espérance [ ɛsperɑ̃s ] n. f.
• 1120; de espérer
1 ♦ L'espérance : sentiment qui fait entrevoir comme probable la réalisation de ce que l'on désire. ⇒ assurance, certitude, confiance, conviction, croyance, espoir. Être plein d'espérance. Le vert, couleur de l'espérance. « L'espérance n'est qu'un charlatan qui nous trompe sans cesse; et, pour moi, le bonheur n'a commencé que lorsque je l'ai eu perdue » (Chamfort). « Mon cœur, lassé de tout, même de l'espérance, N'ira plus de ses vœux importuner le sort » (Lamartine). Allus. littér. « Abandonnez toute espérance, vous qui entrez », inscription placée sur la porte de l'Enfer, dans la Divine Comédie de Dante.
♢ Théol. chrét. L'une des trois vertus théologales. « La petite Espérance » (Péguy).
2 ♦ Une, des espérances : ce sentiment, appliqué à un objet déterminé. ⇒ aspiration, désir, espoir. Avoir l'espérance de la réussite, de réussir, des espérances de succès. Caresser, concevoir, entretenir, nourrir, former des espérances. Bâtir, fonder de grandes, de folles espérances sur qqch. Espérances trompeuses. ⇒ illusion, leurre. « Nos espérances mesurent notre bonheur présent bien plutôt que notre bonheur à venir » (Alain). Cet élève, cet étudiant donne de grandes espérances. ⇒ promesse. Un talent « qui remplit ou qui même dépasse les plus belles espérances » (Sainte-Beuve). — Loc. Dans l'espérance de, que..., en espérant. ⇒ espoir. Contre toute espérance : alors qu'il semblait impossible d'espérer. ⇒ attente. « Je venais justement lui annoncer que, contre toute espérance, j'avais réussi mon travail » ( Saint-Exupéry).
3 ♦ Par ext. La personne ou la chose qui est l'objet de l'espérance. « Voilà donc votre roi, votre unique espérance » (Racine).
♢ Plur., vieilli ESPÉRANCES : biens qu'on attend d'un héritage.
4 ♦ Statist. Espérance mathématique : valeur moyenne d'une variable aléatoire, moyenne de toutes les valeurs possibles prises par cette variable pondérée par leur probabilité.
♢ Espérance de vie : durée moyenne de la vie humaine dans une société donnée, établie statistiquement sur la base des taux de mortalité.
⊗ CONTR. Désespérance, désespoir.
● espérance nom féminin (de espérer) Sentiment de confiance en l'avenir, qui porte à attendre avec confiance la réalisation de ce qu'on désire ; espoir : Vivre dans l'espérance. L'espérance d'un bel avenir. Personne ou chose qui est l'objet de cette attente : Vous êtes mon unique espérance. Théologie Vertu théologale par laquelle le chrétien adhère à Dieu en tant que fin suprême de l'homme afin d'obtenir la grâce divine et l'éternelle union à Dieu. (L'espérance chrétienne est fondée sur la certitude de foi dans la parole de Dieu en la personne de Jésus-Christ.) ● espérance (citations) nom féminin (de espérer) Alexandre Arnoux Digne 1884-Paris 1973 Tant qu'il y a une étincelle, il y a une espérance de brasier. Faut-il brûler Jeanne ? Gallimard Marcel Aymé Joigny 1902-Paris 1967 La parole arrive à faner l'espérance. Le Chemin des écoliers Gallimard Maurice Bedel Paris 1883-Thuré, Vienne, 1954 Il y a des moments où l'on croit que l'impossible est la base même de l'espérance. Le Laurier d'Apollon Gallimard Georges Bernanos Paris 1888-Neuilly-sur-Seine 1948 L'espérance […] est la plus grande et la plus difficile victoire qu'un homme puisse remporter sur son âme. La Liberté, pour quoi faire ? Gallimard Georges Bernanos Paris 1888-Neuilly-sur-Seine 1948 Qui n'a pas vu la route à l'aube, entre ses deux rangées d'arbres, toute fraîche, toute vivante, ne sait pas ce que c'est que l'espérance. Monsieur Ouine Plon Louis Bourdaloue Bourges 1632-Paris 1704 Crains, malheureux, et défie-toi de ton espérance même. Sermon sur le retardement de la pénitence Robert Brasillach Perpignan 1909-Montrouge 1945 Les deux seules vertus auxquelles je crois : la hauteur et l'espérance. Lettre à un soldat de la classe 60 Les Sept Couleurs François René, vicomte de Chateaubriand Saint-Malo 1768-Paris 1848 J'ai souvent mené en main, avec une bride d'or, de vieilles rosses de souvenirs qui ne pouvaient se tenir debout, et que je prenais pour de jeunes et fringantes espérances. Mémoires d'outre-tombe Pierre Corneille Rouen 1606-Paris 1684 Ma plus douce espérance est de perdre l'espoir. Le Cid, I, 2, l'infante Gustave Flaubert Rouen 1821-Croisset, près de Rouen, 1880 Académie française, 1880 Le souvenir est l'espérance renversée. On regarde le fond du puits comme on a regardé le sommet de la tour. Carnets Paul Fort Reims 1872-Argenlieu, près de Montlhéry, Essonne, 1960 Il n'est qu'une espérance. Elle revient d'exil. Ballades françaises, Sur les jolis ponts de Paris Flammarion Charles de Gaulle Lille 1890-Colombey-les-Deux-Églises 1970 Vieille France, accablée d'Histoire, meurtrie de guerres et de révolutions, allant et venant sans relâche de la grandeur au déclin, mais redressée, de siècle en siècle, par le génie du renouveau ! Vieil homme, recru d'épreuves, détaché des entreprises, sentant venir le froid éternel, mais jamais las de guetter dans l'ombre la lueur de l'espérance ! Mémoires de guerre, le Salut Plon Jean Giono Manosque 1895-Manosque 1970 Le poète doit être un professeur d'espérance. L'Eau vive Gallimard Alphonse de Prât de Lamartine Mâcon 1790-Paris 1869 Mon cœur, lassé de tout, même de l'espérance N'ira plus de ses vœux importuner le sort. Premières Méditations poétiques, le Vallon François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 L'espérance, toute trompeuse qu'elle est, sert au moins à nous mener à la fin de la vie par un chemin agréable. Maximes François, duc de La Rochefoucauld Paris 1613-Paris 1680 Nous promettons selon nos espérances, et nous tenons selon nos craintes. Maximes Charles Maurras Martigues 1868-Saint-Symphorien 1952 Académie française, 1938 Une espérance collective ne peut […] pas être domptée. Chaque touffe tranchée reverdit plus forte et plus belle. Tout désespoir en politique est une sottise absolue. L'Avenir de l'intelligence Flammarion Charles Péguy Orléans 1873-Villeroy, Seine-et-Marne, 1914 Ce qui m'étonne, dit Dieu, c'est l'espérance. Et je n'en reviens pas. Cette petite espérance qui n'a l'air de rien du tout. Cette petite fille espérance. Immortelle. Le Porche du mystère de la deuxième vertu Gallimard Marcel Proust Paris 1871-Paris 1922 L'espérance est un acte de foi. Les Plaisirs et les Jours Gallimard Jean Racine La Ferté-Milon 1639-Paris 1699 Grâce aux Dieux ! Mon malheur passe mon espérance ! Andromaque, V, 5, Oreste Jean Racine La Ferté-Milon 1639-Paris 1699 Mon unique espérance est dans mon désespoir. Bajazet, I, 4, Atalide Marc Antoine Girard, sieur de Saint-Amant Quevilly, près de Rouen, 1594-Paris 1661 Académie française, 1634 Non, je ne trouve point beaucoup de différence De prendre du tabac à vivre d'espérance, Car l'un n'est que fumée, et l'autre n'est que vent. Sonnet, Assis sur un fagot… Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues Aix-en-Provence 1715-Paris 1747 L'espérance est le plus utile et le plus pernicieux des biens. Réflexions et Maximes Luc de Clapiers, marquis de Vauvenargues Aix-en-Provence 1715-Paris 1747 L'espérance fait plus de dupes que l'habileté. Réflexions et Maximes Alfred, comte de Vigny Loches 1797-Paris 1863 L'espérance est la plus grande de nos folies. Stello François Marie Arouet, dit Voltaire Paris 1694-Paris 1778 Un jour tout sera bien, voilà notre espérance ; Tout est bien aujourd'hui, voilà l'illusion. Poème sur le désastre de Lisbonne Marguerite de Crayencour, dite Marguerite Yourcenar Bruxelles 1903-Mount Desert Island, Maine [É.-U.], 1987 Le malheur est que, parfois, des souhaits s'accomplissent, afin que se perpétue le supplice de l'espérance. Denier du rêve Plon Euripide Salamine 480-Pella, Macédoine, 406 avant J.-C. L'homme supérieur est celui qui reste toujours fidèle à l'espérance ; ne point persévérer est d'un lâche. Héraclès, 105-106 (traduction Grégoire-Parmentier) Euripide Salamine 480-Pella, Macédoine, 406 avant J.-C. Le temps ne s'occupe pas de réaliser nos espérances ; il fait son œuvre et s'envole. Héraclès, 506-507 (traduction Grégoire) Bible Celui qui craint le Seigneur n'a peur de rien ; il ne tremble pas, car Dieu est son espérance. Ancien Testament, EcclésiastiqueXXXIV, 14 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». Bible Bref, la foi, l'espérance et la charité demeurent toutes les trois, mais la plus grande d'entre elles, c'est la charité. Saint Paul, Épître aux Corinthiens, Ire, XIII, 13 Dante Alighieri Florence 1265-Ravenne 1321 Vous qui entrez, laissez toute espérance. Lasciate ogni speranza, voi ch'entrate. la Divine Comédie Commentaire Paroles que Dante suppose gravées au sommet de la porte de l'enfer. ● espérance (expressions) nom féminin (de espérer) Contre toute espérance, alors que plus personne ne l'espérait. Espérance de vie, pour une population et une époque données, durée moyenne de la vie. Espérance mathématique d'une variable aléatoire continue X, intégrale, quand elle est absolument convergente, f (t) désignant la densité de probabilité de la variable aléatoire X. Espérance mathématique d'une variable aléatoire discrète X, moyenne arithmétique pondérée des valeurs possibles xi de la variable X par leur probabilité pi : . (On note aussi l'espérance mathématique de X, appelée parfois moyenne.) ● espérance (synonymes) nom féminin (de espérer) Sentiment de confiance en l'avenir, qui porte à attendre avec...
Synonymes :
Contraires :
- désespérance
- désespoir
Personne ou chose qui est l'objet de cette attente
Synonymes :
- désir
- espoir
Contraires :
- crainte
- défiance
- inquiétude
espérance
n. f.
d1./d Attente confiante de qqch que l'on désire.
|| Loc. Contre toute espérance: alors qu'il n'y avait plus rien à espérer.
|| Par ext. Personne, chose sur laquelle on fonde cette attente, cette confiance. Ce garçon est l'espérance de sa famille.
|| Avoir des espérances: compter sur un héritage.
d2./d Probabilité établie par une statistique. Au jeu de pile ou face, si je joue pile, mon espérance mathématique est de 0,5.
— Espérance de vie: durée de vie moyenne des individus d'une population donnée.
⇒ESPÉRANCE, subst. fém.
A.— PHILOS., PSYCHOL.
1. Disposition de l'âme qui porte l'homme à considérer dans l'avenir un bien important qu'il désire et qu'il croit pouvoir se réaliser. L'espérance est le désir joint à un jugement (DESTUTT DE TR., Idéol., 1, 1801, p. 237). Cette belle espérance, qui consiste à croire sans preuve, à adorer ce qu'on ignore et à attendre avec ferveur ce qu'on ne sait pas du tout (FLAUB., Tentation, 1849, p. 344). Et l'espérance n'espère pas l'espérance, mais d'heureux lendemains (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 240) :
• 1. ... je leur demandai « quelle différence il y a entre le désir et l'espérance? »
Massieu. « Le désir est un arbre en feuilles, l'espérance un arbre en fleurs, la jouissance un arbre en fruits.»
Leclerc. « Le désir est une inclination du cœur, l'espérance une confiance de l'esprit. »
JOUY, Hermite, t. 3, 1813, p. 266.
• 2. Au-dessus de l'attente est l'espérance, plus généreuse que l'attente, parce qu'elle renonce à la détermination des espoirs immédiats et des calculs inquiets pour offrir une large confiance inconditionnelle à un avenir accepté comme foncièrement bon. Elle implique un acte de foi métaphysique dans la qualité et dans la signification du temps, et, par lui, un désarmement intérieur, un abandon apaisant et actif.
MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 315.
2. Spécialement
a) RELIG. CHRÉT. Vertu surnaturelle par laquelle les croyants attendent de Dieu, avec confiance, sa grâce en ce monde et la gloire éternelle dans l'autre :
• 3. De l'Espérance et de la Charité.
L'espérance, seconde vertu théologale, a presque la même force que la foi; le désir est le père de la puissance; quiconque désire fortement, obtient. Cherchez, a dit J. C., et vous trouverez; frappez, et l'on vous ouvrira. (...) Le désir ou l'espérance, est le génie. Il a cette virilité qui enfante, et cette soif qui ne s'éteint jamais.
CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 88.
• 4. À nous, catholiques, suffit l'espérance. Nous tenons les « promesses »; nous sommes sûrs qu'elles auront leur effet, si nous n'y mettons pas d'obstacles; sûrs qu'il dépend de nous de les voir réalisées en notre personne, avec le secours de la grâce, qui ne manquera jamais. Mais au janséniste, aussi longtemps qu'il n'a pas reçu de « signe », l'espérance chrétienne est plus que difficile, puisqu'il ne sait pas si Jésus-Christ est mort pour lui, ou non; s'il aura la grâce, ou non; si les commandements lui seront possibles, ou impossibles.
BREMOND, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 373.
— Acte d'espérance. Prière exprimant cette attitude de l'âme envers Dieu. Faire un acte d'espérance (cf. PÉGUY, Porche Myst., 1911, p. 175).
— Couleur de l'espérance. La couleur verte. Des fiches vertes, couleur de l'espérance (ZOLA, Argent, 1891, p. 383).
— P. méton., ICONOGR. Jeune femme tenant généralement un étendard ou, de nos jours, une ancre. On voit dans l'intérieur de la chapelle la Foi, l'Espérance et la Charité qui consolent saint Antoine et le caressent de la main, comme un petit enfant (FLAUB., Tentation, 1849 p. 329).
b) P. allus.
— LITT. (cf. L'Enfer de Dante) :
• 5. « Je n'aime point, disait M., ces femmes impeccables, au-dessus de toute faiblesse. Il me semble que je vois sur leur porte le vers du Dante sur la porte de l'enfer :
Lasciate ogni speranza, voi che intrate.
Vous qui entrez ici, laissez toute espérance. »
C'est la devise des damnés.
CHAMFORT, Caract. et anecd., 1794, p. 172
— MYTH. [La vérité] doit demeurer ensevelie dans le sein du sage, comme l'espérance au fond de la boîte de Pandore (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 268).
c) Locutions
— Contre toute espérance. Contre toute attente, alors que personne ne s'y attendait, ne l'espérait (cf. ROB., Lar. Lang. fr.).
— De grande/belle/haute/riche espérance (vieilli). Dont on espère beaucoup; qui donne dès maintenant une haute idée de ce que sera l'avenir. Jeune homme de la plus haute espérance (DELILLE, Homme des champs, 1800, p. XIX) :
• 6. Ravi de posséder un poisson de pareille souche, le pasteur craignit que sa cuisinière ne fût pas en état d'apprêter un mets de si haute espérance...
BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 329.
— En espérance (rare ou vieilli). Synon. de en perspective (temporelle). Que de Colbert, que de Turgot en espérance, qui ne sont pas sortis des bureaux de la ferme générale (JOUY, Hermite, t. 2, 1812, p. 124). Le mal qui n'était qu'en espérance, le voici en réalité (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 93). Le paysan défriche un terrain de broussailles; le blé n'y pousse qu'en espérance (ALAIN, Propos, 1934, p. 1203).
B.— [L'obj. est gén. plus précis et dans un avenir plus ou moins proche]
1. Sentiment qui porte spécialement sur l'obtention d'un objet déterminé, sur la réalisation de quelque chose dans un avenir plus ou moins proche; raison que l'on a d'espérer. Il avait peur que d'ici là le gouverneur ne changeât de résolution et qu'on n'enlevât le cadavre. Alors sa dernière espérance était perdue (DUMAS, Monte-Cristo, 1846, p. 248). L'espérance de l'évasion prochaine le transfigure (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 397) :
• 7. ... les premiers pêchers de plein vent, illuminés de neige rose, les premières quenouilles laiteuses qui brandissaient vers le ciel une fragile espérance de poires...
DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 96.
2. Spécialement
a) Locutions
— Dans l'espérance de, que. Synon. de en espérant que, dans l'attente de, que. Dans l'espérance que le lendemain seroit un jour favorable (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 2, 1801, p. 155). Dans l'espérance des sanctions hypothétiques qu'elle apporte (FAURE, Espr. formes, 1927, p. 271). Cf. délicat ex. 7.
— Être sans espérance.
♦ [En parlant d'un malade] Être condamné. M. Daigremont fut sans espérance le vingt-troisième jour après notre arrivée, et mourut le vingt-cinquième (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 360). Son fils est sans espérance et ce qu'on peut lui souhaiter de mieux, c'est une prompte mort (CONSTANT, Journaux, 1805, p. 204).
♦ [En parlant de l'entourage d'un malade] Ne plus espérer garder le malade en vie, cf. LITTRÉ, GUÉRIN 1892.
b) Espérance (mathématique) de vie. Estimation (variable selon l'âge, le sexe, le pays, etc.) du nombre d'années qu'un individu peut espérer vivre, obtenue à partir de statistiques de mortalité. Le pays qui a actuellement l'espérance de vie la plus élevée est la Norvège : 71 ans pour les hommes, 74 ans pour les femmes (LESOURD, GÉRARD, Hist. écon., 1966, p. 490). La vie moyenne, ou espérance de vie à la naissance (Traité sociol., 1967, p. 281).
c) JEUX. Jeu de l'espérance. Jeu de hasard aux dés.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe s. dont LITTRÉ et GUÉRIN 1892 ainsi que dans Lar. 19e-Lar. encyclop.
3. Au plur., littér., rare. [Sara] prit un goût qui m'a mis au désespoir, en détruisant toutes mes espérances, en renversant tous mes projets (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 69). Nos espérances sur la Flandre (...) restaient donc ouvertes (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 226). Sur le fils aîné reposaient toutes les grandes espérances du père (AYMÉ, Jument, 1933, p. 38).
— Locutions
♦ Dépasser les espérances, réussir au-delà de toute espérance (cf. VILLIERS DE L'I.-A., Corresp., 1866, p. 83). Le résultat dépassa les espérances et, dès 1960, les États-Unis prenaient au Canada la première place pour la production [d'uranium] du monde occidental (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 165).
♦ Donner des espérances. Donner des assurances, faire des promesses. Tout ce qu'il a obtenu, ce sont des promesses, ce qu'on appelle des espérances, mot qui m'a bien l'air d'être fait pour les dupes (SAND, Corresp., 1831, p. 160). Les buveurs d'eau mirent leur habitation sens dessus dessous pour laisser une chambre libre au malade. Enfin le médecin commença à donner des espérances (MURGER, Scènes vie jeun., 1851, p. 220).
C.— P. méton.
1. La personne ou la chose, objet de l'espérance. L'Espagne et le Portugal, ces deux grandes espérances de la cour pontificale (STENDHAL, Rome, Naples et Flor., t. 2, 1817, p. 341). Hélas! il n'a point vu sous des traits assassins Tomber son jeune fils, sa plus belle espérance (BAOUR-LORMIAN, Ossian, 1827, p. 250) :
• 8. Six laboureurs de Fonteneilles avaient porté le corps jusqu'au seuil de cette demeure où il allait entrer, avant-dernier de son nom et dernière espérance de la race.
R. BAZIN, Blé, 1907, p. 356.
2. Spécialement
a) MATH. Espérance mathématique. ,,Valeur moyenne théorique d'une variable aléatoire`` (Méd. Biol. t. 2 1971). Synon. moyenne arithmétique. La moyenne naturelle, l'espérance mathématique (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 93).
b) Au plur.
♦ Avoir des espérances. Être enceinte. Laura m'a confié qu'elle avait des espérances; mais chut!... elle préfère qu'on ne le sache pas encore (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1122).
♦ (Avoir des) espérances. (Avoir un) héritage en perspective. Monsieur diplômé, (...) recherche en vue mariage jeune personne (...) avec dot minimum 500 000 et espér. possible (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 925) :
• 9. ... je fis remarquer à mon ami que d'excellentes gens emploient communément le mot « espérances » pour désigner la fortune qui doit leur échoir lorsqu'ils auront eu le malheur de devenir orphelins. « Cent mille francs de dot, sans compter les espérances... » Petite phrase coutumière et qui n'a pas l'air méchant, mais qui ouvre un jour, comme on dit, sur les bas-fonds humains.
MAURIAC, Journal 1, 1934, p. 60.
Prononc. et Orth. :[]. D'apr. GRAMMONT Prononc. 1958, p. 41 : [], p. harmonis. vocalique. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 n'aveir esperance de « ne pas s'attendre à » (Roland, éd. J. Bédier, 1411); 2. 1re moitié XIIe s. esperance « disposition de l'âme qui nous fait considérer ce que nous désirons comme devant se réaliser » (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, LXI, 7, p. 79); 3. mil. XIIe s. « personne ou chose sur laquelle on fonde son espérance » (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, LXI, 8, p. 105). Dér. du rad. de espérer; suff. -ance. Fréq. abs. littér. :6 700. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 15 418, b) 9 311; XXe s. : a) 7 534, b) 5 815. Bbg. GOSSEN (C.-T.). Ma plus douce espérance est de perdre l'espoir. Z. rom. Philol. 1955, t. 71, pp. 337-364.
espérance [ɛspeʀɑ̃s] n. f.
ÉTYM. V. 1120; n'aveir espérance de « ne pas s'attendre à », 1080, Chanson de Roland; de espérer.
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1 L'espérance, sentiment qui fait entrevoir comme probable la réalisation de ce que l'on désire. ⇒ Assurance, attente (cit. 10 et 21), certitude, confiance, conviction, croyance, espoir (cit. Lafaye), expectative. || Être animé, soulevé, soutenu par l'espérance. || Vivre d'espérance. || Être plein d'espérance (→ Approcher, cit. 24). || Attendre avec espérance. || Donner de l'espérance. ⇒ Encourager. || Exciter, exalter l'espérance. || Lueur, rayon (→ Bas, cit. 65), élan, souffle, cri d'espérance. || Être alléché (cit. 2), leurré, trompé par l'espérance de qqn. || Enlever, ôter l'espérance à qqn. || Perdre l'espérance. — ☑ Être sans espérance (vieilli) : ne plus avoir longtemps à vivre. — L'espérance de qqn, son espérance. || Renaître à l'espérance. || Un reste d'espérance. — Le vert, couleur de l'espérance.
1 (…) s'il y a beaucoup ou peu d'apparence qu'on obtienne ce qu'on désire, ce qui nous représente qu'il y en a beaucoup excite en nous l'espérance, et ce qui nous représente qu'il y en a peu excite la crainte (…)
Descartes, les Passions de l'âme, II, 58.
2 L'espérance, toute trompeuse qu'elle est, sert au moins à nous mener à la fin de la vie par un chemin agréable.
La Rochefoucauld, Maximes, 168.
3 Ainsi nous allons toujours tirant après nous cette longue chaîne traînante de notre espérance.
Bossuet, Impénitence finale.
4 L'espérance anime le sage et leurre le présomptueux et l'indolent, qui se reposent inconsidérément sur ses promesses.
Vauvenargues, Maximes, 14.
5 Vous avez plus joui par l'espérance que vous ne jouirez jamais en réalité. L'imagination qui pare ce qu'on désire l'abandonne dans la possession.
Rousseau, Émile, V.
6 L'espérance n'est qu'un charlatan qui nous trompe sans cesse; et, pour moi, le bonheur n'a commencé que lorsque je l'ai eu perdue (…)
Chamfort, Maximes et pensées, Sur les sentiments, XIX.
7 D'une prison sur moi les murs pèsent en vain,
J'ai les ailes de l'espérance.
8 Mon cœur, lassé de tout, même de l'espérance,
N'ira plus de ses vœux importuner le sort (…)
Lamartine, Premières méditations, « Le vallon ».
9 Une immense espérance a traversé la terre;
Malgré nous vers le ciel il faut lever les yeux.
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Espoir en Dieu ».
10 (…) il eut le courage de l'espérance, qui vaut celui du désespoir (…)
Balzac, Mme de la Chanterie, Pl., t. VII, p. 236.
11 (…) l'espérance (…) serait la plus grande des forces humaines si le désespoir n'existait pas.
Hugo, Quatre-vingt-treize, III, IV, XI.
12 Ô toi (Satan) qui de la Mort, ta vieille et forte amante,
Engendras l'Espérance, — une folle charmante !
Baudelaire, les Fleurs du mal, Révolte, CXX, « Les litanies de Satan ».
13 Je parvins à faire s'évanouir dans mon esprit toute l'espérance humaine. Sur toute joie pour l'étrangler j'ai fait le bond sourd de la bête féroce.
Rimbaud, Une saison en enfer, « Jadis, si je me souviens bien… ».
14 Au terme de tous les efforts vers le mieux, ce qu'on trouve c'est l'espérance : espérance en une vérité plus haute que celle de la vie quotidienne patiemment servie, espérance en une réalité qui veut que le héros se sacrifie, espérance en une fraternité qui exige que le prochain soit aimé, malgré ses défauts et pour ses défauts. Il n'y a pas d'homme sans espérance (…)
Daniel-Rops, Ce qui meurt et ce qui naît, p. 198.
15 (…) ce fol éther d'espérance qui infiltre la cervelle des méconnus.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XVIII, p. 250.
♦ ☑ Allus. littér. || « Abandonnez toute espérance, vous qui entrez » (Dante, l'Enfer, III, v. 9) : dernier vers de l'inscription placée sur la porte de l'Enfer, dans la « Divine Comédie » de Dante.
16 Je n'aime point (…) ces femmes impeccables au-dessus de toute faiblesse. Il me semble que je vois sur leur porte le vers du Dante sur la porte de l'enfer : « Voi ch'intrate, lasciate ogni speranza ! ».
Chamfort, Pensées et maximes, « Sur les femmes », XII.
17 Non, il n'est pas vrai que la vieillesse soit un enfer à la porte duquel on doive écrire : Vous qui entrez ici, laissez toute espérance.
A. Maurois, Un art de vivre, p. 231.
♦ Allus. myth. || Seule, l'espérance resta au fond de la boîte de Pandore, ouverte imprudemment par Épiméthée. ⇒ Boîte (cit. 13 et supra). || L'espérance en amour : le fait d'espérer obtenir l'amour de l'être aimé. || Aimer sans espérance.
18 (…) aimer sans espérance,
Personne ne l'a jamais fait.
Bussy-Rabutin, Maximes d'amour.
19 C'est la plus jolie chose du monde que leur cœur, quand l'espérance les tient en haleine (les hommes…)
Marivaux, les Serments indiscrets, I, 2.
20 Il suffit d'un très petit degré d'espérance pour causer la naissance de l'amour.
Stendhal, De l'amour, III.
21 Et j'ai fait le serment d'aimer sans espérance,
Mais non pas sans bonheur; — je vous vois, c'est assez.
A. de Musset, Poésies nouvelles, À Ninon.
22 On désire plus la personne qui va se donner; l'espérance anticipe la possession (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XIII, p. 110.
♦ Spécialt. Théol. chrét. L'une des trois vertus théologales qui porte le chrétien à penser qu'il sera sauvé, qu'il obtiendra la grâce divine. || Acte d'espérance : prière exprimant cette vertu.
23 C'est sur l'espérance, aussi bien que sur la foi, qu'est fondé tout l'édifice de cette perfection chrétienne, dont la charité est le comble.
Bourdaloue, Assomption, Préambule.
24 L'espérance que les chrétiens ont de posséder un bien infini est mêlée de jouissance effective aussi bien que de crainte (…)
Pascal, Pensées, VII, 540.
25 Quand même vos espérances auraient été trompées non seulement sept fois, mais septante fois sept fois, ne perdez jamais l'espérance.
F. de Lamennais, Paroles d'un croyant, XXXVIII, p. 157.
26 Mais l'espérance, dit Dieu, voilà ce qui m'étonne (…)
Que ces pauvres enfants voient comme tout ça se passe et qu'ils croient que demain ça ira mieux (…)
Ça c'est étonnant et c'est bien la plus grande merveille de notre grâce (…)
Quelle ne faut-il pas que soit ma grâce (…) pour que cette petite espérance, vacillante au souffle du péché, tremblante à tous les vents, anxieuse au moindre souffle, soit aussi invariable, se tienne aussi fidèle, aussi droite, aussi pure; et invincible, et immortelle, et impossible à éteindre (…)
Ch. Péguy, le Porche du mystère…, in Œ. poétiques compl., Pl., p. 172-173.
27 — Qu'est-ce que l'Espérance ?
— L'Espérance est une vertu surnaturelle par laquelle nous attendons de Dieu, avec confiance, sa grâce en ce monde et la gloire éternelle dans l'autre (…)
On oublie trop (…) que l'espérance est une vertu, qu'elle est une vertu théologale, et que de toutes les vertus (…) elle est peut-être la plus agréable à Dieu.
Qu'elle est assurément la plus difficile, qu'elle est peut-être la seule difficile (…)
Ch. Péguy, le Porche du mystère, in Œ. poétiques compl., Pl., p. 175.
2 (Mil. XIIe). || Une, des espérances; l'espérance de…, que…, le fait d'espérer un objet déterminé. ⇒ Aspiration, désir, espoir, perspective, prévision. || Espérances touchant à la réalisation d'un dessein, d'une entreprise, d'un projet. || Événement, signe qui fait concevoir de belles, de brillantes espérances (⇒ Promesse). || Ferme espérance. ⇒ Certitude, conviction, croyance. || Espérance confuse, vague. ⇒ Pressentiment. || Espérance chimérique, fausse, trompeuse, vaine, mal fondée. ⇒ Illusion, songe. || Espérance qui se réalise. || Espérance déçue (cit. 6); dissipée (cit. 22), écroulée, évanouie, ruinée (→ Amertume, cit. 12), trompée. || Cet échec a anéanti, brisé, détruit ses espérances. || Caresser, concevoir, entretenir, nourrir, former des espérances. || Se bercer (cit. 10) d'une espérance. || Se livrer aux plus folles espérances (→ Animer, cit. 42). || Bâtir (cit. 32), fonder de grandes espérances sur qqch. || Les espérances de qqn, ses espérances. || Porter ses espérances sur qqn, qqch. || Ses plus chères espérances. || Mettre, placer ses espérances dans un dernier effort, une dernière tentative. ⇒ Carte (dernière carte). || Conserver, garder une espérance. || Suprême espérance. || L'espérance qui l'anime (cit. 27). || Flatter, bercer qqn d'espérances trompeuses. ⇒ Allécher, amuser, flatter, leurrer. || Espérances communes; communauté d'espérance. — Avoir une espérance de réussite, de succès, de guérison (→ Bon, cit. 19). || Avoir l'espérance d'être admiré (⇒ Prétention; → Connaissance, cit. 29). || Avoir l'espérance que tout ira bien, que tout sera bien (cit. 56). || Répondre aux espérances (→ Caresser, cit. 22). || Donner des espérances à qqn, de qqn. ⇒ Promettre. || Succès qui passe, dépasse les espérances (→ Borner, cit. 12). — Les Grandes Espérances, titre français d'un roman de Dickens.
28 (…) j'en conçois, pour moi, la meilleure espérance du monde.
Molière, le Médecin malgré lui, I, 4.
29 (…) son succès (de la Thébaïde) aurait passé mes espérances.
Racine, la Thébaïde, Épître.
30 (…) nous ne pouvons, avec de telles nouvelles, nous ôter tout à fait l'espérance de votre retour.
Mme de Sévigné, Lettres, 177, 21 juin 1671.
31 (…) ma philosophie m'a mis au-dessus des craintes et des espérances, comme dit le sage Lucrèce.
Sainte-Beuve, Correspondance, p. 358.
32 (…) chaque fois qu'elle (la France sous Louis XIV) semblait fêter une victoire, c'était plutôt l'espérance de paix que la victoire qu'elle fêtait.
Fustel de Coulanges, Questions contemporaines, p. 53.
33 Qu'est-ce qu'espérer ? C'est penser à l'avenir avec joie. Nos espérances mesurent notre bonheur présent bien plutôt que notre bonheur à venir.
Alain, Propos, p. 172.
♦ Ironique :
34 Grâce aux dieux ! Mon malheur passe mon espérance.
Racine, Andromaque, V, 3.
♦ Spécialt. Confiance dans l'avenir, dans la réussite de qqn. ⇒ Espoir. || Cet élève, cet étudiant donne de grandes espérances. ⇒ Promesse. || Un avenir plein d'espérances. || Ce qu'il a fait ne correspond pas aux espérances qu'on avait placées en lui. || De brillantes espérances. || Réaliser, remplir les espérances.
35 Cela donna sujet à M. Despréaux de s'étendre sur vos louanges, c'est-à-dire sur les espérances qu'il a conçues de vous; car vous savez que Cicéron dit que, dans un homme de votre âge, on ne peut guère louer que l'espérance (…)
Racine, Lettre à son fils Louis, XXVI.
36 En regard de tant d'autres talents qui se dissipent ou qui s'égarent, on est heureux d'en rencontrer un qui grandit et s'élève en raison des difficultés et des obstacles, qui mûrit visiblement chaque jour, qui remplit ou qui même dépasse les plus belles espérances.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 5 nov. 1849, t. I, p. 79.
37 (…) quelles espérances en lui placées se trouvèrent par lui déçues.
G. Duhamel, le Temps de la recherche, XVI, p. 227.
♦ ☑ Loc. (plur.). Avoir des espérances : en parlant de l'attente d'un enfant, d'une naissance, dans une famille. ⇒ Enceinte (être).
38 S'il avait eu un fils de Joséphine, le successeur eût été tout désigné (…) aucune « espérance », en tout cas, n'était avouée en ce printemps de 1802, et le rêve semblait à vau-l'eau. Bonaparte paraissait y renoncer.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Le Consulat, XV, p. 243.
3 ☑ Loc. En espérance : qui doit se produire, se réaliser. ⇒ Futur; perspective (en), puissance (en).
39 Quoi ? déjà de Titus épouse en espérance,
Ce rang entre elle et vous met-il tant de distance ?
Racine, Bérénice, I, 1.
40 (…) Qu'un sou, quand il est assuré,
Vaut mieux que cinq en espérance (…)
La Fontaine, Fables, IV, 2.
41 Elles avaient en espérance un héritage dont elles parlaient souvent autour de leur lampe et de leur table de travail, comme d'un rêve, comme d'un conte de fée, tant il semblait lointain.
Loti, Figures et Choses…, p. 191.
♦ ☑ Dans l'espérance (de…, que…) : en espérant… || Je suis venu dans l'espérance de vous trouver. ⇒ Espoir. — ☑ Contre toute espérance : alors qu'il semblait impossible d'espérer. ⇒ Attente.
42 (…) son père, arrivé contre toute espérance.
Molière, l'Étourdi, IV, 7.
43 Je venais justement lui annoncer que, contre toute espérance, j'avais réussi mon travail !
Saint-Exupéry, le Petit Prince, p. 84.
♦ ☑ Vieilli. De grande espérance : dont on peut espérer beaucoup.
44 (…) Bajazet, prince de grande espérance (…)
Racine, Bajazet, 2e préface.
45 Dans une terre, dont le maître s'est éloigné, on voit un arbre de riche espérance devenir stérile.
Chateaubriand, Martyrs, II, 42.
4 Sc. Statist. || Espérance mathématique : valeur moyenne d'une variable aléatoire moyenne pondérée par leur probabilité de toutes les valeurs possibles prises par cette variable. — Démogr. || Espérance de vie : durée moyenne de la vie humaine dans une société donnée, établie statistiquement sur la base des taux de mortalité. || L'espérance de vie des enfants du tiers monde est encore dramatiquement faible. || Espérance de vie à l'âge X, chiffre qui représente le nombre moyen d'années restant à vivre aux personnes atteignant cet âge X, selon la table de mortalité de ces personnes.
45.1 Le nombre des hommes s'est multiplié, l'espérance de vie croît et, en effet, le manœuvre russe dispose d'une télé que les tsars n'avaient pas.
Emmanuel Berl, le Virage, p. 39.
5 Par métonymie. Personne, chose qui est l'objet de l'espérance (→ Avant-coureur, cit. 2). || Cet homme est l'espérance de tout un peuple.
46 Voilà donc votre roi, votre unique espérance.
Racine, Athalie, IV, 3.
47 En même temps le petit bétail, se multipliant sans nombre, s'établit dans la forêt, blessant les arbres, les arbrisseaux, les jeunes pousses, dévorant l'espérance.
Michelet, Hist. de France, t. II, p. 126.
♦ Spécialt. Plur. || Espérances : biens qu'on attend d'un héritage.
48 Une de ses parentes éloignées, madame la comtesse de Lô, laissait rarement échapper une occasion d'énumérer en sa présence ce qu'elle appelait « les espérances » de ses trois fils (…) Le plus jeune des trois avait à recueillir d'une grand'tante cent bonnes mille livres de rentes (…)
Hugo, les Misérables, I, I, IV.
49 Ma petite-fille n'apportait pas une très belle dot, mais elle avait, en revanche, de magnifiques « espérances ». Les espérances de nos enfants ! Pour les cueillir, ils doivent nous passer sur le corps.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, V, p. 69.
50 La famille de Labiche reposait sur les dots et les héritages. On disait délicieusement : les espérances. Ces « espérances » sont réduites parce que l'« espérance de vie » ne cesse de croître, les monnaies de se dévaluer et que les filles, même celles de la bourgeoisie, songent plus à leurs métiers qu'à leurs dots.
Emmanuel Berl, le Virage, p. 124-125.
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CONTR. Désespérance, désespoir, crainte (cit. 1, 4), inespérance, peur.
Encyclopédie Universelle. 2012.