exécrer [ ɛgzekre; ɛksekre ] v. tr. <conjug. : 6>
• 1495; lat. execrari « maudire »
1 ♦ Littér. Haïr au plus haut point. ⇒ abhorrer, abominer, détester. « Lahrier n'aimait guère le bureau, mais plus encore il exécrait le père Soupe, tenant sa société pour aggravation de peine » (Courteline). Pronom. (récipr.) « Tout en s'exécrant, ils se criaient leurs œuvres, publiaient leur génie » (Huysmans).
2 ♦ Par ext. (1870) Avoir de l'aversion, du dégoût pour (qqch.). Exécrer l'odeur du tabac. « ce ton supérieur et doctoral qu'elles [les femmes] exècrent » (F. Mauriac).
⊗ CONTR. Adorer, aimer, bénir, chérir.
● exécrer verbe transitif (latin execrari, maudire, de sacer, sacré) Avoir quelqu'un, quelque chose en horreur, en aversion, le détester au plus haut point : Exécrer la flagornerie. Avoir du dégoût, de la répulsion pour quelque chose : Exécrer l'odeur du tabac. ● exécrer (difficultés) verbe transitif (latin execrari, maudire, de sacer, sacré) Conjugaison Attention à l'accent, tantôt grave, tantôt aigu : j'exècre, nous exécrons ; il exécrera. ● exécrer (synonymes) verbe transitif (latin execrari, maudire, de sacer, sacré) Avoir quelqu'un, quelque chose en horreur, en aversion, le détester au...
Synonymes :
- abhorrer
- abominer
- haïr
Contraires :
- adorer
Avoir du dégoÛt, de la répulsion pour quelque chose
Synonymes :
- détester
Contraires :
- adorer
exécrer
v. tr. Abhorrer, haïr; avoir une vive répugnance pour.
⇒EXÉCRER, verbe trans.
A.— [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers.]
1. Éprouver pour quelqu'un un sentiment d'horreur et de haine. L'humanité, qui a toujours mis entre le bien et le mal une différence infinie, qui a exécré Néron et adoré Titus (LACORDAIRE, conf. N.-D., 1848, p. 185) :
• 1. Oui; va, feins d'exécrer le blanc qui fut son père,
Achète, au prix de l'or, l'enfant à ses gardiens,
Embarque-la sur l'heure à tout hasard, et viens
M'assurer que la mer avec cette bannie
Emporte tout témoin de mon ignominie.
LAMART., T. Louverture, 1850, IV, 2, p. 1358.
2. Éprouver une vive antipathie pour. J'exécrais tout le monde et ma tante Séraphie superlativement (STENDHAL, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 101). Je n'avais aucune souplesse, et je me contentais d'exécrer ces gens-là, et de les éviter autant que je le pouvais (LARBAUD, Journal, 1935, p. 359).
— Emploi pronom. réciproque. Il y avait dans cet embrassement adultère de deux êtres qui se méprisaient et s'exécraient mutuellement quelque chose de trop révoltant, même pour ces âmes dégradées (HUGO, Han d'Isl., 1823, p. 84).
B.— [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose]
1. Manifester du dégoût ou de l'aversion pour. Les mathématiques, tu entends, je les exècre, je les dégobille (ARNOUX, Algorithme, 1948, p. 249).
2. [À un degré moindre] Ne pas pouvoir supporter. Resté garçon par amour du repos et de la tranquillité, il exécrait le mouvement et le bruit (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 285) :
• 2. Il l'essuya, la serviette rosit. Ainsi, non contente de se mettre du rouge, ce qu'il exécrait et méprisait, Solange restait assez pensionnaire pour acheter du rouge de bazar!
MONTHERL., Lépreuses, 1939, p. 1404.
Rem. On rencontre ds la docum. le dér. exécrateur, subst. masc. Celui qui exècre (quelqu'un ou quelque chose). Exécrateur victimaire du propos banal et de la rengaine (BLOY, Désesp., 1886, p. 42). Exécrateur des tyrans (ARNOUX, Algorithme, 1948, p. 23).
Prononc. et Orth. :[], [e-] ou par emphase [-ks-], (j')exècre [] ou []. Cf. é-1. Ds Ac. 1798-1932. Conjug. Devant syll. muette change [e] du rad. en []. Étymol. et Hist. 1. 1495 « avoir en horreur, abominer » (J. DE VIGNAY, Mir. hist., XX, 110, édit. 1531); 2. 1822 p. hyperb. « ne pas aimer quelqu'un, avoir de l'antipathie pour » (HUGO, Lettres fiancée, p. 113 : je me déteste, je m'exècre). Empr. au lat. class. ex(s)ecrari « charger d'imprécations, vouer à l'exécration », de ex « hors de » et de sacer « consacré, saint ». Fréq. abs. littér. : 359. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 297, b) 714; XXe s. : a) 1 024, b) 271.
exécrer [ɛgzekʀe] v. tr. [CONJUG. céder.]
ÉTYM. 1495; lat. execrari « charger d'imprécations, maudire », de ex-, et sacer « sacré ». → Sacré.
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1 (1495). Littér. Haïr au plus haut point. ⇒ Abhorrer, abominer, détester, haïr, horreur (avoir en), maudire; exécration. || Exécrer quelqu'un. || Tout le monde l'exècre (⇒ Exécrable). || Il s'est fait exécrer de tous. — (Compl. n. de chose). || Exécrer l'hypocrisie. || Exécrer un genre de vie. || J'exècre les grandes villes, la campagne. — Passif et p. p. || Être exécré de tous.
1 Néron meurt exécré; quelques années plus tôt, Néron mourait regretté.
2 Ce Méridional, privé de soleil, exécrait Paris qu'il nommait une fabrique de rhumatismes.
Balzac, les Comédiens sans le savoir, Pl., t. VII, p. 12.
3 Certes, René Lahrier n'aimait guère le bureau, mais plus encore il exécrait le père Soupe, tenant sa société pour aggravation de peine.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 2e tableau, I.
4 Il m'aime autant qu'il exècre le reste de l'univers.
France, la Rôtisserie de la reine Pédauque, Œ., t. VIII, p. 242.
5 Si je l'ai exécré d'abord, en tant que maître imposé par la force, je ne garde plus à présent contre lui aucune haine.
Loti, les Désenchantées, IV, XIX.
2 (1870). Par ext. Ne pas aimer du tout qqch.; avoir de l'aversion, du dégoût pour… ⇒ Rejeter, repousser, sentir (ne pas pouvoir sentir), souffrir (ne pas pouvoir souffrir). || Exécrer l'odeur de l'essence. || Exécrer le style d'un auteur. || Une manière de parler que les femmes exècrent (→ Doctoral, cit. 2).
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s'exécrer v. pron.
a (Réciproque) :
6 Tout en s'exécrant, ils se criaient leurs œuvres, publiaient leur génie (…)
Huysmans, Là-bas, p. 17.
b (Réfl.). || S'exécrer soi-même.
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CONTR. Adorer, aimer, bénir, chérir.
Encyclopédie Universelle. 2012.