flagorner [ flagɔrne ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1690; « parler à l'oreille » 1470; p.-ê. d'un crois. entre l'a. v. flaer « souffler » et corner « répandre une nouvelle »
♦ Vieilli Flatter bassement, servilement. « André Chénier a remarqué spirituellement qu'au théâtre on flagorne le peuple, depuis qu'il est souverain, aussi platement qu'on flagornait le roi » ( Sainte-Beuve).
● flagorner verbe transitif (peut-être du moyen français flaer, souffler, et corner, répandre des nouvelles) Littéraire. Flatter quelqu'un bassement et avec insistance.
flagorner
v. tr. Flatter bassement, servilement. Flagorner les notables.
⇒FLAGORNER, verbe trans.
Flatter bassement, avec insistance. Ils estiment qu'un milliardaire est trop stupide, pour s'apercevoir qu'on le flagorne. Ils sont tellement subtils (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 105). Le bon critique — il y en a beaucoup — est celui qui a assez de talent pour ne pas avoir à flagorner les puissants et assez de caractère pour écrire sans parti-pris (G. et H. COSTON, A.B.C. journ., 1952, p. 118) :
• Les Français qu'il connut à Hanoï, presque tous fonctionnaires, passaient à dormir et à jouer la plus grande partie de leur temps libre; ils se jalousaient, intriguaient, flagornaient leurs supérieurs; avec cela, de la plus grande insolence envers presque tous les indigènes.
ARLAND, Ordre, 1929, p. 512.
— P. méton. [Le suj. désigne un produit de l'activité humaine] La philosophie (...) flagorne le commerce pour s'en former un appui (FOURIER, Nouv. monde industr., 1830, p. 16). C'était l'hosanna d'un nouvel âge d'or s'ouvrant pour le laboureur, qu'une page entière flagornait, en l'appelant le roi et le nourricier du monde (ZOLA, Terre, 1887, p. 82).
— Emploi abs. Courtisans, gens de cour, flatteurs, flagorneurs, flagornant par tout le royaume (COURIER, Pamphlets pol., 1821, p. 91).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1464 « bavarder niaisement » (Pathelin, éd. R. T. Holbrook, 539); 2. XVe s. « rapporter, dire à l'oreille » (E. D'AMERVAL, Deablerie, 89a [d'apr. éd. de 1508] ds IGLF); 3. ca 1562 « flatter » (BONIVARD, Advis et devis de l'ist. eccles. et de l'idolat. papales, X ds GDF. Compl.). Orig. obsc. A été rapproché de l'a. fr. flageoler aux sens de « babiller, plaisanter, dire en bavardant » (XIIIe s. ds FEW t. 3, p. 588b, s.v. flabeolum), « tromper, piper » (XIIIe s. ds T.-L.); on a aussi songé à un croisement de ce mot avec corner « planter des cornes à qqn » (EWFS2) ou à un croisement de flatter avec corner (aux oreilles) (DIEZ5, p. 585). Fréq. abs. littér. :34. Bbg. SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 231.
flagorner [flagɔʀne] v. tr.
ÉTYM. 1690; « bavarder », v. 1464; orig. incertaine, on a proposé un croisement entre flatter et corner; plutôt (P. Guiraud) de flaer « souffler », et corner au sens de « répandre une nouvelle avec insistance ».
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1 Es-tu un prince pour qu'on te flagorne ?
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, IV, 10.
2 (…) courtisans, gens de cour, flatteurs, flagorneurs flagornant par tout le royaume.
P.-L. Courier, Pamphlets politiques, Aux âmes dévotes de la paroisse de Véretz (1821).
3 (Ceux) qui flagornent aujourd'hui la multitude comme ils auraient hier adulé les rois (…) André Chénier a remarqué spirituellement qu'au théâtre on flagorne le peuple, depuis qu'il est souverain, aussi platement qu'on flagornait le roi, du temps que le roi était tout, et que le parterre, qui représente le peuple en personne, applaudit et fait répéter toutes les maximes adulatrices en son honneur aussi naïvement que Louis XIV fredonnait les prologues de Quinault à sa louange, pendant qu'on lui mettait ses souliers et sa perruque.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, André Chénier, t. IV, p. 153 et 158.
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DÉR. Flagornerie, flagorneur, flagornisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.