1. gazer [ gaze ] v. tr. <conjug. : 1>
• av. 1742; de gaze
1 ♦ Vx Couvrir d'une gaze.
2 ♦ Fig. Vx ou littér. Dissimuler (ce qu'on dit, ce qu'on écrit) en suggérant. ⇒ déguiser, 1. voiler. « le drôle n'avait pas pris la peine de gazer son opinion » (Balzac).
gazer 2. gazer [ gaze ] v. <conjug. : 1>
• 1829; de gaz
I ♦ V. tr.
1 ♦ Techn. Passer à la flamme (des fils dont on veut enlever le duvet). ⇒ flamber.
2 ♦ (v. 1915) Intoxiquer par un gaz de combat. ⇒ asphyxier. Il est mort « des suites de la guerre; il avait été gazé » (Sartre) .
3 ♦ Exterminer dans une chambre à gaz.
II ♦ V. intr. (1915; de mettre les gaz) Fam. Vieilli
1 ♦ Aller à toute vitesse, à pleins gaz. ⇒ filer, foncer.
2 ♦ Aller à souhait, marcher. Ça ne gazera pas. Ça gaze ? ⇒ boumer, coller.
● gazer verbe transitif (de gaz) Faire périr dans une chambre à gaz ; intoxiquer par un gaz de combat ou un gaz asphyxiant. Synonyme de flamber. ● gazer (homonymes) verbe transitif (de gaz) ● gazer (synonymes) verbe transitif (de gaz)
Synonymes :
- flamber
● gazer
verbe intransitif
Familier
Aller à toute vitesse ; filer, foncer.
Aller bien, marcher, convenir : Rien ne gaze plus entre eux.
● gazer (homonymes)
verbe intransitif
Familier
gazer
v.
d1./d v. tr. Intoxiquer, exterminer par un gaz nocif.
d2./d v. intr. Fig., Fam. ça gaze: ça marche bien.
I.
⇒GAZER1, verbe trans.
A. — Couvrir d'une gaze. (Dict. XIXe et XXe s.).
B. — P. anal., littér. Couvrir, masquer d'une substance ayant l'aspect de la gaze. Les nuits, moins étincelantes, étaient légèrement gazées d'une brume tiède, à travers laquelle les étoiles discrètement envoyaient de doux regards (MICHELET, Oiseau, 1856, p. 263). La buée qui s'élevait de la baignoire gazant sa nudité, flotte encore dans sa tête, où se fait un lever paresseux et lent des idées (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 3).
— Emploi pronom. réfl., p. métaph. Elle sait bien, la femme, qu'elle n'a rien à te donner en échange de tant d'amour. Plus habile que les autres, elle ne se livre pas, elle se gaze (SAND, Lélia, 1833, p. 290).
C. — Au fig., vieilli, littér. Adoucir, tempérer (des propos trop libres, des faits, des sentiments trop brutaux). Synon. censurer, édulcorer. À mesure que nos théâtres ont été plus fréquentés par les jeunes femmes et les enfants, les auteurs ont senti la nécessité d'adoucir leurs tableaux, de choisir leurs pensées et de les gazer par le style (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 261) :
• Dans le livre de l'abbé Omer Englebert sur saint François d'Assise, il y a d'intéressantes remarques sur la virginité du poverello, virginité qui est très délicatement mise en doute par son dernier biographe (...). Après sa mort, on a eu tôt fait de gazer tout cela et de nous donner à croire qu'il ne s'agissait que de chansons et de farandoles dans les rues d'Assise.
GREEN, Journal, 1949, p. 198.
— Emploi adj. du part. passé C'est pour cela que beaucoup de femmes (...) n'exigent pas que les contes qu'on leur fait soient assez gazés, et ne perdent leurs voiles qu'à mesure du degré d'ivresse et de folie (STENDHAL, Amour, 1822, p. 70).
— Emploi abs. Non, je ne peux pas continuer à te raconter mon livre devant Suzanne. D'abord parce que ce n'est pas convenable pour une jeune fille. Ensuite parce que je le lui ai déjà raconté. En gazant, bien entendu (DUHAMEL, Cécile, 1938, p. 104).
Prononc. et Orth. : [], (il) gaze []. Mais [a] ds DUB. et ds Lar. Lang. fr. Ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. Av. 1742 au fig. « voiler, dissimuler » (Massillon ds Lar. 19e : La politesse gaze les vices). Dér. de gaze; dés. -er.
II.
⇒GAZER2, verbe
I. — Emploi trans.
A. — TEXT. ,,Soumettre à l'action de la flamme du gaz ou de l'alcool des fils dont on veut enlever le duvet`` (Ac. 1932). Synon. flamber.
— Emploi adj. du part. passé. Certains articles gazés demandent un flambage pour être duités; d'autres, très contexturés, ne donnent rien à la table lumineuse (THIÉBAUT, Fabric. tissus, 1961, p. 62).
— P. anal., arg. Fumer (une cigarette). Gazer une sèche (ESN. Poilu 1919, p. 269).
B. — Intoxiquer (quelqu'un) avec des gaz de combat. Officier de réserve, dit Philippe. Mais il est mort en 27 des suites de la guerre : il avait été gazé, un mois avant l'armistice (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p. 128).
— Emploi adj. du part. passé. Tandis que les soldats gazés, gangrenés, sanglants, étaient enfournés dans les ambulances, d'autres convois, des trains de munitions amenaient (...) des canons à tir rapide (MORAND, Londres, 1933, p. 316). Nous sommes ceux de l'autre guerre Le fer n'a pas trouvé le chemin de nos cœurs Et nous portons des cicatrices de vainqueurs Dans nos poumons gazés des bruits de remorqueurs Vieux rafiots qui naviguèrent (ARAGON, Crève-cœur, 1941, p. 22).
— Emploi subst. Personne intoxiquée par des gaz de combat. D'ailleurs je suis un gazé, reprit-il fièrement, j'ai une pension. Si je bibelote, c'est pour m'occuper, voilà tout (BERNANOS, Crime, 1935, p. 861).
C. — Emploi pronom., arg. et pop. ,,S'enivrer, se griser`` (NOUGUIER, Notes manuscr. Dict. Delesalle, 1900, p. 135).
♦ Part. passé en emploi subst. masc. Ivrogne, drogué. Ils me regardaient alors, Madelon et lui, comme s'ils s'étaient trouvés devant un intoxiqué, un gazé, un baveux, et que ça vaille même plus la peine qu'on me réponde (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 593).
II. — Emploi intrans., fam. [Le suj. désigne un véhicule à moteur] Marcher à pleins gaz, aller à toute vitesse. Synon. filer, foncer, carburer (fam.). Et quand l'engin [l'auto] gazait et était lancé, au lieu d'en profiter pour filer en ligne droite, le père François, qui avait ses habitudes sur cette route (...) s'arrêtait à la porte de toutes les auberges (CENDRARS, Homme foudr., 1945, p. 189).
♦ P. métaph. On a un drôle d'engin dans la cervelle, une usine à fabriquer le bonheur ou le cafard, selon qu'elle gaze ou qu'elle grippe (ARNOUX, Paris, 1939, p. 159).
— P. ext. Ça gaze. Ça va, ça marche, ça suit son cours. Jimmy. — Alors, ça gaze les affaires, à ce qu'il paraît? Lili. — Ça commence... deux cent mille francs de commandes le mois passé (BOURDET, Sexe faible, 1931, I, p. 256). La musique cessa. Ils regagnèrent leur table. — Alors, demanda Stahl. Ça gaze? — Merci, dit Jacques (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 194) :
• Il se tenait pour un dur, et serrait les dents — sans que changeât l'expression joviale de sa trogne éclatante malgré les blessures, pendant que Gardet le tirait de la carlingue avec lenteur. — Attendez, les copains! cria Pol affairé, les yeux en boule. Je vais chercher une civière. Sinon, ça ne gazera pas, on va l'esquinter.
MALRAUX, Espoir, 1937, p. 479.
REM. 1. Gazage, subst. masc. Action de passer un fil à la flamme d'un gaz. Synon. flambage. (Dict. XIXe et XXe s.). 2. Gazouiller, verbe intrans., synon. de supra B dans l'expr. ça gazouille. Ça marche, en parlant d'un véhicule, d'une affaire qui tourne bien ou quelquefois dans l'argot militaire en parlant d'un bombardement intense (cf. ESN. Poilu 1919, p. 266). Donnant, donnant (...). T'vois, ça gazouille, et c'était ren, au fond, d'arranger cette affaire (M. STÉPHANE, Ceux du trimard, 1928, p. 48). La plupart des dict. enregistrent également l'emploi de ça gazouille « ça pue », fait par Zola, et qu'on ne rencontre dans aucun autre cont. : Dans l'air chaud, une puanteur fade montait de tout ce linge sale remué. — Oh! là là, ça gazouille! dit Clémence, en se bouchant le nez (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 505).
Prononc. et Orth. : [], (il) gaze []. Mais [a] ds Lar. Lang. fr. comme pour gaz. Le verbe est admis ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. 1. 1829 terme de manufacture (BOISTE); 2. 1915 « aller vite en parlant d'une machine à moteur à explosion » (MARCEL, Journ., 21, 6, 15 ds ESN. Poilu 1919) d'où 1916 « aller bien » (déc. 16, ibid.); 3. 1918 gazé « intoxiqué par un gaz de combat » (13e tir. alg., août 18, ibid.). Dér. de gaz; dés. -er.
STAT. — Gazer1 et 2. Fréq. abs. littér. : 60.
BBG. — SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 146; t. 3 1972 [1930], p. 65.
1. gazer [gɑze] v. tr.
ÉTYM. Av. 1742, au sens 2.; de gaze.
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1 (1762, Académie). Couvrir d'une gaze, d'une étoffe légère et transparente.
2 Fig. (vx). Littér. Déguiser, dissimuler, voiler (ce qu'on dit, ce qu'on écrit) sous une forme transparente. || Gazer des détails trop libres (Académie).
1 Il faut lui parler sans la regarder (…) dans une attitude contrite (…) de cette façon, tu pourras lui dire tout ce que tu voudras pourvu que cela soit convenablement gazé (…)
Th. Gautier, Mlle de Maupin, II.
2 Ainsi qu'on l'a vu, le drôle n'avait pas pris la peine de gazer son opinion au baron de Nucingen.
Balzac, Splendeurs et Misères des courtisanes, Pl., t. V, p. 849.
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gazé, ée p. p. adj.
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3 (…) les lèvres, c'est revêtu d'une cuticule si fine qu'un anatomiste a pu dire que leurs papilles nerveuses n'étaient pas recouvertes, mais seulement gazées, gazées, c'est son mot, par cet épiderme…
Ed. et J. de Goncourt, Manette Salomon, p. 12.
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DÉR. 1. Gazeuse.
HOM. Gazé, 2. gazer, 3. gazer.
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2. gazer [gɑze] v. tr.
ÉTYM. 1829, Boiste; de gaz.
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1 Techn. Passer à la flamme (des fils dont on veut enlever le duvet). ⇒ Flamber. || Gazer le coton avant le tissage.
2 (V. 1915). Employé le plus souvent au passif. Intoxiquer (qqn) par un gaz de combat. ⇒ Asphyxier. || Il a été gazé en 1917 (⇒ Gazé).
1 Nous sommes ceux de l'autre guerre Le fer n'a pas trouvé le chemin de nos cœurs Et nous portons des cicatrices de vainqueurs Dans nos poumons gazés des bruits de remorqueurs Vieux rafiots qui naviguèrent (…)
Aragon, le Crève-cœur, « Petite suite sans fil », III.
2 (…) il est mort en 27 des suites de la guerre : il avait été gazé, un mois avant l'armistice.
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 128.
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DÉR. Gazage, gazé, gazeur.
HOM. Gazé, 1. gazer, 3. gazer.
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3. gazer [gɑze] v. intr.
ÉTYM. 1915, Sainéan; métaphore de gaz (6.) dans mettre les gaz.
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♦ Familier.
1 Argot de l'aviat. Vx. Marcher à plein gaz. — Par ext. Vieilli. Aller très vite. || La voiture gazait. ⇒ Filer, foncer.
1 Prenez une bagnole qui gaze, me dit le commandant (…) et en route ! (…) Une demi-heure plus tard nous gazions de nouveau sur la route.
L. Sainéan, Argot des tranchées, p. 147 (en 1915).
2 (1915). Vieilli. Aller à souhait, marcher. || Ça ne pourra pas gazer. || Ça gaze ! ⇒ Coller.
2 Attendez, les copains ! (…) Je vais chercher une civière. Sinon, ça ne gazera pas, on va l'esquinter.
Malraux, l'Espoir, I, I, II, 1.
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HOM. Gazé, 1. gazer, 2. gazer.
Encyclopédie Universelle. 2012.