espionnage [ ɛspjɔnaʒ ] n. m.
• 1755; espionnaige h. v. 1570; de espionner
1 ♦ Action d'espionner. ⇒ surveillance. « Elle régna despotiquement dans sa maison, qui fut soumise à son espionnage de femme » (Balzac). Espionnage exercé par la police. — Espionnage industriel : ensemble des moyens utilisés pour surprendre des secrets industriels, techniques.
2 ♦ Activité des espions (2o ). ⇒ renseignement; contre-espionnage. Service d'espionnage : organisation secrète dont la fonction est de révéler les secrets des puissances étrangères ou ennemies. Les services d'espionnage français (D. G. S. E.), américains (C. I. A.). « Il a accepté ensuite une mission de haut espionnage en Orient pour le compte du tsar » (Sartre). Être accusé d'espionnage. L'espionnage au service d'un pays étranger est un crime contre la sûreté de l'État. Romans, films d'espionnage.
● espionnage nom masculin Crime, atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation accomplis par quelqu'un au profit d'une nation étrangère. (Commise par un Français ou un militaire au service de la France, cette infraction constitue une trahison.) Action d'espionner, d'épier quelqu'un, un groupe ; surveillance secrète et désobligeante. ● espionnage (expressions) nom masculin Espionnage industriel, recherche de renseignements concernant les procédés de fabrication industriels.
espionnage
n. m. Action d'espionner; métier d'espion.
— Espionnage industriel, exercé par une firme qui cherche à acquérir les secrets technologiques d'autres firmes.
⇒ESPIONNAGE, subst. masc.
A.— Toujours au sing. Action de recueillir clandestinement des renseignements au profit d'une puissance étrangère. Une affaire d'espionnage; l'espionnage est un crime contre la sûreté de l'État. Anton. contre-espionnage. Attendez. Voilà : organisation d'espionnage pour le compte de l'Italie (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 547). Les romans d'espionnage ne mentent pas : j'ai vu nos meilleurs agents tomber parce qu'ils avaient été indiscrets avec une femme (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 55) :
• 1. ... il ne se passait pour ainsi dire pas de jour sans que le commandant de l'armée d'Orient ne me signalât l'effervescence qui régnait à Salonique, le courant germanophile qui entravait son action et le vaste réseau d'espionnage qui l'avait amené (...) à procéder à l'arrestation des consuls des puissances ennemies.
JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 189.
♦ Spéc., domaine milit. Service, bureau d'espionnage. Organisation chargée de recueillir les secrets des puissances étrangères ou ennemies. La compagnie Maggi, qui est une officine d'espionnage allemand! (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 217).
— P. anal. Espionnage industriel. Action de recueillir clandestinement des renseignements sur les secrets de fabrication d'un concurrent. On met au point un nouveau prototype qui reste environné du plus grand mystère par crainte de l'espionnage industriel (Le Figaro, 4 mars 1961).
B.— P. ext., au sing. ou au plur.
1. Fait d'observer clandestinement (quelque chose ou quelqu'un) au profit de quelqu'un. (Quasi-)synon. surveillance. Baccarat prenait ses renseignements, Fernand Rocher, qui ne se doutait nullement de l'espionnage dont il était l'objet, montait lestement au troisième étage (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 115). Le Comité de salut public ne s'inquiétait que de la police, des espionnages, des dénonciations et des conspirations (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 322). Il [l'empereur] adorait l'espionnage, tout le travail souterrain de la police (ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 292).
2. Fait d'observer secrètement (quelque chose ou quelqu'un) à son profit. (Quasi-)synon. surveillance. Mais Charlotte et son espionnage nous brouilleront (CONSTANT, Journaux, 1812, p. 376). Quand elle arriva, il joua la douceur, il ne lui parla pas de son espionnage du matin (ZOLA, Th. Raquin, 1867, p. 220) :
• 2. Cette préférence me vaudra des coups d'épingle en dessous, des rapports sournois à Mlle Sergent, et des espionnages quand je causerai avec Mlle Lanthenay.
COLETTE, Cl. école, 1900, p. 35.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. Fin XVIe s. espionnaige (CARLOIX, Mém. de Vieilleville, éd. 1757, IV, 252 ds BARB. Misc. 9, n° 15), attest. isolée; 1755 espionnage (MONTESQUIEU, Esprit des lois, t. 2, p. 135). Dér. de espionner; suff. -a(i)ge. Fréq. abs. littér. :267. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 279, b) 190; XXe s. : a) 720, b) 361.
espionnage [ɛspjɛnaʒ] n. m.
ÉTYM. 1755; attestation isolée, v. 1570; espionnaige; de espionner.
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1 Action d'espionner. ⇒ Surveillance. || Espionnage exercé par curiosité, par intérêt, par malveillance (→ Descendre, cit. 19). || Espionnage exercé par la police. || Espionnage organisé par le Père Joseph, Fouché, Vidocq.
1 L'espionnage serait peut-être tolérable s'il pouvait être exercé par d'honnêtes gens; mais l'infamie nécessaire de la personne peut faire juger de l'infamie de la chose.
Montesquieu, l'Esprit des lois, XII, 23 (→ Espion, cit. 4).
2 Elle prit donc le parti d'établir autour de la chambre de son mari la plus exacte surveillance. Elle régna despotiquement dans sa maison, qui fut soumise à son espionnage de femme. Elle restait toute la journée assise dans le salon attenant à la chambre de son mari, et d'où elle pouvait entendre ses moindres paroles et ses plus légers mouvements.
Balzac, Gobseck, Pl., t. II, p. 659.
2.1 Un poète accusé d'espionnage parce qu'il avait regardé pendant deux heures une caserne changer de couleur au soleil couchant, excite les haussements d'épaules des juges quand il explique les raisons de son action.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 641.
♦ Espionnage industriel, ensemble des moyens utilisés pour surprendre les secrets de fabrication d'un produit.
2 Au sing. Activité des espions (2.). || Service d'espionnage : organisation secrète existant dans tous les pays et dont la fonction est de révéler les secrets des puissances étrangères ou ennemies (défense nationale en temps de paix; forces, plans… en temps de guerre). || Le deuxième Bureau, la cinquième Colonne, l'Intelligence Service, services d'espionnage français, allemand, anglais. || La C. I. A., le K. G. B., services d'espionnage américain, soviétique. — L'espionnage, crime contre la sûreté de l'État, se définit en droit français dans les mêmes termes que la trahison (cf. Code pénal, « Des crimes de trahison et d'espionnage », art. 70-73). — Histoire, roman, film d'espionnage.
3 S'il eût été du deuxième Bureau, il aurait eu sans doute la même peine à prendre tout à fait au sérieux les histoires d'espionnage, et cette nuée de pauvres types qui intriguent six mois pour obtenir d'un caporal les plans d'un magasin d'habillement.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XIX, p. 206.
4 (…) on peut admettre que Rollebon a pris une part active à l'assassinat de Paul Ier, qu'il a accepté ensuite une mission de haut espionnage en Orient pour le compte du tsar et constamment trahi Alexandre au profit de Napoléon.
Sartre, la Nausée, p. 26.
5 Les crimes d'espionnage punis par l'article 77 du Code pénal ne se distinguent plus de ceux de trahison, depuis le décret-loi de 1939, que par la nationalité étrangère de ceux qui les commettent (…)
Dalloz, Nouveau répertoire, Crimes et délits c. sûreté État, no 14.
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COMP. Contre-espionnage.
Encyclopédie Universelle. 2012.