équarrir [ ekarir ] v. tr. <conjug. : 2>
• 1640; esquarrir XIIIe; var. de équarrer; lat. pop. °exquadrare « rendre carré »
I ♦
1 ♦ Rendre carré, tailler à angles droits. — Techn. Équarrir un bloc de marbre. — Cour. Équarrir une poutre. ⇒ charpenter. « ses fils aînés, espèces de géants qui, armés de lourdes haches, équarrissaient les troncs de sapin » (Stendhal).
2 ♦ (1870) Fig. et vx ⇒ dégrossir. Mod. (au p. p.) Mal équarri : grossier, à l'état d'ébauche. « ce livre barbare, mal équarri, sans art, sans grâce » (A. Gide).
II ♦ (1835) Couper en quartiers (un animal mort). Équarrir un cheval. ⇒ découper, dépecer, écorcher.
● équarrir verbe transitif (ancien français escarrer, disloquer, du latin populaire exquadrare, de quadrare, équarrir) Dégrossir une bille de bois, un bloc de pierre, afin d'obtenir les formes d'un parallélépipède rectangle. Dépecer des animaux pour en tirer la peau, les os, les graisses, spécialement dans le cas des cadavres dont la chair n'est pas consommable.
équarrir
v. tr.
d1./d TECH Tailler à angle droit, rendre carré. équarrir une poutre.
— équarrir une glace, la découper avec un diamant et des pinces.
— équarrir un tronc d'arbre, afin d'en tirer des planches pour la construction.
|| Fig. Mal équarri: mal dégrossi.
d2./d écorcher, dépecer (un animal mort).
⇒ÉQUARRIR, verbe trans.
A.— TECHNOL. Tailler (une bille de bois, un bloc de pierre) à angles droits, rendre carré. On abat les arbres, on les sectionne, on les équarrit suivant une tradition familiale qui (...) a force de dogme (PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 213) :
• ... s'il s'agissait d'abattre un arbre de quatre-vingts pieds de haut, de l'équarrir et d'en faire des planches, je m'en tirerais bien...
STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 246.
— Au fig. [En parlant d'éléments abstr.] Dégrossir, affiner. Plus on s'efforcera d'équarrir l'intelligence et d'affiner le système nerveux des pauvres diables, et plus on développera en eux les germes (...) de la souffrance morale et de la haine (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 98).
B.— Dépecer et découper un animal mort (généralement impropre à la consommation). Équarrir un cheval (Ac. 1878-1932). Je leur achète un mouton, qu'ils équarrissent sur la plage (LAMART., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 61).
Rem. La plupart des dict. et la docum. attestent le subst. masc. équarrissoir. Poinçon à section carrée servant à percer ou agrandir des trous dans le métal (d'apr. CHAMPLY, Nouv. encyclop. prat., t. 11, 1927, p. 264).
Prononc. et Orth. :[], (j')équarris []. DG transcrit [] seul. Comparez la prononc. [-ka-] dans ce mot avec celle [-kwa-] dans des mots du type de équateur. Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. On rencontre les var. graph. : a) Écarrir (vieilli). L'esprit n'a fait que l'écarrir [une vérité nue et crue] comme une pièce de bois (JOUBERT, Pensées, t. 1, 1824, p. 301). b) S'équarir. Ces blocs monstrueux s'équarissent dans les murs (MICHELET, Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 16). Les traits s'équarissent, la taille tourne (ID., Journal, 1842, p. 416). BESCH. 1845 note : ,,On écarrit une pièce de bois, c'est-à-dire, on la met en carré; on équarrit un vieux cheval, c'est-à-dire, on l'écorche``. Étymol. et Hist. 1. [Fin XIIe s. attesté par son dér. (e)squarrie « carré » ds T.-L. et GDF.]; mil. XIIIe s. « tailler [en forme de carré], mettre en pièces » (B. DE STE-MAURE, Troie, 12935, leçon ms. K); 2. 1755 « percer un trou carré avec l'équarrissoir » (Encyclop. t. 5); 3. 1780 « dépecer un animal mort » (Lettres patentes, in Recueil gén. des anciennes lois fr., XXVI, 303 ds QUEM. DDL t. 15). Var. de l'a. fr. escarrer, 1288 « disloquer » (Thèbes t. II, p. 216, ms. A); 1295 caine escarré (ds GDF.), issu du lat. vulg. exquadrare, composé de quadrare « équarrir ». Fréq. abs. littér. :95. Bbg. Archit. 1972, p. 45. — QUEM. DDL t. 4.
équarrir [ekaʀiʀ] v. tr.
ÉTYM. 1640; esquarrir, XIIIe, var. de équarrer (escarrer, 1288); du lat. pop. exquadrare « rendre carré ».
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1 Rendre carré, tailler à angles droits. — Techn. || Équarrir un bloc de marbre. || Équarrir une glace, la tailler avec le diamant et les pinces. — Équarrir une main de papier. — (En serrurerie). Rendre carré (un trou, un orifice).
♦ Cour. || Équarrir une poutre. ⇒ Charpenter. || Équarrir une pièce de bois à la hache. || Équarrir un tronc d'arbre pour en tirer des planches, du bois de construction (→ Arbre, cit. 27). — Équarrir un massif, un arbre, à l'aide d'un sécateur. ⇒ Tailler.
1 Il ne vit que ses fils aînés, espèce de géants qui, armés de lourdes haches, équarrissaient les troncs de sapin, qu'ils allaient porter à la scie.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, IV.
♦ Au participe passé :
2 (…) deux colonnes de marbre, dont l'une encore debout est posée la tête en bas, et dont l'autre gisante dans l'herbe est remplacée par une béquille de bois grossièrement équarrie.
Jérôme et Jean Tharaud, Marrakech, p. 116.
3 Au confluent des deux rivières on élève des terrassements et le ranch s'édifie. Des arbres à peine équarris, des planches de six pouces d'épaisseur entrent dans sa construction. Tout est solide, grand, vaste, conçu pour l'avenir.
B. Cendrars, l'Or, in Œ. compl., t. II, p. 171.
2 (1870). Fig. et Vx. ⇒ Dégrossir.
3 Techn. Percer (un métal) avec l'équarrissoir, de façon à y faire un trou carré ou à agrandir ce trou. — Menuis. Travailler (un ouvrage de menuiserie) de manière à en rendre les lignes plus pures, plus nettes.
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II (1780, écarir, in Recueil général des anciennes lois françaises). Couper en quartiers, dépecer (un animal mort). || Équarrir un bœuf après l'avoir écorché, dépouillé. ⇒ Découper. || Équarrir des animaux impropres à la consommation. ⇒ Équarrissage, II.
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équarri, ie p. p. adj.
♦ || Pièce de bois équarri. || Arbres équarris. → ci-dessus, cit. 2 et 3. — Mal équarri : grossier, à l'état d'ébauche. || Une silhouette mal équarrie. || Une œuvre mal équarrie (→ Barbare, cit. 19).
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DÉR. Équarrissage ou équarrissement, équarrisseur, équarrissoir.
Encyclopédie Universelle. 2012.