne pas appuyer là-dessus. — Absolt « Cet art sobre qui [...] n'appuie pas » (Proust).
5 ♦ Prendre une direction. Appuyez sur la droite, à gauche. ⇒ se diriger.
III ♦ S'APPUYER v. pron. réfl. (1080)
1 ♦ S'aider, se servir comme d'un appui, d'un soutien. S'appuyer sur des béquilles, une canne. Appuyez-vous sur mon bras. S'appuyer au mur, à la rampe. ⇒ se tenir. S'appuyer fortement à un mur pour exercer une poussée. ⇒ s'arc-bouter. « il s'était appuyé contre un arbre pour ne pas tomber » (Maupassant).
2 ♦ Faire fond sur qqn, sur qqch. (Personnes) Vous pouvez vous appuyer entièrement sur lui. ⇒ compter, se reposer. Danton « s'appuie sur les vérités d'expérience » (Barthou). « Il s'était appuyé sur elle, sur l'assurance qu'elle lui avait donnée... » (F. Mauriac). Il s'appuie sur sa propre expérience. ⇒ se baser, se fonder, se référer. (Choses) Sur quoi s'appuient vos soupçons ? ⇒ 1. reposer.
3 ♦ Fam. S'appuyer une corvée : faire qqch. par obligation, contre son gré. ⇒ subir, 1. supporter, fam. se taper. Il « s'était appuyé toutes les courses » (Céline). « S'appuyer un pareil métier » (Barbusse). S'appuyer qqn, devoir le supporter. ⇒ se faire , se farcir.
⊗ CONTR. Enlever, ôter, retirer. — 1. Lâcher. — Opposer (s'), refuser, réfuter, rejeter. — Effleurer, glisser, négliger.
● appuyer verbe transitif (latin médiéval appodiare, du latin classique podium, plate-forme) Placer quelque chose contre quelque chose qui lui sert de support : Appuyer son dos au mur. Appliquer une chose sur une autre en pressant, en pesant : Appuyer un doigt à l'endroit douloureux. Fonder, établir quelque chose (abstrait) sur quelque chose d'autre : Appuyer une accusation sur des témoignages. Soutenir quelqu'un, une action, un projet, les approuver, les aider de son crédit, de son influence : Appuyer une proposition de loi. Bâtiment Soutenir par le moyen d'un appui, d'un étai. Marine Haler, raidir un cordage pour soutenir la pièce à laquelle il est fixé. Militaire Apporter une aide à une troupe par le feu ou la manœuvre. ● appuyer (difficultés) verbe transitif (latin médiéval appodiare, du latin classique podium, plate-forme) Conjugaison Attention au i après le y aux première et deuxième personnes du pluriel, à l'indicatif imparfait et au subjonctif présent : (que)nous appuyions, (que)vous appuyiez. Construction Appuyerqqch à, contre, sur : s'appuyer aux meubles ; appuyer une échelle contre un mur ; appuyer la tête sur ses mains. ● appuyer (expressions) verbe transitif (latin médiéval appodiare, du latin classique podium, plate-forme) Appuyer les chiens, les encourager de la trompe ou de la voix. ● appuyer (homonymes) verbe transitif (latin médiéval appodiare, du latin classique podium, plate-forme) ● appuyer (synonymes) verbe transitif (latin médiéval appodiare, du latin classique podium, plate-forme) Placer quelque chose contre quelque chose qui lui sert de support
Synonymes :
- accoter
- adosser
- poser
Appliquer une chose sur une autre en pressant, en pesant
Synonymes :
- fixer
Contraires :
- enlever
- ôter
- relever
- retirer
- soulever
Fonder, établir quelque chose (abstrait) sur quelque chose d'autre
Synonymes :
- asseoir
- fonder
Soutenir quelqu'un, une action, un projet, les approuver, les aider...
Synonymes :
- assister
- épauler (familier)
- pistonner (familier)
- pousser
- protéger
- soutenir
Contraires :
- délaisser
- lâcher (familier)
- laisser tomber (familier)
- négliger
Bâtiment. Soutenir par le moyen d'un appui, d'un étai.
Synonymes :
- épauler
- étançonner
- étayer
Militaire. Apporter une aide à une troupe par le feu ou...
Synonymes :
- protéger
- soutenir
● appuyer
verbe transitif indirect
Exercer une pression, peser sur quelque chose : Appuyer sur la pédale de frein.
Reposer sur quelque chose, y avoir son point d'appui : Les solives appuient sur le sommet du mur.
Insister, s'attarder sur quelque chose, pour le mettre en valeur, lui donner de l'importance : Appuyer trop sur les fautes de ses prédécesseurs.
● appuyer
nom masculin
(de appuyer)
Exercice dans lequel le cheval progresse diagonalement par rapport à l'axe de son corps, les membres antérieurs et postérieurs suivant deux pistes distinctes et parallèles, la tête étant légèrement tournée dans la direction suivie (mouvement de basse école).
● appuyer (expressions)
verbe transitif indirect
Appuyer sur la droite, la gauche (à droite, à gauche), prendre cette direction.
● appuyer (homonymes)
verbe transitif indirect
● appuyer (synonymes)
verbe transitif indirect
Exercer une pression, peser sur quelque chose
Synonymes :
- peser sur
- presser
Contraires :
- lâcher
- relâcher
Reposer sur quelque chose, y avoir son point d'appui
Synonymes :
- porter
- reposer
Insister, s'attarder sur quelque chose, pour le mettre en valeur, lui...
Synonymes :
- insister
Contraires :
- glisser sur
- passer
Appuyer sur la droite, la gauche (à droite, à gauche)
Synonymes :
- aller vers
- se diriger vers
● appuyer (homonymes)
nom masculin
(de appuyer)
appuyer
v.
rI./r v. tr.
d1./d Soutenir (qqch) par un appui. Appuyer une muraille par des piliers. Appuyer une échelle contre un mur, à un mur.
d2./d Fig. Appuyer sur, par, de...: fonder, rendre plus solide par... Il appuie son raisonnement sur des preuves. Il appuie son sentiment par de bonnes raisons.
d3./d Aider, soutenir (qqn, qqch). Appuyer une demande.
rII./r v. tr. indir.
d1./d Exercer une pression sur. Appuyer sur l'accélérateur.
d2./d Appuyer sur une phrase, sur une syllabe, l'accentuer fortement de manière à la mettre en valeur.
d3./d Fig. Insister avec force sur. Appuyer sur un argument.
d4./d Appuyer sur la droite, sur la gauche: se porter sur la droite, sur la gauche.
rIII/r v. Pron. S'appuyer sur.
d1./d Se servir comme d'un appui de, s'aider de. S'appuyer sur une canne.
d2./d Fig. Se servir de qqn, de qqch comme d'un soutien. Sur qui voulez-vous qu'il s'appuie? Je m'appuie sur un raisonnement scientifique.
⇒APPUYER, verbe.
I.— Emploi trans. [Le suj. désigne une pers.; un compl. d'obj. secondaire est fréquemment exprimé]
A.— [L'idée dominante est celle d'un soutien donné à l'obj. premier]
1. Usuel. Soutenir quelque chose en lui donnant un appui. Appuyer qqc. à, contre :
• 1. Il saisit une échelle, l'appuie à la console, gravit les échelons, et la bourse qu'il tient à la main, il la dépose aux pieds de Notre-Dame.
BARRÈS, La Colline inspirée, 1913, p. 158.
— Au fig.
a) [L'obj. désigne une chose] Démontrer une chose en justifiant la démonstration par des faits, des preuves, une documentation qui soutiennent l'hypothèse. Appuyer une théorie générale sur des références actuelles :
• 2. L'idée de correspondance, de solidarité entre les phénomènes terrestres, a pénétré ainsi et pris corps, fort lentement il est vrai, car il s'agissait de l'appuyer sur des faits, et non sur de simples hypothèses.
P. VIDAL DE LA BLACHE, Des Caractères distinctifs de la géogr., 1913, p. 290.
b) [L'obj. désigne une pers. ou une action qui l'intéresse] Aider quelqu'un, favoriser l'action de quelqu'un par son soutien. Appuyer qqn par son avis, de son autorité :
• 3. ... je dois solliciter de Monseigneur mon rappel à Tourcoing. Je voudrais vous supplier d'appuyer ma demande, sans rien cacher de ce que vous savez de moi, sans m'épargner en rien.
BERNANOS, Sous le soleil de Satan, 1926, p. 127.
♦ MILIT. (stratégie). Fournir une aide en matériel et/ou en hommes :
• 4. Je convoquai le 31 juillet le général Foch à Chantilly. Je lui rappelai que l'idée fondamentale de notre offensive, c'était d'appuyer les forces anglaises agissant au nord, notre offensive vers le sud restant secondaire et subordonnée aux résultats obtenus dans le nord.
JOFFRE, Mémoires, t. 2, 1931, p. 250.
2. Loc. techn.
— MAR. Appuyer les vergues. Les soutenir contre le vent. (Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe siècle).
— PEINT. Appuyer la couleur. L'accentuer, la mettre en valeur :
• 5. Au delà de ces premières collines ravinées, qui me rappellent l'entrée du désert par Boghari, une seconde chaîne irrégulière, dentelée, fort en désordre. Sa couleur violâtre appuie la couleur ardente du premier plan et ménage un accord de toute délicatesse entre ce jaune brutal et le ciel bleu.
FROMENTIN, Voyage en Égypte, 1869, p. 60.
— VÉN. Appuyer les chiens. Les animer du cor et de la voix. (Attesté ds tous les dict. gén. du XIXe et du XXe siècle).
B.— [L'idée dominante est celle d'une pression exercée sur l'obj. premier]
1. Usuel. Peser sur une chose de manière à la presser sur ou contre une autre. Appuyer qqc. sur, contre :
• 6. La voix affectueuse de l'enfant reprit : — Il ne faut pas tant te fatiguer, papa. M. Jeannin attira à lui la tête d'Olivier, et l'appuya contre sa poitrine, ...
R. ROLLAND, Jean-Christophe, Antoinette, 1908, p. 854.
— En partic. [L'obj. dir. désigne une partie du corps humain] :
• 7. Je vis alors Belkiss, c'était elle, s'avancer modestement, enveloppée dans ses voiles comme une jeune mariée, et appuyer sur mon lit ses mains pudiques et son genou de lis, comme pour s'y introduire à mes côtés.
NODIER, La Fée aux miettes, 1831, p. 162.
— Au fig. Appuyer son regard. Regarder avec insistance :
• 8. Javert semblait ne pas entendre. Il appuyait sur Jean Valjean sa prunelle fixe.
HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 564.
2. Emplois techn.
— ESCR. Appuyer la botte. Appuyer le fleuret sur le corps de l'adversaire après l'avoir touché.
♦ Au fig. Presser, embarrasser quelqu'un. (Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe siècle).
— MAN. Appuyer l'éperon à un cheval, et, p. ell., appuyer des deux. (Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe siècle).
♦ [Le suj. désigne un cheval] Appuyer la tête au mur, et, p. ell., appuyer. Progresser obliquement par rapport à l'axe de son corps, la tête tournée dans la direction suivie :
• 9. Il essaya de faire décrire une volte à son cheval, mais le comte Caradec, rouillé sur le manège, n'appuya qu'avec roideur; il voulut lui faire prendre le trot, mais le comte Caradec partit en boitant. Alors, il le remit au pas, et tout lui sembla plus triste encore.
A. DE CHÂTEAUBRIANT, Monsieur des Lourdines, 1911, p. 189.
II.— Emploi intrans. [Le suj. désigne une partie du corps, et p. méton. une pers.]
A.— [L'idée dominante est celle de la recherche d'un support]
1. Se servir d'un support, d'un soutien matériel pour garder son équilibre :
• 10. Des vieilles se hâtaient à petits pas cassés, une main à la hanche, l'autre appuyant sur un bâton; ...
H. POURRAT, Gaspard des montagnes, Le Château des sept portes, 1922, p. 112.
2. P. méton., MAR., ARMÉE (tactique). Prendre une direction en se servant d'un repère visuel (exprimé par l'objet indirect). Appuyer sur la droite, sur la gauche.
— P. ext. Se diriger vers. Appuyer à droite, à gauche :
• 11. Le patron du coutre remarqua la vitesse de la Durande. Il lui sembla aussi qu'elle n'était pas dans la route exacte. Elle lui parut trop appuyer à l'ouest. Ce navire à toute vapeur dans le brouillard l'étonna.
HUGO, Les Travailleurs de la mer, 1866, p. 202.
• 12. Prenez la rue que vous voyez là, tournez par la deuxième à gauche; ensuite vous prenez la première à droite, vous marchez cent mètres, vous appuyez à gauche, et vous y êtes.
J. ROMAINS, Les Copains, 1913, p. 153.
Rem. Dans le lang. de la mar., la tournure s'explique par la manœuvre matérielle du timonier; p. méton., elle s'emploie pour le bateau. Le passage de la prép. sur à la prép. à indique un plus haut degré d'abstraction, l'idée de repère disparaissant.
B.— [L'idée dominante est celle d'une pesée qui s'exerce sur qqc. dont on peut modifier la position]
1. Exercer une pesée sur quelque chose.
— [Le suj. désigne une partie du corps humain] :
• 13. Olivier, avec un soupir, vint s'asseoir au piano, et, docile à la volonté de l'impérieux ami qui l'avait choisi, il commença, après une longue incertitude, à jouer le bel Adagio en si mineur de Mozart. D'abord, ses doigts tremblaient et n'avaient pas la force d'appuyer sur les touches; puis, peu à peu, il s'enhardit; et, croyant ne faire que répéter les paroles de Mozart, il dévoila, sans le savoir, son cœur.
R. ROLLAND, Jean-Christophe, Dans la maison, 1909, p. 934.
— P. méton. [Le suj. désigne une pers. agissant à l'aide d'une partie de son corps] :
• 14. Henri reconnut Anne et ralentit : — Vous montez? Je vous dépose. — Merci. J'ai envie de marcher, dit-elle. Elle lui fit un petit signe amical et il appuya sur l'accélérateur : il avait vu des larmes dans ses yeux.
S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, p. 368.
2. P. méton., au fig. [Le suj. désigne une pers. comparée à un élément exerçant une pesée] Mettre l'accent sur.
a) [Un élément du langage, une note de musique] :
• 15. Ce terme, [appoggiature] (...) donne lieu à deux interprétations [en musique] : l'appoggiature expressive qui occupe momentanément la place de la note principale et sur laquelle l'exécutant doit appuyer, ...
H. REBER, Traité d'harmonie, 1949, p. 177.
b) [Un trait de caractère, un comportement] :
• 16. J'ai été personnellement bien heureux pour vous de vous savoir envoyé à Blaye, et politiquement satisfait d'y savoir un homme d'honneur et de probité. C'est ce que j'ai dit à bien des personnes, et j'ai saisi cette occasion de parler de vous avec beaucoup de plaisir, puisqu'elle me donnait licence d'appuyer sur vos qualités.
BALZAC, Correspondance, 1833, p. 294.
— Emploi abs. Mettre en relief dans le langage un élément important d'une situation :
• 17. ... peut-être n'eût-il pas aimé cette jeune personne; mais des trois cents invités qui se pressaient dans les beaux salons de la rue Saint-Lazare, il fut le seul à comprendre l'amour inédit que trahissait une danse bavarde. On remarqua bien la manière d'Isaure d'Aldrigger; mais, dans ce siècle où chacun s'écrie : Glissons, n'appuyons pas! l'un dit : Voilà une jeune fille qui danse fameusement bien (c'était un clerc de notaire); l'autre : Voilà une jeune personne qui danse à ravir (c'était une dame en turban); la troisième, une femme de trente ans : Voilà une petite personne qui ne danse pas mal!
BALZAC, La Maison Nucingen, 1838, p. 613.
Rem. Il y a une grande ressemblance entre l'emploi dit intrans. et l'emploi pronom. A. Cependant l'idée de soutien moral ou intellectuel est incompatible avec l'emploi intrans. (On ne peut pas dire : pour soutenir sa thèse, il appuie sur des arguments solides, alors que s'appuie est usuel); d'autre part l'idée que le point d'appui puisse céder à la pesée (au sens phys. ou au fig.) est incompatible avec l'emploi réfl. (on ne peut pas dire : il s'appuie sur la pédale du piano, alors que appuie est normal dans une telle phrase). L'oppos. fondamentale semble consister en ce que dans l'emploi intrans. il s'agit toujours, dans la réalité référée, de l'appui d'une partie de la pers. (le suj. désigne son corps, une partie de son corps : main, pied, etc., son esprit, son langage, etc.) même si p. méton. c'est la totalité de la pers. qui est exprimée, tandis que dans l'emploi pronom. A, il s'agit toujours, dans la réalité référée, de la pers. prise dans sa totalité. Pratiquement, on peut dire que dans l'emploi intrans. B, ce qui était obj. dans l'emploi trans. devient suj. (j'appuie la main sur les touches, le pied sur la pédale → la main, le pied appuie); de là on passe p. méton. aux emplois fig. Les opérations sont comparables pour les emplois intrans. A 1 et A 2.
III.— Emploi pronom.
A.— [Le pronom réfl. est compl. d'obj. dir.; l'obj. secondaire est gén. exprimé] Se soutenir, en s'aidant d'un objet matériel. S'appuyer sur, à :
• 18. Nendaz se lève, Nendaz s'appuie sur sa canne, il sort sur le perron, il descend l'escalier.
Ch.-F. RAMUZ, Derborence, 1934, p. 228.
— P. métaph. Se servir d'une protection naturelle comme d'un soutien :
• 19. Toulouse s'est appuyée à une rampe de collines, lambeau épargné par hasard dans les déblaiements du fleuve.
P. VIDAL DE LA BLACHE, Tabl. de la géogr. de la France, 1908, p. 363.
♦ MILIT. (techn.). Bénéficier de l'aide de quelqu'un :
• 20. Il faut ajouter que les Américains, qui nous procuraient l'armement et l'équipement, y mettaient la condition que nous adoptions leurs propres règles d'organisation (...). Pour eux, la vie et l'action des unités combattantes devaient s'appuyer sur des arrières richement pourvus.
DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, p. 246.
— Au fig. Se servir de quelqu'un ou de quelque chose comme d'un soutien matériel, intellectuel ou moral :
• 21. Je m'approchai de vous, je pris votre main et vous murmurai quelques mots d'espérance à l'oreille. Je ne sais si ma voix vous parut éloquente alors et si elle trouva le chemin de votre âme, mais vous vous levâtes soudain et vous vous appuyâtes sur moi comme sur un protecteur.
PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 35.
• 22. « Que voulez-vous, me répondait-il, la physiologie n'est pas une science exactement définie; elle s'appuie, pour expliquer les phénomènes vitaux, tantôt sur la physique, tantôt sur la chimie, tantôt sur des hypothèses telles que celles de la force vitale... »
C. BERNARD, Principes de méd. exp., 1878, p. 91.
B.— Pop. [Le pronom réfl. est compl. d'obj. secondaire indir.; le compl. d'obj. dir. désigne une chose, plus rarement une pers.]
1. [L'obj. désigne une tâche] S'appuyer qqc. Accomplir à contre-cœur une tâche obligatoire :
• 23. « Ah! Y en a qui disent qu'à la cuistance, on est embusqué »! ... Eh bien, il aimerait cent mille fois mieux, quant à lui, être avec la compagnie dans les tranchées pour la garde et les travaux, que de s'appuyer un pareil métier deux fois par jour pendant la nuit!
BARBUSSE, Le Feu, 1916, p. 28.
— P. ext. S'appuyer qqn. Etre obligé de prendre quelqu'un en charge malgré soi :
• 24. Ça, édicte Brague, c'est une gosse qu'on collera dans la figuration. Une de plus, une de moins... elle gagnera toujours ses quarante sous... quoique j'aime pas beaucoup m'appuyer des laissés-pour-compte...
COLETTE, L'Envers du music-hall, 1913, p. 203.
2. [Le compl. désigne des aliments ou des boissons] Consommer en quantité généralement importante. S'appuyer un bon gueuleton, quelques verres de gniole :
• 25. Nous bouffions à la grande tambouille! ... On s'appuyait des soupes énormes! ...
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 597.
Rem. L'idée fondamentale semble être celle d'une charge qu'on place et qui pèse sur les épaules (sens 1); de là, p. iron. et antiphrase l'idée de se charger [l'estomac] d'aliments ou de boissons pour soutenir ses forces (sens 2). Le pronom réfl. indir. indique la victime ou le bénéficiaire de l'opération.
PRONONC. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[], j'appuie []. Enq. ://. (il) appuie. 2. Forme graph. — ,,Les verbes en (...) uyer changent y en i devant un e muet [s'appuyer, tu t'appuieras]. En revanche, ils conservent cet y de leur rad. devant les finales -ions et -iez de l'imp. de l'ind. et du prés. du subj. [que vous vous appuyiez, nous nous appuyions].`` (Cf. Ortho-vert 1966, p. 587; cf. aussi aboyer). 3. Hist. — FÉR. 1768 et FÉR. Crit. t. 1 1787 transcrivent : apu-yé. FOUCHÉ Phonét. 1952, p. 771 écrit à ce sujet : ,,Dans fuyant, bruyant, appuyer, ennuyer, essuyer, etc., on avait à l'origine un groupe -ü/y [= y/j] (...). Il faut admettre qu'elles [ces formes] ont été refaites sur fuit, bruit, appui \appuyer appuie, ennui \appuyer ennuie, essuie, etc. (...) il y a eu plus exactement un compromis entre les deux phonétismes. Dans appuyer [= apwiye], par exemple, le groupe wi [= ] est analogique de appui \appuyer appuie, mais le y continue l'ancien y du v. fr. [apüyer].`` FOUCHÉ (ibid., p. 772) ajoute que : ,,appuyer, ennuyer, essuyer, fuyant, bruyant, etc., ne se prononcent déjà plus chez les grammairiens du XVIe siècle qu'avec -wi/y [= -].`` Mais FÉR. 1768 et FÉR. Crit. t. 1 1787 transcrivent encore : [-y/j]. FÉR. Crit. t. 1 1787 propose en outre la graph. apuyer avec un seul p (même prop. pour tous les mots de la famille).
ÉTYMOL. ET HIST.
A.— « Faire supporter, soutenir par qqc. » 1. sens propre ca 1100 pronom. (Roland, 500 ds GDF. Compl. : Vint s'apuier suz le pin a la tige); 2. sens fig. 1174 trans. (G. DE PONT-STE-MAXENCE, St Thomas, 5525, éd. C. Hippeau ds T.-L. : a deu ot del tut sun corage apuié); 1671 « s'aider de qqc. » (POMEY, Le Dict. royal augmenté, Lyon : ... J'appuye toutes mes esperances sur vôtre crédit); 1672 pronom. s'appuyer de qqn « demander l'appui de qqn » (Mme DE LA FAYETTE, Princesse de Clèves, Paris, éd. Cazes, [1934] : La division des deux freres donna la pensée à la duchesse d'Etampes de s'appuyer de M. le duc d'Orléans pour la soutenir auprès du roi contre madame de Valentinois).
B.— « Faire peser qqc. » 1. sens propre a) début XIIe s. trans. apoier un cop « donner un coup » (Couronnement Louis, éd. Jonckbloet, 2592 ds T.-L. : Grant cop li done sor son elme vergié; Desus l'espaule a le cop apoié, Desi el piz l'a fendu et tranchié); b) 1694 intrans. man. (Ac. : ... On dit qu'un cheval appuye sur le mord, pour dire, qu'Il pese à la main); c) 1771 mus. (Trév. : ... En musique appuyer sur une note, c'est y demeurer long-temps); d) 1835 p. ext. (Ac. : ... Appuyer sur la droite, sur la gauche, ou appuyer à droite, à gauche. Se porter vers la droite, vers la gauche); 2. sens fig. 1639 intrans. (VOITURE, Lettres, à Mme La Princesse ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 531 : Je vous assure que j'ay une raison fondamentale de ne bouger d'icy, sur laquelle je n'ose appuyer).
C.— « Soutenir à l'aide de qqc. » 1. sens propre av. 1250 trans. (HUON DE CAMBRAI, Regrets N.D., éd. A. Langfors, 250, 5 ds T.-L. : sa maison... Qui de deus pars iere apoïe Por ce qu'a terre ne caïst); 1375 p. anal. appuyer un chien « flatter de la voix » (Livres du Roy Modus et de la Royne Ratio, éd. G. Tilander, Paris, 1932, t. 1, p. 25); 2. sens fig. 3e quart du XIIIe s. « aider » (Richard le Beau, éd. W. Foerster, 2700 ds T.-L. : nus ne me puet apoiier Que mors ne soie u retenus); av. 1680 « favoriser » (Patru ds RICH. : Apuier les prétensions, ou le droit de quelqu'un).
Empr. au lat. médiév. appodiare (formé à partir du lat. class. podium « plate-forme autour de l'arène de l'amphithéâtre » et aussi « console » et « petite éminence »), attesté au sens propre de « soutenir » (1114-15, RUDOLFUS abb. Trudonensis, Gest., 9, 33 ds Mittellat. W. s.v., 802, 68); au fig. (1226-37, CAESARIUS Heisterbacensis, Hom., IV, p. 77a, ibid., 802, 66); à rapprocher de l'ital. appoggiare (appoggiature).
STAT. — Fréq. abs. littér. :4 993. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 7 185, b) 8 049; XXe s. : a) 5 971, b) 7 197.
BBG. — BARBER. 1969. — BAUDR. Chasses 1834. — BURN. 1970. — Canada 1930. — FRANCE 1907. — GITEAU 1970. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 22, 263, 339. — GOUG. Mots t. 2 1966, p. 119. — Gramm. t. 1 1789. — GRUSS 1952. — JAL 1848. — LARCH. 1880. — LA RUE 1954. — LE CLÈRE 1960. — LE ROUX 1752. — MAR. Lex. 1933. — MAR. Lex. 1961 [1951]. — MAT. Louis-Philippe 1951, p. 148. — NOTER-LÉC. 1912. — PIERREH. Suppl. 1926. — SANDRY-CARR. 1963. — SANDRY-CARR. Th. 1963. — SPR. 1967. — SPRINGH. 1962. — WILL. 1831.
1. appuyer [apɥije] v. tr. et intr. [CONJUG. j'appuie, nous appuyons; j'appuyais, nous appuyions.]
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I V. tr.
1 Soutenir ou faire soutenir, supporter. || Appuyer une chose par une autre, au moyen d'une autre. ⇒ Maintenir, soutenir, tenir. || Appuyer un édifice, un mur par des arcs-boutants, des contreboutants, des contreforts, des étais. ⇒ Arc-bouter, buter, épauler, étayer; appui.
♦ Appuyer (une chose) contre, à (une autre), la placer contre une autre qui la soutienne, lui serve d'appui. ⇒ Appliquer, poser. || Appuyer une échelle contre un mur, au mur. || Appuyer le dos contre un arbre, une maison contre un coteau, à un coteau. ⇒ Adosser. || Appuyer la gauche, la droite d'une armée à un bois, à une montagne, la disposer près d'un bois, d'une montagne qui la protège.
♦ Appuyer (qqch.) sur… || Appuyer un échafaudage sur un étai. ⇒ Mettre, poser. || Appuyer ses coudes sur la table, la tête sur un oreiller, ses pieds sur un coussin. || Appuyer sa tête sur un fauteuil. ⇒ Accoter.
1 Atala appuyait une de ses mains sur mon épaule (…)
Chateaubriand, Atala, « Chasseurs ».
♦ (Sans compl. second). || Appuyer un mur, un échafaudage. ⇒ Consolider.
2 (Abstrait). Soutenir, rendre plus ferme, plus sûr. || Appuyer qqch. sur… ⇒ Fonder, reposer (faire), soutenir. || Appuyer ses dires sur des raisons, des motifs, des preuves. ⇒ Confirmer, corroborer, fortifier, renforcer.
2 Vous n'appuyez votre bonheur que sur le mensonge.
Pascal, les Provinciales, 17.
3 (…) et sur cette assurance
J'ose appuyer encore un reste d'espérance.
Corneille, Polyeucte, V, 3.
4 Peut-on bâtir sur des ruines ? Peut-on appuyer quelque grand dessein sur ce débris ?
Bossuet, Oraison funèbre de Henriette-Anne d'Angleterre.
♦ Vieilli. || Appuyer… de… || Appuyer ses dires de bonnes raisons. || Il appuie sa prétention de titres bien en règle (Académie).
5 Je ne dis rien que je n'appuie
De quelque exemple (…)
La Fontaine, Fables, III, 7.
6 Il (Nestor) lui donnait des instructions qu'il appuyait de divers exemples.
Fénelon, Télémaque, 12.
3 Fournir un moyen d'action, une protection, un soutien à (qqn, qqch.). || Appuyer qqn, en lui apportant de l'encouragement, de l'aide. ⇒ Aider, encourager, patronner, pistonner (fam.), protéger, recommander. || Appuyer un candidat à une élection. ⇒ Soutenir. Par ext. || Appuyer la demande, la proposition, la candidature de qqn. ⇒ Soutenir. || Appuyer une proposition, un projet de loi, une motion de censure. || Appuyer une action, une décision, une politique. ⇒ Avaliser, cautionner.
7 (…) vous daignerez vous employer pour moi,
Appuyer sa demande, et de votre suffrage
Presser l'heureux moment de notre mariage.
Molière, les Femmes savantes, I, 2.
8 Oui; mais pour appuyer votre consentement,
Mon frère, il n'est pas mal d'avoir son agrément.
Molière, les Femmes savantes, II, 4.
9 Ne devez-vous pas rougir d'appuyer une passion qui n'est qu'erreur, que faiblesse et emportement (…) ?
Molière, la Princesse d'Élide, Prologue.
10 Fallait-il appuyer une prétention raisonnable ?
Fléchier, Oraison funèbre de M. de Montausier.
11 Je tiendrai la promesse que je vous fais d'appuyer votre fils de toute ma faveur.
A. R. Lesage, le Diable boiteux, 5.
12 J'aimais mieux avoir un homme d'esprit pour m'appuyer (…)
Montesquieu, Cahiers, p. 8, → Approuver, cit. 22.
13 César que Cicéron appuyait au sénat.
Voltaire, Catilina, I, 2.
♦ Chasse. || Appuyer les chiens, les animer du cor et de la voix.
14 Une heure là-dedans notre cerf se fait battre.
J'appuie alors mes chiens, et fais le diable à quatre;
Enfin jamais chasseur ne se vit plus joyeux.
Molière, les Fâcheux, II, 6.
4 Appliquer avec plus ou moins de force, faire peser, presser (une chose) sur (une autre). || Appuyer le pied sur la pédale. || Appuyer le doigt sur la plaie. || Terrasser son adversaire et lui appuyer le genou sur la poitrine. || Il lui appuya son revolver sur la poitrine et tira à bout portant. — Appuyer sa main à qqch.
15 Votre âme flotte sur vos lèvres, et je me meurs de ne pouvoir y appuyer ma bouche.
France, le Lys rouge, p. 206.
16 Son cœur battait si fort qu'elle y avait appuyé sa main et n'osait plus la retirer.
Martin du Gard, les Thibault, t. I, p. 44.
♦ Fig. || Appuyer son regard (son œil, sa prunelle…) sur qqn, sur qqch. ⇒ Fixer, regarder (avec insistance). — Passif et p. p. :
17 Mon regard, appuyé sur l'un de vous (…)
Colette, la Paix chez les bêtes, « Chienne trop petite ».
♦ ☑ Techn. (escrime). Appuyer la botte : appuyer l'arme sur le corps de son adversaire après l'avoir touché. Fig. Embarrasser qqn en insistant sur une question.
♦ (1719, Richelet). Équit. || Appuyer l'éperon à un cheval, lui appliquer fortement l'éperon. Ellipt. ☑ Appuyer des deux : piquer des deux éperons en même temps.
♦ Équit. || Appuyer la tête au mur (d'un cheval). → ci-dessous, II., 2.
5 Vx (langue class.). Rendre plus fort. || Appuyer une note, un son → ci-dessous, cit. 19 et 21.
♦ Accentuer, rendre plus perceptible. || « Sa couleur violâtre appuie la couleur ardente du premier plan » (Fromentin, Voyage en Égypte).
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II V. intr.
1 Être soutenu; être posé. || Cette muraille appuie sur un arc-boutant. || La voûte appuie sur les pieds-droits. ⇒ Porter, reposer, retomber (sur).
2 Peser plus ou moins fortement. ⇒ Peser, presser. || Appuyer sur un levier. || Une main « appuyant sur un bâton » (H. Pourrat, in T. L. F.). || Appuyer sur les touches d'un clavecin. — (Avec le pied). || Appuyer sur l'accélérateur, sur le champignon : accélérer (en voiture). || Appuyer sur l'endroit sensible.
18 Je sens à la douleur que je réveille en appuyant sur ce point précis que là était le centre du mal.
A. Maurois, Climats, p. 64.
♦ Équit. || Ce cheval appuie sur le mors, il porte la tête basse et pèse sur le mors de sorte qu'il fatigue la main du cavalier. ⇒ Peser. Syn. : appuyer (I.) la tête au mur.
3 Émettre avec force, mettre l'accent sur (un élément par rapport à l'entourage).
♦ Mus. || Appuyer sur une note en jouant. ☑ Appuyer sur la chanterelle, pour en augmenter le son. Fig. Insister sur un point essentiel, sur un point délicat.
♦ Phonét. || Appuyer sur un mot en parlant. || Dans les mots de plusieurs syllabes, il y en a toujours une sur laquelle on appuie plus fortement que sur les autres (Académie). ⇒ Accentuer, prononcer.
REM. On trouve dans la langue classique l'emploi trans. du verbe dans le même sens (ci-dessous, cit. 19 et au p. p., cit. 21).
19 (…) appuyer comme il faut le dernier vers (…)
Molière, l'Impromptu de Versailles, 3. → Approbation, cit. 7.
20 (…) cette exactitude de prononciation qui appuie sur toutes les syllabes.
Molière, l'Impromptu de Versailles, 1.
21 D'un ton grave et d'un accent appuyé (…)
Rousseau, Émile, V.
22 La façon dont il appuyait sur certaines voyelles, sur les diphtongues, et dont il prolongeait en chantant les finales (…)
Martin du Gard, les Thibault, VIII, 1.
4 Fig. Insister avec force. ⇒ Insister (sur), ressortir (faire), souligner; aussi exagérer. || Il a appuyé sur l'aspect primordial de la question. || Il vaut mieux ne pas appuyer là-dessus. ⇒ Insister. || Je n'appuierai pas sur ses qualités, sur les résultats qu'il a obtenus.
23 Je trouve que vous appuyez un peu trop sur l'argent.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, I, 1.
24 Tout cela doit être dit en badinant; mais appuyez sur la reconnaissance des attentions qu'ils ont pour moi.
Mme de Sévigné, 1202, 2 août 1689.
25 Vous appuyez trop sur nos inquiétudes : elles n'ont point été excessives.
Mme de Sévigné, 1136, 14 févr. 1689.
26 Il avait un peu trop appuyé sur ce dernier article.
Antoine Hamilton, Mémoires du comte de Gramont, 10.
27 Cet argument sur lequel on appuie avec tant de force.
Bossuet, Préface.
28 Il nous suffira d'appuyer sur le mot, de le grossir et de l'épaissir, pour le voir s'étaler en scène comique.
H. Bergson, le Rire, p. 109.
♦ Absolt. (Surtout à la forme négative, pour recommander de ne pas insister sur une question délicate). || N'appuyez pas, procédez par allusions. — ☑ Loc. prov. (par métaphore) :
29 Sur un mince cristal l'hiver conduit leurs pas :
Le précipice est sous la glace;
Telle est de vos plaisirs la légère surface.
Glissez, mortels, n'appuyez pas.
P.-Ch. Roy, Quatrain sur les patineurs.
30 (…) cet art sobre qui se contente d'un seul trait juste et n'appuie pas (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. IV, p. 137.
5 Prendre la direction de; aller plus vers… || Appuyez sur la droite, sur la gauche. ⇒ Diriger (se), porter (se porter vers). — Appuyez à droite, appuyez à gauche.
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s'appuyer v. pron.
1 S'aider, se servir comme d'un appui, d'un soutien. || Le blessé s'appuie sur ses béquilles. || Appuyez-vous sur mon bras. || S'appuyer sur le coude. ⇒ Accouder (s'). || S'appuyer d'un côté. ⇒ Accoter (s'). || Il s'appuya au mur, à la muraille. ⇒ Adosser (s'). || S'appuyer fortement à un mur pour exercer une poussée. ⇒ Arc-bouter (s'). || Une poutre qui s'appuie contre un mur. ⇒ Buter. || Le cintre s'appuie sur les impostes. || L'édifice s'appuie sur six colonnes. ⇒ Reposer (sur). || Elle s'était appuyée contre moi. ⇒ Coller (se), serrer (se).
31 À mon bras votre bras poli
S'appuya (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, XLV.
32 C'était sa tête alourdie de sommeil qui s'appuyait contre moi (…)
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « Étoiles ».
33 Je vis tout tourner, je fus obligé de m'appuyer contre le figuier.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, p. 372.
♦ Avec un complément (faux pron.) :
33.1 Il aurait besoin de s'asseoir. Il doit se contenter de s'appuyer le dos contre le mur de pierre, en posant les pieds sur la bande de neige fraîche.
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 141.
2 Fig. Faire fond (sur qqn, sur qqch.). ⇒ Fonder (se). || Vous pouvez vous appuyer entièrement sur lui. ⇒ Assurer (s'), compter, reposer. || S'appuyer sur l'autorité de qqn. ⇒ Autoriser (s'), baser (se). || S'appuyer à une vérité (Littér.). || S'appuyer de l'autorité de qqn pour affirmer que…
34 Et je crus fermement que par ce moyen je réussirais à conduire ma vie beaucoup mieux que si je ne bâtissais que sur de vieux fondements, et que je ne m'appuyasse que sur des principes que je m'étais laissé persuader en ma jeunesse sans avoir jamais examiné s'ils étaient vrais.
Descartes, Discours de la méthode, 2.
35 M. de Cambrai prétend s'appuyer sur de Blosius.
Bossuet, Lettres, Quiétisme, 299.
36 Et d'oracles menteurs (il) s'appuie et s'autorise.
Racine, Athalie, III, 3.
37 Sur qui dans son malheur voulez-vous qu'il s'appuie ?
Racine, Phèdre, I, 5.
38 (Leur âme) s'appuyant toujours sur des hauts sentiments,
Ne s'abaisse jamais à des déguisements.
Molière, Dom Garcie, III, 3.
39 On dit qu'il (Bossuet) s'appuie constamment à l'Écriture.
Émile Faguet, XVIIe s., Études littéraires, p. 413.
40 Il (Danton) s'appuie sur les vérités d'expérience.
Louis Barthou, Danton, p. 12.
41 Il s'était appuyé sur elle, sur l'assurance qu'elle lui avait donnée de lui garder fidélité, quoi qu'il arrivât.
F. Mauriac, la Pharisienne, p. 243.
♦ ☑ Loc. fig. (vx). S'appuyer sur un roseau : mettre sa confiance en une personne qui ne peut être d'aucun secours. — ☑ S'appuyer sur une planche pourrie, sur une personne qui ne mérite nulle confiance.
3 Réfl. ind. (faux pron.). Fam. || S'appuyer une corvée : faire qqch. par obligation, contre son gré. ⇒ Subir, supporter. || S'appuyer qqn : être obligé de prendre qqn en charge, le supporter. || Faut se l'appuyer ! ⇒ fam. Faire (se), farcir (se), taper (se). — S'appuyer un bon repas, un coup de vin blanc.
41.1 — Comment, Ernestine, vous laisseriez passer ct' occasion magnifique ?
— J' vois bien. J' risque ma peau et j' dois m'appuyer l' père Taupe pour vous donner la moitié d' la galette. C'est pas un métier.
— Vous faites bien la difficile, Ernestine. Y a des dizaines de poules qui risqueraient l' coup.
R. Queneau, le Chiendent, p. 163.
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appuyé, ée p. p.
♦ || Appuyé à qqch., sur qqch. || Appuyé contre qqch. ⇒ Adossé.
42 Tout à coup une porte s'ouvre : entre silencieusement le vice appuyé sur le bras du crime, M. de Talleyrand marchant soutenu par M. Fouché.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. IV, V, p. 41.
43 (…) tu te plais à suivre un chemin effacé,
À rêver, appuyée aux branches incertaines (…)
A. de Vigny, la Maison du berger.
♦ Emploi adjectif :
1 Qui appuie (→ I., 4.).
44 Le corps des Écalites, pour peu qu'il soit touché d'un toucher appuyé, rougit (sauf aux mains et aux pieds).
Henri Michaux, Ailleurs, p. 117.
2 (Fin XVIIe). Qui est exprimé, émis en appuyant (II., 4.); qui insiste trop.
45 (…) elle aussitôt a son air d'impératrice, sa voix aiguë, et ce ton qu'elle a aussi parfois, d'une politesse trop appuyée (…)
N. Sarraute, le Planétarium, p. 153.
♦ Traits appuyés, forts, gros.
46 Mais un pas, guidé probablement par une vieille habitude des lieux, s'avance le long du couloir transversal. C'est un pas souple, peu appuyé, pourtant net, qui n'hésite pas.
A. Robbe-Grillet, Dans le labyrinthe, p. 60.
3 N. m. (Littér.). || L'appuyé d'un regard, d'une voix.
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CONTR. Enlever, ôter, relever, retirer. — Lâcher, laisser (choir). — Combattre, contredire, démentir, opposer (s'), refuser, réfuter, rejeter. — Effleurer, glisser, négliger, passer.
DÉR. Appui, appuiement, appuyeur.
COMP. Appuie-bras, appuie-coude, appuie-main, appuie-nuque, appuie-tête.
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2. appuyer [apɥije] n. m.
ÉTYM. 1719, Richelet; de 1. appuyer.
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♦ Équit. Mouvement par lequel le cheval se transporte parallèlement à lui-même. || Dans l'appuyer, l'avant-main et l'arrière-main suivent deux pistes distinctes, et la tête et l'encolure de la bête précèdent le reste du corps dans la direction de la marche.
Encyclopédie Universelle. 2012.