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flatter

flatter [ flate ] v. tr. <conjug. : 1>
XIIe; aussi flater, flatir « jeter à plat »; du frq. °flat « plat »
I A(Sujet personne; compl. être animé)
1Louer excessivement ou faussement (qqn), pour plaire, séduire. aduler, encenser, flagorner. Flatter pour obtenir qqch. amadouer. Il ne cesse de le flatter bassement, servilement (cf. Lécher, cirer les bottes, faire de la lèche, du plat, des courbettes, passer de la pommade, s'aplatir comme une carpette). « Plus on aime quelqu'un, moins il faut qu'on le flatte » (Molière). Vous me flattez ! votre compliment est aimable mais excessif.
2(XVIe) Vx Chercher à tromper (qqn) en déguisant la vérité, en entretenant des illusions. abuser, mentir. « Que tout autre que moi vous flatte et vous abuse » (P. Corneille ). Littér. Flatter qqn de qqch., le lui laisser faussement espérer. « Il y a longtemps qu'on le flatte de cette espérance » ( ACADÉMIE ). allécher, bercer, leurrer.
3(XVIe ) Caresser (un animal) avec la main. Flatter un chien. Un cheval « qu'il flatta, à plusieurs reprises, en lui frappant du plat de la main le col et la croupe » ( Gautier).
B(Sujet chose)
1 Être agréable à, faire concevoir de la fierté ou de l'orgueil à. Cette distinction me flatte et m'honore. 1. toucher. « Il sied de se défier de ce qui vous flatte » (A. Gide). Par ext. Cela flatte son amour-propre. « Les hommes sont facilement dupes de ce qui flatte leur orgueil et leurs désirs » (R. Rolland).
P. p. adj. FLATTÉ, ÉE. content, fier, satisfait. « Il souriait, flatté dans son orgueil » (Flaubert). « ils s'empressèrent, très flattés de le voir chez eux » (Zola). Être flatté que (et le subj.). « Je ne serais pas flatté du tout qu'on m'en parlât » (Proust).
2(XVIIe) Faire paraître plus beau que la réalité. avantager, embellir, idéaliser. Cette coiffure la flatte. Portrait flatté, où la personne est représentée plus belle qu'elle n'est.
C(Compl. chose)
1Encourager, favoriser avec complaisance. Flatter les manies, les défauts, les vices de qqn. « Flattez les passions du moment, vous devenez partout un héros » (Balzac).
2(1550) Affecter agréablement (les sens). caresser, charmer, délecter, plaire (à). Douce musique, harmonie qui flatte l'oreille. Mets qui flatte le palais.
II ♦ SE FLATTER v. pron.
1Vx S'entretenir dans une espérance, une illusion. s'illusionner. « La jeunesse se flatte et croit tout obtenir » (La Fontaine).
Mod. SE FLATTER DE (et inf.) :être persuadé, se croire assuré de. ⇒ compter, espérer, 1. penser, prétendre. « Il ne comprenait pas tout. Mais qui de nous peut se flatter de tout comprendre ? » (France). Littér. SE FLATTER QUE (et indic.). « Je me flatte que ma juste curiosité ne vous déplaira pas » (Voltaire)(cf. Aimer à croire que).
2 ♦ SE FLATTER DE (et subst. ou inf.) :tirer orgueil, vanité de. ⇒ se féliciter, se prévaloir, se targuer. « Les plus rebelles, et qui se flattent de l'être » (Suarès) . Je suis commerçant et je m'en flatte (en réponse à une attaque).
3Absolt, littér. Se juger trop favorablement, faire preuve de vanité en se décernant des éloges à soi-même. se vanter. « On est accessible à la flatterie dans la mesure où soi-même on se flatte » (Valéry).
⊗ CONTR. Blâmer, critiquer.

flatter verbe transitif (francique flat, plat de la main) Caresser un animal avec le plat de la main. Chercher à plaire à quelqu'un par des louanges excessives, intéressées : Flatter un ami par des discours élogieux. Encourager une mauvaise attitude, un mauvais sentiment, les exciter avec complaisance : Flatter la paresse. Procurer à quelqu'un un sentiment de fierté, d'orgueil : Cette promotion le flatte. Faire paraître quelqu'un plus beau que dans la réalité : Sa nouvelle coiffure le flatte. Littéraire. Affecter agréablement les sens : Musique qui flatte l'oreille.flatter (citations) verbe transitif (francique flat, plat de la main) Louis Bourdaloue Bourges 1632-Paris 1704 Aimons la vérité qui nous reprend, et défions-nous de celle qui nous flatte. Sermon sur l'amour et la crainte de la vérité Pär Lagerkvist Växjö 1891-Stockholm 1974 L'être humain a besoin d'être flatté, sinon il ne devient pas ce qu'il est destiné à devenir, pas même à ses propres yeux. Le Nain flatter (expressions) verbe transitif (francique flat, plat de la main) Vous me flattez, ce que vous dites m'est très agréable, mais est exagéré. Flatter les dés, les lancer doucement. ● flatter (homonymes) verbe transitif (francique flat, plat de la main)flatter (synonymes) verbe transitif (francique flat, plat de la main) Chercher à plaire à quelqu'un par des louanges excessives, intéressées
Synonymes :
Contraires :
Procurer à quelqu'un un sentiment de fierté, d'orgueil
Synonymes :
Faire paraître quelqu'un plus beau que dans la réalité
Synonymes :
Contraires :

flatter
v.
rI./r v. tr.
d1./d Louer exagérément ou mensongèrement (qqn) pour lui plaire, le séduire.
|| Présenter (qqn) avantageusement dans un portrait, une peinture. La photographie, prise sous cet angle, la flattait.
d2./d Caresser (un animal) de la main. Flatter un cheval.
d3./d (Sujet nom de choses.) Causer de la fierté à. Cette préférence me flatte.
d4./d être agréable (aux sens). Un vin qui flatte le palais.
d5./d Encourager, favoriser (qqch de nuisible ou de répréhensible). Flatter le vice, les manies de qqn.
rII./r v. Pron.
d1./d Se flatter de (+ inf.) ou, litt., que (+ ind. futur ou subj.). Se faire fort de, être persuadé (parfois présomptueusement) que. Il se flatte de réussir. Elle se flatte qu'il vienne (ou qu'il viendra).
d2./d Avoir, ou vouloir donner une trop haute opinion de soi. Je crois que vous vous flattez, quand vous dites cela.

⇒FLATTER, verbe trans.
I. A.— Caresser d'un mouvement léger de la main (une partie du corps d'une personne (emploi vieilli), d'un animal, d'une chose). Souvarine flattait maintenant les oreilles de Pologne [une grosse lapine], dont le nez se frisait de plaisir (ZOLA, Germinal, 1885, p. 1256). Il ouvrit la porte, sauta sur la route et se planta devant sa voiture (...). Il flattait de la main le capot brûlant (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 16) :
1. Ce faux sourire qu'il a eu, en se penchant vers l'enfant de l'autre! La petite tendait sa joue : elle avait des yeux tristes, cette enfant, je n'oublierai jamais ça. Enfin, il l'a embrassée. Et, comme elle ne s'en allait pas, il lui flattait le menton, bêtement, comme ça, avec un doigt, vous comprenez?
MARTIN DU G., Thib., Belle sais., 1923, p. 930.
Rare, emploi pronom. réciproque. Les chevaux, alignés de front, se flattaient des naseaux (HAMP, Marée, 1908, p. 38).
P. métaph. Coralie faisait la joie de la salle où tous les yeux serraient sa taille bien prise dans sa basquine, et flattaient sa croupe andalouse qui imprimait des torsions lascives à la jupe (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 334).
[Le suj. désigne ce qui flatte]
1. Affecter agréablement (un (organe des) sens). Flatter le palais. Au premier coup de la cuiller, la panse laissa échapper un jus lié qui flattait à la fois la vue et l'odorat (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 314). Un parfum délié qui semble, plutôt qu'émaner, survivre, flatte la narine en récréant l'esprit (CLAUDEL, Connaiss. Est, 1907, p. 97) :
2. Les formes imprévues de l'art japonais flattent ses yeux, qu'une éducation trop complexe a rendus pareils, dans un ordre différent, à un palais de gourmand dégoûté. Le bibelot, — de proche en proche, ce goût singulier gagne même ceux que l'œuvre d'art laisse indifférents et qui ne possèdent pas la fortune nécessaire à une acquisition de quelque valeur.
BOURGET, Essais psychol., 1883, p. 149.
2. Charmer, exciter, encourager (un penchant intellectuel ou affectif). Malheureusement l'habitude s'est contractée de prendre le principe de causalité dans les deux sens à la fois, parce que l'un flatte davantage notre imagination, et que l'autre favorise le raisonnement mathématique (BERGSON, Essai donn. imm., 1889, p. 166). Il pensait avoir excité sa jalousie en se montrant trop empressé à l'égard de Sarah; se complaisait dans cette idée qui flattait sa fatuité naturelle (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1192) :
3. On avait d'abord proposé la présidence à Berthelot qui non seulement était un grand savant, mais qui était aussi ancien ministre, ce qui toujours flatte chez les Français je ne sais quel goût pervers du décorum politique. Malheureusement, Berthelot est mort.
DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 131.
♦ Entretenir (une illusion). Mais prenez garde de ne pas trop flatter un espoir qui ne semble, de longtemps du moins, pouvoir se réaliser (J.-J. AMPÈRE, Corresp., 1826, p. 395).
Emploi abs. Avant de vous connaître, je n'étais pas malheureux. J'aimais la vie. J'y étais retenu par des curiosités, des rêves. Je goûtais les formes et l'esprit des formes, les apparences qui caressent et qui flattent (FRANCE, Lys rouge, 1894, p. 195).
B.— 1. [Le compl. désigne une pers.] Louer excessivement et/ou faussement (une personne) pour s'attirer ses faveurs. (Quasi-)synon. courtiser, encenser, enjôler, flagorner. Les plus malins flattaient Gilbert, sachant qu'il n'était pas « regardant » et faisait volontiers goûter ses conserves aux camarades gavés de macaroni (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 261). Braunens prit son maître à part, lui parla longuement à l'oreille, le flatta, le circonvint (PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 74) :
4. Médiocres qui, me sachant riche et connu dans le monde industriel, me supposaient ignorant et stupide, se regardaient quand je parlais, et relevaient en aparté ce qu'ils prenaient pour mes erreurs et mes bévues. Gros malins qui me conseillaient de fonder des théâtres, des revues, et d'acheter les tableaux et les livres de leurs amis, et qui me flattaient si sottement ou tellement à faux que j'en avais honte pour eux.
LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 351.
Emploi pronom. réfl. — Mon cher Gacougnol, répliqua Marchenoir, ne me flattez pas, s'il vous plaît, et ne vous flattez pas vous-même. C'est surtout pour mademoiselle que je vais parler (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 74).
2. [Le compl. désigne un attribut moral de la pers.] Encourager, favoriser, traiter avec une complaisance excessive (les goûts, les inclinations, les manies d'une personne) pour se l'attacher et lui plaire. Les jeunes gens et les courtisans présentaient le succès comme facile, et flattaient la légèreté naturelle du prince (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 408). J'aurais pu aussi écrire un drame d'idées et flatter le goût du public actuel qui aime à se donner l'illusion de penser (APOLL., Tirésias, 1918, p. 866) :
5. ... Charles remplissait comme il pouvait son existence de retraité : il avait la manie des horloges et des petites mécaniques de précision, avec un atelier pour se livrer à sa passion du bricolage en compagnie d'un Crémonais, El Juanelo, aussi habile à manier la lime qu'à flatter la marotte de son maître.
T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 242.
Littér., vieilli. Flatter qqn de qqc. Le bercer d'illusions. Il y a longtemps qu'on le flatte de cette espérance (Ac.). Flatter quelqu'un de vaines promesses (Logos).
C.— Satisfaire une personne dans son amour-propre, sa fierté. (Quasi-)synon. honorer. « ... que rien ne peut effacer de mon cœur des engagements que j'ai pris envers vous et que j'ai préféré le bonheur de vous appartenir sans espérance aux avantages les plus doux et les plus séduisants qui puissent flatter un homme de ma condition! » (NODIER, Fée Miettes, 1831, p. 113). Dites à votre père qu'il compte sur moi contre Rebendart. Car Rebendart s'entêtera dans son idée de lutte. Le pouvoir le flatte moins que le commandement et sa publicité (GIRAUDOUX, Bella, 1926, p. 48) :
6. C'était par devoir, pourrait-on dire, si ce mot n'était pas trop vif, qu'Anne avait trompé Mahaut. Pour lui, cela faisait partie de son métier élégant. Il n'en avait obtenu d'autres plaisirs que de vanité. Une Viennoise d'une beauté célèbre se trouvait dans le château des cousins d'Anne d'Orgel. Anne fut loin de lui déplaire. Elle le lui marqua. Cet hommage le flatta.
RADIGUET, Bal, 1923, p. 144.
Fréq. au passif. Au fond, l'Allemagne est flattée que son héros ne soit pas dû aux épanchements peu sacrés d'un couple bourgeois (GIRAUDOUX, Siegfried, 1928, I, 2, p. 20). Elle n'admettait pas qu'on lui pût mentir. Pourtant elle fut flattée d'avoir pour amant un homme qui écrivait dans des journaux (ARLAND, Ordre, 1929, p. 177).
D.— [En parlant de l'apparence d'une pers., d'une représentation picturale, photographique, etc.] Rendre plus attrayant (par des artifices). (Quasi-)synon. avantager, embellir. Le portrait du peintre par lui-même est toujours flatté (COPPÉE, Bonne souffr., 1898, p. 182). Je puis t'assurer que cette esquisse représente très fidèlement le modèle sans le flatter (FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 460) :
7. — Je dois dire que la photographie ne la flatte pas. Son teint est admirable. C'est un ange, un ange que m'envoie Dieu. Nous nous marierons quand je serai pasteur. Il eut un grand sourire et dit d'un ton léger, presque badin :
— Je parie que tu es envieux!
GREEN, Moïra, 1950, p. 168.
Emploi abs. Oui, l'habit ça flatte toujours; et ce n'est pas moi qui suis élégant, c'est mon costume (PAGNOL, Fanny, 1932, I, 2e tabl., 4, p. 76).
II.— Emploi pronom.
A.— Se flatter de + subst. S'entretenir dans (une illusion). Il n'était pas ingrat et ne se flattait pas du fol espoir de rencontrer jamais un gendre plus exquis (SANDEAU, Sacs, 1851, p. 18).
B.— Littér. Se flatter que + ind. Aimer à croire que, espérer que. Il se flatte que, deux jours de suite, Madame Lepic ne fera pas attention à lui, et il essaie de s'endormir avec ce rêve (RENARD, Poil Carotte, 1894, p. 21).
C.— Se vanter, se prévaloir à tort ou à raison (de quelque chose). Voici bien une heure que vous me faites la cour, je suis normande et je m'en flatte, et d'où vient cependant que vous me semblez ridicule et ennuyeux? (STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 155).
Se flatter de + inf. Dani s'est vanté de le connaître, Chloé s'est flattée d'avoir sa confiance, elle a deviné son importance, elle connaît vaguement son titre, ses fonctions (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 217) :
8. L'illustre vieillard exerce, depuis un demi-siècle, la magistrature de l'ironie. Son génie, qui se flatte de ne respecter rien, est de tous le plus docile et le plus familier. S'il feint la pudeur ou la colère, raille ou menace, c'est pour mieux plaire à ses maîtres, et, comme une esclave obéissante, tour à tour mordre ou caresser.
BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 280.
Se flatter de + subst. Je priai mon oncle de me chercher d'urgence un emploi dans l'enseignement. Mon oncle se flattait justement de quelques accointances au ministère (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 2).
Se flatter que + subj., littér. La maison se flattait qu'aucun hôtel en Europe ne fût mieux réglé ni mieux organisé pour offrir le plus grand confort aux Anglais (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p. 203).
D.— Sans me flatter; je ne voudrais pas me flatter, mais... Je ne prétends pas à des mérites ou des qualités que je n'ai pas. Mais toi, vraiment, comment fais-tu pour endurer ses mauvaises manières; car, sans me flatter, je t'ai toujours appris à te tenir, et tu as reçu chez toi les meilleurs conseils (ZOLA, Nana, 1880, p. 1308). — Voyez-vous ce cornichon? Bouffi de suffisance! Et avec ça, luxurieux comme pas un! Je ne voudrais pas me flatter, Léonie, mais je crois que cet animal-là est encore plus répugnant que son père (AYMÉ, Cléramb., 1950, III, 7, p. 167).
Prononc. et Orth. :[flate], (il) flatte [flat]. Ds Ac. dep. 1694. Ac. 1694 et 1718 : flater; cf. aussi FÉR. Crit. t. 2 1787. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1165 flater « chercher à tromper (quelqu'un) en déguisant la vérité » (CHRÉTIEN DE TROYES, Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 652); b) 1669 flatter (qqn) de (qqc.) « laisser faussement espérer quelque chose à quelqu'un » (RACINE, Britannicus, III, 6); 2. ca 1200 « louer excessivement pour plaire ou séduire » (CH. DE COUCI, Chanson XI, éd. A. Lerond, p. 108, 25); 3. XVe s. [ms.] « caresser (un animal) avec la main » (Modus et Ratio, 30, 2 ds T.-L.); 4. 1532 « traiter avec douceur et ménagement » (RABELAIS, Pantagrueline Prognostication pour l'an 1533, éd. M. A. Screech, p. 10 : flater le dez); 5. a) 1631 flatter « affecter agréablement (les sens) » (ROTROU, L'Hypocondriaque, V, 6, p. 115); b) 1643 « causer une vive satisfaction; faire concevoir de la fierté ou de l'orgueil » (CORNEILLE, Cinna, III, 3, 879); 6. 1667 « faire paraître plus beau que la réalité » (MOLIÈRE, Le Sicilien, scène 11). Dér. du frq. flat « plat », v. flétrir2; dés. -er. Fréq. abs. littér. :2 981. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 6 223, b) 3 325; XXe s. : a) 3 738, b) 3 334. Bbg. DUCH. Beauté 1960, pp. 85-86.

flatter [flate] v. tr.
ÉTYM. XIIe; aussi flater, flatir « jeter à plat »; francique flat « plat »; cf. angl. flat.
1 Caresser avec le plat de la main, avec la main.Vx ou plais. || Flatter qqn. Caresser; cajoler, câliner.Mod. et cour. || Flatter un animal. || Flatter un chien. || Flatter de la main, avec la main un cheval, l'encolure (cit. 1) de son cheval.
1 (…) votre fille (…) caresse votre portrait, et le flatte d'une façon si plaisante, qu'il faut vitement la baiser.
Mme de Sévigné, Lettres, 261, 1er avr. 1672.
2 Ce qui prouve que c'est le besoin qui le rendait souple et caressant (un chien métis de loup), c'est que dans d'autres circonstances il cherchait souvent à mordre la main qui le flattait.
Buffon, les Quadrupèdes, t. XII, p. 237.
3 (…) ce fut le tour de Bayard qu'il flatta, à plusieurs reprises, en lui frappant du plat de la main le col et la croupe.
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, XIX, t. II, p. 283.
4 Un homme a le droit (…) de flatter à travers la jupe leur croupe vibrante (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XV, p. 151.
Par métaphore. || Flatter l'épiderme de qqn. Chatouiller.
2 (Sujet n. de chose). Affecter agréablement (les sens). Caresser, charmer, délecter, plaire (à). || Couleurs qui flattent les yeux. || Douce musique, harmonie qui flatte l'oreille. || Ces plats flattent le palais, le goût. Chatouiller, exciter (→ Aliment, cit. 1; assaisonnement, cit. 2).
5 Je ne méprise pas les plaisirs des sens; j'ai un palais aussi, et il est flatté d'un mets délicat ou d'un vin délicieux (…)
Diderot, le Neveu de Rameau, Pl., p. 454.
6 Je hais tous vos plaisirs : les fleurs et la rosée,
Et de vos rossignols les soupirs caressants,
Rien ne plaît à mon cœur, rien ne flatte mes sens.
Je suis esclave.
André Chénier, Bucoliques, « La liberté ».
Par ext. (Sujet n. de personne ou de chose). || Flatter l'amour-propre, l'orgueil, la vanité (→ Culture, cit. 9; dupe, cit. 14).Flatter qqn, être agréable à son amour-propre. || Cette distinction me flatte et m'honore. Plaisir (faire plaisir), toucher. || Cette opinion, cet hommage la flatte (→ Broncher, cit 9; échapper, cit. 17).Passif. || Être flatté par qqch., de qqch. || J'en suis très flatté. Fier, sensible. || Il n'est pas très flatté d'être appelé ainsi. Content, satisfait. || Il est flatté du succès de son fils (→ Acteur, cit. 3).
7 Ils cherchent ce qui les flatte et ce qui les délecte.
Bossuet, Par. de Dieu, I.
8 Non que de sa conquête il paraisse flatté.
Racine, Andromaque, I, 1.
9 La fumée de la gloriole m'ayant plus étourdi que flatté (…)
Rousseau, les Confessions, XII.
10 Il n'a jamais l'air de faire un compliment, et pourtant tout ce qu'il dit flatte.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre VII.
11 (…) je peux croire (…) que le mariage de ma fille est assez avantageux pour qu'il puisse en être flatté, ainsi que sa famille.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre CLXXIII.
12 (…) mon obéissance flattait son orgueil.
A. de Musset, la Confession d'un enfant du siècle, III, IX.
13 Il souriait, flatté dans son orgueil.
Flaubert, Bouvard et Pécuchet, p. 201.
14 J'en suis flatté; de quoi suis-je flatté et qu'est-ce qui est flatté en moi ? Est-ce l'amour propre ? A-t-il des chatouillements aussi étranges que cela ?
Sainte-Beuve, Correspondance, t. IV, p. 98.
15 D'ordinaire, madame Bergeret était très flattée de l'impression qu'elle produisait sur un homme de bonne compagnie.
France, le Mannequin d'osier, VII, Œ., t. XI, p. 315.
16 (…) je ne savais pas encore bien, alors, combien il sied de se défier de ce qui vous flatte et que cela seul vous éduque vraiment, qui vous contrarie.
Gide, Journal, 17 sept. 1935.
17 Rien ne flatte les gens davantage que l'intérêt que l'on prend, ou semble prendre, à leurs propos.
Gide, Journal, 29 janv. 1943.
18 De plus, comment ne pas être flatté (et Gœthe était extrêmement, et presque enfantinement, sensible aux hommages) par la considération particulière que lui marquait l'Empereur : « Vous êtes un homme, Monsieur Gœthe » ?
Gide, Attendu que…, p. 123.
19 Il sent que le regard dont elle enveloppe son crâne et sa barbe le range parmi les hommes dont elle serait flattée de recevoir les hommages.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, V, p. 81.
Être flatté que (et subjonctif) :
20 Je ne serais pas flattée du tout qu'on m'en parlât.
Proust, À la recherche du temps perdu, I, p. 38.
21 Cet instituteur (…) comment recevrait-il la vieille baronne ? Serait-il flatté qu'elle se fût dérangée pour lui ?
F. Mauriac, le Sagouin, p. 11.
REM. Au pronominal, se flatter que se construit avec l'indicatif ou le conditionnel (→ ci-dessous, cit. 54 à 57).
3 (Compl. n. de chose). Traiter avec douceur.Vx. || Flatter une douleur, une peine, chercher à l'apaiser, à l'adoucir par des paroles d'espoir, d'encouragement, des perspectives consolantes. Consoler.
22 Ne croyez pas que, pour consoler ou pour flatter votre douleur, je veuille exagérer la vertu de celle que vous pleurez.
Fléchier, Oraison funèbre de Mme de Montausier.
Mod. Traiter avec une douceur excessive, une complaisance coupable, blâmable. Encourager (cit. 9), favoriser. || Flatter les manies, la folie de qqn (Académie), les défauts, les vices, les passions d'autrui (→ Civilité, cit. 4; complaisant, cit. 4). || Flatter une illusion. Entretenir.
23 Et les plus prompts moyens de gagner leur faveur (des grands),
C'est de flatter toujours le faible de leur cœur (…)
Molière, Dom Garcie, II, 1.
24 J'étudiai leur cœur (des rois), je flattai leurs caprices (…)
Racine, Athalie, III, 3.
25 (…) il entra dans mes plaisirs; il flatta mes passions (…)
Fénelon, Télémaque, XI.
26 Flattez les passions du moment, vous devenez partout un héros, même à Arcis-sur-Aube.
Balzac, le Député d'Arcis, Pl., t. VII, p. 647.
27 Il travaillait pour des « salauds », dont il fallait ménager l'infirmité esthétique, et même flatter la pourriture cérébrale.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, XXVII, p. 288.
28 (…) tout composait pour l'enfance un domaine propre à flatter cette illusion qu'elle a de vivre dans des lieux uniques au monde.
Cocteau, la Difficulté d'être, p. 16.
4 (XVIe). Vx. Chercher à tromper (qqn) en déguisant la vérité, en entretenant des illusions, de faux espoirs. Abuser, mentir.
29 Que tout autre que moi vous flatte et vous abuse (…)
Corneille, Polyeucte, II, 2.
30 (…) je vous conjure de ne me point flatter du tout, et de me dire nettement votre pensée.
Molière, le Mariage forcé, 1.
Mod. et littér. || Flatter qqn de qqch., le lui laisser faussement espérer. || Il y a longtemps qu'on le flatte de cette espérance. Allécher, amuser (→ Appât, cit. 3), bercer, berner, leurrer, repaître.
31 Ne m'a-t-on point flatté d'une fausse espérance ?
Racine, Andromaque, IV, 3.
32 L'épreuve en (de la vie privée) est hasardeuse pour un homme d'État; et la retraite presque toujours a trompé ceux qu'elle flattait de l'espérance du repos.
Bossuet, Oraison funèbre de Michel Le Tellier.
5 Louer excessivement ou faussement (qqn) pour lui complaire, le séduire. Complimenter, 1. louer, vanter; flatterie. || Il flatte cet imbécile pour l'amadouer, l'enjôler, gagner, capter ses bonnes grâces. || Flatter le pouvoir, les puissants. Aduler, cajoler (cit. 6), caresser, courtiser, encenser (→ Brûler de l'encens devant qqn), flagorner, peloter (fam.); → Appât, cit. 3. || Il ne cesse de le flatter bassement, servilement (→ Cirer, lécher les bottes; fam. lécher le cul à qqn; faire la cour, des courbettes, du plat; passer de la pommade à…).Absolt. || Il est incapable de flatter.
33 On croit quelquefois haïr la flatterie, mais on ne hait que la manière de flatter.
La Rochefoucauld, Maximes, 329.
34 (…) l'ennemi qui flatte est le plus dangereux.
Corneille, Théodore, IV, 1.
35 Plus on aime quelqu'un, moins il faut qu'on le flatte (…)
Molière, le Misanthrope, II, 4.
36 Il a le soin de tout le monde; il flatte, il s'insinue, il ensorcelle tous ceux qui ne pouvaient pas le souffrir
Fénelon, Œuvres, t. XIX, p. 452, in Littré.
37 Pour obtenir ses faveurs (du roi), on le flatte (…)
Fénelon, Télémaque, II.
38 (…) il faut savoir séduire,
Flatter l'hydre du peuple (…)
Voltaire, Mérope, I, 4.
39 (…) c'est un vice de la démagogie, et c'est un vice propre de Jaurès que de flatter ses ennemis, parce qu'on les redoute, et de négliger ses véritables amis, parce qu'on ne les redoute pas.
Ch. Péguy, la République…, p. 76.
40 Nous sommes attirés par qui nous flatte, de quelque façon que ce soit.
R. Radiguet, le Bal du comte d'Orgel, p. 89.
41 Pourtant j'aime les compliments; mais ceux des maladroits m'exaspèrent; ce qui ne me flatte pas au bon endroit, me hérisse; et plutôt que d'être mal loué, je préfère ne l'être point.
Gide, Si le grain ne meurt, I, IX.
42 Un dictateur est asservi également à l'opinion publique, qu'il flatte et qui le mène.
J. Chardonne, l'Amour du prochain, p. 224.
6 (XVIIe). Sujet n. de chose; compl. n. de personne. Faire paraître plus beau que la réalité. Avantager, embellir, idéaliser. || Ce portrait, cette coiffure la flatte.P. p. adj. Par ext. || Portrait flatté : portrait où la personne est représentée plus belle qu'elle n'est.Vous me flattez : vous m'attribuez des qualités, des mérites que je n'ai pas.
43 — Si votre pinceau flatte autant que votre langue, vous allez me faire un portrait qui ne me ressemblera pas. — Le Ciel, qui fit l'original, nous ôte le moyen d'en faire un portrait qui puisse flatter.
Molière, le Sicilien, 11.
44 Il (l'homme d'esprit) est si prodigieusement flatté dans toutes les peintures que l'on fait de lui, qu'il paraît difforme près de ses portraits (…)
La Bruyère, les Caractères, VIII, 32.
45 Le bon historien n'est d'aucun temps ni d'aucun pays : quoiqu'il aime sa patrie, il ne la flatte jamais en rien.
Fénelon, Lettre à M. Dacier s. occup. Acad., VIII.
46 Le portrait de Tarquin n'a point été flatté; son nom n'a échappé à aucun des orateurs qui ont eu à parler contre la tyrannie (…)
Montesquieu, Grandeur et Décadence des Romains, I.
47 Vous me flattez, dit le président, avec une pudeur enfantine et faisant semblant de rougir.
Marmontel, Contes moraux, « Philos. soi-dis ».
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se flatter v. pron.
ÉTYM. (XVIe).
1 Vx. S'entretenir dans une espérance, une illusion. || Se flatter d'un espoir insensé. Illusionner (s'); → Aveugler, cit. 19.
48 La jeunesse se flatte et croit tout obtenir;
La vieillesse est impitoyable.
La Fontaine, Fables, XII, 5.
49 Beck, qui s'était flatté d'une victoire assurée, pris et blessé dans le combat, vient rendre en mourant un triste hommage à son vainqueur par son désespoir (…)
Bossuet, Oraison funèbre de Louis de Bourbon.
(1650). Mod. || Se flatter de (et l'inf.) : être persuadé, se croire assuré de. || Il se flatte de réussir. Compter, espérer, penser, prétendre; → Fort (se faire fort de). || La paix acceptable (cit. 1) qu'on s'était flatté d'obtenir.
50 Vous vous flattez peut-être, en votre vanité,
D'aller comme un Horace à l'immortalité (…)
Boileau, Satires, IX.
51 (…) l'intrigant se flattait de le voir (le ministre) bientôt perdu par une cabale; les femmes espéraient qu'on leur donnerait bientôt un ministre plus jeune.
Voltaire, Vision de Babouc.
52 Peut-être surmonterez-vous cet obstacle, mais ne vous flattez pas de le détruire (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre V.
53 Il ne comprenait pas tout. Mais qui de nous peut se flatter de tout comprendre ?
France, la Vie en fleur, XVII.
Littér. || Se flatter que (et indic.). || On se flatte que chacun oubliera son intérêt personnel (→ Enivrement, cit. 1). || Il se flatte qu'on aura besoin de lui. || Je me flatte que vous ne doutez point de mes sentiments. Croire (aimer à croire).
54 Qu'après m'être longtemps flatté que mon rival
Trouverait à ses vœux quelque obstacle fatal (…)
Racine, Bérénice, I, 2.
55 Je me flatte, en mourant, qu'un dieu plus équitable
Réserve un avenir pour les cœurs innocents.
Voltaire, le Fanatisme, V, 4.
56 Monsieur, lui dis-je, en me courbant le corps et en glissant un pied vers lui, selon notre coutume, je me flatte que ma juste curiosité ne vous déplaira pas (…)
Voltaire, Lettre sur les Anglais, Quakers, I.
57 C'est une folie naïve à l'homme le plus libre de se flatter que sa liberté n'a point de danger pour la multitude.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », IV.
57.1 Le malheur des uns était inconnu des autres, on pouvait même se flatter qu'il leur profitait.
Emmanuel Berl, le Virage, p. 26.
Vieilli ou littér. || Se flatter que (et le conditionnel).
57.2 (…) comme mon fils n'avait fait que disparaître, je me flattais que je pourrais le revoir bientôt !
A. Galland, les Mille et une Nuits, t. I, p. 36.
2 Se flatter de (et subst. ou inf.) : tirer contentement, satisfaction, orgueil, fierté, vanité de. Féliciter (se), prévaloir (se), targuer (se).
58 (…) vous pouvez justement vous flatter
D'une mort que leurs bras n'ont fait qu'exécuter.
Racine, Andromaque, V, 3.
59 Les plus rebelles, et qui se flattent de l'être, sont, la plupart, des esprits nés disciples.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », V.
60 Boileau se flattait d'avoir appris à Racine à faire difficilement des vers faciles.
A. Thibaudet, Gustave Flaubert, p. 72.
3 Absolt, littér. Se juger trop favorablement, faire preuve de vanité en se décernant des éloges à soi-même. Vanter (se). || Sans se flatter : en toute modestie. || Sans me flatter, j'ai accompli là un bel exploit.
61 On n'aurait guère de plaisir si on ne se flattait jamais.
La Rochefoucauld, Maximes, 123.
62 On est accessible à la flatterie dans la mesure où soi-même on se flatte.
Valéry, Autres rhumbs, p. 185.
63 On se flatte sans cesse; ou du moins on a tendance à se flatter. La complaisance envers soi-même est un piège (…)
Gide, Journal 1942-1949, Feuillets d'automne, p. 278.
Réciproque :
64 Si les hommes ne se flattaient point les uns les autres, il n'y aurait point de société.
Vauvenargues, Maximes, in Littré.
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flatté, ée p. p. adj.
Voir à l'article, ci-dessus.
CONTR. Battre. — Blâmer, blesser, brimer, brocarder, brusquer, censurer, critiquer, fronder, injurier.
DÉR. Flatterie, flatteur.

Encyclopédie Universelle. 2012.