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expiation

expiation [ ɛkspjasjɔ̃ ] n. f.
XIIe; lat. expiatio
1Anciennt Cérémonie religieuse faite en vue d'apaiser la colère céleste. « Dès qu'il y eut des religions établies, il y eut des expiations » (Voltaire).
2Littér. Souffrance imposée ou acceptée à la suite d'une faute et considérée comme un remède ou une purification, la faute étant assimilée à une maladie ou à une souillure de l'âme. Le remords d'une faute entraîne un désir d'expiation. rachat, réparation, repentir. Châtiment infligé en expiation d'un crime. « Je bois la coupe amère des expiations » (Balzac).
Dans la religion chrétienne, Réparation du péché par la pénitence.
⊗ CONTR. Récompense.

expiation nom féminin (latin expiatio, -onis) Action par laquelle on expie ; châtiment, souffrances considérés comme une compensation, une réparation du délit ou de la faute : L'expiation d'un crime. Cérémonies publiques destinées à réparer une faute commise envers la loi divine ou ecclésiale. ● expiation (expressions) nom féminin (latin expiatio, -onis) Fête de l'expiation, dans la religion juive, le Yom Kippour. ● expiation (synonymes) nom féminin (latin expiatio, -onis) Action par laquelle on expie ; châtiment, souffrances considérés comme une...
Synonymes :
- rachat
- réparation

expiation
n. f.
d1./d HIST, SOCIOL Cérémonie religieuse, rite destinés à apaiser la colère divine.
d2./d Peine, souffrance par laquelle on expie une faute, un crime.
|| RELIG CATHOL Rachat du péché par la pénitence.

⇒EXPIATION, subst. fém.
A.— RELIG. Rite effectué pour apaiser la colère divine. Fête des expiations; pain, victime d'expiation; immolé en expiation. Une expiation qui consistait dans un sacrifice offert aux dieux (DURKHEIM, Divis. trav., 1893, p. 135). L'holocauste destiné à l'expiation (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 114) :
1. Les anciens héros, lorsqu'ils avaient commis un meurtre, avaient recours à l'expiation : après les sacrifices qu'elle exigeait, on répandait sur la main coupable l'eau destinée à la purifier, et dès ce moment ils rentraient dans la société et se préparaient à de nouveaux combats.
DUPUIS, Abr. de l'orig. de tous les cultes, 1796, p. 567.
Spéc. [Dans la relig. chrét.]
♦ Réparation faite à Dieu (pour un péché commis) sous forme de rite. Neuvaine pour l'expiation de mes péchés deux fois par an (DUPANLOUP, Journal, 1851-76, p. 61).
P. ext. Acceptation d'une infortune en signe de réparation. J'accepte la mort en expiation de tant de forfaits que j'ai commis et en union avec mon sauveur (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 359) :
2. Il [M. Hamon] présente (...) l'oppression de Port-Royal, cette violence et cette spoliation qu'on y subit et auxquelles on doit se résigner avec soumission, avec joie, comme une amende honorable due à Dieu pour la cupidité de tant d'autres monastères, communautés et sociétés, comme une expiation éclatante et légitime payée au suprême vengeur pour les excès d'autrui et des Jésuites eux-mêmes.
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 203.
B.— P. ext.
1. [Correspond à expier A] Réparation d'une faute par une peine jugée compensatoire. On pensa que de tels châtiments seraient trop doux pour l'expiation de ses crimes et qu'il fallait lui infliger l'humiliation et la honte (SAND, Lélia, 1839, p. 534). J'ai lu souvent que la flagellation était l'expiation symbolique de nos péchés d'impureté (CLAUDEL, Poète regarde Croix, 1938, p. 48) :
3. Ma grand'mère que j'avais, avec tant d'indifférence, vue agoniser et mourir près de moi! ô puissé-je, en expiation, quand mon œuvre serait terminée, blessé sans remède, souffrir de longues heures, abandonné de tous, avant de mourir!
PROUST, Le Temps retrouvé, 1922, p. 902.
♦ Titre d'un poème des Châtiments (v. 13) de V. Hugo. Notre amie m'écrit qu'elle vous a transmis « l'Expiation » (HUGO, Corresp. t. 2, 1854, p. 180).
[Suivi d'un compl. introduit par à, désignant ce qui est expié] Déjà il montre, comme expiation à ses fautes, toutes les provinces que son bras va remettre sous l'empire du Christ (COTTIN, Mathilde, t. 5, 1805, p. 315).
P. méton. Peine subie (en signe de réparation pour une faute commise). Les bouleversements de l'Europe, (...) ne lui paraissaient que la vengeance divine et l'expiation méritée de l'abandon des doctrines antiques par l'esprit nouveau (LAMART., Nouv. Confid., 1851, p. 295). L'expiation terrestre, le bûcher, il l'appelait de toutes ses forces (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 144). Je n'admets pas plus la mort comme châtiment ou comme expiation au lâche que comme récompense aux vivants (GIRAUDOUX, Guerre Troie, 1935, II, 5, p. 129).
L'expiation suprême. La peine capitale. L'accusé commence à entendre tomber le mot d'« expiation suprême » (GONCOURT, Journal, 1869, p. 510).
En partic. Compensation pour un dommage volontairement causé :
4. La cathédrale (...) fut, dit-on, bâtie par Robert, premier duc capétien de Bourgogne, en expiation des violences que l'église lui reprochait. Il essaya ainsi de dédommager la vieille ville ...
MICHELET, Journal, 1839, p. 798.
2. [Correspond à expier B] P. ext. Contrepartie fâcheuse d'une action, d'une attitude, d'un comportement. Quitter Madame de Nevers me semblait une expiation du bonheur que je trouvais près d'elle malgré moi (DURAS, Édouard, 1825, p. 133). La douleur et la mort sont l'expiation de la naissance (MÉNARD, Rêv. païen, 1876, p. 122) :
5. S'il avait beaucoup souffert à cause d'elle, cette souffrance n'était-elle point l'expiation des joies immenses qu'elle lui avait données? N'était-ce point la vengeance ordinaire de la destinée humaine, qui interdit le bonheur absolu comme une impiété?
MURGER, Scènes de la vie de bohème, 1851, p. 276.
Prononc. et Orth. :[(i)]. Cf. é-1. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1175 (B. DE SAINTE-MAURE, Chron. des Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 9192). Empr. au lat. class. expiatio « expiation », lat. chrét. « expiation (des péchés); purification; propitiation ». Fréq. abs. littér. :457. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 961, b) 849; XXe s. : a) 643, b) 280. Bbg. LÉON-DUFOUR (X.). Réflexions autour du mot expiation. Foi Lang. 1976, n° 1, pp. 9-12.

expiation [ɛkspjɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. V. 1160; lat. expiatio, du supin de expiare. → Expier.
1 Didact. (hist., sociol.). Cérémonie religieuse faite en vue d'apaiser la colère céleste. || Faire un sacrifice d'expiation, en offrant une victime propitiatoire, piaculaire. || Victime d'expiation. || Fête juive des Expiations. Bouc (émissaire). || Rites d'expiation.
1 Ô hommes, ne cherchez plus l'expiation de vos crimes dans le sang des animaux égorgés; dussiez-vous dépeupler tous vos troupeaux par vos hécatombes, la vie des bêtes ne peut point payer pour la vie des hommes.
Bossuet, 2e sermon, Divin. relig., 3.
2 Dès qu'il y eut des religions établies, il y eut des expiations; les cérémonies en furent ridicules : car quel rapport entre l'eau du Gange et un meurtre ?
Voltaire, Dict. philosophique, Expiation.
3 Cet usage des expiations passa des Hébreux aux Grecs, des Grecs aux Romains et autres peuples. C'était en général une cérémonie religieuse pour purifier les coupables, et les lieux qu'on croyait souillés, pour apaiser la colère des dieux, pour purifier les soldats avant et après le combat : ce qu'on exprimait par les mots expiare, lustrare, purgare, februare. L'expiation se faisait avec diverses cérémonies.
Trévoux, Dict., art. Expiation.
4 Au jour de l'Expiation — Kippour —, la purification du Saint des Saints par le sang et l'envoi au désert du bouc émissaire rappelaient à chacun qu'il participait aux péchés de tous, qu'il avait à racheter les fautes des pères avec les siennes.
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, p. 369.
4.1 Les rites d'expiation, l'expulsion solennelle des souillures, les diverses pratiques de nettoyage et de purge qui réparent l'ordre du monde constamment attaqué, ne peuvent jamais que ramener une vertu qui ne sera jamais plus l'innocence, une santé reconquise et prudente qui ne sera jamais plus la santé triomphante et insouciante que la maladie n'a pas encore touchée.
Roger Caillois, l'Homme et le Sacré, p. 33.
2 « Souffrance imposée ou acceptée à la suite d'une faute et considérée comme un remède ou une purification, la faute étant assimilée à une maladie ou à une souillure de l'âme » (Lalande). || Le remords d'une faute entraîne un désir d'expiation. Compensation, rançon, réparation, repentir. || L'expiation conçue comme effaçant la faute. Rachat. || Idée d'expiation attachée à la sanction pénale. Peine, répression (→ Attacher, cit. 40). — En expiation de (une faute). || L'Expiation, poème de Hugo (les Châtiments).
5 (…) l'ange exterminateur tourne comme le soleil autour de ce malheureux globe, et ne laisse respirer une nation que pour en frapper d'autres (…) ministre d'une vengeance précise et infaillible, il s'acharne sur certaines nations et les baigne dans le sang. N'attendez pas qu'elles fassent aucun effort pour échapper à leur jugement ou pour l'abréger. On croit voir ces grands coupables, éclairés par leur conscience, qui demandent le supplice et l'acceptent pour y trouver l'expiation.
J. de Maistre, les Soirées de Saint-Pétersbourg, t. II, VII, p. 22.
6 Je bois la coupe amère des expiations; mais en la buvant, j'ai terriblement épelé cette sentence : « Expier n'est pas effacer. »
Balzac, Honorine, Pl., t. II, p. 303.
7 Et dans ces deux endroits si semblables et si divers, ces deux espèces d'êtres (les bagnards et les religieuses) si différents accomplissaient la même œuvre, l'expiation. Jean Valjean comprenait bien l'expiation des premiers (…) l'expiation personnelle, l'expiation pour soi-même. Mais il ne comprenait pas celle des autres, celle de ces créatures sans reproche et sans souillure, et il se demandait avec un tremblement : Expiation de quoi ? quelle expiation ?
Hugo, les Misérables, II, VIII, IX.
8 Réjouissez-vous du fond de l'abîme de vos souffrances, car s'il y a faute et s'il y a expiation, il y a aussi rachat.
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 239.
Par ext. Ce qui fait expier (jeûne, souffrance).
9 Voilà où mène le séjour dans ces situations fausses auxquelles on condamne sa jeunesse (…) elles portent avec elles et en elles une expiation terrible.
Sainte-Beuve, Volupté, XIX, p. 186.
Spécialt (dans la religion chrétienne). Réparation du péché par la pénitence (→ Ascèse, cit. 3). || Dans le sacrement de pénitence, l'expiation des péchés est une satisfaction, une réparation faite à Dieu. || Souffrances offertes en expiation des fautes (→ Conformer, cit. 3). || Expiation des péchés après la mort avant d'entrer dans la vie éternelle. Purgatoire.
10 Nous nous impatientons contre Dieu des moindres disgrâces qui nous arrivent, au lieu de les recevoir de sa main pour l'expiation de nos fautes (…)
Bossuet, 2e Panégyrique de Saint-François de Paule, 2.
11 Ainsi s'établit cette conception, spirituellement si féconde, d'un combat perpétuel contre le péché, d'un effort pour retrouver l'innocence perdue, par la pénitence et l'expiation.
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, p. 371.
CONTR. Récompense.

Encyclopédie Universelle. 2012.