extravagance [ ɛkstravagɑ̃s ] n. f.
1 ♦ État d'une personne qui n'a pas le sens commun. ⇒ déraison, insanité, folie.
♢ Caractère de ce qui est extravagant. ⇒ absurdité, bizarrerie. « Que son aîné fût amoureux expliquait l'extravagance de sa conduite » (Aragon).
2 ♦ Idée, parole, action extravagante. ⇒ excentricité. Je n'ai pas le temps d'écouter ses extravagances. ⇒ divagation. Faire des extravagances. ⇒ folie, incartade. « il m'échappait des extravagances que le plus violent amour seul semblait pouvoir inspirer » (Rousseau).
⊗ CONTR. Mesure, raison.
● extravagance nom féminin Comportement de quelqu'un qui est extravagant : On connaît l'extravagance de cette vedette. Caractère de ce qui est extravagant, bizarre : L'extravagance d'un projet. Parole ou action extravagante : Faire mille extravagances. ● extravagance (synonymes) nom féminin Comportement de quelqu'un qui est extravagant
Synonymes :
- excentricité
- originalité
Caractère de ce qui est extravagant, bizarre
Synonymes :
- originalité
Parole ou action extravagante
Synonymes :
- caprice
- folie
- lubie
extravagance
n. f.
d1./d Caractère d'une personne, d'une chose extravagante. L'extravagance de son costume.
d2./d Acte, parole extravagante, bizarre. Faire des extravagances.
⇒EXTRAVAGANCE, subst. fém.
A.— 1. Comportement, état extravagant (d'une personne). (Quasi-)synon. divagation, excentricité, fantaisie, folie. Enfin, quelque grands que soient les bénéfices du vin, on peut dire qu'il frise souvent la folie ou, tout au moins, l'extravagance (BAUDEL., Paradis artif., 1860, p. 411). Les barbares se poussaient, criaient. Ils dansaient en délire autour de la grande chute d'eau, et, dans l'extravagance de leur joie, venaient s'y mouiller la tête (FLAUB., Salammbô, t. 2, 1863, p. 75) :
• 1. Chez elle le remords, la crainte d'être surprise, les joies cruelles de l'adultère, ne se traduisaient pas comme chez les autres femmes, par des larmes et des accablements, mais par une extravagance plus haute, par un besoin de tapage plus irrésistible. Et, au milieu de son effarement grandissant, on commençait à entendre un râle, le détraquement de cette adorable et étonnante machine qui se cassait.
ZOLA, Curée, 1872, p. 514.
2. Caractère extravagant (d'une chose). (Quasi-)synon. bizarrerie, excentricité, mauvais goût. Les rois qui font les oblations aux dieux ont des coiffures d'une extravagance insensée (DU CAMP, Nil, 1854, p. 157). Rien ne manque à ce texte pour en faire un modèle de platitude, d'extravagance et de débilité mentale (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 224). Ces maîtres de la critique sincère et avertie n'ont pas hésité à mettre le Greco à sa place véritable : au troisième plan dans la peinture, au premier dans l'extravagance et la fausse originalité (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 216). Cf. absurdité ex. 1 :
• 2. L'habit français, mesquin, écourté, conservait cependant quelque élégance. Bientôt les classes tendirent à se confondre, les mœurs à s'effacer; le bon sens et le bon goût s'éloignèrent de compagnie, et l'extravagance des modes précéda de quelques années la folie plus sérieuse dont la nation devait être atteinte : tandis que les hommes, en attendant mieux, se faisaient égaux par le frac, les femmes se défiguraient à l'envi par la hauteur démesurée de leur coiffure. La révolution arriva...
JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 262.
B.— Le plus souvent au plur.
1. Acte, comportement extravagant. Faire des extravagances, mille extravagances. J'ai beaucoup souffert de voir mon Esteban entraîné par sa générosité à une extravagance (MÉRIMÉE, Théâtre C. Gazul, 1825, p. 237). Je sens que mon amitié pour L... est forte aujourd'hui, après avoir passé par les extravagances de collège et le délire de notre première sortie dans le monde (M. DE GUÉRIN, Journal, 1832, p. 145) :
• 3. En vain Stephen se livrait à tous les plaisirs, se jetait dans toutes les folies, dans toutes les extravagances; au milieu de ses écarts de gaieté, son cœur n'avait pas cessé un instant d'être cruellement rongé par ses souvenirs et par ses regrets.
KARR, Sous tilleuls, 1832, p. 253.
2. Idée, opinion, entreprise, qui n'a pas de sens commun, qui échappe à la raison. Les lois générales du monde matériel, sur lesquelles les plus graves des anciens nous ont transmis tant de puérilités et d'extravagances (BONALD, Législ. primit., t. 2, 1802, p. 48). L'erreur n'est et ne peut jamais être une extravagance complète, un délire total (COUSIN, Hist. philos. mod., t. 1, 1847, p. 141). Le testament n'était qu'un tissu d'extravagances (COLETTE, Képi, 1943, p. 169) :
• 4. Cette expédition de la Russie était une vraie extravagance que toutes les autorités civiles et militaires de l'Empire avaient blâmée...
CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 453.
3. Rare. Chose ou personne extravagante. Une fois, j'étais entré commander un fromage chez le crémier, et au milieu des petites employées j'en avais remarqué une, vraie extravagance blonde, haute de taille bien que puérile, et qui, au milieu des autres porteuses, semblait rêver, dans une attitude assez fière (PROUST, Prisonn., 1922, p. 139).
Prononc. et Orth. :[]. Cf. extra-. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1560 « digression » (Rom. d'Alector, fol. 136a ds LA CURNE); 1595 « excès » (MONTAIGNE, Essais, éd. A. Thibaudet, I, XXXVII, p. 269); 1634 « action, paroles hors du sens commun » (MAIRET, Sophonisbe, I, 1 ds LITTRÉ). Dér. du rad. de extravagant; suff. -ance. Fréq. abs. littér. :434. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 672, b) 555; XXe s. : a) 494, b) 676.
extravagance [ɛkstʀavagɑ̃s] n. f.
ÉTYM. Fin XVe; de extravagant.
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1 (1666, Molière). État d'une personne extravagante. ⇒ Absurdité, aliénation (mentale), bizarrerie, démence, dérèglement, folie.
1 (…) Après un peu d'absence,
On le retrouve encore plus plein d'extravagance (…)
Molière, le Misanthrope, II, 4.
2 (…) leur extravagance, qu'ils affichent (les désespérés), sert des desseins qu'ils dissimulent au monde, et peut-être à eux-mêmes.
F. Mauriac, le Jeune Homme, p. 23.
♦ (1642, Corneille). Caractère de ce qui est extravagant. || L'extravagance de ses opinions, de ses prétentions, de ses propos, de son costume. || L'extravagance de ses robes la fait remarquer. || Le comble de l'extravagance. || Tomber dans l'extravagance (→ Correct, cit. 2).
3 Ce repos dans cette ignorance est une chose monstrueuse, et dont il faut faire sentir l'extravagance et la stupidité à ceux qui y passent leur vie (…)
Pascal, Pensées, III, 195.
4 C'est un étrange monument de dépression morale et d'extravagance que le Talmud : eh bien ! j'affirme qu'on ne saurait avoir une idée de ce que peut l'esprit humain déraillé des voies du bon sens si l'on n'a pratiqué ce livre unique.
Renan, l'Avenir de la science, in Œ. compl., t. III, p. 874.
5 Que son aîné fût amoureux expliquait l'extravagance de sa conduite.
Aragon, les Beaux Quartiers, p. 353.
2 (1629). || Une, des extravagances. Idée, parole, action extravagante. || Les extravagances d'un énergumène. ⇒ Excentricité. || Il a le cerveau plein d'extravagances. ⇒ Vision. || Je n'ai pas le temps d'écouter ses extravagances. ⇒ Divagation. || Il a encore fait quelque extravagance. ⇒ Erreur (de conduite), frasque, incartade. || C'est une extravagance de premier ordre. ⇒ Énormité. || Nous sommes témoins de ses extravagances (→ Il nous en fait voir de belles). || S'attirer (cit. 43) des ennuis par ses extravagances.
6 Madame, je vous prie de me pardonner (…) l'extravagance que j'ai faite (à part) de vous épouser.
Molière, George Dandin, III, 7.
7 Quelquefois même en sa présence il m'échappait des extravagances que le plus violent amour seul semblait pouvoir inspirer.
Rousseau, les Confessions, III.
8 Quant à mon Jodelet, ce qu'il entasse de bévues, ce qu'il commet d'extravagances et de bêtises énormes, monte à un chiffre que nous ne sommes pas en état de calculer.
Th. Gautier, les Grotesques, P. Scarron, p. 395.
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CONTR. Mesure, raison, sagesse, sens (bon).
Encyclopédie Universelle. 2012.