fraternel, elle [ fratɛrnɛl ] adj.
• XIIe; lat. fraternus
1 ♦ Qui concerne les relations entre frères ou entre frères et sœurs (⇒aussi sororal). L'amour fraternel. « ces vagues de tendresse fraternelle qui le soulevaient » (Martin du Gard).
2 ♦ Propre à des êtres qui se traitent en frères. Une amitié fraternelle. ⇒ affectueux, amical, cordial. « Cette formation soudaine d'une âme collective et fraternelle » (Martin du Gard). — Spécialt Qu'inspire la charité envers le prochain. ⇒ bienveillant. « Le geste de ce rude Samaritain est attentif, délicat, fraternel » (Bernanos).
♢ (Personnes) Qui se conduit comme un frère (envers qqn). Il s'est montré très fraternel avec moi.
● fraternel, fraternelle adjectif (latin fraternus) Qui se rapporte à des frères et à des sœurs, au lien qui les unit : L'amour fraternel. Qui a lieu entre personnes unies comme frères et sœurs : Un partage fraternel. Qui a comme des sentiments de frère pour quelqu'un : Une aide fraternelle. ● fraternel, fraternelle (synonymes) adjectif (latin fraternus) Qui a lieu entre personnes unies comme frères et sœurs
Contraires :
Qui a comme des sentiments de frère pour quelqu'un
Synonymes :
- amical
- tendre
fraternel, elle
adj.
d1./d Qui a rapport aux liens unissant des frères, des soeurs. Amour fraternel.
d2./d Qui rappelle les sentiments unissant des frères. Amitié fraternelle.
|| (Personnes) Il a été très fraternel avec moi.
⇒FRATERNEL, ELLE, adj.
A.— 1. Qui est propre, qui appartient à un frère. Louis acquitte les dettes fraternelles (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 551). La voix fraternelle reprit :« Qu'y a-t-il? Tu es malade? » (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 218).
2. Qui concerne les liens d'affection entre les enfants issus de mêmes parents. Attachement, dévouement fraternel. Il n'y a pas de frère qui ait un cœur plus fraternel que le tien pour moi, que le mien pour toi (LAMART., Corresp., 1832, p. 290). Tout est fraternel dans Oreste, tout est Oreste! (GIRAUDOUX, Électre, 1937, I, 8, p. 87).
♦ Expr. La corde fraternelle. Je n'ai pas la corde fraternelle (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 34).
— Emploi subst., fam. Synon. de frère. Je comptais que mon fraternel m'enverrait des pépettes pour les manœuvres (BRUANT 1901, p. 232).
— Au fig. Qui se sent de la même parenté, de la même famille. Nos deux esprits ont quelque chose de si fraternel, que je crois que c'est deux éditions du même ouvrage (BALZAC, Mém. jeunes mariées, 1842, p. 363). J'en conclus que les esprits fraternels se rejoignent vite, qu'on a peu de vrais « amis inconnus » (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 571).
B.— P. anal. [En parlant de pers. qui ne sont pas de la même famille]
1. [Qualifie la force affective de liens unissant entre elles deux pers. unies comme deux frères ou comme un frère et une sœur] Affectueux, amical, cordial. Charité, confiance, amitié fraternelle. Gilbert avait compris que ce riche avait une âme fraternelle, une espèce de tendresse dévouée et singulière (R. BAZIN, Blé, 1907, p. 265) :
• 1. Blérot était mon ami d'enfance, mon plus cher camarade; nous n'avions rien de secret. Nous étions liés par une amitié profonde des cœurs et des esprits, une intimité fraternelle, une confiance absolue l'un dans l'autre. Il me disait ses plus délicates pensées, jusqu'à ces petites hontes de la conscience qu'on ose à peine s'avouer soi-même. J'en faisais autant pour lui.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Sage, 1883, p. 916.
— P. ext. Plein d'amitié, d'amour. Je souhaitais les hommes fraternels, libres et heureux (SAINT-EXUP., Pilote guerre, 1942, p. 370) :
• 2. Les enfants m'entourent. Les femmes sourient et sanglotent. Les hommes me tendent les mains. Nous allons ainsi, tous ensemble, bouleversés et fraternels, sentant la joie, la fierté, l'espérance nationales remonter du fond des abîmes.
DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 230.
2. [Qualifie les manifestations du sentiment fraternel] Qui exprime l'affection, l'amitié. Un visage fraternel; passer un bras fraternel autour des épaules de qqn. J'eusse été heureux de serrer à Londres toutes ces mains si fraternelles et si cordiales (HUGO, Corresp., 1849, p. 8). Que le geste de ce rude Samaritain est attentif, délicat, fraternel! Quel moyen de résister tout à fait à cette tendresse inconnue? (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 171).
SYNT. Accueil, baiser fraternel; accolade fraternelle; agapes fraternelles.
— En partic. (dans la relig. cath.). Qui s'adresse à son prochain. Charité fraternelle.
♦ Correction fraternelle. Réprimande douce, discrète, faites dans un esprit de charité fraternelle. Ainsi selon les Constitutions, « pour l'exercice réciproque de la correction fraternelle », sœur Perpetua et la novice devaient avoir chaque mois une heure d'entretien seule à seule (JOUVE, Paulina, 1925, p. 174).
REM. Fraternaliste, adj. Où l'on affiche un sentiment de fraternité. Dans l'entreprise fraternaliste, le président ne s'appelle plus président et encore moins monsieur le président, mais Paul, s'il se prénomme Paul (Elle, 19 oct. 1970, p. 9, col. 1). Emploi subst. Personne qui affiche un sentiment de fraternité. Le président Feldman — Jean pour son équipe — est un fraternaliste de la première heure (Elle, 19 oct. 1970, p. 9, col. 2).
Prononc. et Orth. :[]. Enq. : //. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Mil. XIIe s. « qui concerne les relations entre frères (ici de chrétiens) » (SANSON DE NANTUIL, Proverba Salomonis ds BARTSCH-HORNING, 152, 26). Dér. du lat. class. fraternus « fraternel, de frère », dér. de frater (frère); suff. -el. Fréq. abs. littér. :917. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 176, b) 1 166; XXe s. : a) 1 371, b) 1 446. Bbg. REINHEIMER-RÎPEANU (S.). Faux dérivatifs, faux dér. B. de la Soc. roum. de ling. rom. 1971/72, t. 8, pp. 61-67. — THIELE (J.). Zu Problemen und Methoden der romanistischen Wortbildungsforschung. Beitr. rom. Philol. 1975, t. 14, n° 1, p. 159.
fraternel, elle [fʀatɛʀnɛl] adj.
ÉTYM. XIIe; lat. fraternus, de frater « frère », et suff. -el.
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1 Qui concerne les relations entre frères, sœurs (⇒ Sororal) ou entre frères et sœurs. || Amour, amitié, tendresse fraternelle (→ Chair, cit. 13). || Affection fraternelle. || Bonne entente, solidarité fraternelle.
1 (…) si Chateaubriand a choisi de peindre l'inceste pris comme moyen du malheur de René, le ressort de l'inceste fraternel ne s'était pas imposé à lui de toute nécessité, dès l'origine (…) l'inceste fraternel n'était pas, dans sa première pensée, le sujet de René.
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 262.
2 Elle (Henriette Renan) avait imaginé que ce frère chéri (…) se contenterait du bonheur de vivre avec elle (…) L'amour le voulut autrement (…) Henriette, courageusement, se soumit, mais sans que sa fraternelle jalousie pût s'accommoder tout à fait de son sacrifice.
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 407.
♦ Spécialt (à l'exclusion des relations entre sœurs) :
3 L'astre des jours et celui des nuits distribuent tour à tour au blé des influences fraternelles et sororiales (sic).
Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies, I, Tabl. gén.
2 (V. 1361). Propre à des êtres qui se traitent en frères. ⇒ Affectueux, amical (→ aussi Fraternité, 2. et 3.; frère, 2. et 3.). || Camarades d'enfance liés par une amitié fraternelle. || Union fraternelle (→ Édifier, cit. 12; évoquer, cit. 13). || Effusion fraternelle (→ Écorché, cit. 10). || « Baiser (cit. 1) d'amour fraternel » (La Fontaine). || Amour fraternel entre membres d'une communauté (cit. 3), entre les hommes. — (V. 1190). Spécialt. Qu'inspire la charité envers le prochain. || Dans le malheur, il m'a tendu une main fraternelle. ⇒ Charitable, cordial, généreux, secourable, sympathique. || Un cœur fraternel (→ Fraternité, cit. 6).
4 Parmi les doux plaisirs d'une paix fraternelle (…)
Boileau, le Lutrin, I.
5 Et tes pieds s'endormaient dans mes mains fraternelles.
Baudelaire, les Fleurs du mal, Spleen et idéal, « Le balcon ».
6 Que le geste de ce rude Samaritain est attentif, délicat, fraternel ! Quel moyen de résister tout à fait à cette tendresse inconnue ?
Bernanos, Sous le soleil de Satan, p. 162.
7 Le beau visage, que je distingue à peine, est affectueux, vraiment fraternel. Moi qui n'ai pas eu de frère, je comprends soudain ce que pourrait être un frère. Un frère aîné, paternel.
G. Duhamel, Salavin, Journal, 18 déc.
♦ (Personnes). Qui se conduit comme un frère (envers qqn). || Il s'est montré très fraternel avec moi.
♦ Relig. || Charité fraternelle : charité envers son prochain. || Correction fraternelle : « réprimande douce, secrète, et dictée par l'esprit de charité qu'on doit à des frères » (Littré).
8 L'Église (…) nous enseigne à les prier (les saints) dans ce même esprit de charité, et selon cet ordre de société fraternelle, qui nous porte à demander le secours de nos frères vivants sur la terre (…)
Bossuet, Exposition de la doctrine catholique, IV.
9 Vous verrez dans mon discours un petit mot de correction fraternelle pour ce gentilhomme qui était présent, et qui, à ce que je crois, l'aura sentie (…)
D'alembert, Lettre à Voltaire, 2 janv. 1769.
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DÉR. Fraternaliste, fraternellement. — Voir aussi Fraterniser.
COMP. Confraternel.
Encyclopédie Universelle. 2012.