ganter [ gɑ̃te ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1488; de gant
1 ♦ Mettre un gant, des gants à. Main difficile à ganter. — P. p. adj. Un monsieur ganté et cravaté. — Par ext. Main gantée de blanc. — Pronom. Se ganter en hiver.
2 ♦ Absolt Avoir comme pointure de gants. Ganter du sept.
⊗ CONTR. Déganter.
● ganter verbe transitif Couvrir la main d'un gant : Ganter ses mains de caoutchouc. Convenir à la main de quelqu'un : Ces gants de chevreau vous gantent bien. ● ganter verbe intransitif Avoir telle mesure comme pointure de gant : Ganter du sept et demi.
ganter
v. tr. Mettre des gants à (qqn).
|| v. Pron. Se ganter de cuir.
⇒GANTER, verbe trans.
A. — [Le compl. d'obj. désigne la main ou une partie du bras] Couvrir d'un gant, d'une moufle. Main facile, difficile à ganter. Des gants à ganter des mains de poupée (GONCOURT, R. Mauperin, 1864, p. 176). Des mitaines gantant les beaux bras jusqu'au bouffant de l'épaule (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 40).
— P. méton. Ganter qqn. Lui mettre un ou des gants. Être facile à ganter; être bien (mal) ganté. Il était ganté de gants jaunes (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 145) :
• 1. ... le souvenir de ce moment de délices se lia invinciblement dans ma tête à celui de deux grosses mains rouges se débattant dans des gants verdâtres; (...) et j'ai juré que jamais femme au monde ne me ganterait de ces gants-là.
MUSSET, Il ne faut jurer, 1840, I, 1, p. 106.
♦ P. anal., arg. ,,Lier par les mains, passer les menottes à...`` (ESN. 1966).
— Emploi pronom. [Le suj. désigne une pers.] Mettre ses gants. Dans le train seulement, lorsqu'elle voulut se ganter, elle s'aperçut qu'un de ses gants manquait (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 204).
♦ P. ext. Se ganter de qqc. Enfiler sa main dans quelque chose. Le patron se gantait de son personnage principal [une marionnette] (ARNOUX, Zulma, 1960, p. 302). Au fig. Cacher sa personnalité sous un faux air. Huguette, assise dans un fauteuil, se gantait d'un air sage (MARTIN DU G., Thib., Consult., 1928, p. 1080).
— P. anal. [Le suj. désigne un vêtement bien ajusté au corps, une chaussure adaptée au pied] Recouvrir, gainer étroitement. Cette robe la gante. De petites chaussures de cuir bleu gantaient ses pieds menus et ronds (, Aphrodite, 1896, p. 91) :
• 2. ... son corsage à gilet et à petites basques rondes, très collant, était comme une peau vivante qui gantait ses épaules...
ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 109.
— [Le suj. désigne un ou des gant(s)] Aller bien. Des gants qui gantent bien, mal. Des gants qui sont bien, mal ajustés à la main. Ces gants vous gantent très bien (LITTRÉ).
— Absol. Ganter du six, sept... ,,Mettre des gants de la pointure six, sept`` (DAVAU-COHEN 1979).
♦ P. métaph. Le malheur gante du sept (COCTEAU, Poèmes, 1916, p. 228) :
• 3. Merci du bon petit amour, réglé de même qu'un papier à musique, que vous m'avez servi; mais ce n'est pas là la mesure, mon cœur gante plus grand...
HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 206.
B. — Au fig., fam. vieilli. Cela me gante. Cela me convient parfaitement (cf. gant II A aller comme un gant au fig.). Synon. fam. cela me botte. Plus vous y réfléchirez, plus il vous apparaîtra, comme à moi, que le règlement semble fait pour vous. Il vous gante des pieds à la tête (AUDIBERTI, Quoat, 1946, 1er tabl., p. 18).
— Arg. [Dans le langage des prostituées] Ganter qqn. Le séduire. Gante, comme j'ai fait, un vieux qui soit marié ou un tout jeune homme (HUYSMANS, Marthe, 1876, p. 103).
♦ Absol. [Correspond à gant II B 1; le suj. désigne le client] Payer les faveurs d'une fille (cf. DELVAU 1883, FRANCE 1907, ESN. 1966). Ganter 5 1/2, juste. N'être pas généreux. Ganter 8 1/2, large. Être généreux (cf. DELVAU 1883, FRANCE 1907, ESN. 1966).
Prononc. et Orth. : [], (il) gante []. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Trans. 1. 1488 ganter « mettre des gants à quelqu'un » (OL. DE LA MARCHE, Le Triumphe des dames, éd. Kalbfleisch, p. 62); 2. 1690 « aller, en parlant de gants » (FUR.); 3. av. 1872 « avoir comme pointure de gants » (Cogniard ds Lar. 19e). B. Pronom. 1690 se ganter « mettre des gants » (FUR.). Dér. de gant; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 33.
ganter [gɑ̃te] v.
ÉTYM. 1488; de gant.
❖
———
I V. tr.
1 Mettre un gant, des gants à (qqn). || Ganter un enfant. — Par ext. Faire des gants pour (qqn), vendre des gants à (qqn). || Elle se fait ganter, elle est gantée par le meilleur gantier de Londres. — (Le compl. désigne la main). || Une main difficile à ganter.
2 Revêtir (des gants, des moufles) pour protéger ses mains.
0.1 (…) il dut chausser ses gros socques articulés en peau de vache et ganter ses épaisses moufles en peau de mouton; puis il releva le collet fourré de sa redingote (…)
J. Verne, le Docteur Ox, p. 18.
3 a (1690). Aller à (qqn, sa main), en parlant des gants eux-mêmes. || Ces gants noirs vous gantent très bien.
b (1843, in D. D. L.). Fig. Vieilli. ⇒ Convenir. || Cela me gante : cela fait mon affaire (cf. fam. Ça me botte).
♦ Pron. (1690). Mettre des gants.
0.2 Ils retrouvèrent l'auto. Uni se ganta, tourna la manivelle, se remit au volant et lança la voiture à vive allure sur le chemin de Christiania.
Maurice Bedel, Jérôme 60° latitude Nord, p. 117.
♦ P. p. adj. || Une main gantée (→ Beurre, cit. 5). || Doigts gantés (→ Avancer, cit. 3). || Un monsieur ganté et cravaté. — Par ext. || Main gantée de fil (cit. 6), gantée de blanc (→ Chapeau, cit. 2). || Bras nu ganté très court (→ Buste, cit. 1).
1 Il était ganté de gants jaunes, quoiqu'il fût chaussé de fortes guêtres (…)
Flaubert, Mme Bovary, II, VII.
2 Il tendit sa main gantée de renne souple.
A. Maurois, Bernard Quesnay, XXIV.
3 (…) cette femme (…) aux jambes gantées de bas rouges.
Léon-Paul Fargue, Poèmes, p. 67.
———
II V. intr. (1872). Avoir comme pointure de gants. || Ganter du sept. || Ganter grand, petit.
♦ Figuré :
4 Merci du bon petit amour (…) que vous m'avez servi; mais ce n'est pas là ma mesure, mon cœur gante plus grand (…)
Huysmans, Là-bas, XXI.
❖
CONTR. et COMP. Déganter.
Encyclopédie Universelle. 2012.