félon, onne [ felɔ̃, ɔn ] adj.
• 980; var. fel; lat. médiév. fellones; du frq. °fillo; cf. a. haut all. fillen « battre, flageller »
♦ Féod. Qui agit contre la foi due à son seigneur. Un vassal félon. ⇒ déloyal, hypocrite, traître. Un chevalier félon. — Par ext. « C'est assez d'arrogance et trop d'actes félons » (Leconte de Lisle).
♢ N. Ganelon, type du félon (dans la « Chanson de Roland »).— Vx et plaisant « Ne me répondez point, félonne, j'ai de quoi vous confondre ! » (Lesage).
⊗ CONTR. Féal, fidèle.
● félon nom masculin Littéraire. Homme félon. ● félon, félonne adjectif (bas latin fello, -onis, du francique fillo) Déloyal envers son seigneur : Vassal félon. Littéraire. Déloyal, traître : Chevalier félon. Cœur félon. ● félon, félonne (difficultés) adjectif (bas latin fello, -onis, du francique fillo) Orthographe Le féminin de félon s'écrit félonne, avec deux n, alors que le dérivé félonie n'en prend qu'un. ● félon, félonne (synonymes) adjectif (bas latin fello, -onis, du francique fillo) Déloyal envers son seigneur
Synonymes :
- traître
félon, onne
adj. et n. FEOD Qui manque à la foi due à son seigneur.
|| Subst. Mod. Traître. Un acte de félon.
⇒FÉLON, ONNE, adj.
A.— DR. FÉOD. [En parlant du vassal] Qui viole les engagements contractés envers le seigneur :
• D'ici voyez ce beau domaine,
Dont les créneaux touchent le ciel;
Une invisible châtelaine
Veille en tout temps sur ce castel.
Chevalier félon et méchant,
Qui tramez complot malfaisant,
Prenez garde!
La dame blanche vous regarde,
La dame blanche vous entend!
BECQUE, Corbeaux, 1882, I, 1, p. 66.
— Emploi subst. Ganelon est le type du félon (Ac. 1932). Elle tomba entre les mains des serviteurs du félon, qui voulurent en user avec elle comme ils supposaient qu'en avait fait leur maître (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 202).
B.— P. ext., vieilli et littér.
1. [En parlant d'une pers.] Qui trahit ses engagements. Synon. déloyal, infidèle, rebelle, traître. Négociations que cet officier félon, traître à tous les partis, mena à son gré pour la réalisation de ses infâmes projets (G. LEROUX, Roul. tsar, 1912, p. 168). Les ouvriers félons reçurent une correction terrible des mains du populaire indigné (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 130).
2. [En parlant d'un comportement hum.] Qui est empreint de déloyauté. Regard félon, âme félonne. Que pensera de toi, pauvre âme ombrageuse et félonne! Que pensera de toi, durant les nuits d'hiver et de délaissement, la vieille lampe amie? (MILOSZ, Amour. initiation, 1910, p. 210).
REM. Félonner, verbe trans., néol. d'aut. Se comporter en félon. Que ces félons les félonnent à leur tour, je ne trouve pas le fait d'un mauvais exemple (BERNANOS, Gds cimet., 1938, p. 99).
Prononc. et Orth. :[], fém. [-]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Subst. 1. 2e moitié du Xe s. fel « personne cruelle, déloyale » (S. Léger, éd. J. Linskill, 227); fin du Xe s. felun (Passion, éd. D'A. S. Avalle, 138); 2. ca 1100 « personne qui agit contre la foi due à son seigneur » (Roland, éd. J. Bédier, 1819). B. Adj. 1. fin du Xe s. fellon « cruel, méchant » (Passion, 220); 2. ca 1100 « qui agit contre la foi due à son seigneur » (Roland, 1479). Mot d'origine discutée; on admet gén. aujourd'hui, à la suite de DIEZ (cf. FEW t. 15, 2, pp. 124-125; DAUZAT) qu'il est issu d'un a. b. frq. fillo, correspondant à l'a. sax. fillian « maltraiter, flageller », a. h. all. fillen « battre, flageller » (SCHÜTZEICHEL2), m. néerl. villen « écorcher » (VERDAM). Pour les autres hyp., moins satisfaisantes, v. FEW loc. cit. Fellones est attesté en lat. médiév. dep. 858 (HOLLYMAN, pp. 152-155; NIERM.); le mot désigne très tôt l'individu qui manque de fidélité (à Dieu, au roi, etc.), sans qu'il soit toujours possible de préciser davantage. Fréq. abs. littér. :57. Bbg. BOULAN 1934, p. 107. — DESSAU (A.). L'Idée de la trahison au m. âge et son rôle ds les motivations de qq. chans. de geste. Cah. de civilisation médiév. 1960, t. 3, pp. 23-26. — GOHIN 1903, p. 314. — HOLLYMAN (K. J.). Le Développement du vocab. féod. en France. Genève-Paris, 1957, 202 p. — JÄNICKE (O.). Beiträge zur galloromanischen Wortforschung. Vox rom. 1971, t. 30, p. 66. — JOPPICH-HAGEMANN (U.), KORTH (U.). Untersuchungen zu Wortfamilien der Romania Germanica. Bonn, 1973. — LAUSBERG (H.). Rom. Forsch. 1965, t. 77, p. 237. — WAGNER (L.). B. Soc. Ling. 1964, t. 59, p. 104. — WEINRICH (H.). Zur Etymologie von frz. félon « treulos ». In : [Mél. Rheinfelder (H.)]. Münich, 1963, pp. 389-396.
félon, onne [felɔ̃, ɔn] adj.
ÉTYM. V. 980, var. fel; bas lat. fello, p.-ê. du francique fillo, filljo « celui qui fouette, maltraite les esclaves »; hypothèse rejetée par Guiraud, qui rattache le mot à l'anc. franç. fel « cruel, furieux », du lat. fel, → Fiel.
❖
1 Féod. Qui agit contre la foi due à son Seigneur. || Un vassal félon. — Par ext. (dans les mêmes contextes). Qui trompe, trahit. ⇒ Déloyal, traître. || Un chevalier félon.
1 Les félons païens se sont assemblés pour leur malheur. Je vous le jure, ils sont tous livrés à la mort.
Chanson de Roland, trad. Bédier, p. 85.
2 (Fin XIIe). Empreint de déloyauté. || Cœur félon; âme félonne. ⇒ Hypocrite, méchant. || Action félonne.
2 (…) femelle inique,
Crocodile trompeur, de qui le cœur félon (…)
Molière, le Dépit amoureux, I, 5.
3 (…) À coup sûr, du moins, menteur et traître. C'est assez d'arrogance et trop d'actes félons (…)
Leconte de Lisle, Poèmes barbares, Don Inigo.
3 N. (1080). Coupable de trahison. ⇒ Traître. || Un félon; une félonne. || Ganelon, type du félon.
4 Le roi a fait saisir le comte Ganelon. Il l'a remis aux cuisiniers de sa maison. Il appelle Besgon, leur chef : « Garde-le-moi bien, comme on doit faire d'un félon pareil : il a livré ma mesnie par traîtrise. »
Chanson de Roland, trad. Bédier, p. 141.
5 Ne me répondez point, félonne. J'ai de quoi vous confondre !
A. R. Lesage, Turcaret, II, 3.
6 Comme tous les chevaliers français, Roland a la haine et le mépris des traîtres. Traiter quelqu'un de félon, il n'est pas de plus grande injure (…)
G. Duhamel, les Refuges de la lecture, II, p. 82.
REM. Félon, sauf lorsqu'il s'agit de l'époque féodale, ne s'emploie plus que par archaïsme ou ironie (→ ci-dessus, cit. 2 et 5).
❖
CONTR. Dévoué, féal, fidèle, loyal.
DÉR. Félonie.
Encyclopédie Universelle. 2012.