éterniser [ etɛrnize ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1544; du lat. æternus→ éternel
1 ♦ Littér. Rendre éternel, faire durer sans fin. ⇒ immortaliser, perpétuer. Une découverte qui éternisera la mémoire de ce grand savant. « Je me sens né pour éterniser mon nom par des ouvrages d'esprit » (Lesage).
2 ♦ Prolonger indéfiniment, faire traîner en longueur (cf. Faire durer). Éterniser un procès. Je ne veux pas éterniser la discussion. « Fuis ! Va-t'en !... Mais, par charité, n'éternise pas mon supplice ! » (Courteline).
3 ♦ S'ÉTERNISERv. pron. Devenir éternel, être trop long. La guerre s'éternise, on n'en voit pas la fin. « il n'y a rien de tel pour s'éterniser que les situations fausses » (A. Gide)(cf. Traîner en longueur).
♢ Fam. Demeurer indéfiniment, s'attarder trop longtemps. Je n'ai pas l'intention de m'éterniser ici ! (cf. Prendre racine). Ne nous éternisons pas sur ce sujet. Nous n'allons pas nous éterniser là-dessus.
♢ Littér. Se rendre éternel dans la mémoire des hommes. ⇒ s'immortaliser. S'éterniser par ses hauts faits, par une action remarquable.
⊗ CONTR. Abréger. Passer.
● éterniser verbe transitif (radical latin aeternus, éternel) Littéraire. Perpétuer, immortaliser le nom, la mémoire de quelqu'un : Cette sculpture éternise son nom. Prolonger trop longtemps une action, la faire traîner en longueur : Éterniser une discussion. ● éterniser (synonymes) verbe transitif (radical latin aeternus, éternel) Littéraire. Perpétuer, immortaliser le nom, la mémoire de quelqu'un
Synonymes :
- perpétuer
éterniser
v.
rI./r v. tr.
d1./d Litt. Rendre éternel.
d2./d Prolonger indéfiniment. éterniser une discussion oiseuse.
rII./r v. Pron. Se prolonger indéfiniment. La polémique s'éternise.
— Fam. S'éterniser quelque part, y rester trop longtemps.
⇒ÉTERNISER, verbe trans.
A.— Emploi trans.
1. Rendre éternel, faire durer. Éterniser la gloire, la mémoire de qqn. Le désir de perpétuer et d'éterniser ce qu'on aime (MICHELET, Insecte, 1857, p. 298) :
• 1. Léopold [le duc] a toujours voulu créer, éterniser son âme. Par la pierre, d'abord : il bâtissait des murs, murs d'églises et de couvents.
BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 277.
— Spéc. Acquérir une valeur d'éternité. Le travail même de nos esprits, de nos cœurs et de nos mains (...) ne sera-t-il pas, lui aussi, en quelque façon, « éternisé », sauvé?... (TEILHARD DE CH., Milieu divin, 1955, p. 40).
2. Faire durer longtemps, prolonger indéfiniment. Éterniser un conflit, une guerre, un malentendu, une négociation, un procès, une querelle. Il y a toujours comme cela une dernière plaie qui ne veut pas se fermer et qui éternise les pansements (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 596).
B.— Emploi pronom.
1. Se rendre éternel. Nous avons vu (...) comment la philosophie, parvenue au plus haut point de sa période scholastique, eut besoin de se populariser et de s'éterniser par les chants d'un poète (OZANAM, Philos. Dante, 1838, p. 85).
2. Durer trop longtemps, n'en plus finir. L'hiver, la nuit s'éternisait; la situation ne pouvait s'éterniser. L'attente s'allonge, s'éternise (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 266) :
• 2. La journée s'éternisait, et elle passait pourtant, sans qu'il sût de quelle façon coulaient les heures.
ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 977.
3. P. hyperb., fam. Rester quelque part, n'en plus sortir; s'attarder au-delà du temps convenable. S'éterniser à la campagne, à table, dans un fauteuil. Montesquieu passa, comme on sait, deux années en Angleterre, puis il vint s'éterniser à La Brède (STENDHAL, Mém. touriste, t. 2, 1838, p. 103). L'abbé s'éternisait sur des sujets de pure conversation (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 261). Emploi abs. Pardonnez-moi, madame, je m'éternise, j'abuse de... (BERNSTEIN, Secret, 1913, I, 6, p. 10).
— Rester indéfiniment, persister. — Mais quoi! Conviendrait-il de s'éterniser en de vains et stériles regrets? (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, 6e tabl., II, p. 234).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Éternisé, ée, part. passé adj. Qui semble devenu éternel. Mes soirs éternisés. Les sombres rideaux aux plis éternisés (RODENBACH, Règne silence, 1891, p. 194). b) Éternisation, subst. fém. ) Fixation dans l'art d'un moment esthétique. L'art est l'éternisation, la fixation dans une forme suprême, absolue, définitive d'un moment, d'une fugitivité, d'une particularité humaine (GONCOURT, Journal, 1866, p. 275). ) Prolongement d'un état. La maîtresse, c'est le coït, si court! La femme aimée, l'éternisation de la jouissance (MICHELET, Journal, 1857, p. 336).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1544 « rendre éternel » (MELLIN DE SAINCT-GELAYS, Poés., I, 291 ds R. Hist. litt. Fr. t. 12, p. 142). Dér. du rad. du lat. class. aeternus « éternel »; suff. -iser. Fréq. abs. littér. :245. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 321, b) 204; XXe s. : a) 522, b) 339.
éterniser [etɛʀnize] v. tr.
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1 Littér. Rendre éternel, faire durer sans fin. ⇒ Immortaliser, perpétuer. || Cette découverte éternisera la mémoire de ce grand savant, éternisera son nom. || Monument éternisant la gloire, la honte de qqn (→ Dessin, cit. 10).
1 Ils cherchent à éterniser sa mémoire par des titres et des inscriptions.
2 Je me sens né pour éterniser mon nom par des ouvrages d'esprit.
A. R. Lesage, Gil Blas, VII, XIII.
3 Léopold a toujours voulu créer, éterniser son âme. Par la pierre, d'abord : il bâtissait des murs, murs d'églises et de couvents.
M. Barrès, la Colline inspirée, p. 258.
♦ Faire durer (une race, une famille).
4 S'il vous faut de Bélus éterniser le sang,
Si la jeune Azéma prétend à ce haut rang (…)
Voltaire, Sémiramis, II, 7.
♦ Rendre éternellement mémorable. || Inscription éternisant un événement (→ Faire passer à la postérité).
5 Ou que d'un beau trépas la mémoire durable,
Éternisant des jours si noblement finis (…)
Racine, Phèdre, III, 5.
6 (…) ce peuple (égyptien), aussi triste que vain, fut inventeur de l'art lugubre des momies, par lequel il voulait, pour ainsi dire, éterniser la mort, malgré la nature bienfaisante, qui travaille sans cesse à en effacer les images (…)
Buffon, Hist. nat. des oiseaux, « L'ibis », t. VIII.
2 Cour. Prolonger indéfiniment, faire traîner en longueur. ⇒ Durer (faire). || Éterniser un procès. || Éterniser une conversation, des négociations, une entrevue. || Éterniser à plaisir une enquête. || Incidents qui éternisent un conflit. || Je ne veux pas éterniser la discussion.
7 Vos chastes feux, esprits de vos beaux yeux,
Vos doux éclairs qui réchauffent les cieux,
De mon brasier éternisent la flamme (…)
Ronsard, Amours de Cassandre, I, CXXVII.
8 (…) on disait qu'il (Dion) voulait éterniser la guerre, afin de perpétuer son autorité.
9 Que lui importent les huguenots, les papistes, et leurs querelles sanglantes ? elle ne songe qu'à éterniser ses fêtes, à varier ses plaisirs.
Th. Gautier, Souvenirs de théâtre…, p. 76.
10 (…) Quel besoin d'éterniser Une querelle trop folâtre (…)
Verlaine, Chanson pour elle, IX.
11 Quitte-moi !… il le faut !… Fuis ! Va-t'en !… Mais, par charité, n'éternise pas mon supplice !
Courteline, Boubouroche, Nouvelle, V.
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s'éterniser v. pron.
1 (Passif). Devenir éternel; se perpétuer, se prolonger. || C'est ainsi que les abus s'éternisent. || Le débat s'éternise dans la procédure. ⇒ Traîner. || Son absence s'éternise.
12 (…) il n'y a rien de tel pour s'éterniser que les situations fausses.
Gide, les Faux-monnayeurs, III, X.
13 J'erre à travers mon beau Paris Sans avoir le cœur d'y mourir Les dimanches s'y éternisent.
Apollinaire, Alcools, p. 33.
2 (Sens réfl.). Littér. Se rendre éternel. — (Dans la mémoire des hommes). ⇒ Immortaliser (s'). || S'éterniser par ses hauts faits, par une action remarquable.
14 — Mais par quelques exploits si l'on ne s'éternise (…)
— (…) Oui, j'aime mieux (…)
Vivre au monde deux jours, que mille ans dans l'histoire.
Molière, la Princesse d'Élide, I, 2.
♦ Se rendre éternel par une présence réelle. Au sens propre :
15 Il aurait voulu pouvoir s'éterniser sur la terre dans l'usage des voluptés.
♦ Fam. (Par hyperbole). Demeurer indéfiniment, trop longtemps. || Vous vous êtes attardé là-bas ? Dites plutôt que vous vous y êtes éternisé ! || J'ai cru qu'il allait s'éterniser chez moi (en parlant d'un visiteur qui ne sait pas prendre congé). → fam. Prendre racine.
16 (…) je compris que cette station serait de courte durée, que mon père n'accepterait pas, lui qui, d'ailleurs, ne restait jamais longtemps où que ce fût, de s'éterniser dans un séjour dont le nom seul lui inspirait du malaise et du dégoût.
G. Duhamel, Inventaire de l'abîme, IV, p. 57.
♦ Demeurer indéfiniment dans un certain état d'esprit; persister dans un sentiment.
17 (…) conviendrait-il de s'éterniser en de vains et stériles regrets ?
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 6e tableau, II.
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DÉR. Éternisation.
Encyclopédie Universelle. 2012.