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PHYSIQUE
PHYSIQUE

LA PHYSIQUE a pour objet l’étude des propriétés de la matière et des lois qui la régissent, c’est-à-dire de l’ensemble des «règles du jeu» du monde matériel qui nous entoure. Cette définition est large. Il convient donc de préciser que la matière vivante est encore, en général, traditionnellement exclue du domaine de la physique, bien que, de plus en plus, des ponts soient jetés entre la biologie et la physique: la biophysique applique les principes et les procédés de la physique à l’analyse des structures et des mécanismes de la matière vivante. Les relations entre physique et chimie sont beaucoup plus étroites et la distinction entre ces deux «sciences physiques» traitant de la matière et du rayonnement devient de plus en plus floue. Cette distinction réside plus dans les habitudes, le vocabulaire et les motivations que dans les objets et les phénomènes étudiés. Les deux principaux chapitres de la chimie inorganique (chimie physique et chimie quantique) appartiennent bien à la physique. La chimie organique, par contre, pour laquelle l’analyse et la synthèse naturelle ou artificielle des substances restent les problèmes clés, garde un peu plus de distance par rapport à la physique, et, à travers la biochimie et la biologie moléculaire, s’attache à la biologie.

Les liens entre la physique et les sciences de la Terre et de l’espace vont en se resserrant: l’astronomie a pris, depuis quelques décennies, le tournant vers l’astrophysique , et les sciences de la terre prennent de plus en plus rapidement celui qui mène à la géophysique .

Quant aux relations de la physique avec les mathématiques , elles sont privilégiées: les progrès de ces deux disciplines ont toujours marché de pair. Cette profonde intrication d’une construction de l’esprit et d’une science de la nature pose un problème philosophique qui mérite réflexion (cf. infra : C. Physique et mathématique).

Les rapports entre la physique et l’ensemble des disciplines scientifiques naturelles ne sont d’ailleurs pas seulement d’ordre conceptuel, ce sont aussi des relations nécessaires de fournisseurs à clients en techniques et appareils de mesure. En effet, toutes les méthodes de mesure ou presque sont fondées sur des principes physiques et l’affinement des appareillages et des dispositifs procède d’un effet d’entraînement réciproque: l’évolution des sciences et des techniques conduit à des exigences de plus en plus poussées sur la qualité des mesures et les découvertes de lois ou de substances encore inconnues permettent la mise au point d’appareils nouveaux. Il n’y a guère d’exemples que le gain d’un ordre de grandeur sur la précision d’une mesure ne mette en évidence un ou plusieurs phénomènes nouveaux qui conduisent à une amélioration et parfois à une remise en question des lois précédemment admises. La physique progresse grâce aux idées géniales de quelques-uns, mais grâce aussi au travail de ceux qui s’appliquent à exploiter ces idées, à les mettre en forme et à construire, sur ces bases, des appareils qui permettront de trouver les voies pour aller au-delà.

Il était naguère d’usage de diviser la physique en chapitres tels que mécanique, électricité, optique, thermodynamique, etc., cette partition correspondant à des modes d’exposé ou à des champs d’application relativement distincts. La physique moderne s’accommode beaucoup mieux de divisions fondées moins sur des critères phénoménologiques que sur des critères de structure ou d’échelle: physique des particules , physique nucléaire , physique atomique et moléculaire , physique des milieux condensés (solides et liquides), physique des plasmas , astrophysique ...

C’est que la connaissance de la structure intime de la matière à l’échelle de la particule, du noyau, de l’atome, de la molécule, de la maille cristalline, est la clé de l’explication des propriétés physiques des corps, et les lois physiques macroscopiques sont, pour la plus grande part, dérivées des lois fondamentales d’interaction à l’échelle microscopique. C’est pourquoi un tel effort expérimental est actuellement consenti pour la recherche de ces structures (grands accélérateurs pour l’étude des particules et des noyaux, réacteurs à neutrons pour l’étude des structures des phases condensées, etc.).

Une autre tendance de la physique expérimentale contemporaine est celle qui conduit aux investigations sur la matière placée dans des états extrêmes: très hautes ou très basses températures, très fortes ou très faibles pressions, champs magnétiques ou électriques très élevés. La matière peut acquérir, dans ces conditions, des propriétés nouvelles, parfois inattendues et intéressantes. Les conséquences de telles recherches sont de deux ordres: d’abord la mise en évidence des phénomènes inconnus, ensuite, les phénomènes étant analysés et compris, la recherche d’autres matériaux présentant les mêmes propriétés sous des conditions plus accessibles. Le phénomène de supraconductivité constitue un exemple typique de ce type de démarche.

L’amélioration accélérée des techniques expérimentales, qui placent la matière dans ces conditions extrêmes, permet aussi de réaliser des mesures dans des temps de plus en plus courts. On sait maintenant observer des phénomènes dont la durée peut être aussi brève que 10-12 seconde. On imagine aisément le parti qui peut en être tiré pour l’analyse détaillée des mécanismes élémentaires des réactions chimiques, par exemple. À l’autre extrémité de l’échelle des temps, l’astrophysique permet de concevoir des durées de l’ordre de 1010 années.

Tendant à la mesure de l’infiniment petit en temps et en longueur (l’expérimentation nucléaire permet maintenant d’atteindre 10-14 cm) et à la conception de l’infiniment grand avec les modèles astronomiques, s’efforçant aussi de parvenir à l’appréhension de l’infiniment complexe avec la perspective d’aider à la compréhension des phénomènes de la vie, la physique bénéficie des méthodes statistiques et de l’usage des ordinateurs comme moyens de calcul ou de simulation.

Dans la mesure où la structure de la matière, en particulier de la matière condensée, est de plus en plus précisément connue, les physiciens s’intéressent aux défauts que comportent les assemblages matériels réels: l’étude des défauts dans les cristaux est un chapitre important de la physique des solides et celle des surfaces et des interfaces , qui constituent des ruptures de structures et qui sont le siège de phénomènes d’échanges et de transferts, font l’objet d’une attention d’autant plus soutenue que les applications biologiques sont proches.

Dans les exposés groupés ci-dessous, l’accent a été mis essentiellement sur les fondements, les méthodes et les techniques générales de la physique; la plupart des sujets que l’on vient d’évoquer et qui forment les diverses branches de la physique ou se rapportent aux objets qu’elle traite font l’objet dans l’Encyclopædia d’articles particuliers.

1. physique [ fizik ] adj. et n. m.
• 1651; « naturel » 1487; lat. physicus, gr. phusikos
I Adj.
1Qui se rapporte à la nature (II) , au monde concret. matériel. Le monde physique. Géographie physique. Mesure des grandeurs physiques. Unités physiques. Certitude physique. réel.
2Qui concerne le corps humain (opposé à moral, mental, psychologique, psychique). corporel, matériel. L'anthropologie classe les hommes d'après leurs caractères physiques. Force, vigueur physique. Effort physique. Éducation, culture physique : gymnastique, sport. Exercices physiques. État physique. santé. Troubles physiques. organique, physiologique, somatique. Handicapé physique. Douleur, souffrance physique. « Il n'y a pas qu'un plaisir spirituel à écrire. Également un plaisir physique » (Léautaud). Spécialt Dégoût, peur, horreur physique, que la volonté ne contrôle pas, qui est de l'ordre du réflexe. « je n'éprouvais nulle honte, mais une répulsion physique » (Blondin). Fam. Je ne peux pas supporter ça, c'est physique.
Dr. Personne physique (opposé à personne morale).
3Qui concerne le corps (en parlant des relations amoureuses). charnel, sexuel. Amour physique. Attirance physique. Plaisir physique.
4Qui se rapporte à la nature, à l'exclusion des êtres vivants. Sciences physiques : la physique et la chimie.
5Qui concerne la physique (2.) au sens restreint (opposé à chimique). Phénomènes physiques. Propriétés physiques et chimiques d'un corps.
II N. m.
1L'aspect extérieur, l'ensemble des caractères morphologiques d'un individu. « L'amour, c'est le physique, c'est l'attrait charnel » (Léautaud). — AU PHYSIQUE : en ce qui concerne le physique, le corps. ⇒ physiquement. Trois choses « m'importunent, tant au moral qu'au physique, au sens figuré comme au sens propre : le bruit, le vent et la fumée » (Chamfort).
2Aspect général (de qqn). physionomie. Un physique agréable, avantageux, avenant. Avoir un physique de jeune premier. Avoir le physique de l'emploi.
⊗ CONTR. Mental, moral. physique 2. physique [ fizik ] n. f.
• 1487; « médecine; science de la nature » XIIe; lat. physica, gr. phusikê
1Vx Science des causes naturelles.
2(1708) Science qui étudie les propriétés générales de la matière et établit des lois qui rendent compte des phénomènes matériels (distingué de la physiologie, des sciences naturelles). Physique et chimie ( physicochimie) . Physique expérimentale, théorique et physique mathématique ( physicomathématique) . Physique stellaire. astrophysique. Physique classique, qui n'étudie pas les phénomènes à l'échelle des atomes et des noyaux. Physique atomique, nucléaire : science qui étudie la constitution intime de la matière, l'atome, le noyau. Physique quantique. Physique microscopique. microphysique. Physique relativiste. relativité. Expérience de physique. Parties de la physique : acoustique, aérologie, astrophysique, biophysique, calorimétrie, cryophysique, dioptrique, électricité, électronique, hydraulique, magnétisme, mécanique (cinématique, dynamique, statique, mécanique ondulatoire), optique, optométrie, thermodynamique... Applications de la physique. technique, technologie. Étudier la physique. Cours, travaux pratiques de physique.
Livre de physique.
Par ext. Étude physique d'un problème. Vieilli Physique du globe. géophysique. Physique des basses températures, des états condensés.

physique nom féminin (latin physica, du grec phusikê) Science qui étudie par l'expérimentation et l'élaboration de concepts les propriétés fondamentales de la matière et de l'espace-temps. Étude d'un phénomène du point de vue de cette science : Physique de l'atmosphère.physique (expressions) nom féminin (latin physica, du grec phusikê) Physique amusante, ensemble de petites expériences de physique destinées à divertir les enfants et utilisées par certains illusionnistes. Physique du globe, synonyme ancien de géophysique. Physique du sol, étude des propriétés du sol, en particulier de ses relations avec l'air et l'eau. ● physique (homonymes) nom féminin (latin physica, du grec phusikê) physique nom masculinphysique (synonymes) nom féminin (latin physica, du grec phusikê) Physique du globe
Synonymes :
- géophysique
physique adjectif (latin physicus, du grec phusikos) Qui appartient à la nature, à la matière, aux corps en général : Le monde physique. Qui concerne le corps humain, par opposition à ce qui est psychique : L'effort physique m'est pénible. Qui est de l'ordre du réflexe, de l'instinct, où l'activité de l'esprit a peu de part : Un dégoût physique de la violence. Relatif au corps humain considéré sur le plan du comportement sexuel : Plaisir physique. Relatif à la physique. Se dit d'un joueur dont les qualités athlétiques sont supérieures aux qualités techniques. ● physique nom masculin Constitution corporelle de l'être humain : Le physique retentit sur le moral. Apparence extérieure de quelqu'un : Avoir un physique avantageux.physique (expressions) adjectif (latin physicus, du grec phusikos) Médecine physique, branche de la médecine qui utilise les agents physiques (mouvement, chaleur, lumière, froid, eau, électricité), à l'exception des radiations ionisantes, dans un dessein de diagnostic, de thérapeutique et de réadaptation. Propriétés physiques, propriétés mécaniques, optiques, électriques, magnétiques, thermiques, nucléaires, etc., des substances, par opposition à leurs propriétés chimiques. Sciences physiques, la physique et la chimie. ● physique (synonymes) adjectif (latin physicus, du grec phusikos) Qui concerne le corps humain, par opposition à ce qui est...
Synonymes :
- corporel
Contraires :
- intellectuel
- mental
- moral
- psychique
- psychologique
- spirituel
Relatif au corps humain considéré sur le plan du comportement...
Synonymes :
- charnel
- sensuel
- sexuel
Contraires :
- éthéré
- platonique
- sentimental
physique (expressions) nom masculin Au physique, pour ce qui concerne le corps, son aspect ; physiquement. ● physique (homonymes) nom masculin physique nom fémininphysique (synonymes) nom masculin Constitution corporelle de l'être humain
Synonymes :
- complexion
- nature
- naturel
- tempérament

physique
adj. et n. m.
rI./r adj.
d1./d Qui se rapporte aux corps matériels, à la nature matérielle des corps. Cause, effet physiques.
d2./d Qui concerne la nature, la matière, à l'exclusion des êtres vivants. Géographie physique.
Sciences physiques: la chimie et la physique.
d3./d Relatif à la physique (par oppos. à chimique). Les propriétés physiques des corps.
d4./d Du corps humain, qui a rapport au corps humain. Aspect physique d'une personne.
Culture physique: gymnastique.
|| Instinctif, incontrôlable. Une peur physique de l'obscurité.
|| Qui concerne les sens. Plaisir, amour physique.
rII./r n. m.
d1./d Constitution, état de santé du corps humain. Le physique et le moral.
d2./d Apparence, aspect extérieur d'une personne. Avoir un physique séduisant.
————————
physique
n. f. Science qui a pour objet l'étude des propriétés de la matière et la détermination des lois qui la régissent. Expériences de physique.
Physique classique: étude macroscopique de la matière et des phénomènes physiques (par oppos. à physique quantique et physique relativiste).
Physique atomique, nucléaire: partie de la physique qui étudie la structure de l'atome et de son noyau, les propriétés des particules élémentaires et des forces qui s'exercent entre elles (fission, fusion, etc.).
Physique expérimentale.
|| Physique de...: discipline qui s'attache à l'étude des phénomènes physiques de... Physique du globe ou géophysique. Physique de l'Univers ou astrophysique.
Encycl. La physique moderne tend à faire dériver les lois physiques des lois d'interaction à l'échelle des particules, rendant ainsi intelligible l'infiniment grand par la connaissance de l'infiniment petit. Mais la voie inverse est également possible, qui fait de la physique à notre échelle un cas particulier d'une physique à l'échelle de l'Univers (astrophysique). Les différents chapitres de la physique sont les suivants: métrologie (mesure des grandeurs: V. tableau unités physiques); mécanique (classique, relativiste et quantique); étude de la structure de la matière (solide, liquide, gaz, plasma); thermodynamique; étude des vibrations et des rayonnements; acoustique; optique (physique et géométrique); électricité (électrostatique, électrocinétique, magnétisme, électromagnétisme, courant alternatif); physique atomique (V. atome); électronique; physique nucléaire et des particules (V. noyau, nucléaire, particule, quark). La distinction entre ces chapitres et entre la physique atomique et la chimie tend auj. à s'estomper.

I.
⇒PHYSIQUE1, subst. fém.
A.HIST. [Dans l'Antiquité gr. et chez les scolastiques] ,,Étude philosophique de la nature`` (MORF. Philos. 1980). [Chez Descartes] ,,Étude qui se veut positive embrassant toutes les sciences de la nature et partie du système de la philosophie`` (MORF. Philos. 1980). [La grande différence] entre la physique d'Épicure ou de Descartes, par exemple, et les connaissances tirées du développement de la physique contemporaine (LÉVI-STRAUSS, Anthropol. struct., 1958, p.144).
B. —Science qui a pour objet l'étude de la matière et de ses propriétés fondamentales. Expériences de physique; cours, livre, professeur de physique; École Supérieure de physique et chimie industrielle de la Ville de Paris; École Supérieure de physique. Il nous paraît nécessaire d'avoir quelque connaissance en astronomie, en physique, en chimie, en histoire naturelle et en botanique (LACLOS, Éduc. femmes, 1803, p.481). Le petit Pierre attribuait à un corps certaine propriété qui appartient à un autre corps. Il y a en physique et en chimie des lois aussi mal fondées et qui sont respectées (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p.34):
1. ... la physique ne nous donne pas seulement l'occasion de résoudre des problèmes; elle nous aide à en trouver les moyens, et cela de deux manières. Elle nous fait pressentir la solution; elle nous suggère des raisonnements.
POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p.152.
1. [Considérée dans ses divers courants et méthodes] Physique classique, moderne; physique théorique; physique quantique, relativiste.
Physique expérimentale. Partie de la physique fondée sur l'expérience. L'histoire des grands progrès récents de la physique expérimentale paraît assez surprenante (LEPRINCE-RINGUET, Atomes et hommes, 1957, p.39).
Physique mathématique. Partie de la physique dans laquelle les lois sont traduites par des équations, notamment par des équations différentielles ou intégrales. Les recherches de physique mathématique ont amené des auteurs à supposer les particules des corps sensibles séparées par des intervalles relatifs plus considérables que ceux qui sont jetés entre les sphères du système céleste (RENOUVIER, Essais crit. gén., 3e essai, 1864, p.41).
2. [Considérée dans ses diverses spécialités] Physique corpusculaire, instrumentale, macroscopique, microscopique, stellaire; physique des basses températures, des hautes énergies, des plasmas.
Physique atomique. Branche de la physique qui étudie la structure et le comportement des atomes, isolés ou en groupe. La théorie des quanta dont le rôle dans le développement de la physique atomique a été décisif (L. DE BROGLIE, Théorie quanta, 1959, p.77).
Physique moléculaire. Branche de la physique qui étudie les corps dans leur constitution moléculaire, et les molécules dans leurs actions réciproques. Les progrès de la physique moléculaire permettent d'espérer que l'on obtiendra un jour la clef des variations qualitatives des odeurs (PIÉRON, Sensation, 1945, p.193).
Physique nucléaire. Branche de la physique qui étudie les transformations subies par le noyau de l'atome. La théorie de la relativité mène à la physique nucléaire, celle-ci aux usines d'Alamos et à la bombe atomique (Gds cour. pensée math., 1948, p.507).
Physique du globe. Étude de l'ensemble des phénomènes physiques dont le globe terrestre est le siège. Synon. géophysique. «Les marées terrestres et la variation des latitudes», par J. Coulomb, directeur de l'Institut de physique du globe (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p.2, col. 2):
2. Des traités développés, écrits par des spécialistes, pour des spécialistes, existent ou sont en cours de publication (en allemand) pour la physique du globe, la climatologie, la géographie botanique, etc.
Civilis. écr., 1939, p.26-10.
Physique amusante (vieilli). Ensemble d'expériences de physique généralement simples destinées le plus souvent à distraire les enfants. L'Académie de médecine et l'Académie des sciences pouffaient de rire en rangeant les faits magnétiques (...) dans les jongleries, la prestidigitation et ce qu'on nomme la physique amusante (BALZAC, U. Mirouët, 1841, p.71). Les appareils de physique amusante aux expositions de 1855 et de 1867 (D'ALLEMAGNE, Hist. jouets, 1902, p.296).
3. P. méton. Ouvrage qui traite de cette science. La physique de Nollet. La Physique de Biot (Ac. 1935).
Prononc. et Orth.:[fizik]. Att. ds Ac. 1694. Étymol. et Hist. V. physique2.
DÉR. Physicisme, subst. masc., philos. Doctrine dans laquelle on tente d'expliquer tous les phénomènes par les lois de la physique; en partic., doctrine de l'École d'Ionie. Que la doctrine secrète des pythagoriciens se réduisît à croire à une sorte de physicisme, par lequel l'âme, sans conséquence avec la moralité de la vie, aurait passé de corps en corps, voilà qui est radicalement absurde (P. LEROUX, Humanité, 1840, p.406). Tendance générale d'accorder tout: physicisme, vitalisme, solidisme, humorisme, matérialisme, etc. (Cl. BERNARD, Notes, 1860, p.113). [La philosophie chrétienne] va réintroduire progressivement un peu de ce physicisme, dont les moralistes tendaient à se désintéresser (GILSON, Espr. philos. médiév., 1932, p.12). []. 1res attest. a) 1808 «doctrine philosophique de Saint-Simon qui tente d'expliquer tous les phénomènes par les lois de la physique» (H. DE SAINT-SIMON, Introd. aux travaux sc. du XIXes. ds OEuvres choisies, 1859, t.I, p.195 ds Fonds BARBIER), b) 1901 «doctrine des «physiciens» de l'École d'Ionie» (Ch. RENOUVIER, Hist. et solution des problèmes métaphys., Paris, p.25, note 1); de physique1, suff. -isme.
II.
⇒PHYSIQUE2, adj. et subst. masc.
I.Adjectif
A. —1. Qui a trait à la matière, à la nature, aux corps en général, à la réalité matérielle perceptible par les sens ou qui peut être observé objectivement. Agents, moyens, phénomènes, règles, théories physiques; grandeurs, unités physiques; image physique d'un objet (sur la rétine). Descartes (...) attribuait à une grâce sans cesse renouvelée de la Providence la régularité du monde physique, et la continuation des mêmes effets (BERGSON, Essai donn. imm., 1889, p.161). Problèmes naturels qui s'offrent à tout homme qui vient en ce monde: les phénomènes, l'univers physique, les êtres vivants (VALÉRY, Variété IV, 1938, p.231):
1. On considère souvent le signal comme une donnée brute (support physique de l'information), le signe comme quelque chose de mental, et le symbole comme un signe encore plus abstrait.
COYAUD, Introd. ét. lang. docum., 1966, p.13.
Loi physique. La loi physique d'un phénomène est la détermination exacte des conditions de son accomplissement, ce qui permet d'en prédire les détails pour un cas quelconque, et d'en développer toutes les analogies (LITTRÉ-ROBIN 1855). Les échanges entre le milieu où ils [les gaz] sont en solution et l'atmosphère sont réglés par les lois physiques (PLANTEFOL, Bot. et biol. végét., t.1, 1931, p.315).
Propriétés physiques. Propriétés que nous percevons à l'aide de nos sens. C'est donc aux voyageurs à reconnaître la vertu des plantes dont la saveur et les autres propriétés physiques pourront leur fournir quelques lumières (Voy. La Pérouse, t.1, 1797, p.191). Étude de la conductibilité électrique et thermique des métaux, et de différentes propriétés physiques des cristaux (Hist. gén. sc., t.3, vol. 2, 1964, p.233).
2. Sciences physiques (p.oppos. à sciences naturelles). Sciences relatives à l'étude de la nature (à l'exclusion des êtres vivants). La physique (...) et la chimie, sont souvent réunies sous le nom de sciences physiques (par opposition aux sciences biologiques, appelées aussi sciences naturelles) (LAL. 1968).
[En parlant d'une discipline sc.] Qui concerne l'objet de la physique comme science. Les sciences physiques pour l'ingénieur. Les disciplines particulières qu'englobe la géographie physique (climatologie, hydrologie, géomorphologie...) (Colloque géogr. appl., 1962, p.21).
En partic. ,,Qui concerne des corps réels, et non des abstractions schématiques`` (LAL. 1968).
[P. oppos. à mathématique] Optique physique (v. LAL. 1968). V. optique2 A 1 ex. de Ruyer.
[P. oppos. à rationnel] Mécanique physique (LAL. 1968):
2. La mécanique physique souffre d'autre part d'une difficulté logique considérable (...). Pour conduire jusqu'au bout ces calculs où elle prétend rejoindre les résultats de la mécanique analytique, elle est obligée de transformer tôt ou tard les sommes discrètes en intégrales...
Hist. gén. sc., t.3, vol. 1, 1961, p.115.
3. P. ext. Qui est matériel, effectif, fondé sur un fait d'expérience. Anton. mathématique, métaphysique, moral.
Certitude physique (p.oppos. à certitude morale (v. certitude II B)). [dans l'étude des êtres organisés], surtout, l'analogie fournit de ces probabilités irrésistibles que l'on doit assimiler à la certitude physique (COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p.69).
Impossibilité physique. On admet l'impossibilité physique que la sphère ne prenne pas un mouvement de rotation sur elle-même en même temps qu'un mouvement de translation (COURNOT, Fond. connaiss., 1851 p.44).
B. —[P. oppos. à moral, mental, psychologique, psychique] Qui est relatif au corps humain. Handicapé physique; être en mauvais état physique.
1. Homme physique. Homme considéré dans son aspect physique (v. homme I B 1). L'homme moral devient de plus en plus inséparable de l'homme physique (Hist. sc., 1957, p.1470).
2. DR. [P. oppos. à personne morale] Personne physique. Personne individuelle. Avant l'abolition de la contrainte par corps, il devait répondre lui-même, sur sa personne physique, de toute sa dette (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p.248). Toute personne physique ou morale peut former, dans les mêmes conditions, un recours contre les décisions dont elle est le destinataire (Traité EURATOM, 1957, p.359).
3. En partic.
a) Relatif au corps humain considéré dans son aspect extérieur. Ressemblance physique. Dans Athènes, l'on ne cherchait pas tant de nuances, de délicatesse. La beauté physique obtenait un culte partout où elle se rencontrait (STENDHAL, Hist. peint. Ital., t.2, 1817, p.131). Mais malheureusement je ne me fais pas d'illusion sur les défauts de ma personne physique (ABOUT, Roi mont., 1857, p.177). La danse, faite des gestes, des détentes et des élans expressifs du corps, doit faire appel à la beauté physique naturelle (BOURGAT, Techn. danse, 1959, p.32).
b) Qui concerne la formation ou le développement de tout ou partie du corps humain par l'exercice (d'apr. PETIOT 1982). Exercice physique. L'effort physique non suivi d'une détente musculaire complète est préjudiciable à toute forme d'entraînement (CORTOT, Techn. pianist., 1928, p.2). Youpa-la, appareil pour le développement physique des enfants (Catal. jouets (Bon Marché), 1936).
SPORTS
Culture physique. Bousculant les couvertures il se jeta hors du lit et fit sa demi-heure de culture physique avec manipulation d'haltères et d'extenseurs (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p.26).
Éducation physique. [L'URSS et la Pologne] faisant d'un nombre important de leurs athlètes des étudiants en éducation physique et sportive (Jeux et sports, 1967, p.1236).
P. anal., MUS. L'éducation physique de la voix est une gymnastique musculaire rendue consciente par un travail analytique progressif (ARGER, Init. art chant, 1924, p.12).
c) Physiologique, organique. Faiblesse, santé physique; les besoins, les fonctions physiques de l'organisme; le déclin des forces physiques; jouir de l'intégrité de ses facultés physiques et morales. Enfin le taureau s'arrêta , et Alban ne poursuivit plus, parce qu'il était dans la nécessité physique de respirer (MONTHERL., Bestiaires, 1926, p.556). Toute une journée de diète et à la chambre. Résultat: douleurs beaucoup moins vives. J'avais donc besoin de ce repos physique complet (LARBAUD, Journal, 1935, p.357). Elle n'a jamais donné d'explication sur la cause de la brutale interruption du Concerto, au beau milieu de la cadence. Inhibition physique? (ARNOUX, Crimes innoc., 1952, p.256).
En partic.
♦Qui est ressenti par l'homme dans son corps, dans sa chair. Il y a donc une maladie originelle comme il y a un péché originel; c'est-à-dire qu'en vertu de cette dégradation primitive, nous sommes sujets à toutes sortes de souffrances physiques en général (MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t.1, 1821, p.82). Sa pensée, comme engourdie par l'excès de la douleur physique, ne se fixait plus (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p.149):
3. La journée avait été très dure à vivre; hors dix minutes de détente ce matin et l'heure qui a suivi où ma douleur n'était pas morte, mais enchantée. Le souvenir de mon mal physique était encore sur moi, dans mes mâchoires qui tremblaient...
J. BOUSQUET, Trad. du sil., 1936, p.59.
♦[En parlant de réactions spontanées de l'homme] Qui n'est pas contrôlé par la volonté; qui est de l'ordre du réflexe. Est-ce que l'esprit et les sens ont leur domaine à part? Grande question! On la résoudra peut-être, si l'on considère la peur physique comme une fièvre qui, malgré le moral, ne saurait manquer d'avoir son cours (DUSAULX, Voy. Barège, t.1, 1796, p.134). Ce n'était que dans ces rêves-là, sauf une ou deux légères exceptions, qu'entraient les circonstances de l'horreur physique. Mes terreurs jusqu'alors n'avaient été que morales et spirituelles (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p.431). Il n'éprouve pas l'horreur physique de la mort parce qu'il n'est avide que de l'âme (DURRY, Nerval, 1956, p.149).
C'est physique. Rirette détestait les impuissants, c'était physique (SARTRE, Mur, 1939, p.104). Elle ne pouvait pas supporter la grossièreté; c'était physique (BEAUVOIR, Invitée, 1943, p.88):
4. Je montrai le malheureux (...) reculant, de tout son instinct d'honnête homme, devant la prison qui allait s'ouvrir. C'était physique, ce recul! C'était la marque même de la vertu!
VERCEL, Cap. Conan, 1934, p.85.
d) Relatif au corps humain considéré dans son comportement instinctif, sensuel (p.oppos. à sentimental). Non, la musique n'est pas un instrument de plaisir physique. La musique est un des produits les plus délicats de l'esprit humain (SAINT-SAËNS, Harm. et mélod., 1885, p.10). Baigné de la faible lumière de la lampe placée à la tête de la couchette, il s'abandonna quelques minutes au plaisir physique d'être allongé dans des draps (PEISSON, Parti Liverpool, 1932, p.175). L'art découvre progressivement toutes les joies que l'on peut attendre d'une ligne. Joie physique parfois; joie intellectuelle aussi, et souvent l'une et l'autre (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p.166).
[En parlant de relations amoureuses, sexuelles] Amour, plaisir physique. Amour charnel, plaisir des sens. Dans l'amour physique les paroles ne servent plus à rien (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p.104). J'éprouvais, en dehors du plaisir physique et très réel que me procurait l'amour, une sorte de plaisir intellectuel à y penser (SAGAN, Bonjour tristesse, 1954, p.137). V. amour ex. 106 et 134.
II.Subst. masc.
A. —Ce qui est physique. Dans les emplois pratiques ou abstraits du langage, la forme c'est-à-dire le physique, le sensible, et l'acte même du discours ne se conserve pas; elle ne survit pas à la compréhension; elle se dissout dans la clarté; elle a agi; elle a fait son office (VALÉRY, Variété V, 1944, p.144).
B. — 1. Ce qui concerne le corps.
a) Constitution, état de santé. Sa conscience, bourrelée, se révoltait. La fièvre la prit le lendemain. Elle se mit au lit. Elle mourait de honte, littéralement. Le moral tuait le physique: la lame usait le fourreau (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p.16).
b) Au physique. En ce qui concerne le physique, le corps. Au physique, nous trouvons [chez la race germanique] une chair plus blanche et plus molle [que chez les peuples latins] (TAINE, Philos. art, t.1, 1865, p.227). [Mitoufle] offrait avec Rappart un contraste frappant, au moral comme au physique (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p.75). V. moral2 A ex. de Bernanos.
2. Aspect général, physique (de quelqu'un). Ils rencontrèrent dans une allée du bois une dame d'un physique fort agréable (FEUILLET, Sibylle, 1863, p.155). Elle a un physique sérieux de femme pauvre, entendue et courageuse (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p.81). J'étais harcelée d'observations et de remarques peu flatteuses sur mon physique (GYP, Souv. pte fille, 1928, p.308). V. moral2 ex.
(Avoir) le physique de l'emploi. (Avoir) un physique qui convient à son rôle, et, p.ext., un physique évocateur de son métier, de son activité. Frantz: Si l'on t'offrait de devenir gentilhomme par un coup de baguette, tu accepterais donc? Spiegel: Dame! si le coup de baguette pouvait, en même temps, me donner le physique de l'emploi (AUGIER, Pierre de touche, 1854, p.96). Bocardon, à part, regardant Vernouillet. Il a tout à fait le physique de l'emploi (LABICHE, Célimare, 1863, I, 11, p.37).
Avoir un physique de théâtre.
Prononc. et Orth.:[fizik]. Ac. 1694-1762, adj.; dep. 1798, adj. et n. masc. Étymol. et Hist.I. Subst. fém. A. 1. Ca 1160 fusique «médecine» (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 2207); 2. [1165 fisique «connaissance des choses de la nature» (s. réf. ds FEW t.8, 407a; = peut-être CHR. DE TROYES, G. d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1362, mais fisique y a le sens de «médecine»)] ca 1265 phisique «connaissance des choses de la nature» (BRUNET LATIN, Trésor, éd. F. J. Carmody, I, 3, p.19); 3. 1688 «ouvrage qui traite de physique» (MIEGE ds FEW, loc cit.). B. 1. 1708 «science qui a pour objet l'étude des propriétés des corps et des lois qui tendent à modifier leur état ou leur mouvement sans modifier leur nature (Lar. encyclop.)» (FONTENELLE, Hist. du renouvellement de l'Ac. royale des sc., Préf. sur l'utilité des math. et de la phys., p.[30]: la Physique sistématique [...] la Physique experimentale); 1721 physique corpusculaire (Trév., s.v. corpusculaire); 1740 physique astronomique (Ac.); 1839 physique mathématique (A. CAUCHY ds C. r. de l'Ac. des sc., t.8, p.374); 1839 physique moléculaire (ibid., p.375); 1930 physique relativiste (RUYER, Esq. philos. struct., p.48); 1931 physique classique (Lar. mens., p.754c); 1947 physique microscopique (L. DE BROGLIE, Phys. et microphysique, II, VII, p.154 ds ROB., s.v. indéterminisme); 1948 physique quantique (Gds cour. pensée math., p.207); 1948 physique nucléaire (ibid., p.506); 1949 physique atomique (Nouv. Lar. univ.); 2. a) 1749 «application de cette science à un objet particulier» (BUFFON, Preuves de la théorie de la terre, I ds Hist. nat. t.1, p.129: la Physique de la terre tient à la Physique céleste); b) 1797 physique du globe (Voy. La Pérouse, t.1, p.48); c) 1801 physique amusante (COMUS, Physique amusante, Paris ds Gde Encyclop., t.26, p.834a); d) 1961 physique des très basses températures (Hist. gén. sc., t.3, vol. 1, p.262); e) 1962 physique des états condensés (ROB.). II. Adj. A. 1. 1487 phisique «naturel» (Vocab. lat.-fr., Genève, L. Garbin ds FEW t.8, p.410a); 2. 1651 physique «qui est de l'ordre de la nature» (PASCAL, Préf. sur le traité du vide ds OEuvres compl., éd. J. Mesnard, t.2, p.779: les matières physiques); 1721 géographie physique (Trév., s.v. géographie); 1730 science physique (DU MARSAIS, Tropes, p.266); 1751 propriété physique (Encyclop. t.1, p.474a: le vivant et l'animé [...] est une propriété physique de la matière); 3. 1694 impossibilité physique (p.oppos. à impossibilité morale) (Ac.); 1721 certitude physique (p.oppos. à certitude morale et certitude métaphysique) (Trév., s.v. certitude); 4. 1791 propriétés physiques (VOLNEY, Ruines, p.130); 5. 1792 sciences physiques (CONDORCET, Organ. instr. publ., p.466: les sciences physiques et mathématiques). B. 1. a) 1727 «se dit de ce qui est ressenti par l'être humain dans sa chair» (RAMSAY, Les Voyages de Cyrus, t.2, p.185: le mal physique est nécessaire pour guérir le mal moral, et la souffrance est l'unique remede du péché); 1754 (BONNET, Essai de psychol., p.127: des plaisirs et des douleurs purement physiques ou corporels); b) 1746 «se dit de l'être humain considéré dans ce qu'il a de matériel, de charnel (p.oppos. à moral) (MONTESQUIEU, Corresp., t.1, p.425: je ne sais si c'est une chose que je dois à mon être physique ou à mon être moral); 1755 l'homme physique (ROUSSEAU, Discours sur l'inégalité, p.141); c) 1796 «se dit de réactions spontanées de l'être humain (peur, horreur, dégoût)» (DUSAULX, loc. cit.: la peur physique); 1837 horreur physique (BARB. D'AUREV., Mémor. 1, p.185); 1897 expr. c'est physique (RENARD, Journal, p.454: Cyrano l'agace. C'est physique, chez lui); 2. 1733 «relatif au corps humain» (DUBOS, Réflexions crit., t.2, p.76); 1733 éducation physique (ID., ibid., p.309); 3. 1745 spéc. «relatif au corps humain considéré dans son comportement sexuel» (MAUPERTUIS, Vénus physique ds CIORANESCU 18e, cf. LITTRÉ); 1761 amour physique (ROBINET, De la nature, p.105); 4. 1901 dr. personne physique (p.oppos. à personne morale) (JAURÈS, loc. cit.). III. Subst. masc. A. 1. 1733 «ce qui est physique» (DUBOS, op. cit., p.310: c'est le physique qui donne la loi au moral); 1755 au physique (p.oppos. à au moral) (MIRABEAU, Ami des hommes, t.1, p.134); 2. [1748 spéc. «ce qui est charnel, attrait charnel» (MONTESQUIEU d'apr. Lar. Lang. fr.)] 1755 (ROUSSEAU, op. cit., p.157: le physique est ce désir général qui porte un sexe à s'unir à l'autre). B. 1. 1763 «aspect général, apparence extérieure» (MARMONTEL, Poétique fr., t.1, p.393); 1813 au physique (JOUY, Hermite, t.4, p.320: au physique, elle est laide); 2. a) 1842 théâtre, ici au sens fig. (REYBAUD, J. Paturot, p.334: le physique du rôle; p.358: si le physique est assorti à l'emploi); 1854 le physique de l'emploi (AUGIER, loc. cit.); b) 1863 théâtre, au sens propre (GAUTIER, Fracasse, p.122). I du lat. physica «la physique, les sciences naturelles», empr. au gr. «l'observation ou l'étude des choses de la nature», fém. subst. de «qui concerne la nature ou l'étude de la nature», dér. de «origine, naissance; forme naturelle, constitution; ordre naturel», en philos.: «nature créatrice, la Nature personnifiée; création, créature; univers». II du lat. physicus «physique, naturel, des sciences naturelles», empr. au gr. (supra I). III empl. subst. de II.
STAT.Physique1 et 2. Fréq. abs. littér.:7343. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 11551, b) 9740; XXes.: a) 7725, b) 11507.
BBG. —GOHIN 1903, p.230, 359. —QUEM. DDL t.13, 28.

1. physique [fizik] adj. et n. m.
ÉTYM. 1651; « naturel », 1487; du lat. physicus; du grec phusikos.
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I Adj.
1 Qui se rapporte à la nature, au monde concret. Matériel. || Le monde (cit. 12) physique et le monde intelligent. || État physique du globe (cit. 10) terrestre. || Géographie (cit. 2), océanographie (cit.), optique (cit. 2) physique. || Excitant physique de la sensation (→ Impression, cit. 45). || Propriétés physiques, physiologiques ou mentales (→ Maléfique, cit. 1). || Lois (1. Loi, cit. 58 et 62) physiques. || Variations physiques (→ Bloc, cit. 9). || Mesure (cit. 3) des grandeurs physiques. || Unités physiques. || Certitude physique. Réel.
2 (1785). Qui concerne le corps humain, par oppos. à moral, mental, psychologique, psychique. Corporel, matériel. || L'anthropologie (cit. 2) classe les hommes d'après leurs caractères physiques. || Nature physique ( Complexion, constitution). || Beauté physique (→ Laideur, cit. 6). || Force physique (cour.); vigueur physique (→ Application, cit. 8; différer, cit. 13). || Aptitudes physiques (→ Gladiateur, cit. 2). || Supériorité, infériorité physique (→ Handicap, cit. 2). || État physique. Santé. || Troubles physiques ( Organique, physiologique, somatique…). || Bonne forme physique (→ Hardiesse, cit. 27). || État de faiblesse, de fatigue physique (→ Céder, cit. 17; obsession, cit. 4). || Lassitude physique ou mentale (→ Impatience, cit. 13). || Douleur, souffrance physique (→ Abattement, cit. 1; 3. affecter, cit. 4; desserrer, cit. 3; diffus, cit. 2; épreuve, cit. 29). || Malaise, tourment, torture physique (→ Aviver, cit. 10; grotesque, cit. 10). || Effort (cit. 7) intellectuel et effort physique.Spécialt. || Dégoût, peur, horreur… physique, que la volonté ne contrôle pas, qui est de l'ordre du réflexe (→ Habitude, cit. 25; juger, cit. 10). || J'y peux rien, c'est physique ! (fam.).Les manifestations physiques de l'émotion (cit. 11). || Indices physiques qui trahissent la pensée (→ Expression, cit. 35). || Occupation physique (→ Cesser, cit. 6). || La vie physique (→ Passionné, cit. 9). || Sentiment de l'existence physique (→ Évanouissement, cit. 4). || Mort physique (→ Évaporer, cit. 8).Spécialt (dr.). || Personne physique (→ Dommage, cit. 3), par oppos. à personne morale.
0.1 (…) il n'y a aucune proportion raisonnable entre ce qui nous touche, et ce qui touche les autres; nous sentons l'un physiquement, l'autre n'arrive que moralement à nous, et les sensations morales sont trompeuses; il n'y a de vrai que les sensations physiques.
Sade, Justine…, t. I, p. 49-50.
1 Je ne sais rire que des lèvres : j'ai le spleen, tristesse physique, véritable maladie (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 8.
2 Il n'y a pas qu'un plaisir spirituel à écrire. Également un plaisir physique. Le grincement de ma plume d'oie sur le papier : un délice.
Paul Léautaud, Propos d'un jour, p. 75.
3 (…) la beauté strictement physique affiche d'une façon arrogante d'être partout chez soi.
Cocteau, le Grand Écart, I.
Loc. || Éducation physique. || Culture physique. Gymnastique.
3 (1745). En parlant de relations amoureuses. Qui concerne le corps, par oppos. à ce qui est sentimental. Charnel, sexuel. || Amour (cit. 15) physique (→ Civilisation, cit. 4; obséder, cit. 7), passion physique (→ Frénésie, cit. 10). || Désir (→ Aiguillonner, cit. 3), possession physique (→ Humain, cit. 6). || Plaisir physique : plaisir des sens (→ Inconstance, cit. 8).
4 (…) la passion de l'amour, réduite à un simple appétit physique, n'y produisait aucun de nos désordres.
Diderot, Suppl. au voyage de Bougainville, IV.
5 J'aimerais encore mieux « amour charnel », parce que, pour moi au moins, « charnel » sonne plus riche et plus loin que « physique ».
J. Romains, Quand le navire…, II.
4 (1680). Qui se rapporte à la nature, à l'exclusion des êtres vivants. || Les sciences physiques : la physique et la chimie, par oppos. aux sciences naturelles (→ Exactitude, cit. 20; laboratoire, cit. 1).
5 (1869). Qui concerne la physique (2. Physique) au sens restreint (par oppos. à chimique). || Phénomènes physiques. || Propriétés physiques et chimiques d'un corps ( 2. Physique, 2.). || Modifications physiques et chimiques des roches (→ Métamorphisme, cit.).
6 Vx. Qui concerne la nature. Naturel. || Nécessité (cit. 9) physique ou causale. || L'inégalité (cit. 3) physique opposée à l'inégalité morale ou politique.
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II N. m.
1 (1762). L'aspect extérieur, l'ensemble des caractères morphologiques d'un individu. || L'antithèse de la matière et de l'esprit, du physique et du moral (→ Homme, cit. 3). || Si le physique va trop bien, le moral se corrompt (cit. 21).
Spécialt. Ce qui est charnel. || Distinguer le moral (cit. 12) du physique en amour.
6 L'amour, c'est le physique, c'est l'attrait charnel, c'est le plaisir reçu et donné, c'est la jouissance réciproque, c'est la réunion de deux êtres sexuellement faits l'un pour l'autre.
Paul Léautaud, Propos d'un jour, p. 13.
(Fin XVIIIe). || Au physique : en ce qui concerne le physique, le corps (→ Blond, cit. 6). Physiquement. || Au physique et au moral (→ Exercice, cit. 7; figurer, cit. 13).
2 (1782). Aspect général (de qqn). Physionomie. || Le physique de Balzac (→ Corpulence, cit. 2). || Avoir un physique de jeune premier. || Son physique le destinait à jouer ce rôle. — ☑ (1878). Avoir le physique de l'emploi, un physique convenable au rôle interprété, et, par ext., un physique évocateur du métier, de la situation particulière du personnage.
7 Elle en a le physique (d'une proxénète), pensait-il, et quand on a le physique d'un emploi, on en a l'âme.
Maupassant, Mont-Oriol, II, IV.
8 À quoi lui servait ici son physique de casseur de cœurs ?
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XVIII.
9 Yves Montand : j'ignore si c'est à son physique ou à son art qu'il doit d'avoir su exprimer ce qu'il y a d'irréparablement flétri chez un jeune être noble, mais aussi la pureté de la créature encore près de sa source (…)
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 42.
CONTR. Mental, moral.
DÉR. Physiquement.
COMP. Antiphysique.
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2. physique [fizik] n. f.
ÉTYM. 1487; fusique « art médical », v. 1130; fisique « connaissance des choses de la nature », mil. XIIe; du lat. physica « connaissance de la nature », du grec phusikê.
1 (Vx; au sens large). « Science des causes naturelles qui rend raison de tous les phénomènes du ciel et de la terre » (Furetière, Dictionnaire, 1690).
1 Mais d'exiger de moi des démonstrations géométriques en une matière qui dépend de la Physique, c'est vouloir que je fasse des choses impossibles. Et si on ne veut nommer démonstrations que les preuves des Géomètres, il faut donc dire qu'Archimède n'a jamais rien démontré dans les Mécaniques, ni Vitellion en l'Optique, ni Ptolémée en l'Astronomie, etc.
Descartes, Lettre à Mersenne, 17 mai 1638.
2 (1708, Fontenelle). Science qui étudie les propriétés générales de la matière et établit des lois qui rendent compte des phénomènes matériels. Matière (→ Divisibilité, cit.). || Physique et chimie ( Physicochimie) opposées à physiologie (→ Organiser, cit. 6).(1893). || Physique mathématique. Physicomathématique (→ Objet, cit. 12).(XXe). || Physique atomique, nucléaire (par oppos. à physique classique, qui n'étudie pas les phénomènes à l'échelle des atomes et des noyaux) : science qui étudie la constitution intime de la matière, l'atome, le noyau. Particule. || Physique quantique. Quanta. || Physique microscopique (→ Indéterminisme, cit. 3; indéterministe, cit. 2). Microphysique.Physique relativiste. Relativité.Expérimentation en physique, expérience de physique (→ Exactitude, cit. 21). || Physique expérimentale (→ Mesure, cit. 2). || Parties de la physique. Acoustique, aérodynamique, aérologie, astrophysique, biophysique, calorimétrie, cryoscopie, dioptrique, électricité, électrodynamique, électromagnétisme, électronique, hydraulique, hydrodynamique, hydrostatique, magnétisme, mécanique (cinématique, dynamique, statique, mécanique ondulatoire), optique, optométrie, thermodynamique; mesure (science des mesures).Applications de la physique. Technique, technologie (chauffage, éclairage, photographie, cinéma, téléphonie, télégraphie, radio-électricité, télévision; techniques de l'énergie, moteurs, etc.).
Termes de physique, relatifs à l'aspect des corps ( État, supra cit. 51), aux grandeurs physiques ( Angle, capacité, chaleur, densité, énergie, force, fréquence, longueur, masse, poids, pression, surface, température, temps, tension, travail, vitesse, volume…) et à leurs mesures ( Mesure [unités de mesure, appareils et instruments de mesure]), aux propriétés et aux phénomènes physiques. Absorption, accélération, adhérence, agravitation, aimantation, attraction, attrition, capillarité, chaleur, chute, compressibilité, condensation, conduction, congélation, décharge, détente, dextrogyre, diamagnétisme, dichroïsme, diffraction, dilatation, dispersion, dissolution, électricité, endosmose, équilibre, évaporation, exosmose, expansibilité, fluorescence, fusion, gravitation, gravité, induction, inertie, inflexion, interférence, isolant, isolateur, liquéfaction, magnétisme, onde, osmose, périodique (phénomène), polarisation, poussée, radiation, radioactivité, rayon, rayonnement, réflexion, réfraction, résistance, retardation, solidification, spectre, transmutation, vibration, vibratoire… || Instruments, appareils utilisés dans les expériences de physique (→ Galerie, cit. 5). || Le ludion, l'éolipile, les hémisphères de Magdebourg…, appareils de démonstration de physique. Machine (machines simples). || Systèmes d'unités en physique.
1.1 (…) si l'expérience est tout, quelle place restera-t-il pour la physique mathématique ? Qu'est-ce que la physique expérimentale a à faire d'un tel auxiliaire qui semble inutile et peut-être même dangereux ?
Et pourtant la physique mathématique existe; elle a rendu des services indéniables (…) C'est qu'il ne suffit pas d'observer, il faut se servir de ses observations, et pour cela il faut généraliser.
Henri Poincaré, la Science et l'Hypothèse, p. 167.
1.2 Qu'on me permette de comparer la Science à une bibliothèque qui doit s'accroître sans cesse; le bibliothécaire ne dispose pour ses achats que de crédits insuffisants; il doit s'efforcer de ne pas les gaspiller.
C'est la physique expérimentale qui est chargée des achats; elle seule peut donc enrichir la bibliothèque.
Quant à la physique mathématique, elle aura pour mission de dresser le catalogue. Si ce catalogue est bien fait, la bibliothèque n'en sera pas plus riche. Mais il pourra aider le lecteur à se servir de ces richesses.
Et même en montrant au bibliothécaire les lacunes de ses collections, il lui permettra de faire de ses crédits un emploi judicieux; ce qui est d'autant plus important que ces crédits sont tout à fait insuffisants.
Tel est donc le rôle de la physique mathématique; elle doit guider la généralisation de façon à augmenter (…) le rendement de la science.
Henri Poincaré, la Science et l'Hypothèse, p. 171-172.
2 Une fois prouvée l'existence des atomes, on s'est aperçu que l'atome n'était certainement pas la particule simple et insécable qu'avaient imaginée les philosophes de l'Antiquité, et sans doute aussi les premiers promoteurs de l'hypothèse atomique dans la science moderne (…) Dès lors se posait la question d'imaginer la structure interne de l'atome, d'en déduire les lois des émissions spectrales et d'y rattacher l'ensemble des propriétés physiques et chimiques de la matière. On se trouvait ainsi devant une immense branche nouvelle de la Physique qui était entièrement à créer (…) on lui a donné le nom de Physique atomique.
L. de Broglie, Physique et Microphysique, p. 44.
Étudier la physique. || Cours, travaux pratiques de physique. || Avoir de bonnes notes en physique et en chimie (→ Faible, cit. 11).
Livre de physique. || La Physique de X.
Par ext. Étude physique d'un problème. || Physique du globe : géophysique. || Physique des basses températures, des états condensés…
Loc. (Vieilli). Physique amusante : expériences démonstratives portant sur des sujets de physique élémentaire. || Tours de prestidigitation et de physique amusante.
Par plaisanterie :
3 Un jour Cunégonde, en se promenant auprès du château, dans le petit bois qu'on appelait parc, vit entre des broussailles le docteur Pangloss qui donnait une leçon de physique expérimentale à la femme de chambre de sa mère, petite brune très jolie et très docile.
Voltaire, Candide, I.
tableau Noms de sciences et d'activités à caractère scientifique.
DÉR. Physicien, physicisme.
COMP. Astrophysique, cryophysique, géophysique, microphysique.

Encyclopédie Universelle. 2012.