épique [ epik ] adj.
• fin XVIe; lat. epicus, gr. epikos, de epos « épopée »
1 ♦ Qui raconte en vers une action héroïque (⇒ épopée). L'« Iliade », la « Chanson de Roland », le « Paradis perdu » sont des poèmes épiques.
♢ Relatif ou propre à l'épopée. Forme, genre, style épique. Héros épique. Ses personnages « ont une réalité épique » (Thibaudet).
2 ♦ (1835) Cour. Digne de figurer dans une épopée; qui a les proportions des sujets ou des héros de l'épopée. « ce que vous avez fait, vu, souffert et appris dans ce rude mois épique » (R. Rolland). « Les dragons chevelus, les grenadiers épiques » (Hugo).
♢ Fam. (souvent iron.) Qui est mouvementé, plein d'aventures. Ce fut épique ! Il y eut des scènes, des discussions épiques. ⇒ homérique, mémorable. « Ces batailles épiques qu'il a livrées dans le Roussillon contre la réaction ! » (Aragon).
⊗ CONTR. Prosaïque.
● épique adjectif (latin epicus, du grec epikos, de epos, poème) Propre à l'épopée : Un poème épique. Familier et ironique. Mémorable par son caractère pittoresque, extraordinaire : Une discussion épique. ● épique (citations) adjectif (latin epicus, du grec epikos, de epos, poème) Nicolas de Malézieu Paris 1650-Paris 1727 Académie française, 1701 Les Français n'ont pas la tête épique. Cité par Voltaire, Essai sur la poésie épique ● épique (expressions) adjectif (latin epicus, du grec epikos, de epos, poème) Théâtre épique, forme dramatique définie par Brecht en opposition au théâtre occidental traditionnel, caractérisée par l'action et fondée sur l'identification et la distanciation. ● épique (synonymes) adjectif (latin epicus, du grec epikos, de epos, poème) Familier Mémorable par son caractère pittoresque, extraordinaire
Synonymes :
- fabuleux
- homérique
épique
adj.
d1./d LITTER Se dit d'une grande composition en vers qui décrit des actions héroïques. La poésie épique est un des genres littéraires les plus anciens.
d2./d Propre à l'épopée. Ton épique.
d3./d Digne d'une épopée. Mener un combat épique.
|| Plaisant Il lui arrive toujours des aventures épiques!
⇒ÉPIQUE, adj. et subst.
I.— Emploi adj. Qui concerne l'épopée.
A.— [En parlant de pers.]
1. Qui est naturellement porté à composer des épopées ou à adopter le ton de l'épopée. Tous ces rois, tous ces conteurs épiques, Nés pour chanter les chocs des glaives et des piques (BANVILLE, Cariat., 1842, p. 26) :
• 1. ... on dirait que nous nous imaginions ce poète épique [Homère] et ce général [Hannibal] aussi éloignés de nous qu'un animal vu dans un jardin zoologique.
PROUST, Guermantes 2, 1921, p. 417.
2. Qui appartient à l'épopée. Les personnages épiques doivent être regardés presque tous comme des créations du poëte (CHATEAUBR., Martyrs, t. 1, 1810, p. 79).
— Au fig. Qui par son caractère extraordinaire pourrait appartenir à l'épopée. Ah! ce Devosge, quel pleutre redondant, quelle ganache épique! (HUYSMANS, Oblat, t. 1, 1903, p. 292).
B.— [En parlant de choses]
1. Propre à l'épopée; caractéristique de l'épopée. Genre, forme, style épique. Les temps primitifs sont lyriques, les temps antiques sont épiques, les temps modernes sont dramatiques (HUGO, Cromw., 1827, p. 15).
♦ Emploi subst. masc. avec valeur de neutre. Caractère de ce qui appartient à l'épopée :
• 2. Jamais un pinceau n'a plus furieusement roulé et déroulé des monceaux de chair, noué et dénoué des grappes de corps, berné de la graisse et des tripes. Le grotesque se perd dans l'épique.
GONCOURT, Journal, 1860, p. 809.
— Spéc., LING. Allongement épique. [On appelle en grec] allongement épique ,,la décomposition d'une voyelle longue en voyelle double dans des cas où la voyelle longue est interprétée comme le produit d'une contraction`` (MAR. Lex. 1933, p. 21).
2. Au fig. Qui mériterait de figurer dans une épopée; d'où iron. et fam., extraordinaire, mémorable. Ce fut épique! Un gueuleton épique (FLAUB., Corresp., 1864, p. 144). Les luttes épiques qui suivirent l'abolition des lois mercantiles (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 278). Je sais un autre couple d'évadés dont l'odyssée s'acheva sur une frayeur épique (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 239).
II.— Emploi subst. masc. Poète que l'on classe parmi les auteurs d'épopées :
• 3. ... dans un temps où la poésie... se complaît ... dans l'ode et dans l'élégie, et se borne volontiers, chez les épiques, à des études ou fragments d'épopée?
FRANCE, Vie littér., 1890, p. 36.
Prononc. et Orth. :[epik]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Fin XVIe s. début XVIIe s. Poëmes épiques (D'AUBIGNÉ, Lettres touchant quelques poincts de diverses sciences, éd. E. Réaume et F. de Caussade, Œuvres, t. 1, chap. VI, XI, p. 462). Empr. au lat. class. epicus, du gr. « qui concerne l'épopée, qui relève de l'épopée ». Fréq. abs. littér. :467. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 991, b) 571; XXe s. : a) 551, b) 502.
DÉR. Épiquement, adv. D'une façon propre à l'épopée. Des tragédies où l'on retrouve quelque chose de l'élévation de Corneille, de l'élégance de Racine, du mouvement, de l'intérêt de Voltaire; où les situations soient amenées avec plus d'art que dans un opéra; où le style ne soit pas tantôt épiquement boursoufflé, et tantôt bourgeoisement familier (JOUY, Hermite, t. 1, 1811, p. 325). — []. Aucune trancr. ds les dict. — 1re attest. 1811 id.; de épique, suff. -(e)ment2. — Fréq. abs. littér. : 1.
épique [epik] adj.
ÉTYM. Fin XVIe, d'Aubigné; a peu à peu supplanté le mot héroïque au XVIIe; lat. epicus, grec epikos, de epos « épopée ».
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1 Didact. Qui raconte en vers une action héroïque. ⇒ Épopée. || L'Iliade, la Chanson de Roland, le Paradis Perdu sont des poèmes épiques. || Les grands genres poétiques : poésie lyrique, épique, dramatique (cit. 3). || « La Légende des siècles » révéla un grand poète épique, ou, n. m., un grand épique.
1 D'un air plus grand encor la poésie épique, Dans le vaste récit d'une longue action, Se soutient par la fable, et vit de fiction.
Boileau, l'Art poétique, III.
2 Le poème épique, regardé en lui-même, est un récit en vers d'aventures héroïques.
Voltaire, Essai sur la poésie épique, I.
3 Je me souviens que, lorsque je consultai, il y a plus de douze ans, sur ma Henriade feu M. de Malézieu, homme qui joignait une grande imagination à une littérature immense, il me dit : « Vous entreprenez un ouvrage qui n'est pas fait pour notre nation; les Français n'ont pas la tête épique ». Ce furent ses propres paroles, et il ajouta : « Quand vous écririez aussi bien que MM. Racine et Despréaux, ce sera beaucoup si on vous lit ».
Voltaire, Essai sur la poésie épique, Conclusion.
♦ Relatif ou propre à l'épopée. || Forme, genre, style épique, et, n. m., l'épique : le genre épique. || Vers épiques, employés par l'épopée. || Prendre le ton épique. || Sujet épique (→ Caricaturer, cit.). || Le génie épique de Corneille (→ Comparer, cit. 7). || Vision épique et épopée (cit. 4) visionnaire.
4 Ne demandons pas à ses personnages une réalité romanesque alors qu'ils ont une réalité épique.
A. Thibaudet, Gustave Flaubert, p. 133.
♦ (Dans l'expression artistique non littéraire). || Le caractère épique d'un film, d'une fresque, d'un poème symphonique. || Le souffle épique, la puissance épique de Eisenstein, de Griffith (cinéastes).
2 (1835). Cour. Digne de figurer dans une épopée; qui a les proportions des sujets ou des héros de l'épopée. || Le sauvetage des naufragés fut épique.
5 Les dragons chevelus, les grenadiers épiques, Et les rouges lanciers fourmillant dans les piques (…)
Hugo, les Chants du crépuscule, Napoléon, II, III.
6 Samuel (…) m'est toujours apparu comme le dieu de l'impuissance (…) impuissance si colossale et si énorme qu'elle en est épique !
Baudelaire, la Fanfarlo.
7 (…) ces batailles épiques qu'il a livrées dans le Roussillon contre la réaction ! Et là-bas elle est mauvaise, la réaction. Oh là là !
Aragon, les Beaux Quartiers, p. 210.
♦ (1847). Iron. || Il y eut des scènes, des discussions épiques. || Mon voyage a été une suite d'aventures épiques. ⇒ Homérique. || Ce fut épique. ⇒ Extraordinaire, fabuleux, inimaginable.
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CONTR. Prosaïque (propre et figuré).
Encyclopédie Universelle. 2012.