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étreinte

étreinte [ etrɛ̃t ] n. f.
• 1508; estrainte « contrainte » v. 1210; de étreindre
1Action d'étreindre; pression exercée par ce qui étreint. L'étreinte d'une main. L'armée resserre son étreinte autour de l'ennemi. étau.
2(1829) Fig. L'étreinte de la douleur, et littér. de la mort. « Tu n'auras pas senti l'étreinte De l'irrésistible Dégoût » (Baudelaire).
3(XVIIIe) Action d'embrasser, de presser dans ses bras. embrassement, enlacement. « Et la pire querelle succède à une douce étreinte » (Romains). S'arracher aux étreintes, à l'étreinte de qqn. Par euphém. Étreinte amoureuse. accouplement, 1. acte (sexuel). « le gorille est un luron supérieur à l'homm' dans l'étreinte » (Brassens).

étreinte nom féminin Action d'étreindre, de serrer quelque chose fortement ; pression exercée par ce qui étreint : Il n'arrivait pas à desserrer l'étreinte du boa. Action de resserrer, de renforcer la pression qui s'exerce sur quelqu'un, un groupe : L'ennemi resserrait son étreinte autour de la ville assiégée. Littéraire. Action de presser tendrement dans ses bras ; embrassement : S'arracher à l'étreinte des siens. Littéraire. Pénible contrainte, douloureuse oppression : L'étreinte de la douleur.

étreinte
n. f.
d1./d Action d'étreindre; la pression qui en résulte. Assiégeants qui resserrent leur étreinte.
|| Fig. L'étreinte du remords.
d2./d Action de presser (qqn) dans ses bras. étreinte amoureuse.

⇒ÉTREINTE, subst. fém.
Action d'étreindre; résultat de cette action.
A.— Domaine du gestuel
1. [En parlant de pers.] (L')étreinte de qqn. Action (ou son résultat) d'entourer (quelqu'un) de ses bras ou de son corps en le serrant fortement. Desserrer, dénouer, relâcher une étreinte.
a) [Pour dominer ou maîtriser quelqu'un] Une étreinte invincible; se dégager d'une étreinte; échapper à une étreinte. S'arracher à l'étreinte du géant, écarter ses mains de notre gorge, son genou de notre poitrine (MAURIAC, Bâillon dénoué, 1945, p. 417) :
1. L'attaque avait été trop précise et trop prompte (...) la frénésie de la lutte, l'étreinte silencieuse du corps bondissant, et aussi l'odeur de l'alcool l'avaient comme enivré.
BERNANOS, Nuit, 1928, p. 28.
P. métaph. Notre pauvre malade, dit Poulain, commence à se débattre sous l'étreinte de la mort (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p. 271) :
2. — Je n'ai jamais fait ce genre de choses avec aucune femme.
— Peux-tu me le jurer sur ta médaille Notre-Dame de Laghet?
Swann savait qu'Odette ne se parjurerait pas sur cette médaille-là.
— Oh! Que tu me rends malheureuse, s'écria-t-elle en se dérobant par un sursaut à l'étreinte de sa question.
PROUST, Swann, 1913, p. 362.
[En parlant d'une partie du corps par laquelle se réalise l'étreinte] D'une étreinte de ses durs bras de lutteuse, elle pouvait l'étouffer (ZOLA, Bête hum., 1890, p. 162) :
3. Il se rendait bien compte que l'étreinte de ses doigts était brutale sur le bras frêle; mais il serrait quand même, et davantage encore à mesure qu'il sentait lui faire mal.
GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 218.
P. ext. Encerclement progressif (d'un groupe) qui resserre de plus en plus. Tous, à cette heure, se trouvaient rejetés dans Sedan, sous la formidable étreinte des armées allemandes (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 325).
b) [En signe d'affection] Une longue, une chaleureuse étreinte. Il y eut un silence, pendant qu'elle reprenait le petit dans une étreinte maternelle (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 1129). Elle le laisse partir, après une vigoureuse étreinte qui lui broie les deux mains : elle est émue (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 109).
En partic. [Dans les rapports amoureux] Une étreinte passionnée, amoureuse; une chaste, une douce étreinte; étreinte charnelle; étreinte d'amour. Il pencha la tête vers elle en l'enfermant dans une étreinte, et leurs bouches se rencontrèrent (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, M. Parent, 1886, p. 606). La maladresse des premières étreintes (BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 929).
P. euphém. Union (physique) totale. Zaza comprit précocement que Madame Mabille avait haï dès la première nuit et à jamais les étreintes conjugales (BEAUVOIR, Mém. J. fille, 1958, p. 117) :
4. Rendons grâce à la providence de nous être aimés, et que nos cœurs, ravagés de solitude, aient pu s'unir dans une étreinte si indissoluble!
MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 622.
2. P. anal. (L')étreinte de qqc. Pression, contrainte physique exercée (par quelque chose). Il gesticulait (...) pour arracher sa jambe à l'étreinte du bourbier (GENEVOIX, Raboliot, 1925 p. 16).
Spéc. Fait d'être serré. Le nœud s'est défait parce que l'étreinte n'en était pas assez forte (Ac. 1835, 1878).
B.— Au fig.
1. [En parlant d'une pers.] Oppression douloureuse. Une honte la torturait à cette idée, une angoisse dont elle n'avait jamais encore senti l'étreinte (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 559).
2. [En parlant d'une chose abstr.] Contrainte extérieure. Il faut reconnaître que la métaphysique pure échappe le plus souvent à l'étreinte de la versification (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 75). Le dynamiste croit apercevoir des faits qui se dérobent davantage à l'étreinte des lois (BERGSON, Essai donn. imm., 1889, p. 113).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Début XIIIe s. estrainte « contrainte » (Audefroy le Bastard, éd. A. Cullmann, p. 105, 17d), attest. isolée; 2. 1508 estraincte « action d'étreindre, pression exercée par ce qui étreint » (JEAN D'AUTON, Chroniques du roi Louis XII, éd. R. de Maulde la Clavière, t. 4, p. 20); 3. 1761 étreinte « action d'embrasser, de presser dans ses bras » (ROUSSEAU, La Nouvelle Héloïse, t. 2, p. 226). Fém. du part. passé de étreindre pris substantivement. Fréq. abs. littér. :1 164. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 737, b) 1 952; XXe s. : a) 2 608, b) 1 705. Bbg. GOHIN 1903, p. 314.

étreinte [etʀɛ̃t] n. f.
ÉTYM. V. 1210, estrainte « contrainte », de étreindre.
1 (1508, estraincte). Action d'étreindre; pression exercée par ce qui étreint. || L'étreinte d'une main. || Il étouffe (cit. 3) les loups d'une seule étreinte à la gorge.Par ext. Pression exercée sur (un groupe) par encerclement. || L'armée resserre son étreinte autour de l'ennemi (→ Couper, cit. 35).
1 Les cercles se rétrécissent rapidement, — nous plongeons follement dans l'étreinte du tourbillon (…) le navire tremble (…) il se dérobe, — il sombre !
Baudelaire, Trad. E. Poe, Hist. extraordinaires, Manuscrit trouvé dans une bouteille.
2 Ses doigts chauds lui pétrissaient le poignet sous la manche de son corsage; l'étreinte de cette main de meurtrier la remplit d'une terreur qui lui fit claquer des dents.
J. Green, Léviathan, p. 198.
Par anal. Fait d'être bien tenu, serré. || La bonne étreinte d'un nœud.
2 (1829). Fig. Action de ce qui angoisse, serre (le cœur). || L'étreinte de la douleur, de la peur, de la mort.
3 Tu n'auras pas senti l'étreinte
De l'irrésistible Dégoût (…)
Baudelaire, Nouvelles fleurs du mal, « Madrigal triste ».
4 De nouveau, il eut à la poitrine ce spasme qui ressemblait à l'étreinte de la peur.
Martin du Gard, les Thibault, t. V, p. 293.
3 (1761). Action d'embrasser, de presser. Embrassement, enlacement. || L'étreinte des bras de qqn., l'étreinte de qqn. || Douces étreintes (→ Caressant, cit. 8; baiser, cit. 16; chaste, cit. 13). || Cordiale étreinte. || De muettes étreintes (→ Éloquent, cit. 6). || Se dégager d'une étreinte. || Desserrer (cit. 2) son étreinte. || S'arracher (cit. 57) aux étreintes de sa famille.
5 (Gwynplaine) avait entendu des paroles de volupté semblables à des cris de rage; il avait senti des étreintes de bras de femme faisant l'effet de nœuds de couleuvre (…)
Hugo, l'Homme qui rit, II, IX, II.
6 Quand l'abbé sermonnait, elle riait; et quand il se fâchait contre elle, elle l'embrassait avec véhémence, le serrant contre son cœur, tandis qu'il cherchait involontairement à se dégager de cette étreinte qui lui faisait goûter cependant une joie douce, éveillant au fond de lui cette sensation de paternité qui sommeille en tout homme.
Maupassant, Clair de lune, p. 10.
7 Et la pire querelle succède à une douce étreinte.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XIX, p. 208.
8 Il n'osa pas insister, releva la tête, et, accentuant l'étreinte de ses bras, il la serra passionnément contre lui.
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 132.
8.1 Hors l'accouplement (au diable, alors, l'Imaginaire), il y a cette autre étreinte, qui est un enlacement immobile : nous sommes enchantés, ensorcelés : nous sommes dans le sommeil, sans dormir; nous sommes dans la volupté enfantine de l'endormissement : c'est le moment des histoires racontées, le moment de la voix, qui vient me fixer, me sidérer, c'est le retour à la mère (« dans le calme aimant de tes bras », dit une poésie mise en musique par Duparc). Dans cet inceste reconduit, tout est alors suspendu : le temps, la loi, l'interdit : rien ne s'épuise, rien ne se veut : tous les désirs sont abolis, parce qu'ils paraissent définitivement comblés.
R. Barthes, Fragments d'un discours amoureux, p. 121.
Spécialt. || Étreinte amoureuse, ou, absolt, étreinte. Accouplement, coït.
8.2 (…) le gorille est un luron Supérieur à l'homme dans l'étreinte Bien des femmes vous le diront (…)
Georges Brassens, le Gorille, p. 36.
(XVIIe). Fig. Lien moral qui unit avec une grande force. Jonction, union. || L'étreinte de deux âmes (cit. 37).
9 (…) d'un sacré nœud l'inviolable étreinte.
Corneille, la Toison d'or, I, 2.
10 Et nous sommes liés d'une chaîne si sainte
Qu'on ne saurait sans crime en défaire l'étreinte.
Mairet, Sophonisbe, IV, 5, in Littré.
4 Techn. (En parlant d'un matériau). État de contrainte dans lequel les compressions sont équivalentes en deux directions opposées.

Encyclopédie Universelle. 2012.