fourreau [ furo ] n. m.
• furrel 1080; de l'a. fr. fuerre, frq. °fôdr « fourrage »
1 ♦ Enveloppe allongée, destinée à recevoir une chose de même forme (spécialt une arme blanche) pour la préserver quand on ne s'en sert pas. ⇒ étui, gaine. Fourreau d'épée. Corps, bouterolle d'un fourreau. Tirer l'épée du fourreau. ⇒ dégainer. — Fourreau de parapluie.
2 ♦ (v. 1780) Robe de femme très étroite, dont le haut et la jupe moulent le corps. Le « long fourreau de lainage bleu où sa taille pleine ondulait » (A. Daudet). — Adjt Robe, jupe fourreau. ⇒ moulant.
● fourreau nom masculin (ancien français fuerre, du germanique fodr, doublure) Gaine, étui allongé servant d'enveloppe à un objet de même forme : Fourreau d'épée, de parapluie. Gaine, tube servant à protéger des conduits ou des fils dans la traversée des murs, des planchers. Robe qui moule le corps. Vêtement que l'on met sous une robe transparente. Pièce cylindrique de révolution présentant un alésage dans lequel tourne ou coulisse une autre pièce. Invagination cutanée sous-abdominale abritant le pénis des quadrupèdes en dehors des phases d'érection.
fourreau
n. m.
d1./d Gaine, étui.
|| Spécial. étui d'une épée.
d2./d Robe droite moulant le corps.
⇒FOURREAU, subst. masc.
A.— Enveloppe protectrice d'un objet allongé.
1. Gaine allongée, étui de protection et de rangement (d'un objet généralement de même forme), en métal, en cuir ou en matière souple. Fourreau de parapluie; fourreau d'épée, de sabre, de poignard; fourreau d'un couteau de chasse; corps, bouterolle, chape, frettes d'un fourreau. Il avait au côté sa « Joyeuse » engainée dans un fourreau d'or (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 317). Elle se planta, tenant tout droit le drapeau, dans son fourreau de cuir (ZOLA, Bête hum., 1890, p. 33) :
• 1. Blanche m'emmène dans sa chambre, pour le distraire tandis qu'il se rase et achève sa toilette. Il s'éponge le visage avec des tampons de coton hydrophile qu'il sort d'un grand fourreau de métal.
GIDE, Journal, 1917, p. 633.
— P. métaph. Le Nautilus, emporté par son hélice, voyageait dans un fourreau d'éclairs (VERNE, Vingt mille lieues, t. 2, 1870, p. 176). Des œufs mollets enveloppés dans un fourreau de gelée de viande aromatisée aux herbes (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Rosier Mme Husson, 1887, p. 682).
— (Faux-)fourreau. Second fourreau enveloppant le premier. (Dict. XIXe et XXe s.).
— Loc. fig. Tirer l'épée du fourreau (cf. épée B 3 a). Remettre l'épée au fourreau (cf. épée B 3 a). Son épée ne tient pas au fourreau (cf. épée B 3 b). ProverbeL'épée use le fourreau (proverbe) (cf. épée D 3).
2. [P. anal. de forme] Gaine, enveloppe protectrice naturelle. La teigne [se promène au fond de l'eau] dans un fourreau qu'elle s'est formé de débris de plantes (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 194). Quantité de larves de phryganes se traînaient dans leur bizarre fourreau de brindilles (GIDE, Si le grain, 1924, p. 415) :
• 2. Car les arbres continuaient à vivre de leur vie propre et, quand ils n'avaient plus de feuilles, elle brillait mieux sur le fourreau de velours vert qui enveloppait leurs troncs ou dans l'émail blanc des sphères de gui qui étaient semées au faîte des peupliers, rondes comme le soleil et la lune dans la Création de Michel-Ange.
PROUST, Swann, 1913, p. 424.
— Spécialement
a) BOT. Gaine d'un épi naissant. (Ds LITTRÉ, DG et ROB.).
b) ANAT. ANIM. Gaine cutanée contenant la verge (chez certains animaux dont le cheval). La verge de l'éléphant est repliée dans son fourreau en forme de double S (CUVIER, Anat. comp., t. 5, 1805, p. 65).
B.— P. ext., domaine de l'habillement
1. Robe ou jupe étroite, moulant le corps, souvent robe du soir ou robe d'apparat. Fourreau long, noir, de soie, de satin, en lamé. La robe de Mademoiselle Baptistine était coupée sur les patrons de 1806, taille courte, fourreau étroit, manches à épaulettes, avec pattes et boutons (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 92). Il aperçut Berthe dans une étroite robe noire et pailletée; ses belles épaules très découvertes émergeaient du fourreau sombre (CHARDONNE, Épithal., 1921, p. 388) :
• 3. Une étroite robe, ou, pour mieux dire, un fourreau de gaze transparente, moulait exactement les contours juvéniles de son corps élégant et frêle; cette robe, coupée au-dessous du sein, laissait les épaules, la poitrine et les bras libres dans leur chaste nudité.
GAUTIER, Roman momie, 1858, p. 198.
— En appos. Robe, jupe(-)fourreau (cf. POURRAT, Gaspard, 1930, p. 24). Cf. aussi brocart ex.
2. Vêtement étroit qui moule le corps, que l'on porte gén. sous un autre vêtement (souvent une robe transparente). Elle suivait de l'œil les ondulations de sa forme longue dans le fourreau de satin noir autour duquel flottait une tunique légère (FRANCE, Lys rouge, 1894, p. 5). Les danseuses professionnelles : Chinoises dans leur fourreau de soie brochée (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 196).
3. Vx. Robe d'enfant très étroite. La première fois qu'on leur ôta leur fourreau pour les conduire à la messe en culottes, ils [les bessons] furent habillés du même drap (SAND, Pte Fad., 1849, p. 15). Vêtue d'un étroit fourreau d'enfant en tricot de laine, elle lavait et repassait sa précieuse robe blanche (SAND, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 210).
4. Région. (Suisse), vieilli. Grand tablier féminin couvrant tout le corps, et réservé aux travaux salissants. Un choix de beaux fourreaux, bonne cretonne. Tabliers japonais, le fourreau japonais (L'Impartial, La Chaux-de-Fonds, 4 mars 1909 ds PIERREH. 1926).
5. Arg., pop. Synon. de pantalon. J'ai été chez l'fringueur pour me faire faire un fourreau [= pantalon] (BRUANT 1901, p. 418). Avec la mode des fourreaux rétrécis dans le bas, les hommes paraissent avoir de grands panards (LE BRETON Argot 1975).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. [Ca 1100 furrer « enveloppe allongée destinée à recevoir une chose de même forme quand on n'en fait pas usage » (Roland, éd. J. Bédier, 444)]; ca 1174 forrel « id. » (BENOIT, Chron. des ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 24467); 2. a) av. 1614 fourreau « habillement étroit des soldats » (BRANTÔME, Couronn. fr., VI, 106 ds GDF.); b) ca 1780-1800 « robe étroite, de forme droite » (vêtement que portaient les femmes depuis le règne de Louis XVI jusque sous le Premier Empire d'apr. LITTRÉ). Dér. de l'a. fr. fuerre « gaine de l'épée » (ca 1165-70, Erec et Enide, 877 ds T.-L.) du germ. fodr qu'on suppose d'apr. le got. fodr « gaîne de l'épée » (FEIST), a. h. all. fôtar « étui » (GRAFF t. 3, col. 379), lat. médiév. fodorus (1010 « fourreau » ap. NIERM., p. 439) suff. -eau, peut-être dû au besoin de distinguer fuerre « fourreau » de son homon. fuerre « fourrage, paille » (feurre). Fréq. abs. littér. :345. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 702, b) 777; XXe s. : a) 473, b) 165. Bbg. QUEM. DDL t. 16.
fourreau [fuʀo] n. m.
ÉTYM. 1080, furrel, Chanson de Roland; dér. de l'anc. franç. fuerre, du francique fôdr « fourreau », homonyme de fôdr « fourrage ». → Fourrer.
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1 Enveloppe allongée, destinée à recevoir une chose de même forme, et, spécialt, une arme blanche, pour la préserver quand on ne s'en sert pas. ⇒ Étui, gaine. || Fourreaux d'armes blanches. || Fourreau de sabre, de baïonnette. || Fourreau d'épée. || Anciens fourreaux de bois, de cuir garni de cuivre; fourreaux en tôle d'acier. || Corps, bouterolle, chape (entrée), frettes d'un fourreau. || Une bélière permet de suspendre le fourreau au ceinturon. || Faux fourreau : second fourreau qui protège le véritable fourreau. — ☑ (1865). Tirer l'épée du fourreau (⇒ Dégainer); et, fig., commencer les hostilités. ☑ Remettre l'épée au fourreau (⇒ Rengainer); et, fig., faire la paix.
1 (…) Jacques 1er, avec beaucoup de courage, sentit toute sa vie un frémissement involontaire quand on tirait une épée du fourreau.
Voltaire, Dict. philosophique, Influence.
♦ Par métaphore :
2 Le glaive de la justice n'a pas de fourreau.
J. de Maistre, les Soirées de St-Pétersbourg, À propos de Voltaire.
3 Une volonté de fer pour résister, une âme d'acier fin dans un fourreau de glace (…)
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », III.
♦ ☑ Loc. prov. (1752). L'épée, la lame use le fourreau : une trop grande activité de l'esprit use, épuise.
4 Il y a un proverbe qui dit : Le couteau use la gaine, l'épée le fourreau, l'esprit le corps.
5 Comment peut-on tomber dans cet état à la fleur de l'âge, sans avoir aucun viscère vicié, sans avoir rien fait pour détruire sa santé ? L'épée use le fourreau, dit-on quelquefois. Voilà mon histoire. Mes passions m'ont fait vivre, et mes passions m'ont tué.
Rousseau, les Confessions, V.
♦ (En parlant d'objets allongés autres que des armes). || Fourreau de rasoir (→ Asperger, cit. 4). || Fourreau de parapluie, en soie, en cuir.
2 Ce qui recouvre qqch. d'allongé et en épouse la forme. || Fourreau de doigt. ⇒ Doigtier.
6 La partie libre de la verge qui prolonge la partie fixe reste enfermée dans un repli cutané appelé fourreau. Lors de la miction (émission d'urine) ou lorsque l'animal se prépare à l'accouplement (érection), cette partie libre vient au dehors du fourreau.
Nouveau Larousse agricole, p. 623.
♦ Bot. Enveloppe d'un épi naissant.
4 (V. 1780). Robe de femme très étroite, dont le haut et la jupe moulent le corps (→ Forme, cit. 24). || Fourreau court. || Fourreau long pour le soir. || Tunique portée sur un fourreau de satin noir. — Par appos. || Robe, jupe fourreau.
7 Une étroite robe, ou, pour mieux dire, un fourreau de gaze transparente, moulait exactement les contours juvéniles de son corps élégant et frêle.
Th. Gautier, le Roman de la momie, I.
8 Du long fourreau de lainage bleu où sa taille pleine ondulait, sortaient deux bras ronds et fins, nus jusqu'à l'épaule (…)
Alphonse Daudet, Sapho, I.
♦ Vx. Robe d'enfant très étroite.
9 Justine en larmes va trouver son curé; elle lui peint son état avec l'énergique candeur de son âge (…) Elle était en petit fourreau blanc; ses beaux cheveux négligemment repliés sous un grand bonnet (…)
Sade, Justine…, t. I, p. 11.
♦ Régional (Suisse). Vieilli. Grand tablier de femme couvrant tout le corps et réservé aux travaux salissants.
Encyclopédie Universelle. 2012.