1. gare [ gar ] n. f.
• 1690; de garer
1 ♦ Navig. Bassin, élargissement d'un cours d'eau navigable où les bateaux peuvent se croiser, se garer. Gare fluviale.
2 ♦ (1831) Vx Emplacement disposé sur une voie de chemin de fer pour le croisement des trains. Gare d'évitement. — (1835) Mod. Ensemble des bâtiments et installations établis aux stations des lignes de chemin de fer pour l'embarquement et le débarquement des voyageurs et des marchandises. Gare de voyageurs, de marchandises. Gare de départ, d'arrivée, d'où l'on part, où l'on arrive. Gare terminus. Gare de triage, où se fait le triage des wagons de marchandises et se forment les trains. Gare maritime, dont les voies aboutissent aux quais du port d'embarquement ou de débarquement. Salle d'attente, hall, bureaux, guichets, consigne, kiosque à journaux, buffet, buvette d'une gare. Quais d'une gare. Chef de gare. La gare Montparnasse (à Paris), la gare du Midi (à Bruxelles). Petite gare de campagne. ⇒ halte. Les gares de banlieue. Aller à la gare. — EN GARE. Le train arrive, entre en gare. « l'entrée en gare du train de 8 h 47 » (Courteline). Livraison en gare de... — Loc. Littérature, roman DE GARE, que l'on trouve dans les kiosques de gare, de lecture facile. — Par ext. Techn. Station de métro. La gare du R. E. R.
3 ♦ Gare aérienne. ⇒ aérogare, héligare. — Gare de fret : bâtiment affecté au trafic des marchandises sur les aéroports.
♢ GARE ROUTIÈRE : espace destiné à accueillir les véhicules routiers de gros tonnage (cars, camions). « à la gare des autocars, j'ai pris un billet pour Bologne » (Le Clézio).
gare 2. gare [ gar ] interj.
• 1460; impér. de garer
♦ Interjection pour avertir de se garer; de laisser passer qqn, qqch., et par ext. de prendre garde à quelque éventualité fâcheuse. Gare ! ⇒ attention. Crier gare. ⇒ casse-cou. — Loc. SANS CRIER GARE : sans prévenir, inopinément. Ils sont arrivés sans crier gare. — GARE À... Gare à la peinture. Gare à la casse ! (Menace) « Gare au premier qui rira » (A. Daudet). Gare à toi, gare à tes fesses si tu désobéis.
● gare (expressions) nom féminin (de garer) Gare de bifurcation, gare correspondant au point de départ de plusieurs directions. Gare commune, gare exploitée en commun par deux ou plusieurs réseaux différents. Gare frontière, gare située à proximité immédiate de la ligne frontière entre deux États et qui sert de limite au passage des voyageurs ou des marchandises. Gare maritime, gare aménagée sur les quais d'un port pour faciliter l'embarquement et le transbordement. Gare de passage, gare que les trains franchissent pour continuer au-delà. Gare routière, ensemble d'installations aménagées pour accueillir les véhicules routiers de gros tonnage (autocars ou camions). Gare terminus ou (gare de) tête de ligne, gare au-delà de laquelle les trains ne peuvent aller. Gare de transbordement, gare commune à des réseaux ou à des lignes utilisant des matériels roulants de types différents, dans laquelle tous les voyageurs et les marchandises passant d'un réseau sur l'autre doivent être transbordés. ● gare (homonymes) nom féminin (de garer) gare forme conjuguée du verbe garer garent forme conjuguée du verbe garer gares forme conjuguée du verbe garer ● gare (synonymes) nom féminin (de garer) Ensemble des installations de chemin de fer permettant d'assurer les...
Synonymes :
- halte
- station
Endroit d'une rivière destiné à mettre en sÛreté les bateaux...
Synonymes :
- garage à bateaux
gare
n. f.
d1./d Sur une ligne de chemin de fer, ensemble des installations et des bâtiments destinés au trafic des voyageurs et des marchandises, ainsi qu'au triage des wagons, à la régulation du trafic. Gare de marchandises. Gare de triage. Gare régulatrice. Chef de gare.
— Gare maritime, située, dans un port, sur le quai où accostent les navires.
d2./d Par anal. Gare routière, pour le trafic des autocars et des camions. Syn. (Afr. subsah.) autogare, (Maghreb) garage.
I.
⇒GARE1, subst. fém.
A. — NAV. FLUVIALE. Partie d'une rivière ou d'un canal, spécialement conçue pour mettre en sécurité les bateaux ou les empêcher de gêner la circulation. Les gares de Charenton (Ac. 1798-1878). La gare de Saint-Ouen (Ac. 1835, 1878). Gare d'eau; gare d'évitement. Enfin, la Perche les pond [ses œufs] en masse, sous forme de bourse allongée, et les enlace (...) aux végétaux aquatiques, qu'elle rencontre dans les eaux tranquilles des gares des anses (Code pêche fluv., 1875, p. 116) :
• 1. Les buttes du Roule et de Chaillot seront les flancs du colosse. Il étendra son bras droit en signe de force jusqu'à la gare Saint-Ouen, et M. Charles Duveyrier lui mettra dans la main un vaste entrepôt, où la rivière versera la nourriture qui désaltérera sa soif et rassasiera sa faim.
MUSSET ds Revue des Deux-Mondes, 1832, p. 604.
— Gare de triage. Bassin où s'effectue le triage des bateaux. Le port fut agrandi : creusement d'une nouvelle entrée, (...) construction (...) du Bassin des Remparts (...), agrandissement de la gare de triage (Nav. intér. Fr., 1952, p. 61).
B. — CH. DE FER
1. Vieilli. Partie dédoublée d'une voie ferrée à voie unique où s'arrêtaient certains trains pour en laisser passer d'autres et éventuellement prendre des voyageurs. Gares... pour permettre le croisement des convois qui se dirigent dans un sens ou dans l'autre (BIOT, Manuel du constructeur, 1834, 70 ds WEXLER 1955, p. 83). Gares... pour faciliter le croisement des voitures (TARBE DE VAUXCLAIRS, Dict. travaux publics, 1835 122, ds WEXLER 1955, p. 83).
Rem. Cet emploi est tombé en désuétude vers 1840.
♦ Gare d'évitement (vieilli). Portion d'une ligne à voie unique qui est dédoublée afin de permettre le croisement des trains. Synon. gare (vieilli). On dispose de gares d'évitement pour la rencontre des trains dans les galeries à une seule voie, qui constituent l'immense majorité des cas [dans les exploitations minières] (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p. 696). Gares d'évitement, c'est-à-dire de doubles voies (VALLÉE, Exposé de Paris-Belgique, 1837, 172 ds WEXLER 1955, p. 82).
2. Ensemble des installations et bâtiments établis à certains points d'une ligne de chemin de fer, destinés à permettre l'embarquement et/ou le débarquement des voyageurs et/ou des marchandises. La gare de l'Est. Les employés de la gare (Ac. 1932). Chef de gare de marchandises; gare d'embranchement, de transit; gare centrale, frontière. La gare d'Orléans, l'embarcadère du nord, bâti en 1863, par M. Hittorf, témoignent d'efforts nouveaux (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 239). L'usage des cours et dépendances des gares et stations est réglementé par des arrêtés préfectoraux (BARADAT, Organ. préfect., 1907, p. 232). Il entra dans la gare, prit un billet, monta dans un wagon de troisième (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 150) :
• 2. ... ces matelots que je voyais en ce moment au fond d'un cabaret de Saint-Brieuc ou dans un wagon de la gare de Gannat, sur cette diagonale de Brest à Toulon qui amène les équipages d'une mer à l'autre avec l'Auvergne pour écluse...
GIRAUDOUX, Suzanne, 1921, p. 69.
Entrer en gare [Le suj. désigne un train] Arriver dans une gare à petite allure pour s'y arrêter. La locomotive entre en gare. M. de Jussat met sa tête fine et ravagée à une portière (BOURGET, Disciple, 1889, p. 168).
Rem. Cette expr. s'oppose à entrer dans la gare qui n'implique pas que le train s'y arrête (cf. DUPRÉ 1972).
— Spécialement
♦ Gare principale. Gare pourvue de toutes les dépendances nécessaires au trafic des voyageurs et/ou des marchandises (s'oppose à halte et station).
♦ Gare de triage. Gare où s'opère la formation des trains. Ces ghettos énormes qui ressemblent à des gares de triage encombrées de rames de wagons noirs (SAINT-EXUP., Terre hommes, 1939, p. 254). Centres de départs? Région ouest, vous dites? M. Sidoine énumère des gares de triage. Marat note (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 21).
♦ Gare maritime. Gare dont les voies se situent sur les quais d'un port. Une gare maritime unit le port au réseau d'Alsace-Lorraine (ALBITRECCIA, Gds moyens transp., 1931, p. 80). L'Île-de-France, venant de New-York, qui était attendu à 13 h 30, n'a pu toucher le quai de la gare maritime qu'à 18 heures (Figaro, 19-20 janv. 1952, p. 2, col. 1).
♦ Gare mortuaire, funéraire (rare). Gare située au terminus d'une ligne de chemin de fer reliant une ville à une nécropole. En France, à l'initiative d'Haussmann, de multiples projets de gares mortuaires furent étudiés, et tous rejetés par le Conseil municipal de Paris (...). Des gares funéraires auraient été les têtes de ligne du chemin de fer spécial transportant à Méry-sur-Oise les convois funèbres et les visiteurs (Le Temps des gares, 1978, p. 80).
♦ Dans le domaine militaire. Gare de mobilisation, d'évacuation, sanitaire, etc. En 1913, sous l'autorité d'un commandement mixte (militaires et personnels des Compagnies réquisitionnés) est mise au point une organisation détaillée des gares à des fins spécifiquement stratégiques : gares régulatrices, gares de mobilisation, gares-dépôts, gares distributrices, gares d'évacuation sanitaire, gares de permissionnaires... Les gares régulatrices, dont les potentialités et les limites seront expérimentées pendant la guerre de 1914, constituent des sortes de « centres nerveux » qui reçoivent et répartissent les troupes vers le front (Le Temps des gares, 1978p. 91).
— Loc. À la gare! (pop.). [S'emploie pour intimer au destinataire l'ordre de partir parce qu'il est indésirable] Allez ouste! à la gare! Le dentiste : — Vous ne préféfez [lire préférez] pas que je vous la plombe? Dudula : — À la gare, je n'peux plus brequêter... mézigue en a marre (MARCUS, Arg. tel qu'on le parle, 1947, p. 4).
Rem. 1. Jusqu'à la fin des années 1860, on employait embarcadère dans le sens de gare. 2. Au XIXe s. on a employé port-sec pour gare de marchandises (cf. WEXLER 1955, p. 87).
C. — P. anal.
1. Gare aérienne. Synon. usuel aérogare. Le centre des affaires doit se trouver au confluent des voies de circulation qui desservent (...) certains hôtels et les diverses gares (gares ferroviaire, routière, maritime, aérienne) (LE CORBUSIER, Charte Ath., 1957, p. 61).
2. Gare routière. Emplacement aménagé et équipé pour l'arrêt ou le terminus des véhicules routiers affectés au transport des voyageurs ou de marchandises. La « Port of New York Authority » gère (...) 6 ponts ou tunnels, 4 gares routières et ferroviaires, 3 établissements maritimes (M. BENOIST-PETTIER, Transp. mar., 1961, p. 204).
Prononc. et Orth. : [] ou []. [] ds DG, BARBEAU-RODHE 1930; [a] ds DUB. et Lar. Lang. fr.; [] ou [a] ds PASSY 1914, Pt ROB. et WARN. 1968. Ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. [1533 gare « distance » (FEW t. 17, p. 534b)]; 2. 1690 gare « lieu disposé sur les rivières pour servir d'abri aux bateaux ou leur permettre de laisser passer les convois » (FUR.); 3. a) 1831 « emplacement disposé sur une voie de chemin de fer pour abriter un convoi pendant qu'un autre convoi passe » (ds WEXLER, p. 82); b) 1835 « station d'embarquement et de débarquement des voyageurs et des marchandises, sur les chemins de fer (ibid., p. 83). Déverbal de garer. Fréq. abs. littér. : 2 746. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 269, b) 2 175; XXe s. : a) 6 771, b) 6 211. Bbg. WEXLER 1955, pp. 81-95; p. 127.
II.
⇒GARE2, interj.
A. — Emploi abs.
1. [Emplois en discours pour signifier à qqn qu'il doit se ranger, se préserver d'un danger immédiat] Synon. attention!
a) [En discours dir.] Gare devant! Gare dessous! L'Étudiant. — Citoyens, venez ici; on méconnaît vos droits, on insulte le peuple. Un grand tumulte. Les Soldats. — Gare! Retirez-vous (MUSSET, Lorenzaccio, 1834, V, 6, p. 267).
b) [En discours rapporté] Une chaise de poste, passant rapidement près d'elle et de Luizzi, les força de s'écarter aux cris de gare! (SOULIÉ, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 171). Les uns criaient : « On voit la légion qui avance » et d'autres : « Gare, v'là les boches qui attaquent » (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 201) :
• 1. La voiture s'ébranlait en bas, emportant Mme Vanières et sa fille, et entre elles Anna sans connaissance. En même temps, des cris éclatèrent : — « Gare! Gare! » C'était Wallner exténué, hors d'haleine, qui avait failli tomber sous les pieds du cheval.
REIDER, Mlle Vallantin, 1862, p. 194.
2. Loc. Sans dire/crier gare. Sans prévenir. Synon. à l'improviste. Il est arrivé sans crier gare (Ac. 1932). Milon, sans dire gare, tombe sur lui, le chasse à coups de pied, de poings et le poursuit dehors (COURIER, Pamphlets pol., 1823, p. 179). — Alors, que faire? — La tuer tout simplement et sans crier gare (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 3, 1859, p. 223). Enfin c'était là un nouveau ménage et il allait comme il pouvait, quand l'absente se mit soudain à revenir sans crier gare (LÉAUTAUD, In memor., 1905, p. 202).
B. — [Avec compl., pour signifier à qqn qu'il faut se préserver d'un événement, d'une attitude ou d'une situation future]
1. Gare + subst. (vieilli)
a) [Le compl. désigne ce qui constitue la menace] Synon. usuel gare à. Gare l'eau! Gare la bombe! (Ac. 1835-1932). Gare le bâton (Ac. 1798-1878). Soirée chez Lady Jersey. Gare la rougeole! (CONSTANT, Journaux, 1816, p. 467). Gare le coup de fusil! Il réfléchit un peu; puis, avec le doigt, il osa frapper contre la vitre : pas de réponse (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p. 215). J'espère que j'aurai une lettre d'elle demain. Sans cela, gare l'humeur! (BARB. D'AUREV., Memor. 1, 1836, p. 31).
b) [Le compl. désigne ce qui est menacé] Synon. usuel gare à. Gare vos oreilles! Gare les yeux! (...) Il [Tartarin] arrivait dans la région des neiges (A. DAUDET, Tartarin Alpes, 1885, p. 51). Ainsi tu me volais mes bœufs! — Gare ma peau! (HUGO, Toute la lyre, 1885, t. 1, p. 57).
2. Gare + que (vx) [Le compl. désigne ce qui constitue la menace] Synon. attention que. Jusqu'à présent il a résisté mais gare qu'il ne cède (Ac. 1835-1932) :
• 2. — Un avoué de Paris, dit Courtois, vous avez donc des affaires à Paris?
— Non, dit Ève.
— Vous y avez un frère, dit Courtois en souriant.
— Gare que ce ne soit à cause de la succession du père Séchard, dit Cachan. Il a fait des affaires véreuses, le bonhomme!...
BALZAC, Splend. et mis., 1844, p. 317.
3. Gare à + subst./pron.
a) [Le compl. désigne ce qui constitue la menace] Synon. usuel attention à. Si vous faites cela gare aux conséquences (Ac. 1932).
Rem. Le compl. est toujours un subst. dans cet emploi.
b) [Le compl. désigne ce qui est menacé] Gare à vos pieds. Mais un jour, jour qui arrivera avant peu, le peuple recommencera la troisième révolution; gare aux têtes (FLAUB., Corresp., 1835, p. 22).
— Usuel. [S'emploie pour signifier qu'on menace la personne à laquelle réfère le subst. ou le pron.] Gare à ta figure. — Compadre! Garde ta sollicitude pour ton compte : Juanito, combien de fois t'ai-je enterré; gare à toi, cobarde! (BOREL, Champavert, 1833, p. 51). — C'est le délégué cantonal! Vous avez été nommée à la place de sa protégée; il vient voir comment c'est arrivé. Il est furieux. Gare à vous. — Comment, gare à moi? (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 25).
♦ [P. ell. du compl.] Il faut me taire. On veut réimprimer l'article du 19 mars. Gare! (CONSTANT, Journaux, 1815, p. 439). Alors l'autre lui cria plus fort : — Conscrit, veux-tu bien venir, ou gare! (ERCKM.-CHATR., Conscrit 1813, 1864, p. 82).
Prononc. et Orth. : [] ou []. [] ds DG, BARBEAU-RODHE 1930; [a] ds PASSY 1914, DUB., Pt ROB. et Lar. Lang. fr.; [] ou [a] ds WARN. 1968. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1165 guar « prends garde! » (B. DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 8057); b) 1552 guare « id. » (RABELAIS, Quart Livre, éd. R. Marichal, 20, 67); 2. a) XVe s. sans dire gaire « sans avertir » (Chansons du 15e s., éd. G. Paris, VII, 3); b) ca 1500 sans dire gare (PH. DE COMMYNES, Mémoires, éd. J. Calmette et G. Durville, I, 14). Forme abrégée pour l'impér. garde! (v. garder), a été rattachée par étymol. pop. à garer (v. FEW t. 17, p. 534a et 538, note 3). Fréq. abs. littér. : 173. Bbg. QUEM. DDL t. 5, 15.
1. gare [gaʀ] n. f.
ÉTYM. 1690; déverbal de garer.
❖
1 Techn. Bassin, élargissement d'un cours d'eau navigable où les bateaux peuvent se croiser, se garer. || Gare fluviale.
2 a (1831). Vx. Emplacement disposé sur une voie de chemin de fer pour le croisement des trains. || Gare d'évitement.
1 Le chemin (…) sera à une seule voie, sauf à établir des gares ou élargissements de distance en distance, pour que les chars ou voitures puissent se croiser facilement.
Ordonnance du 21 sept. 1831, citée par P. J. Wexler, Formation du voc. des chemins de fer, p. 82.
b (1835). Mod. et cour. Ensemble des immeubles et installations établies aux stations des lignes de chemin de fer pour l'embarquement et le débarquement des voyageurs et des marchandises (par oppos. aux simples stations ou haltes). ⇒ Embarcadère (cit. 2).
2 Nous n'avons pas trouvé gare d'évitement tout court avant 1836 (…) Jusqu'en 1844 au moins, à en juger par l'Encyclopédie des chemins de fer de Tourneux, gare signifiera d'abord « gare d'évitement »; ce n'est que de façon secondaire que l'auteur ajoute : « Les stations ou lieux d'embarquement et de débarquement des voyageurs et des marchandises sur les chemins de fer s'appellent aussi gares. »
P. J. Wexler, Formation du voc. des chemins de fer, p. 83.
♦ Gare de marchandises. || Gare de départ. || Gare d'arrivée. || Gare terminus. || Gare d'embranchement ou de bifurcation, où se séparent deux lignes principales, où une ligne secondaire vient se relier à la ligne principale. || Gare de correspondance, gare de croisement, de jonction, de passage. || Gare de triage, où s'opèrent le triage des wagons de marchandises et la formation des trains. || Gare de transit ou de transbordement, où s'effectue de train à train le transbordement des marchandises et des voyageurs. || Gare régulatrice : gare proche d'un théâtre d'opérations militaires, où les hommes et le matériel sont dirigés vers leur destination définitive. || Gare d'attache (d'un matériel roulant). || Gare douanière. || Gare de voyageurs. || Une grande gare. || Une gare centrale. || La gare de Bruxelles-Midi. || Les gares de Paris (gare du Nord, de l'Est, d'Austerlitz, de Lyon, gare Saint-Lazare, gare Montparnasse). || La gare de Perpignan, célébrée par Salvador Dali. || La gare Victoria, à Londres. || Petite gare de campagne. || Gare desservant un aéroport. || Gare frontière. || Les bâtiments de la gare. || Salle d'attente, hall (→ Émigrant, cit. 1), bureaux, guichets, consigne (cit. 4), buffet, buvette d'une gare. || Quais, trottoirs, voies, passages souterrains, feux d'une gare (→ Chemin de fer, cit. 8). || Le personnel, les employés, les porteurs de la gare. || Chef de gare. || Juste le temps de gagner la gare (→ Convoi, cit. 3). || Aller à la gare. || Entrer dans la gare.
3 La gare, ses voies nues, semblait morte (…) flambant étrangement à vide sous le rabat de ses deux marquises, ses toits perdus dans la nuit. Près du buffet, un cadran éclairé marquait la demi de dix heures.
Courteline, le Train de 8 h 47, II, II.
4 (…) ces lieux spéciaux, les gares, lesquels ne font pas partie pour ainsi dire de la ville mais contiennent l'essence de sa personnalité de même que sur un écriteau signalétique elles portent son nom (…) Malheureusement ces lieux merveilleux que sont les gares, d'où l'on part pour une destination éloignée, sont aussi des lieux tragiques (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. IV, p. 56-57.
5 (…) son train s'est arrêté à la gare régulatrice. Et juste pendant cet arrêt, des avions boches ont bombardé la gare !
Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 121.
5.1 La gare, c'est aussi un des endroits où on peut voir sans être vu, parce qu'il y a trop d'agitation et de hâte pour qu'on fasse attention à qui que ce soit. Il y a des gens de toutes sortes dans la gare, des méchants, des violents à la tête cramoisie, des gens qui crient à tue-tête; il y a des gens très tristes et très pauvres aussi, des vieux perdus, qui cherchent avec angoisse le quai d'où part leur train, des femmes qui ont trop d'enfants et qui clopinent avec leur cargaison le long des wagons trop hauts.
J.-M. G. Le Clézio, Désert, p. 255.
♦ (Dans le contexte militaire). || Gare de mobilisation, d'évacuation. || Gare sanitaire.
♦ En gare. || L'express (1. Express, cit.) entre en gare. || Livraison en gare de X.
6 Ils accueillirent d'une acclamation enthousiaste l'entrée en gare du train de 8 h 47, dont ils prirent d'assaut un compartiment vide.
Courteline, le Train de 8 h 47, II, I.
♦ Roman, littérature de gare (que l'on trouve dans les gares), de lecture facile. || « “Le livret est niais…”, ai-je entendu à l'entracte (…) Certes, cette littérature de gare ne fait pas le poids, en regard des sommets poético-métaphysiques où nous emmène, par exemple, le livret de “La Force du destin” » (l'Express, 9 déc. 1983, p. 99). — Bibliothèque (3.) de gare.
♦ (1873). || Gare maritime, dont les voies aboutissent aux quais du port d'embarquement ou de débarquement. Par ext. Ensemble des bâtiments destinés aux voyageurs dans un port. || « Ce port ou gare maritime (…) serait contenu dans un îlot de construction artificielle » (Année sc. et industr. 1874, p. 315, 1873).
♦ Rare. || Gare aérienne. ⇒ Aérogare. — Techn. || Gare concentrée, développée, multiple (gare traduit ici l'angl. terminal). — Gare de fret : bâtiment affecté au trafic des marchandises sur les aéroports.
♦ Gare routière : espace destiné à accueillir les véhicules routiers de gros tonnage (cars, camions).
♦ Techn. Station de métro. || La rame entre en gare. — Cour. || La gare du Luxembourg, à Paris. — REM. Lorsque la ligne de métro est assimilée à une ligne de chemin de fer, le mot s'emploie concurremment à station. Les stations, les gares de banlieue du R. E. R.
♦ ☑ (1920). Fam. À la gare !, exclamation pour « envoyer promener » qqn ou qqch.
❖
COMP. Aérogare.
HOM. 2. Gare; formes du v. garer.
————————
2. gare [gaʀ] interj.
ÉTYM. 1460; impér. de garer.
❖
♦ Interjection pour avertir de se garer, de se ranger, de laisser passer qqn, qqch., d'éviter un choc…, et, par ext., de prendre garde à quelque éventualité fâcheuse. ⇒ Attention. || Gare devant ! || Gare derrière ! || Gare ! gare ! || Crier (cit. 31) gare. || Crier gare à qqn pour le mettre en garde. || N'allez pas plus loin, je vous crie gare ! (⇒ Casse-cou). ☑ Loc. fig. Sans crier gare (vx sans dire gare) : sans avertir. || Ils sont arrivés sans crier gare (→ aussi Confident, cit. 4). — Vx ou fam. || Gare (suivi d'un n.; jamais d'un pron.) : attention à (une chose dangereuse). || Gare la bombe ! (Académie). || Gare la voiture, le train ! || Gare les accrocs (cit. 1) !
1 Soit. Mais gare le bois si j'apprends quelque chose !
Molière, Sganarelle, 22.
2 Gare alors s'il découvre sur son passage un autre terrain, un immeuble à vendre, qui ne figurent pas dans le rapport (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, II, p. 14.
2.1 Mais l'âge vient tout à coup, sans crier gare.
J. Green, Journal, Ce qui reste de jour, 7 sept. 1971.
♦ Gare à… || Gare à la peinture. || Gare à la casse ! || Gare à ne pas tomber. — (Menace). || « Gare au premier qui rira » (Daudet). || Gare à tes fesses si tu désobéis. || Gare à qui ne marchera pas droit (→ Égal, cit. 39). || Gare à vous si je vous y reprends !
3 Ma fiancée est pure et gare à qui la scandalisera !
A. Maurois, les Silences du Colonel Bramble, IX.
♦ Vx ou littér. || Gare que… || Gare qu'il ne faille tout recommencer.
4 Gare qu'aux carrefours on ne vous tympanise (…)
Molière, l'École des femmes, I, 1.
5 Si l'inégalité vous plaît, gare que demain elle ne se retourne contre vous !
R. Rolland, Jean-Christophe, t. IX, p. 63, cité par Grevisse.
♦ Rare. (Le compl. désignant ce qu'il faut protéger). || Gare tes yeux ! || Gare ta tête (cour. : gare à).
♦ Fam. (Suivi d'un n. désignant par métonymie la personne avertie). || Gare tes fesses ! || « Gare les jambes ceux qui en ont ! » (1808, in D. D. L.). || « Gare la graisse » (1830, H. Monnier).
➪ tableau Principales interjections.
❖
HOM. 1. Gare; formes du v. garer.
Encyclopédie Universelle. 2012.