fade [ fad ] adj.
1 ♦ Qui manque de saveur, de goût. Aliment, boisson fade. ⇒ insipide; douceâtre, écœurant. Il aime la cuisine épicée, ici tout lui paraît fade. — Qui procure à l'odorat une sensation faible et désagréable. « L'odeur doucereuse et fade du sang » (Mac Orlan).
♢ Sans éclat. Une couleur fade. ⇒ délavé, pâle, 1. terne. Des cheveux d'un blond fade. ⇒fam. fadasse.
♢ Région. (Belgique) Il fait fade, étouffant, lourd (du temps).
2 ♦ Fig. Qui est sans caractère, sans intérêt particulier. ⇒ ennuyeux, fastidieux, insignifiant, monotone. « Des injures ? J'aime mieux cela; c'est moins fade que vos sucreries » (Musset). « Le pays était plat, pâle, fade et mouillé » (Fromentin). — Compliment, amabilité fade. ⇒ conventionnel, 1. plat . Une vieille qui raconte « avec un tas de détails inutiles, de petites histoires fades » (Renard).
⊗ CONTR. Assaisonné, épicé, 1. relevé, savoureux. 1. Brillant, excitant, intéressant, 1. piquant, vif, 2. vivant.
● fade adjectif (latin populaire fatidus, du latin classique fatuus, fade, d'après sapidus, qui a de la saveur) Qui manque de saveur : Cuisine fade. Se dit d'une odeur douceâtre et écœurante : L'odeur fade du sang. Qui manque de vivacité, d'éclat, de caractère : Couleurs fades. Une beauté fade. Qui manque d'intérêt, d'originalité ; insignifiant : Des compliments fades. ● fade (synonymes) adjectif (latin populaire fatidus, du latin classique fatuus, fade, d'après sapidus, qui a de la saveur) Qui manque de saveur
Synonymes :
- douceâtre
- fadasse
- insipide
Contraires :
- assaisonné
- épicé
- pimenté
- poivré
- relevé
Se dit d'une odeur douceâtre et écœurante
Synonymes :
- dégoûtant
- écoeurant
- nauséabond
Contraires :
- frais
- suave
Qui manque de vivacité, d'éclat, de caractère
Synonymes :
- blafard
- blême
- décoloré
- délavé
- pâle
- terne
Qui manque d'intérêt, d'originalité ; insignifiant
Synonymes :
- banal
- inintéressant
- plat
fade
adj. et n. m. (Madag.) Qui est interdit pour des raisons religieuses et traditionnelles.
|| n. m. Interdit dont la raison échappe aux non Malgaches. On ne peut se baigner ici, il y a un fade.
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fade
adj.
d1./d Qui manque de saveur. Une boisson fade. Syn. insipide.
d2./d Fig. Qui manque de caractère, de piquant. Beauté, style fade. Syn. plat.
I.
⇒FADE1, adj.
A.— [En parlant d'un inanimé (en gén.) concr.]
1. [En parlant d'une réalité perceptible par tel ou tel sens] Qui manque de saveur ou de caractère et suscite souvent le dégoût ou un jugement défavorable.
a) Domaine du goût. Qui manque de saveur ou dont la saveur trop peu relevée déplaît au goût. Mets, viande, sauce fade; une douceur fade (Ac. 1835-1932). (Quasi-)synon. insipide; (quasi-)anton. âcre, assaisonné, épicé, pimenté, relevé. C'est là ta nourriture habituelle? Pluton. Oui!... oh! je n'aime pas les choses fades!... il me faut du piment, beaucoup de piment! (CRÉMIEUX, Orphée, 1858, I, 4, p. 39).
♦ Emploi subst. neutre. Du fade lui remonta de la gorge. Il cracha un glaviot épais, sanguinolent (LE BRETON, Rififi, 1953, p. 195).
— P. ext. (Se sentir) le cœur fade. ,,Avoir, éprouver du dégoût`` (Ac. 1835-1932). P. ell. se sentir fade. Être pris de dégoût. Je m'éveillais tout à coup transi et le cœur fade dans l'obscurité (LORRAIN, Sens. et souv., 1895, p. 128). Ma salive est sucrée, mon corps est tiède; je me sens fade (SARTRE, Nausée, 1938, p. 130).
b) Domaine de l'odorat. (Quasi-)anton. suave. L'odeur fade et vaporeuse de sa chevelure me faisait souvent répugnance (MILOSZ, Amour. initiation, 1910, p. 176) :
• 1. ... l'odeur du lait caillé paraissait plus fraîche et plus fade... Non, pas fade : mais d'une âcreté si discrète et si délavée qu'on ne la sentait qu'au fond des narines et déjà plutôt goût que parfum.
GIDE, Nourrit. terr., 1897, p. 212.
c) Domaine de la vue. Désagréable à la vue par son manque d'éclat. Couleur fade (Ac. 1798-1932). (Quasi-) synon. blême, délavé, pâle, terne. À droite, un rideau de palmiers (...) troncs tout gris, sommets inclinés vers le sud, vert fade (FROMENTIN, Voy. Égypte, 1869, p. 52). Des yeux d'un bleu fade (GONCOURT, Journal, 1893, p. 421).
d) Domaine de l'ouïe. Désagréable à l'oreille par sa monotonie. (Quasi-)anton. mélodieux, expressif. M. Sully-Prudhomme a bien fait ressortir, dans son livre de l'« Expression », ce réalisme du langage, qui qualifie un coloris de froid ou de chaud, appelle une musique fade ou de haut goût (GRIVEAU, Élém. beau, 1892, p. 8). La pluie continuait de tomber avec un bruit fade (ESTAUNIÉ, Empreinte, 1896, p. 160).
2. P. ext. [En parlant d'une réalité qui affecte l'ensemble de la pers; en partic., en parlant des conditions atmosphériques] Qui provoque une impression de chaleur ou d'étouffement. (Quasi-)synon. douceâtre. Par ces temps fades et mous comme celui d'aujourd'hui, par exemple; par la moiteur étouffante des rues sales, sous ces ciels bas, en colle de pâte (LORRAIN, Âmes automne, 1898, p. 68). Un air épais, un air fade, un air qui passait mal (RAMUZ, Gde peur mont., 1926, p. 189). L'un se souvient avec nostalgie de la maison ouvrière, de sa tiédeur fade, de sa fraternité (GUÉHENNO, Journal « Révol. », 1938, p. 175).
— Rare. Faire fade. Il fait tiède et fade dans la chambre (ROLLAND, J.-Chr., Aube, 1904, p. 3).
B.— Au fig.
1. Désagréable par sa monotonie, son manque de vie, d'intérêt. Tout le jour resta bien fade après ces émotions (MICHELET, Journal, 1849, p. 79). Moi je suis mariée à un homme très bon et qui m'aime et dont le crime, en somme, est de représenter le bonheur un peu fade que l'on a sous la main (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 194). Je sentais autour de moi le goût fade de la vie, et j'aspirais l'avenir comme un air plein de sel et d'aromes (FRANCE, Lys rouge, 1894, p. 22).
2. [En parlant d'une pers., d'un trait de son attitude ou de son comportement]
a) [En parlant d'une pers. au point de vue physique et moral]
) Qui manque d'éclat, de piquant, de relief; qui manque de personnalité, d'originalité. (Quasi-)synon. banal, inexpressif, quelconque. Les Allemandes sont tendres et douces, mais fades et monotones (MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p. 54). Les enfants sont plats et fades. Rien d'inattendu, de personnel, aucune pensée originale. Ils n'ont pas encore eu le temps d'avoir des idées à eux ou aux autres (GONCOURT, Journal, 1862, p. 1004). Tu es fade, tu es flasque, tu es inerte comme un mollusque, paresseux comme l'unau (AMIEL, Journal, 1866, p. 112).
— Emploi subst. masc. C'était un garçon perruquier, un grand fade, blondin, assez bien fait, le visage plat, l'esprit de même (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, p. 108).
♦ Subst. masc. à valeur de neutre. Cf. douceâtre, citat. de SAINTE-BEUVE, Poisons, 1869, p. 51.
) Qui flatte, fait des excès de galanterie, dit des choses ennuyeuses et sans intérêt. Je ne veux pas être fade, mais il est évident que si son altesse vous rencontre!... elle n'aura plus le courage de s'éloigner (SARDOU, Rabagas, 1872, IV, 14, p. 203).
b) P. méton. [En parlant d'un trait physique, moral, ou d'un propos] Une beauté fade; un discours, une conversation fade; des louanges fades; un éloge fade (Ac. 1798-1932). Quel plaisir de baiser ces lèvres qui vous disent : « je t'abhorre! » cela a plus de ragoût que cet éternel et fade :« je t'aime », dont les femmes vous écœurent (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 403). Que je ne sois pas pour tous de la même amabilité fade (GIDE, Journal, 1890, p. 17).
c) Domaine littér. et artistique. Qui manque de relief, de vie, d'authenticité, d'intérêt.
— [En parlant d'une pers., d'une œuvre] Delille ne fut qu'un Ovide très fade, sans invention et sans verve, qui fit bien le vers élégant (DELÉCLUZE, Journal, 1827, p. 368). Il [Erckmann-Chatrian] est poussé fatalement à faire une peinture fade et doucereuse, d'une grande bonhomie (ZOLA, Mes haines, 1866, p. 143) :
• 2. Ce Viélé-Griffin est étonnant. Savant, sincère, ardent, il lui manque un je ne sais quoi, qui le rend souvent fade, vide, à côté, agaçant même. C'est l'impression que donne Plus loin et surtout L'amour sacré.
RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p. 382.
— P. méton. [En parlant d'un style, d'une œuvre] Quelques romans d'une invention froide et timide, d'un style fade, languissant, maniéré, sans aucune intention morale (MARMONTEL, Essai sur rom., 1799, p. 293). Il ne faut, en tout cas, chercher dans ce fade volume [de M. de Laprade] aucune trace d'enjouement ni de sel; il n'y a pas le plus petit mot pour rire, pas le plus petit grain de Voltaire (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 1, 1861, p. 18).
Rem. La docum. atteste le dér. rare fadir, verbe trans. Affadir, rendre fade. Il avait une façon de se rengorger, de bomber, de boire l'admiration qui vous déprimait le cœur, qui vous fadissait la salive (ARNOUX, Paris, 1939, p. 194).
Prononc. et Orth. :[fad]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 « (d'une pers.) faible, mou, sans force » (BÉROUL, Tristan, éd. E. Muret4, 3716 : < : je sui malades >, desfaiz et fades); en a. et m. fr.; 2. a) ca 1223 « qui manque de saveur, de goût » odeur... fade (G. DE COINCY, Mir. Vierge éd. F. Kœnig, I Mir., 44, 87); en partic. 1275-80 viandes fades (J. DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 4972); b) mil. XIIIe s. « qui manque de piquant, ennuyeux » amour fade (J. DE THUIN, Jules César, 170, 2 ds T.-L.); 3. 1803 « dont l'odeur ou la saveur soulève le cœur » odeur fade (LACLOS, Éduc. femmes, p. 471). D'un lat. vulg. fatidus, résultat du croisement du class. fatuus « fade, insipide » (fig. « insensé, extravagant » cf. fat) avec sapidus « qui a de la saveur » cf. maussade. Fréq. abs. littér. :720. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 602, b) 1 111; XXe s. : a) 1 456, b) 1 076.
DÉR. Fadement, adv. D'une manière fade. a) [En parlant d'un inanimé] Ah! la pauvre peinture, ou durement noire ou fadement porcelainée (GONCOURT, Journal, 1894, p. 590). Je jouais une romance sans paroles assez fadement expressive (GIDE, Si le grain, 1924, p. 456). b) [En parlant d'une pers.] Grossièrement et fadement poli comme un maître d'école de village, assommant les gens de compliments hyperboliques (...) voilà l'homme (MICHELET, Mémor., 1820-22, p. 190). Elles étaient aussi menteuses dans leurs livres que dans leurs salons; elles s'embellissaient fadement, et flirtaient avec le lecteur (ROLLAND, J.-Chr., Foire, 1908, p. 706). Parfois, excédé de ce qu'elle se montrât toujours fadement la même, il essayait de la varier par des déguisements (FRANCE, Chem., 1909, p. 168). — []. Ds Ac. 1878 et 1932. — 1re attest. 1574 [éd.] (TAHUREAU, Poés., à Mme Marguerite ds GDF.); de fade1, suff. -ment2, au XVIe s. au sens de « sottement » (1548, RABELAIS, Quart livre, éd. R. Marichal, Ancien prologue, p. 292) probabl. d'apr. le prov. fadamen « sottement » (XIIe s. ds RAYN., v. aussi MISTRAL), dér. du prov. fat, v. fat. — Fréq. abs. littér. : 7.
II.
⇒FADE2, subst. masc.
A.— Arg. (des voleurs). Part de butin, de vol; ce qui revient à chacun dans un partage. Je suis seulement fâché d'une chose, c'est qu'il [mon frère] ne soit pas là pour avoir son fade (VIDOCQ, Mém., t. 4, 1828-29, p. 329).
B.— Loc. fig., pop. et arg.
1. En avoir son fade. En avoir son compte; être rassasié, fatigué de. « — Bon Dieu! s'écria-t-il en rentrant, d'ici au... » aller et retour à pattes, j'en ai mon fade! (BRUANT, Dict. fr.-arg., 1905, p. 219). Tandis qu'il [le lièvre] picole au ruisseau, Jusqu'à ce qu'il en ait son fade (MARCUS, Quinze fables, 1947, p. 1).
2. Prendre son fade. Prendre son plaisir, jouir. Synon. vulg. prendre son pied. Le gémissement... d'une fille qui prenait son fade (A. SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 34).
Prononc. :[fad]. Étymol. et Hist. [1725, Granval d'apr. ROB.; en fait, le mot ne figure que dans l'éd. de 1827; v. SAIN. Sources Arg. t. 1, p. 332]; 1821 « part d'un butin (dans l'argot des voleurs) » (ANSIAUME, Arg. Bagne Brest, f° 9 v° § 194 : Dans l'affaire du garde meuble, j'y ai eu mon fade). Déverbal de fader. Bbg. GUIRAUD (P.). Mél. d'étymol. arg. et pop. Cah. Lexicol. 1970, t. 17, pp. 10-11. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 245, 293. — SAIN. Sources t. 3, 1972 [1930], pp. 495-496.
III.
⇒FADE3, subst. fém.
Région. Fée. Jeanne. — C'est le trou aux fades, mon parrain. Guillaume. — Les fades! N'est-ce pas les fées que tu veux dire? (Sand, Jeanne, 1844, p. 102) :
• Les fades, les fées, vivent cachées sous les roches, dans les lieux solitaires. Dès qu'on a cessé de sonner l'angélus, durant la grande révolution, elles ont reparu, et plusieurs les ont bien vues alors...
POURRAT, Gaspard, 1930, p. 172.
Prononc. :[fad]. Étymol. et Hist. 1844 (SAND, loc. cit.). Mot des dial. du Centre (JAUB.), empr. au prov. fada (XIIe s. ds RAYN.), correspondant à fée; du lat. fata « déesse de la destinée, Parque », issu du lat. fatum « destin, fatalité ». Bbg. PAULI 1921, p. 8.
1. fade [fad] adj.
ÉTYM. XIIe; d'un lat. pop. fastidus, croisement du lat. class. factus « fade » avec sapidus « qui a du goût ». → Saveur.
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1 Qui manque de saveur, de goût. || Aliment, boisson fade. ⇒ Désagréable, insipide, plat. || Il aime la cuisine épicée, ici tout lui paraît fade (→ Assaisonner, cit. 1). || Sauce, crème fade. || Un vin fade et doucereux (→ Déboire, cit. 1). ⇒ Douceâtre, écœurant. || Rendre qqch. fade. ⇒ Affadir.
1 À côté de ce plat paraissaient deux salades,
L'une de pourpier jaune, et l'autre d'herbes fades (…)
Boileau, Satires, III.
2 Il ne manque à ce qui est fade qu'un degré d'assaisonnement; tout manque à ce qui est insipide.
Dict. de Trévoux, art. Fade.
♦ (1862). Qui procure à l'odorat une sensation faible et désagréable. || Une odeur fade. ⇒ Écœurant.
3 L'odeur secrète du dancing, comme celle de l'année 1919, est encore l'odeur doucereuse et fade du sang.
P. Mac Orlan, Quai des brumes, p. 184.
4 Les autres années, les tramways étaient pleins de l'odeur fade des chrysanthèmes et des théories de femmes se rendaient aux lieux où leurs proches se trouvaient enterrés (…)
Camus, la Peste, p. 255.
♦ Figuré :
5 (…) une fade odeur de médiocrité me souleva le cœur.
E. Fromentin, Dominique, p. 146.
♦ Sans éclat. || Une couleur fade. ⇒ Délavé, neutre, pâle, terne. || Des cheveux d'un blond fade.
♦ (1690). || Une beauté fade, qui manque de piquant. || Des traits, des yeux fades, sans expression. ⇒ Anodin, inexpressif.
6 (…) ce gros bec leur donne (aux toucans) une physionomie triste et sérieuse que leurs grands yeux fades et sans feu augmentent encore (…)
Buffon, Hist. nat. des oiseaux, Les toucans, Œ. t. VII, p. 553.
7 (…) cette petite femme, fort ordinaire, lui avait paru fade à côté de la créole à qui il gardait son amour (…)
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, l'Ascension de Bonaparte, XXIII, p.323.
♦ N. || Le fade : la fadeur.
7.1 Sur la platitude obscure d'une senteur de brioche, où les gras et les beurres se mélangent, où tout se tisse de jaunâtre et de vanille, dans le fade tout à coup perce l'aigre parfum, pointu comme un crayon, d'un seul raisin sec.
J.-M.G. Le Clézio, le Déluge, p. 283.
2 (1541). Qui est sans caractère, sans vivacité, fastidieux. ⇒ Ennuyeux. || Plaisirs fades (→ Agréable, cit. 15). || Cet opéra, cette pièce est bien fade (→ Amplification, cit. 2; ballade, cit. 3). || De fades qualités (→ Affadir, cit. 1).
8 Des peines près de qui le plaisir des monarques
Est ennuyeux et fade (…)
La Fontaine, Fables, VIII, 13.
9 Ce qui fait que la plupart des femmes sont peu touchées de l'amitié, c'est qu'elle est fade quand on a senti de l'amour.
La Rochefoucauld, Maximes, 440.
10 Des injures ? J'aime mieux cela; c'est moins fade que vos sucreries.
A. de Musset, Il faut qu'une porte…
11 Le pays était plat, pâle, fade et mouillé.
E. Fromentin, Dominique, p. 68.
♦ Compliments, amabilité fade. ⇒ Conventionnel, insignifiant, plat (→ Adulation, cit. 2; bénin, cit. 3). || Plaisanterie, jeu de mot fade, qui manque de sel. || Goût, ornements fades (→ Assaisonner, cit. 7). || Des ouvrages, des personnages fades (⇒ Berquinade). || Style fade. ⇒ Melliflue (vx).
12 Tout ce qu'on dit de trop est fade et rebutant;
L'esprit rassasié le rejette à l'instant.
Boileau, l'Art poétique, I.
13 (…) cette comédie est fade (…) mais quand la Champmeslé arrive, on entend un murmure; tout le monde est ravi (…)
Mme de Sévigné, 261, 1er avr. 1672.
14 Une vieille qui raconte, d'une voix menue, avec un tas de détails inutiles, de petites histoires fades.
J. Renard, Journal, 2 sept. 1903.
❖
CONTR. Agréable, appétissant, assaisonné, épicé, relevé, savoureux. — Brillant, excitant, vif, vivant.
DÉR. Fadasse, fadement, fadeur.
COMP. Affadir.
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2. fade [fad] n. m.
ÉTYM. 1821; de fader.
❖
♦ Argot.
1 Part de butin qui revient à un voleur.
1 Ça nous fait un fade de deux briques chacun parce qu'il y a une part pour l'indic, c'est normal.
Borniche, Gang, p. 207.
REM. Le mot est attesté au féminin (vx) : || « Comme je te voyais boire avec eux, je pensais (…) que tu avais ta fade » (Ch. Paul de Kock, la Grande Ville, t. I, p. 183).
♦ ☑ Loc. fig. Avoir son fade, son compte (au propre et au fig.). ⇒ Pied.
2 Plaisir sexuel.
2 Le fade, il est jamais tout à fait atteignable. Au moment de l'éblouissure tu te rends compte que c'est pas gagné, mais t'espères que ce le sera la prochaine.
San-Antonio, Remets ton slip, gondolier !, p. 41.
♦ ☑ Loc. Prendre son fade : prendre son plaisir, jouir. (Syn. : prendre son pied).
Encyclopédie Universelle. 2012.