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feutrer

feutrer [ føtre ] v. tr. <conjug. : 1>
feltrer XIe; de feutre
1Techn. Mettre en feutre (du poil, de la laine).
Garnir de feutre. Feutrer une selle.
2Donner l'aspect du feutre à. Une pluie « qui feutrait le poil des bêtes » (R. Bazin). Pronom. Se feutrer : prendre l'aspect du feutre après lavage. — Intrans. Un lainage qui feutre.
3 Fig. Amortir, étouffer (un bruit). Les flocons de neige « qui feutraient les échos de la rue » (Martin du Gard).

feutrer verbe transitif Agglomérer des poils, de la laine, etc., pour fabriquer du feutre. Garnir de feutre : Feutrer une selle. Faire perdre de sa souplesse à un lainage, modifier sa texture. Littéraire. Assourdir un son ou amortir un sentiment : La neige feutrait le bruit des pas.feutrer (synonymes) verbe transitif Littéraire. Assourdir un son ou amortir un sentiment
Synonymes :
- amortir
- assourdir
- étouffer
- ouater
feutrer verbe intransitif se feutrer verbe pronominal être feutré verbe passif En parlant d'un lainage, être altéré par feutrage.

feutrer
v. tr.
d1./d Garnir de feutre.
d2./d Transformer du poil ou de la laine en feutre.
d3./d Feutrer une étoffe, lui donner accidentellement l'aspect du feutre. Un lavage fait sans précaution peut feutrer les lainages.
|| v. Pron. et intr. Ce lainage se feutre (ou feutre) au lavage.
d4./d Amortir (les sons).
Pp. adj. Marcher à pas feutrés, sans faire de bruit.

⇒FEUTRER, verbe.
A.— Transformer en feutre (du poil ou de la laine). La laine du mouton a la double propriété qu'on la peut filer et feutrer (BOUASSE, Cordes et membranes, 1926, p. 17).
Emploi abs. Feutrer à chaud, à froid (Ac.).
1. En partic., en emploi pronom. à sens passif et en emploi intrans. Prendre, à l'usure, l'aspect du feutre. Pour les sous-vêtements, cette véritable laine de santé ne feutre pas (Catal. La Redoute, 1951-52).
2. P. anal. Emmêler des brins, des brindilles, des fils, du poil pour former un revêtement semblable au feutre. Une pluie pénétrante, serrée, égale, qui feutrait le poil des bêtes et le tordait en épis (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 299).
Emploi pronom. à sens passif. Les différentes bandes [de fibres] sont alors si sèches que, même après avoir été battues ensemble, elles ne se confondent et ne se feutrent pas (LOWIE, Anthropol. cult., 1936, p. 141). On coupait très courts ses cheveux blonds par derrière, pour éviter qu'ils se feutrassent (COLETTE, Gigi, 1944, p. 98).
B.— P. ext. [Correspond à feutre B] Garnir de feutre; recouvrir d'une couche épaisse, dense, opaque qui ressemble au feutre. Elle fit alors le matelas, et feutra (...) les parois (MICHELET, Oiseau, 1856, p. 231). Une poussière dense volait, feutrait le plancher et les tables d'un duvet gris (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 209).
Emploi pronom. passif. Les braises croulaient, se feutraient de cendres (GENEVOIX, Avent. en nous, 1952, p. 13).
C.— P. anal. et au fig. [P. réf. aux propriétés amortissantes, à l'opacité du feutre]
1. [L'obj. désigne un inanimé concr.]
a) Amortir, étouffer (les bruits). Une épaisse couche de paille avait été étendue sur la chaussée (...) afin de feutrer le bruit des roues (DRUON, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 32).
b) Estomper, masquer (une forme). Il descend du ciel un nuage très épais... Il tombe sur la fête... Il cache tout en un instant... Il feutre l'espace... (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 250).
2. [L'obj. désigne un inanimé abstr.] Adoucir, rendre imperceptible. C'était toujours l'ancienne petite fille, mais la puberté avait fondu sa dureté et comme feutré les brusqueries un peu sombres de sa dixième année (BARRÈS, Jard. Bérénice, 1891, p. 52).
Emploi pronom. à sens passif. Un garçonnet turbulent (...) dont la voix et les gestes se feutrent dès qu'il a franchi le seuil (ARNOUX, Solde, 1958, p. 57).
Prononc. et Orth. :[], (il) feutre []. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin du XIe s. [mss des XIVe-XVe s.] feltred « (laine) feutrée » (RASCHI, Gl. éd., A. Darmesteter et D. S. Blondheim t. 1, 467), emploi isolé; 1752 feutrer « mettre en feutre (du poil, de la laine) » (Encyclop.); 2. ca 1175 feutrée « (selle) garnie de feutre » (Horn, éd. M. K. Pope, 2194); 1309 feutrer « garnir de feutre » (J.-M. RICHARD, Une Petite nièce de saint Louis, Mahaut, p. 197); 3. 1680 « rembourrer (une selle) » (RICH.); 4. 1841 feutré « qui offre l'aspect du feutre » (BALZAC, Tén. affaire, p. 82); 5. 1901 à pas feutrés (LORRAIN, Phocas, p. 168). Dér. de feutre; dés. -er. Fréq. abs. littér. :13. Bbg. GALL. 1955, p. 409.

feutrer [føtʀe] v.
ÉTYM. XIIe; feltrer, XIe; de feutre.
———
I V. tr.
1 Techn. Mettre en feutre (du poil ou de la laine). Aiguilleter. || Feutrer les peaux.
2 (1309). Techn. Garnir de feutre. || Feutrer une selle, la rembourrer de feutre.
3 (XXe). Donner l'aspect du feutre à. || « Une pluie (…) qui feutrait le poil des bêtes » (R. Bazin, in T. L. F.).
4 (XXe). Fig. Amortir, étouffer (un bruit).Fig. Rendre moins vif, moins perceptible.
1 À travers le tulle de la croisée, il voyait tourbillonner les flocons de neige qui lui cachaient les façades des maisons et feutraient les échos de la rue.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 159.
Estomper (une forme).
———
II V. intr. Prendre l'aspect du feutre. || Ce tissu ne feutre pas.
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se feutrer v. pron.
|| Tissu qui ne se feutre pas.Figuré :
2 C'était une journée de paix surnaturelle. Les pas se feutraient naturellement; les voix devenaient sourdes; l'air cotonneux, ouaté, amortissait la faible vibration des formes familières (…)
H. Bosco, le Jardin d'Hyacinthe, p. 68.
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feutré, ée p. p. adj.
1 Fait de feutre ou travaillé comme du feutre. || Étoffe feutrée.Garni de feutre, ou de quelque chose qui donne l'impression du feutre (→ Épaisseur, cit. 7). Ouaté.
3 Là sur un lieu feutré d'herbe et de mousse (…)
Clément Marot, Traductions, IX, Métamorphoses d'Ovide, II.
4 Au cœur de l'hiver, il suffit d'une heure de soleil pour impunément fouler, en espadrilles, les chemins feutrés d'aiguilles, élastiques et secs.
F. Mauriac, Thérèse Desqueyroux, XII, p. 217.
5 Car l'appartement me sembla très vaste et bien feutré de tapis doux, de tentures lourdes, d'ombres tièdes et ouatées.
H. Bosco, Un rameau de la nuit, p. 97.
2 Qui a pris l'aspect du feutre. || Laine d'un tricot feutrée par l'usure ou le lavage.
6 Ainsi sa chevelure grise, feutrée par son chapeau qu'il gardait presque toujours toute la journée, formait comme une calotte sur sa tête, en en dessinant le contour piriforme.
Balzac, Une ténébreuse affaire, Pl., t. VII, p. 488.
3 (XXe). Fig. Étouffé, peu sonore. || Marcher à pas feutrés. Discret, silencieux. || Bruit feutré.
7 Sur ces étendues aquatiques, le bruit du coup de feu était feutré, comme amorti.
Pierre Benoit, Mlle de la Ferté, I, p. 37.
8 Ses mouvements sont doux, feutrés, silencieux, comme s'il craignait d'effaroucher des oiseaux.
Martin du Gard, les Thibault, t. VIII, p. 112.
Par ext. Discret, qui ne se remarque pas. || Une allure feutrée.Qui s'exerce hypocritement. || Une autorité feutrée.
N. m. Caractère feutré (de quelque chose).
9 Il bondit, autant que le permettait le feutré de son allure.
M. Clavel, le Tiers des étoiles, p. 31.
DÉR. Feutrable, feutrage, feutrant, feutreuse.

Encyclopédie Universelle. 2012.